08/01/2011
Bouliers et tableurs ? Pourquoi pas !
Un Français sur dix a mal à son calcul Ouest France du 6 janvier 2011
Pour Michel Vigier, prof de maths, le tableur sur ordinateur et le boulier ont la même fonction : donner une image concrète et sensible du calcul qu'on effectue.
Franck Dubray
Ce mal appelé « innumérisme » est au calcul ce que l'illettrisme est à la lecture. Michel Vigier, professeur de maths a cherché, dans l'histoire des chiffres, les racines de nos difficultés à compter. Il propose des remèdes pour décoller, une bonne fois pour toutes, l'étiquette « nul en maths ».
Quel âge as-tu ? », demande un jour Michel Vigier à l'une de ses élèves du lycée technologique Chabanne, à Chasseneuil (Charente). « 17 ans », répond-elle. « Quel âge auras-tu dans vingt ans ? » Silence de l'élève. Surprise du prof. Michel Vigier se dit que « vingt ans quand on est adolescent, c'est le bout du monde. » Il se reprend : « Quel âge auras-tu l'année prochaine ? » « 18 ans. » « Et dans deux ans ? » « 19 ans. » « Et dans trois ans ? » De nouveau c'est le silence. Total.
Cette dernière non-réponse secoue Michel Vigier. Il y a de quoi. Il a 45 ans, un diplôme d'ingénieur chimiste en poche, mais débarque tout juste dans l'enseignement. « Depuis le début des années 1980, je faisais de la programmation informatique. En 1991, ma boîte a fermé, je suis devenu prof. »
L'enseignant débutant veut comprendre, « en avoir le coeur net ». Ne surtout pas s'en tirer en étiquetant cette jeune fille « nulle en maths ». D'ailleurs, « c'est quoi nul en maths ? », interroge-t-il. En ingénieur rompu à la recherche, il ouvre plusieurs pistes. « Est-ce que c'est un problème biologique ? » Les psychologues spécialistes de ce qu'on appelle la « dyscalculie » considèrent que « cette incapacité à manipuler des nombres » ne frappe « qu'un pour cent des élèves ». Alors que « 150 000 élèves sortent du système scolaire en ayant des difficultés en calcul et en lecture ».
Le problème est ailleurs. Michel Vigier fouille loin dans l'histoire des maths. « Les nombres sont arrivés très tard dans l'histoire des hommes. » Du temps de la chasse, « on partageait équitablement le gibier, sans avoir besoin de calculer. Comme font les enfants, à 4 ou 5 ans, quand ils répartissent des bonbons », appuie le prof.
On savait compter sans savoir calculer. Quelle chance ! Puis une petite graine a germé. L'agriculture est née. Il y a un peu plus de 6 000 ans, dans le pays appelé aujourd'hui Irak, les hommes cultivent des champs et élèvent des animaux. Question : comment le propriétaire d'un troupeau se souviendra du nombre de moutons confiés à son berger ? Réponse : on met dans un pot en terre autant de boulettes de terre qu'il y a de bêtes. Au retour, on doit retrouver autant de têtes de bétail que de boulettes. Les nombres apparaissent, les maths suivent.
« Moi j'ai fait lettres, j'ai pas fait chiffres ! »
Les Sumériens comptent « sur leurs doigts, avec leurs phalanges »... Trois mille ans plus tard, les Chinois comme les Romains perfectionnent le système avec d'autres boules, celles des bouliers.
Mais catastrophe : au XIIIe siècle, les chiffres arabes (en fait ils viennent d'Inde) débarquent en Europe. Les bâtons, croix, « V », « L » et « C » des Romains laissent la place aux 1, 2, 3, 4... Qualité : ces chiffres permettent de « poser » des opérations : additionner des chevaux, multiplier des sacs contenant des objets... Défaut : ils sont abstraits. Fini le lien entre les choses à compter et leur représentation. Plus d'image, réelle, palpable.
