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12/09/2016

Siemens gagne la deuxième manche des éoliennes, à la suite de la déconfiture d'Areva !

La politique française de "transition énergétique" est un "gigantesque échec" de l'Etat...

Allemagne, France.jpg

Dans le privé, on fait soi-même ou on "sous traite"...et bien aujourd'hui, après le sauvetage coûteux d'Areva (entre 10 et 20 milliards d'euros !), le marché des éoliennes en mer revient au "numéro un" mondial, Siemens (l'ennemi d'Areva dans le nucléaire !) et à General Electric, le repreneur des turbines d'Alstom (qui se porte mal dans l'industrie ferroviaire faute de commandes de la SNCF)...

La réalité des choses est masquée par l'intermédiaire espagnol, Gamesa, qui est désormais une filiale de Siemens !

L'encouragement étatique aux industriels français, Areva et Alstom, tombe à l'eau, aux frais du contribuable français, qui paye ainsi "la courte vue" de nos dirigeants politiques.

La "transition énergétique" passe aux couleurs allemandes et américaines ! Vive la France !


Areva solde son aventure dans l'éolien offshore

Le Figaro du 11 septembre 2016

Bertille Bayart

 Alpha Ventus en Mer du Nord.jpg

Le groupe nucléaire, en pleine restructuration, confirme la cession de son activité à Gamesa et Siemens.

Sauf coup de théâtre, c'est la fin d'une ambition pour Areva. Le groupe nucléaire s'apprête à solder ses (més-)aventures dans les énergies renouvelables. De sources concordantes, ce mercredi, le conseil d'administration entérinera la cession de ses parts d'Adwen à l'espagnol Gamesa, son partenaire depuis deux ans dans cette coentreprise consacrée à l'éolien en mer. Une histoire écrite de longue date, mais que la prise de contrôle de Gamesa par le géant industriel allemand Siemens, actée en juin, a rendu plus complexe. Areva ne fait aucun commentaire.

Mi-juin, quand Gamesa et Siemens scellent leur accord aux termes duquel le second détient 59 % du premier, ils offrent à Areva de reprendre ses 50 % d'Adwen. Le groupe français décide de donner trois mois à d'autres candidats pour lui soumettre une offre. Ce qu'a fait l'américain General Electric, propriétaire des activités énergie d'Alstom.

Areva veut cantonner ses risques futurs: il entend éviter d'avoir à sortir encore du cash pour régler les risques attachés à ses activités dans l'éolien

Mais, entre l'offre germano-espagnole et celle du groupe américano-français, le choix aura été rapide. Gamesa-Siemens l'emporte en offrant à Areva un petit prix de 60 millions d'euros. Pour le groupe nucléaire, en pleine restructuration, l'essentiel est ailleurs. Areva veut cantonner ses risques futurs: il entend éviter d'avoir à sortir encore du cash pour régler les risques attachés à ses activités dans l'éolien. Or, des risques, il y en a. Areva, qui en 2014 avait déjà consenti plus de 600 millions d'euros de provisions et dépréciations sur ses activités renouvelables, rencontre des difficultés, en particulier sur ses éoliennes promises au projet Wikinger en mer Baltique allemande. Des machines géantes de 8 mégawatts (MW) pièce sont prévues, de 210 mètres de haut chacune, pour ce parc qui serait le plus grand en eaux profondes jamais construit.

700 emplois à créer

Si les coûts dérapent, Gamesa se servira dans l'enveloppe de 230 millions de prêt d'actionnaire consenti par Areva à Adwen. Si la facture était encore supérieure, Areva pourrait y être de sa poche, pour une centaine de millions supplémentaires. Le groupe nucléaire, pour lequel il est essentiel de préserver une trésorerie qui est déjà gravement déficitaire, estime qu'il limite ainsi la casse. L'offre de Gamesa est en tout cas de ce point de vue plus avantageuse que celle qu'a soumise GE. Le risque résiduel sera logé chez Areva SA, entité publique dont Areva Newco (cycle du combustible) sera bientôt détachée, de même qu'Areva NP (réacteurs) promise à EDF.

