22/12/2010
Surfacturation ?
Energie, Besson lance une expertise sur les facturations
Les Echos du 16 décembre 2010
Thibaut Madelin
Le ministre en charge de l'Energie veut profiter du rapport qui lui sera remis aujourd'hui par le médiateur de l'énergie pour demander une expertise sur les méthodes de facturation des fournisseurs de gaz naturel et d'électricité.
A l'aube de la réforme du marché de l'électricité en faveur de la libéralisation, Eric Besson veut protéger les consommateurs. Le ministre en charge de l'Energie devrait profiter ce matin de la remise d'un rapport du médiateur national de l'énergie pour lancer une expertise sur les méthodes de facturation de gaz et d'électricité. « Il estime essentiel d'établir une relation de confiance entre les consommateurs particuliers et leurs fournisseurs d'énergie », selon un proche du ministre.
Quel est le problème ? Selon le médiateur, qui avait été saisi en septembre par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo suite à des soupçons de surfacturation de Gaz de France, les méthodes d'estimation qui servent à établir les factures sont parfois trop approximatives… Même s'il dédouane GDF de toute tentative malveillante de surestimation de consommation ou d'application rétroactive de hausses tarifaires.
Erreurs sur les estimationsEn examinant les modes de facturation dans le gaz ainsi que dans l'électricité, le rapport met en lumière les limites du système actuel. Faute de compteurs communicants, les fournisseurs sont amenés à estimer la consommation des clients. Sur près de 160 millions de factures d'électricité et de gaz naturel émises par an, la quasi-totalité comporte au moins une part d'estimation, selon le rapport que « Les Echos » ont obtenu. « Celles-ci peuvent conduire statistiquement à autant de sous-estimations que de surestimations », constate le médiateur.
Des exemples ? Dans le gaz, les changements de plus en plus fréquents de tarifs ont multiplié les possibilités d'erreurs dans les estimations. Pour éviter cela, il faudrait que les changements tarifaires soient suivis de relevés systématiques. Dans l'électricité, le déplacement du distributeur pour relever les données est devenu moins fréquent, notamment lors des mises en service ou des résiliations de contrats, ce qui amène à travailler plus souvent sur des estimations.
Face à cela, les fournisseurs ont développé des méthodes d'estimations différentes. Dans le gaz, GDF Suez inclut un coefficient climatique qui dépend des saisons. En effet, un consommateur qui se chauffe au gaz consomme 13 fois plus en janvier qu'en août. Pour autant, aucune méthode de répartition des consommations facturées « n'est totalement satisfaisante », selon le médiateur.
Boom des réclamations
Sa recommandation : une prise en compte plus systématique des auto-relevés réalisés par les consommateurs. Car aujourd'hui, c'est l'une des surprises du rapport, « un auto-relevé du compteur communiqué à la date d'un changement de prix n'est jamais pris en compte par le fournisseur ». Autrement dit, ce dernier fait plus confiance à ses méthodes d'estimation, par définition approximatives, qu'aux déclarations de ses clients… La réforme du marché de l'électricité pourrait néanmoins favoriser la transmission d'éléments par le client.
Une chose est sûre, jusqu'ici, la libéralisation du marché n'a pas eu que des avantages pour les consommateurs. Depuis 2007, leurs réclamations auprès des fournisseurs ont été multipliées par 8 ou 10, selon le rapport. Elles sont passées de 30.000 à 40.000 par an il y a trois ans, à 350.000 en 2009. Comble du comble, ces réclamations non seulement explosent, mais elles sont mal traitées par EDF, GDF et consorts. Autant d'éléments sur lesquels Eric Besson veut demander une expertise, voire une concertation avec les acteurs de la filière.
Photo : AFP
Loisirs et Culture, une exception ?
Un adulte sur trois est membre d'une association
Les Echos du 21 décembre 2010
Marie BELLAN
La France compte plus d'un million d'associations et celles-ci comptent près de 16 millions de membres, selon une récente étude de l'Insee (1). Un tiers des personnes de seize ans et plus sont ainsi adhérents d'une association. Le chiffre grimpe à 21 millions si l'on agrège les adhésions multiples. Les associations sportives arrivent largement en tête. Avec les associations culturelles et de loisirs, elles représentent la moitié des adhésions en France, alors que les taux d'adhésion plafonnent à 2,5 % pour les associations de défense des droits et intérêts communs.