Dans la tête des élèves, cela crée « des blocages ». « Les élèves doués se débrouillent pour se fabriquer une représentation visuelle. Les élèves en difficulté, non ». On grandit avec ses difficultés. À l'arrivée, dix Français sur cent, de tous les milieux et tous les quartiers, ont mal à leur calcul... On s'en sort avec des pirouettes : « Moi j'ai fait lettres, j'ai pas fait chiffres ! » Ou on se tait, piteux. « Il faut cette représentation pour que chacun se retrouve au même niveau », soutient Michel Vigier.
Le prof est allé voir des collégiens d'une classe de Segpa, sections d'enseignement général professionnel adapté, en Charente. Ces élèves peinent tout autant en maths qu'en lecture. Il leur a proposé de retrouver les maths d'avant les maths. Il a donné deux outils : « Le tableau de proportionnalité et le boulier. » Le tableau, c'est l'image du partage équitable, comme au temps de la chasse. On dessine d'un côté les animaux et de l'autre les familles à nourrir. Le boulier, c'est l'image du comptage des animaux du troupeau. Seule différence : il a maintenant l'apparence d'un tableur informatique sur ordinateur.
Ça marche. Les tableaux et le tableur constituent « une étape intermédiaire entre l'énoncé du problème et sa solution. Immédiatement, cela les propulse », s'enthousiasme Michel Vigier qui propose aujourd'hui au ministère de l'Éducation de conduire cette expérimentation sur plusieurs milliers d'élèves. On se mobilise pour lutter contre l'illettrisme. On pourrait en faire autant contre l'innumérisme.
Philippe SIMON.Photo : Franck DUBRAY.
Les fonds de tiroir !
Comptes politiques, le PS morbihannais épinglé
Télégramme de Brest du 8 janvier 2011
Le PS du Morbihan va devoir s'expliquer sur son financement (231.876 €) par une association. La commission chargée du contrôle des finances des partis politiques lui réclame des comptes. Au PS, on plaide la bonne foi.
Dans son rapport annuel publié le 29 décembre dernier, la Commission nationale des comptes de campagne et des finances politiques (CNCCFP) a rendu public le résultat de ses investigations. Parmi les partis politiques «épinglés» figure le PS du Morbihan. Les magistrats lui reprochent d'avoir reçu 231.876€ d'une association, «Le Cercle Jean-Jaurès», lors de la vente de leur ancienne permanence, en 2009, dont le club était propriétaire. Pour l'organisme de contrôle, cette transaction est «susceptible d'être contraire à la loi». Leur argument: une personne morale n'a pas le droit de financer un parti politique. La légalité de l'opération est donc suspendue. Les magistrats attendent désormais la transmission de nouveaux éléments comptables.
«Bonne foi»
L'affaire révélée par Le Monde et Le Canard Enchaîné n'a pas fait ciller le PS morbihannais, qui a plaidé sa bonne foi. «On ne respecte pas tout à fait la lettre de la loi mais l'esprit, sans aucun doute. Il faut rappeler qu'à la création du Club, les lois de financement des partis politiques n'existaient pas encore. On assume notre héritage», commentait, hier soir, GwendalRouillard, le secrétaire fédéral des socialistes.
«Pas contraire à la loi»
Dans la soirée, la fédération a tenu à réagir dans un communiqué de presse: «L'association Le Cercle Jean Jaurès était propriétaire (de la permanence) depuis 1990. Mais les seuls membres (de l'association) étaient, de droit, des militants de la Fédération du Morbihan qui a considéré que cet apport de fonds trouvait son origine dans la relation économique et financière qui existait entre la Fédération et l'association. Les seules ressources de cette dernière provenaient (hormis l'emprunt initial) de la Fédération par le versement de loyer». Conséquence, estime le PS, «cette opération n'était pas en contradiction avec la loi». Pour le PS, l'association dépendait intégralement de la Fédération. Pour preuve: «Le financement provenait des cotisations des militants». En 2009, l'association a été dissoute, et ce dès leur déménagement dans leur nouveau siège fédéral. Le produit de la vente, détaille le communiqué, est alors revenu dans les caisses de la fédération. «Je suis serein. Nous allons jouer la transparence», complétait hier, Gwendal Rouillard, convaincu d'emporter l'adhésion des magistrats. Les documents comptables sont d'ailleurs en cours de transmission à la CNCCFP par le siège national du Parti socialiste.
