16/03/2016
5424 euros pour un "sans étude", "sans emploi" de 18 à 25 ans !
La "Garantie jeunes" est expérimentée par la mission locale d'Auray !
5 CDI seulement après un an d'expérimentation...et 251 mises en situation, 74 CDD, 107 contrats en agence d'intérim, 4 emplois d'avenir et 14 retours en formation...
Plus de 5 000 euros par an et par "client", auquel il faut ajouter les salaires des 4 encadrants (50 000 euros de frais fixes)...
Le "résultat" est pitoyable par rapport aux sommes engagées...
50 000 jeunes en 2015, 100 000 en 2016... 150 000 selon le ministre du travail en 2017 !
En valeur, 2 milliards d'euros en 2015, 4 milliards en 2016 et 6 milliards en 2017 !
Le parcours d'autrefois était l'apprentissage de 3 ans, le salariat, puis le chef d'entreprise indépendant ! Avec "zéro subvention" de l'Etat !
12 milliards d'euros en 3 ans, est-ce vraiment la solution pour créer des emplois sérieux ?
Mission locale d'Auray, un dispositif qui a de l'avenir
Télégramme du 12 mars 2016
Jeunes, encadrants et employeurs ont exprimé tout le bien qu'ils pensaient du dispositif expérimenté depuis un an par la Mission locale.
Dans l'arsenal ? trop souvent inoffensif ? des mesures de retour/accès à l'emploi, un dispositif semble se démarquer et faire l'unanimité auprès de ceux qui l'ont expérimenté : la « garantie jeunes », expérimentée par la Mission locale, a ses fans. Et ils en parlent.
Le dispositif est encore en phase d'expérimentation. Mais un an après sa mise en place sur le pays d'Auray, il semble avoir convaincu. C'est en tout cas ce qu'il transparaît de la rencontre organisée cette semaine entre les jeunes, certains employeurs et l'équipe encadrante de la Mission locale, qui pilote le dispositif sous l'égide du ministère de l'Emploi. Si elle a l'humilité de ne pas se présenter en remède miracle, la « garantie jeunes » a des allures de rayon de soleil dans un ciel ombrageux, en ces temps troublés qui voient la jeunesse descendre dans la rue pour défendre ses futurs droits à l'emploi. 50.000 jeunes ont ainsi été concernés par le dispositif en 2015 et 100.000 devraient en bénéficier d'ici 2017. Sur le pays d'Auray, ce sont 85 jeunes qui ont été accompagnés, et 120 devraient l'avoir expérimenté à la fin de l'année. « Ce dispositif s'adresse à des jeunes de 18 à 25 ans qui sont ni en emploi, ni en formation, ni en études, et qui ont très peu de soutien familial, mais une réelle volonté de s'en sortir par le travail », explique l'équipe encadrante de la Mission locale du Pays d'Auray. Concrètement, cette « garantie jeunes » doit assurer une première expérience professionnelle à travers un parcours dynamique d'accompagnement social et professionnel qui doit permettre d'accéder à l'emploi ou à la formation. Plus encore, le dispositif est une garantie financière qui doit octroyer au jeune demandeur une allocation de 464 € s'il s'engage à multiplier les expériences professionnelles. Une bourse qui doit lui permettre d'alléger ses frais de déplacement ou de loyer. L'accompagnement dure un an. Quatre personnes de la Mission locale oeuvrent sur le dispositif qui a fait l'objet d'une convention avec le préfet du Morbihan (il a démarré en 2014 dans le Finistère). Toutes les communes du pays d'Auray sont représentées.
Alors, un an après, la « garantie jeunes », ça donne quoi ? Eh bien, il semblerait que ça marche, si on s'en tient aux chiffres tout d'abord (251 mises en situation, 74 CDD, 107 contrats en agence d'intérim, quatre Emplois d'avenir, quatorze retours en formation et cinq CDI).
