15/02/2016
Un Etat "socialiste", qui intervient en permanence à contre-courant de l'économie libérale !
Après Renault, l'opération Bouygues Orange devrait évincer l'Etat de tout pouvoir dans l'ancien empire des PTT !
Le "touche à tout", Emmanuel Macron est pris de démangeaisons "anti-libérales"... et essaye, contre toute logique de marché, de modifier les parités d'échange entre actions Bouygues Télécom et actions Orange !
Tout est bon pour faire pression sur Martin Bouygues, qui pourrait un jour devenir un actionnaire important du numéro 1 français.
Mais que fait l'Etat dans cette galère, de perdre temps et finances en combats derrière le rideau ?
Le mélange entre "étatisme" souvent désastreux (AREVA, une catastrophe à 10 milliards d'euros) et retour sur le pouvoir régalien (OPEX à 2 milliards par an) se poursuit depuis de longues années et détériore inexorablement la santé financière de la France.
Détenir le leadership de la télévision est devenu insupportable à nos politiques...
Orange-Bouygues, l’Etat pose ses conditions
LE MONDE ECONOMIE du 15 février 2016
Sandrine Cassini
Orange réussira-t-il à sceller son alliance avec Bouygues Telecom ? Officialisées mardi 5 janvier, les noces tardent à trouver une date et les difficultés s’amoncellent. Non seulement les deux prétendants doivent s’entendre avec Free et SFR, qui rachèteront une partie de Bouygues Telecom, mais ils doivent compter avec l’Etat, actionnaire de référence d’Orange, qui entend mettre son grain de sel.
L’objectif de Martin Bouygues dans l’opération est connu : entrer chez Orange. L’homme d’affaires, qui a fixé le prix de sa filiale télécoms à 10 milliards d’euros, souhaite procéder surtout à un échange de titres. Problème : son arrivée au capital de l’opérateur historique fait encore débat. Selon nos informations, Bpifrance et l’Agence des participations de l’Etat, qui possèdent respectivement 9,6 % et 13,45 % d’Orange, soit 23 % au total, ne veulent pas descendre sous une participation de 21 %, afin de conserver trois sièges au conseil d’administration. Jusque-là, le plancher était établi 20 %.
L’Etat pris en étau
Les deux entités publiques aimeraient également voir M. Bouygues signer pour une durée d’au moins trois ans une clause dite de standstill, destinée à l’empêcher de monter au capital du groupe. Pis, les hauts fonctionnaires envisagent de sécuriser cette clause dans un pacte d’actionnaires, qui empêcherait de facto le patron de Bouygues de posséder plus de 9 % du capital d’Orange, dans la mesure où à partir de 30 %, les deux actionnaires de référence seraient obligés de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur l’ensemble des titres de Bouygues Telecom.
L’Etat est pris entre deux injonctions contradictoires. D’un côté, il a envie de conserver son influence chez Orange, et voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouvel actionnaire de poids, qui voudrait progressivement imposer ses vues. De l’autre, il doit se désengager. Bpifrance, qui a déjà cédé 3,9 % du capital d’Orange ces deux dernières années, a vocation à poursuivre son retrait.
Les velléités des hauts fonctionnaires de Bercy ne font pas les affaires des protagonistes. Les discussions en cours portent sur une arrivée de Martin Bouygues en deux temps. Tout d’abord, le bétonneur prendrait 10 % du capital d’Orange en échange de ses actions de Bouygues Telecom, via une augmentation de capital réservée. Puis, il porterait sa participation de 12 % à 15 % du capital, en acquérant des titres sur le marché. Un pacte d’actionnaire entraverait la mise en œuvre de ce plan.
Prix final incertain
Ce week-end, Stéphane Richard, le patron d’Orange, aurait obtenu des garanties auprès des pouvoirs publics afin que l’opération ne soit pas confrontée à des « points bloquants ». De fait, c’est en dernier lieu François Hollande et Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, qui auront leur mot à dire.
