Les Secrets de Saint Pierre

Sur l'eau, tout peut voler, même un Optimist !

Ouest France du 14 avril 2016

 

L'Optimist Optifoil, conçu par l'architecte naval Philippe Roulin et le chantier Erplast d'Hennebont, est dévoilé demain à Saint-Pierre-Quiberon. L'un des défis de la Semaine affoilante.

Le projet

Des générations d'enfants, pour certains devenus aujourd'hui navigateurs chevronnés, vous le diront. Comment ça, un Optimist qui vole ? Impensable ! Et pourtant si... C'est le défi que relève aujourd'hui l'architecte naval morbihannais, Philippe Roulin, associé au chantier Erplast d'Hennebont, seul constructeur d'Optimist en France.

Une idée un peu dingue mais dans le vent, née comme ça, au fil d'un croquis réalisé sur le coin d'une table. « Jean-Christian Michel, gérant d'Erplast, m'a lancé ce défi il y a quelques années, explique Philippe Roulin. J'ai donc planché sur le sujet en parallèle à d'autres projets. Avec la naissance de la Semaine affoilante sur le site de l'ENVSN (Ecole nationale de voile et de sports nautiques), nous nous sommes dit que c'était le moment idéal de dévoiler notre projet Optifoil ».

Rompu à la construction d'Optimist de compétition en matériaux composite et en polyéthylène rotomoulé pour les écoles et clubs de voiles (plusieurs centaines par an), le chantier Erplast a donc donné carte blanche à l'architecte, spécialiste des foils.

En avant-première

Alors, comment diable fait-on pour faire décoller de la surface notre vénérable Optimist, conçu en... 1947 ? « Très simple, vous répond, dans un sourire, Philippe Roulin. On l'équipe d'un grand foil en carbone au niveau de la dérive et d'un plus petit sur le safran. Le principe, de « winglets » permettant d'améliorer la traînée des ailes dans l'aviation et donc, dans tout type de profil aéro ou hydro, déjà appliqué aux multicoques et planches à voile, doit aussi permettre à l'Optimist de prendre de la hauteur ».

L'Optifoil, présenté en avant-première sur cette semaine affoilante, ne sera pas testé sous n'importe quelles conditions. « Tout dépendra des conditions de vent et de clapot, précise son concepteur. Si nous le greffons de foils spécifiquement dessinés, nous ne changeons rien à la nature profonde de ce bateau destiné aux enfants ».

Le site de l'école nationale de voile, sept hectares de nature, parfaitement situés dans la baie de Quiberon et ses infrastructures (cale en béton, hangar, grue, hébergement, restauration...) sont particulièrement bien adaptés aux essais et démonstrations de bateaux innovants comme l'Optifoil. « L'environnement est propice à la promotion des applications foils ainsi que pour la préparation sportive au plus haut niveau, estime Philippe Roulin. C'est un laboratoire à coeur ouvert où rien n'est fait à moitié ».