07/01/2011
La DSP en Morbihan ?
Fibre optique, France Télécom couvrira Laval à travers une délégation de service public
par Olivier Chicheportiche, ZDNet France du 5 janvier 2011
Stratégie - 20 communes et 100 000 habitants seront couverts en très haut débit d'ici sept ans. L'infrastructure sera ensuite proposée aux FAI. Le projet se monte à près de 30 millions d'euros.
Le déploiement de la fibre optique en zones peu denses pose encore de nombreuses questions. Alors que le financement public-privé est loin d'être bouclé, et que le calendrier de déploiement prend du retard, certaines collectivités ont décidé de prendre leur destin en main sans attendre le cadre réglementaire qui sera fixé par le régulateur.
Le principe est de passer par une DSP, une délégation de service public à l'image de nombreuses initiatives locales dans le WiFi ou le WiMax par exemple. L'agglomération de Laval a fait ce choix.
La DSP a ainsi été remportée par France Télécom qui aura pour mission de couvrir en FTTH (fibre jusqu'à l'abonné) 20 communes pour un total de 100 000 habitants d'ici sept ans. "100% des foyers et des entreprises seront couverts en THD (très haut débit).
Plus de 200km de fibre permettront ainsi un déploiement homogène entre les zones les plus denses et les zones pavillonnaires (80% de chacune des communes couverts en 36 mois)", peut-on lire dans un communiqué.
Respect de la concurrence Pour les zones très reculées (qui n'ont pas été définies), "une solution intermédiaire est proposée avec un débit de 2 Mbit/s pour tous d'ici 12 mois via le satellite".
"Cette signature est une bonne nouvelle en ce début d'année, d'abord pour les habitants de l'agglomération de Laval, mais aussi pour notre groupe car il s'agit de la première délégation de service public pour la fibre optique jusqu'à l'abonné", commente Stéphane Richard, directeur général de France Télécom.
"Cette signature est le résultat de nombreux mois de travail et de négociation. Laval Agglomération devient, grâce à cette délégation de service public, le premier territoire en France couvert à 100% par le Très Haut Débit. Tous les foyers et toutes les entreprises, où qu'ils se trouvent dans l'agglomération, bénéficieront d'une connexion d'au moins 100 Mb/s. C'est, j'en suis convaincu, un outil majeur pour le dynamisme de notre territoire.", souligne de son côté Guillaume Garot, Président de Laval Agglomération et député-maire de Laval.
Financièrement, le projet s'articule autour d'un co-investissement public/privé: l'opérateur va injecter près de 20 millions d'euros aux côtés de Laval Agglomération qui investira de son côté 9,8 millions d'euros.Etant donné que ce projet est éligible aux fonds alloués au développement de la société numérique, l'Etat pourrait participer à hauteur de 33% du montant dépensé par la collectivité..
Grillant la politesse à l'Arcep, qui n'a pas encore rendu public le cadre des déploiements de fibre en zones peu denses, France Télécom souligne que cette DSP respectera les règles de la concurrence.
Afin d'anticiper toute critique, l'opérateur historique explique que le "projet (est) en ligne avec les directives du Programme National Très Haut Débit et s'adaptera aux décisions de l'ARCEP sur les zones en dehors des zones très denses dont Laval Agglomération fait partie".
En savoir plus sur France Télécom dans l'Annuaire IT
Par ailleurs, "le réseau THD pourra être utilisé par l'ensemble des Fournisseurs d'Accès Internet du marché avec des conditions tarifaires très attractives tant pour les FAIs nationaux que pour les FAIs de plus petite taille avec des offres de location « à la ligne » ne nécessitant pas de gros investissements". Une affirmation qui évidemment demandera à être vérifiée.
http://www.zdnet.fr/actualites/fibre-optique-pourquoi-ca-ne-decolle-pas-39755818.htm