Les grandes villes à la traîne
Sans surprise, les adhésions croissent avec l'âge (26,3 % pour les 16-24 ans) et culminent chez les 60-74 ans (36,9 %). Les jeunes sont tout de même massivement présents dans le sport (17,1 % des 16-24 ans contre 10,7 % chez les 60-74 ans). Quant à la tranche 25-59 ans, c'est dans les associations de défense de droits qu'elle est la plus présente. « Ceci peut s'expliquer par le fait que les couples avec enfants, nombreux dans cette tranche d'âge, adhèrent aux associations de parents d'élèves », note l'étude, qui s'est aussi intéressée au profil socio-économique des adhérents.
Premier enseignement, c'est dans les grandes villes, Paris en tête, que la proportion d'adhésions est la plus faible, alors que les communes rurales affichent de très bons scores (35 % d'adhérents). Les citadins des grandes métropoles seraient-ils déjà trop sollicités ou trop occupés ? L'argument du temps à consacrer à telle ou telle association semble caduc car les chiffres de l'Insee montrent clairement que les couples avec enfants sont les plus actifs : 58 % d'entre eux ont une activité bénévole, là où retraités et étudiants sont beaucoup moins enclins à s'engager dans le bénévolat.
« Avoir un enfant n'est pas un obstacle au bénévolat et induit même une participation plus forte aux activités bénévoles que l'ensemble des adhérents », poursuit le document de l'Insee. Au total, un adhérent sur deux travaille ou rend des services dans son association sans être rémunéré. Enfin, les cadres et les professions intermédiaires sont les plus nombreux à adhérer, et l'engagement associatif progresse avec le niveau de diplôme : 45 % des diplômés du supérieur sont adhérents contre 18 % des personnes sans diplôme.
MARIE BELLAN, Les Echos
(1) Vie associative : 16 millions d'adhérents en 2008. Insee, décembre 2010.
21/12/2010
Le "saucissonnage" des transports ?
Morbihan BreizhGo, un site pour marier train-car-bus-bateau
Télégramme de Brest du 21 décembre 2010
Le site BreizhGo, lancé hier au conseil régional, est le guide complet du transport collectif en Bretagne. Au-delà des informations basiques, il concocte les voyages à la demande en associant tous les modes de transport.
La Région avec ses trains TER, les quatre départements avec leurs services de cars intervilles et leurs liaisons maritimes, les agglomérations avec leurs transports urbains: les 17 collectivités bretonnes organisatrices de transports se sont associées pour proposer un service internet inédit.
Le marié de Quimper
Un exemple? Celui de cet habitant de l'île de Groix qui doit se rendre au mariage d'un ami Quimpérois, le samedi à 14h30. Il inscrit son lieu de départ, ainsi que le lieu et l'heure d'arrivée, et voilà son itinéraire bateau-car-train-bus qui s'affiche, avec l'heure de départ et le temps de trajet. À cette aide à l'organisation du voyage s'ajoutent des informations plus classiques, comme les horaires, l'état et les prévisions de trafic, les plans de ville qui permettent d'identifier les arrêts de bus, ou encore des liens avec des sites de covoiturage.
En attendant KorriGo
En revanche, aucune indication de tarif n'est donnée. «Ce sont des données difficiles à intégrer, puisque chaque collectivité a ses propres tarifs et ses propres grilles de tarification sociale», explique Gérard Lahellec (vice-président de la Région chargé des transports). BreizhGo n'offre pas non plus la possibilité de payer en ligne. «C'est la carte à puce KorriGo qui permet de télécharger le paiement», poursuit l'élu. «Ce système billettique n'a pas encore été adopté par toutes les collectivités associées à BreizhGo, mais les projets avancent bien et j'ai bon espoir que KorriGo soit bientôt partagé par tous».
La collaboration jusqu'où?
Ce double dispositif, avec l'interactivité BreizhGo et la billettique de KorriGo, place la Bretagne au premier rang des régions pour la facilitation de l'usage des transports en commun. Plus que les difficultés techniques, ce sont les principes de collaboration qui sont délicats à définir. L'organisation territoriale de la France est ainsi faite que la compétence transport est «saucissonnée» entre la Région pour le fer, le Département pour la route, et l'agglomération pour ses rues. Pour recoller les morceaux de ce que l'État a écartelé, il a fallu que chaque collectivité renonce à travailler seule dans son coin. Un «renoncement» qui illustre assez bien la capacité des élus bretons à monter des projets communs. Reste maintenant à harmoniser les trajets, ce qui ne sera pas une mince affaire. La Région et les Départements -pour ne citer qu'eux- seront-ils un jour capables de fonctionner en parfaite complémentarité? Certes, la concurrence autocar-TER n'a plus la vivacité qu'on lui a connue naguère. Mais on en est toujours à rêver du moment où les cars du Département assureront la desserte en étoile des gares ferroviaires de la Région.
www.breizhgo.com ou m.breizhgo.com sur téléphone mobile.
Alain Le Bloas