Ceux qui l'ont expérimenté en parlent le mieux
Surtout, les retours des jeunes et de leurs employeurs sont positifs : « Je savais ce que je voulais faire, mais le dispositif m'a permis de trouver un contrat pro comme assistante vétérinaire » (Cécilia, 23 ans) ; « J'ai eu mon permis et j'ai découvert le monde du travail. J'ai eu de bons retours des boîtes d'intérim et l'allocation m'a permis de pouvoir me déplacer... J'habite à Quiberon et la mobilité est le point faible pour trouver du travail » (Julien, 20 ans) ; « Je cherche une professionnalisation dans la plomberie et la garantie jeunes m'a permis de mettre à jour mon CV, mais aussi de retrouver un rythme normal pour pouvoir accrocher dans la vie active » (Killian) ; « Je suis rentré en janvier dernier. J'ai un bac + 3 en traduction d'anglais et un CAP menuiserie car j'ai changé d'orientation. Mais le dispositif m'a permis de sortir d'une certaine forme de léthargie qui s'installe quand on est en recherche d'emploi. Cela m'a permis de me relancer et de rencontrer des employeurs... Et depuis, mon téléphone n'arrête pas de sonner ». Le son de cloche n'est guère différent de l'autre côté du bureau, dans le siège de l'employeur potentiel : « C'est un facilitateur de la mise à l'emploi. Nous avons très bien travaillé avec les jeunes, notamment grâce à des job-dating de quinze minutes... Et il se pourrait bien que l'on signe un contrat dans les semaines qui viennent », assure Delphine Canaux, en charge des agences Manpower de Vannes et d'Auray. Jean-François Rio, de l'entreprise Ouest composites (Crac'h), semble également séduit : « Les jeunes sont préparés à travailler, et c'est déjà essentiel. Aujourd'hui, nous avons cinq contrats issus de la garantie jeunes ». Un dispositif qui semble donc donner toutes les garanties et qui devrait être reconduit. Pratique Mission locale : 14, rue François-Miterrand ; tél. 02.97.66.66.11. © Le Télégramme
Le coût hasardeux de la Garantie jeunes
Le Figaro du 16 mars 2016
Anne de Guigné
La nouvelle copie du projet de loi El Khomri, dévoilée lundi, comprend un geste symbolique à destination des syndicats étudiants : la généralisation de la Garantie jeunes. Ce dispositif octroie pendant un an une allocation aux 18-26 ans dans le cadre d’un parcours intensif d’accès à l’emploi et à la formation. La mesure était dans l’air depuis plusieurs mois. Réclamée par le syndicat étudiant « réformiste » la Fage, elle avait été mise sur la table dès décembre par la ministre du Travail. C’est une annonce très politique, la seule d’ailleurs du projet de loi travail que François Hollande a souhaité annoncé lui-même, dès samedi dernier.
Lancé en 2013 à titre expérimental dans le cadre du plan contre la pauvreté, le dispositif est piloté par les missions locales, des organismes publics dédiés aux jeunes qui rencontrent des problèmes d’insertion professionnelle et sociale. Il aura bénéficié à 100 000 jeunes fin 2016, 40 000 en 2015 et 60 000 cette année. Les bénéficiaires reçoivent une allocation équivalente au RSA, de 452 euros, après abattement du forfait logement. Leur éligibilité se détermine par l’absence d’emploi ou de formation et leur situation sociale, définie par leur niveau de ressources financières selon les critères du RSA. D’après le ministère du Travail, un bénéficiaire sur deux se retrouve en situation d’emploi, huit à dix mois après sa sortie du dispositif. Un bilan plus complet doit être effectué pour le mois de juin.
Selon la dernière étude de la Rue de Grenelle sur l’emploi et le chômage des 15-29 ans, 785 000 jeunes de moins de 24 ans n’étaient ni en emploi ni en formation fin 2014. En raison des critères sociaux, l’intégralité de cette population n’est pas éligible à la Garantie jeune. La cohorte concernée tournerait autour de 500 000 personnes, selon le gouvernement. Tous ne devraient toutefois pas faire la démarche de s’inscrire dans leur mission locale. La ministre du Travail estime qu’entre 100 000 et 150 000 nouveaux jeunes pourraient intégrer le dispositif en 2017 suite à sa généralisation.
En 2016, l’enveloppe consacrée à la Garantie jeune s’élève à 273 millions d’euros. Ce budget, qui doit financer 60 000 nouveaux parcours en Garantie jeunes, prend en compte le coût de l’accompagnement par les missions locales et celui de l’allocation. Si l’on se fie à la fourchette retenue par la ministre, le budget 2017 des Garanties jeunes oscillera donc entre 455 et 682 millions. Un coût colossal : 2 milliards ont déjà été mobilisés en 2015 pour financer l’ensemble des politiques de réinsertion des jeunes sans formation, ce qui représentait 35 % du total des aides publiques destinées à cette tranche d’âge.
Mardi, le flou subsistait sur ces estimations budgétaires. Alors que le premier ministre évoquait sur BFMTV un coût autour de 418 millions, Bruno Le Roux, le patron du groupe PS à l’Assemblée, expliquait sur RTL avoir « vu les chiffres : c’est un peu moins d’un milliard ! »
Le gouvernement espère surtout que Bruxelles, via les crédits du Fonds social européen (FSE) et de l’Initiative européenne pour la jeunesse (IEJ), continuera de massivement financer le dispositif. Le FSE a ainsi prévu de consacrer 2,9 milliards pour financer des mesures spécifiques pour l’insertion des jeunes en France entre 2014 et 2020. Dans un récent référé, la Cour des comptes met toutefois en garde sur la pérennité de ces dotations. « Au cours du second semestre 2014, la mobilisation des crédits européens a été pénalisée par les conditions de mise en œuvre des programmes éligibles », relèvent ainsi les sages de la Rue Cambon.
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