30/12/2010
La réserve d'indiens...
Départements, l'APA plombe les comptes
Télégramme de Brest du 30 décembre 2010
On peut payer l'impôt sur la fortune et toucher l'APA. Cette aide aux personnes âgées, créée par le gouvernement Jospin, a un tel succès qu'elle met à plat la trésorerie des départements. Le système ne peut survivre sans ajustement.
APA signifie allocation personnalisée d'autonomie. Mais le sigle pourrait également signifier aide aux personnes âgées tant cette allocation s'est généralisée dans le quatrième âge. À l'heure de la crise des finances publiques, l'APA est aujourd'hui la source principale de conflit entre les départements et l'État. Ce dernier est accusé de ne plus respecter les clauses initiales du contrat prévoyant un partage de la dépense, à 50% chacun. Mais le fifty-fifty a vite tourné au rétropédalage de la part de l'État, alourdissant chaque année la charge des départements au point de les mettre au bord de l'asphyxie.
Le «cadeau» de Jospin
Au départ, l'idée était très généreuse mais il est peu probable qu'un gouvernement actuel agirait comme celui de Lionel Jospin, en 2002. Car l'APA a été créée, cette année-là, dans un environnement économique international tellement porteur que même la dette du pays était en diminution! Lionel Jospin avait de la marge financière devant lui et s'il n'a pas récolté les fruits de cette générosité, il a laissé en héritage une allocation lourde comme le plomb sur des finances publiques déjà bien déprimées. Généreuse, l'APA l'est vraiment puisque même si on est assujetti à l'impôt sur la fortune, on a droit à cette allocation universelle, assortie tout de même d'un barème selon les ressources. Il ne s'agit pas d'un revenu mais bien d'une allocation compensatrice pour les personnes en perte d'autonomie qui, au-delà de 60 ans, font appel à des services extérieurs ou sont en structures d'hébergement pour personnes âgées. Elle n'est attribuée qu'après enquête des services sociaux du département.
Finistère: «Il manque 115millions d'euros»
Prenons l'exemple du Finistère:en 2002, environ 3.500 personnes percevaient la prestation dépendance pour personnes âgées. Aujourd'hui, près de 20.000 personnes touchent l'APA dans le département. Ces deux chiffres suffisent à mesurer le succès fulgurant d'une allocation qui contribue à faire monter à environ 100millions d'euros (12% du budget départemental) la part consacrée aux personnes âgées au titre de l'APA et des structures d'hébergement. Alors qu'il était prévu, au départ, un financement paritaire entre l'État et les départements, l'APA est aujourd'hui à plus des deux tiers à la charge des budgets départementaux. «Nous sommes actuellement à 72% pour nous et 28% pour l'État», précise Pierre Maille, président du conseil général du Finistère. «Depuis 2002, calcule-t-il, l'APA a coûté 714millions d'euros au département. Nous aurions donc dû toucher 357millions de l'État, nous n'en avons eu que 241. Il manque 115millions». Ce qui, en passant, correspondant à trois ponts de Térénez, le plus gros chantier actuel du département.
Récupération sur succession?
Il ne faut bien sûr pas résumer l'APA à un gouffre financier. Elle soulage nombre de familles dans les charges du grand âge et elle a contribué à créer des milliers d'emplois de service dans des secteurs où le marché du travail n'est guère florissant. La crise que traverse l'ADMR du Finistère (3.500 salariés) a mis en évidence le poids de ce secteur d'activité sur l'emploi local. Il n'est donc pas question de tailler dans le vif mais alors que les courbes démographiques préfigurent un alourdissement des charges du grand âge, des ajustements sont inéluctables pour assurer la survie du système. Elle pourrait prendre des formes diverses comme le relèvement du barème des GIR ou groupes iso-ressources. Il y en a six dans l'échelle de dépendance et certaines prises en charge pourraient ne commencer qu'à GIR 3 ou lieu de GIR 4 actuellement. C'est une piste. Mais celle qui se profile le plus assurément, c'est la récupération sur succession dans les familles aisées. C'était un système appliqué déjà avant 2002 et c'est celui qui se profile à nouveau pour éviter que l'APA ne coule, victime d'une générosité héritée de temps plus prospères. À suivre demain Départements: le début de la fin?
René Perez
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«L'APA, au départ, c'était 50% pour l'État, 50% pour les départements. Nous sommes aujourd'hui à 72% pour nous, 28% pour l'État».
•Pierre Maille, président du conseil général du Finistère
29/12/2010
Une usine 12 mois sur 12 !
Plastiques, Elven future «capitale » du recyclage
Télégramme de Brest du 29 décembre 2010
Paprec ouvrira son usine de recyclage de plastiques et papiers cartons début 2012 à Elven. Ce sera la seule unité de ce type en Bretagne. Soixante emplois seront créés.