Dans la corbeille d'Adwen, Gamesa trouve aussi trois contrats majeurs. Ceux conclus pour la fourniture d'éoliennes pour les parcs français attribués à Engie et Iberdrola. Le tout représente 186 machines, pour une puissance totale de 1500 MW. L'espagnol et son nouvel actionnaire de contrôle Siemens reprendront à leur compte les engagements pris par Areva en 2012 et 2014 auprès du gouvernement. En jeu: 700 emplois à créer, pour l'essentiel au Havre, ce qui a justifié l'extrême attention portée par le gouvernement à ce dossier. L'opération sera soumise au feu vert de la Commission européenne. Une étape qui ne va pas de soi, car Siemens est déjà le numéro un mondial de l'éolien offshore.

 

Une douloureuse leçon de politique industrielle

Le Figaro du 12 septembre 2016

Bertille Bayart

C’est un fiasco. L’ambition française de créer une filière championne de l’éolien en mer est un échec. Le projet remonte à … 2007. Le Grenelle de l’environnement fixe comme objectif de produire 23 % de l’électricité française par les renouvelables à l’horizon 2020. Et prévoit d’installer 6 000 MW de capacités d’éolien offshore, l’équivalent de la puissance installée dans le monde… à ce jour. À l’époque, plusieurs pays d’Europe s’emballent pour cette technologie qui permet de produire du courant avec plus de constance que les éoliennes terrestres. L’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni sont en pointe. La France ne veut pas être en reste et lance ses premiers appels d’offres en 2011. Nicolas Sarkozy, François Fillon, Éric Besson, alors ministre de l’Industrie, envisagent ainsi, grâce à la commande publique, de « structurer une filière industrielle française » puissante. Sur le modèle des Trente Glorieuses qui a permis la création de la filière nucléaire ou encore d’Airbus.

Tout le monde est servi

Seulement voilà, l’État n’a pas fait de choix. Il attribue des champs à ses deux grands énergéticiens, EDF et Engie et, surtout, aux deux postulants industriels, Alstom et Areva. Le second masque à l’époque ses difficultés, qui prendront vite des allures de déroute industrielle et financière, derrière une ambition de diversification politiquement correcte. Les champs sont répartis de façon plus équitable que la stricte analyse des offres qui aurait dû, selon la Commission de régulation de l’énergie à l’époque, récompenser le seul tandem EDF-Alstom. Tout le monde est servi. Y compris Areva, qui gagnera un second appel d’offres lancé cette fois sous le mandat de François Hollande. L’État ventile ses faveurs et fait plus de cas des promesses d’emplois industriels promis par chacun des candidats que de l’intérêt de créer du volume pour un seul acteur.

Près de dix ans après le Grenelle de l’environnement, et cinq ans après le premier appel d’offres, le bilan est cruel. L’État espérait créer deux nouveaux champions industriels tricolores. Le premier, Alstom, est passé sous pavillon américain. Le gouvernement a simplement sauvé les apparences en imposant que les activités dans l’éolien soient logées dans une coentreprise dont l’Alstom Transport, encore français, conserve, provisoirement, 50 % des parts. L’autre « champion », Areva est en déliquescence. Et ses activités dans l’offshore sont en passe de tomber dans l’escarcelle de Gamesa et Siemens (lire ci-dessus).

Les promesses d’emplois sont toujours là, le gouvernement y a veillé ces derniers mois sous une forte pression des frères ennemis de l’industrie que sont GE-Alstom et Siemens.

Faut-il dès lors regretter la conclusion de ce dossier ? Non, si l’on compte que General Electric et Siemens localisent chacun en France un segment de la chaîne de valeur de l’éolien offshore qui servira chaque fois, non seulement le marché français, mais, le cas échéant, les marchés conquis par ces deux géants à l’étranger.

Mais, oui, il y a du gâchis. Celui consenti par le contribuable français. Ou plutôt par le consommateur d’électricité qui paiera au prix fort - 180 à 220 euros le MWH dit-on, car le prix promis pour chaque champ offshore attribué n’est pas public - un courant qui avait censément une vocation industrielle. Le sentiment d’échec est d’autant plus fort que les champs offshore ont déjà pris au moins trois ans de retard par rapport au calendrier initial, le raccordement au réseau des premières machines étant au mieux prévu en 2021. D’une part, parce que la technologie offshore, extrêmement exigeante pour les machines et pour leur maintenance, reste peu éprouvée. D’autre part, parce que les projets français se heurtent à des recours multiples. Une spécialité française qui, pour le coup, a fait ses preuves. À ce jour, ni EDF, ni Engie, ni Iberdrola n’ont signé la décision finale d’investissement qui rendrait irrévocable leur engagement d’honorer leurs victoires aux appels d’offres.

 

 

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