Autre question : Martin Bouygues réussira-t-il à obtenir 10 milliards d’euros pour sa filiale ? Le prix final de la transaction et la part acquittée en cash n’étaient pas encore arrêtés dimanche. Ces paramètres sont soumis aux discussions avec Patrick Drahi (SFR) et Xavier Niel (fondateur de Free et actionnaire du Monde à titre personnel), « deux redoutables négociateurs », dit un proche des échanges, témoignant de la difficulté des discussions.
Pour emporter l’aval de l’autorité de la concurrence, Orange doit en effet rétrocéder la majeure partie de Bouygues Telecom à ses concurrents. A ce stade, Free reprendrait le réseau, des fréquences et les 550 boutiques de l’opérateur. Il se partagerait avec SFR la base de clients de Bouygues Telecom, qui comprend notamment les abonnés « low cost » B & You et les clients Internet de la Bbox. Selon nos informations, SFR pourrait également récupérer une part des clients Sosh d’Orange.
De son côté, l’opérateur historique conserverait les deux millions de clients mobile haut de gamme de Bouygues Telecom, qui assurent la moitié de son chiffre d’affaires, selon Le Figaro. Orange, déjà très puissant dans le mobile, avec 39 % de parts de marché, n’a en effet pas vocation à aller au-delà de 41 % à 42 %, sous peine d’être retoqué par l’Autorité de la concurrence.
Free concerné au premier plan
Reste aussi à connaître le sort qui serait fait à la partie entreprise. SFR aura du mal à se porter candidat, dans la mesure où il forme déjà avec Orange un duopole. L’opérateur indépendant Coriolis fait figure de prétendant.
Pour Free, la facture finale pourrait s’élever à 3,5 milliards d’euros. Pour SFR, elle atteindrait 2,5 milliards d’euros. « Il peut encore y avoir de fortes variations », modère néanmoins un protagoniste. Ces sommes ne comprennent pas les « passifs » de Bouygues Telecom, en particulier la partie fiscale, qui inclue les plus-values sur les cessions menées, et dont le montant devrait atteindre 1 milliard d’euros. Orange n’entend pas assumer seul la facture.
Stéphane Richard a à coeur de voir Free et SFR sengager à conserver les 7 500 salariés de Bouygues
Les trois prétendants ont visiblement du mal à accorder leurs violons sur la valorisation des différents actifs de Bouygues Telecom. A tel point que SFR et Free ont recruté il y a une dizaine de jours un banquier chargé de jouer les « go between » avec Orange. « Cela a permis de rapprocher les points de vue », dit un témoin.
Autre question clef, celle des 7 500 salariés de Bouygues Telecom. Les pouvoirs publics ne veulent pas de casse sociale. M. Richard a à cœur de voir Free et SFR s’engager à conserver les salariés. Free, qui devrait en récupérer « plusieurs milliers », sera concerné au premier chef. L’opération change la donne pour le trublion des télécoms, qui emploie 5 500 personnes en France. L’enjeu est moins important côté SFR, qui devrait en ingérer « quelques centaines ». « MM. Drahi et Niel ont l’air de vouloir prendre des engagements », assure un proche.
Les chiffres
55 %
C’est la part de marché qu’aurait ensemble Orange et Bouygues Telecom dans le mobile si le mariage aboutissait. Pour emporter l’aval de l’autorité de la concurrence, Orange devra donc rétrocéder à ses concurrents la majeure partie des abonnés de Bouygues Telecom
7 500
Nombre de salariés de Bouygues Telecom, que doivent se partager Orange, Free et SFR.
10
C’est en milliards d’euros, le prix demandé par Martin Bouygues, pour sa filiale Bouygues Telecom.
6
C’est le montant des cessions d’actifs, en milliards d’euros, envisagées par Orange à SFR et à Free.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/02/15/orange-bouygues-l-etat-pose-ses-conditions_4865465_3234.html#mDVZVbx2LPkFkP01.99
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