Annoncée pour 2009, la construction aura pris du retard en raison d'aléas administratifs et de la crise. Sébastien Petithuguenin, directeur-général-adjoint de Paprec, annonce le démarrage avant l'été et une mise en service au premier trimestre 2012. L'usine emploiera en pleine charge soixante personnes sur la zone du Gohélis à Elven. Investissement? 20millions d'euros. L'enquête publique devrait débuter fin janvier début février2011. Paprec est le leader français indépendant du recyclage, le troisième derrière Véolia et Suez, avec cinquante usines, 3.000 salariés et un chiffre d'affaires de 500millions d'euros. L'entreprise, créée en 1995, travaille papiers cartons, papiers de bureau, plastiques, déchets de chantier et industriels dangereux, piles, équipements électroniques et électriques, bois, ferraille et métaux, et véhicules hors d'usage. Elle a été touchée en 2009, comme tous les recycleurs, par la secousse économique. La crise, qui a ralenti l'utilisation de matières premières, a freiné la demande sur les matériaux régénérés. «Les perspectives pour 2011 sont plutôt positives. Les cours des matières premières se sont redressés et sont à des niveaux élevés, surtout sur les métaux», indique Sébastien Petithuguenin.
Quelle solution pour le jambon ?
L'usine d'Elven sera la première en Bretagne à traiter les plastiques. Ceux du type eau minérale, jus de fruit, flacons de lessive, mais aussi, et ce sera une innovation, les plastiques souples comme les sacs de poubelles, les films et emballages. Ces plastiques souples échouent pour l'instant en centre d'enfouissement et dans les usines d'incinération. Pas de solution en revanche pour les barquettes, «type jambon». On ne sait pas encore recycler de manière industrielle cette texture qui sert de barrière à oxygène.
L'usine d'Elven brassera en phase de démarrage 10.000 tonnes de plastique et 20.000 tonnes à plein régime.
Des balles au granulés
Ces plastiques seront ceux de la collecte sélective alimentée par les particuliers. Ils arriveront par balles compactes depuis les usines de tri et en ressortiront sous formes de granulés. Le procédé consiste à fondre le produit, à le filtrer pour en faire sortir la matière pure, avant broyage. Ce granulat, racheté par des transformateurs, est réemployé en bacs ou tubes. Paprec accueillera aussi à Elven des papiers cartons qui seront séparés en fibres brunes et en fibres blanches. Ils resserviront dans les cartons ondulés, les papiers d'imprimantes ou d'essuie-tout. L'usine servira encore de centre de transfert pour les équipements électroniques ou électriques. En permettant de recycler au plus près, elle fera économiser des kilomètres de transports et du carbone.
Gabriel Simon
28/12/2010
Se regrouper, vive la presqu'île !
Jumo, le « Facebook » des organisations caritatives
Chris Hughes, cofondateur de Facebook et chargé de la campagne Web de Barack Obama,
a créé une plateforme pour faciliter le don à des associations du monde entier.
Notre défi sera de donner
le pouvoir aux gens pour que leur envie
d’agir se transforme en actions concrètes sur le terrain
TECHNOLOGIE Il a tout juste 26 ans et est déjà à l’origine des deux start-up Internet les plus phénoménales du XXIe siècle. Mais, pour Chris Hughes, l’aventure ne fait que commencer. L’ancien camarade de dortoir de Mark Zuckerberg à Harvard, cofondateur avec lui de Facebook, également « cerveau » de la campagne Internet de Barack Obama en 2007-2008, vient de lancer une nouvelle start-up à New York : Jumo.
Le réseau social, qui veut dire « ensemble » en yoruba, langue d’Afrique de l’Ouest, sert à trouver des associations caritatives dans le monde entier, suivre leur activité et leur faire des dons. A priori, toutes les causes sont permises, mais l’équipe de Jumo, encore minuscule avec huit employés, veillera à prévenir d’éventuels dérapages. En deux semaines, 10 000 organisations se sont déjà inscrites sur le site, d’après son jeune patron. Midécembre à New York, le blondinet au visage poupin sagement habillé en blazer bleu marine et chemise sombre à rayures a résumé le principe : « Jumo, c’est un peu comme ce que fait Yelp (site de recommandations, NDLR) pour les restaurants. » Chaque organisation peut avoir son propre site, mais il est plus pratique et moins coûteux d’apparaître sur une plateforme unique et conviviale comme Jumo, surtout pour les petites et moyennes ONG. Pour se financer, en attendant les sponsors, Jumo compte sur un « pourboire » des internautes. Ceux-ci décideront s’ils souhaitent lui consacrer 0, 10, 15 ou 20 % de leur don.
Une fibre humanitaire
Le principe de ce nouveau réseau social n’est pas très différent de ce que Chris Hughes avait conçu avec my.barackobama.com. À l’époque, il avait su canaliser le désir de changement des Américains sur Internet pour en faire une puissante force politique. Il cherchait, depuis, une idée qui corresponde à sa fibre humanitaire et son ambition globale, qu’il n’aurait pas satisfaite au sein d’une seule entreprise ou comme consultant. « L’une des leçons que j’ai apprises de mon expérience avec Barack Obama est que la technologie permet de canaliser la soif de changements pour obtenir des résultats concrets. Notre défi sera de donner le pouvoir aux gens pour que leur envie d’agir se transforme en actions concrètes sur le terrain » expliquet-il.
Pour l’instant, son site reste très lié à celui de son ami Marc Zuckerberg, puisqu’il est construit autour de la technologie Facebook Connect. On ne peut se connecter sur Jumo qu’avec un mot de passe Facebook. Mais, à terme, Chris Hugues espère bien couper le cordon ombilical.
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