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18/01/2016

La transition énergétique dans les choux !

La surproduction de pétrole divise par deux le coût du baril !

EDF, le choc pétrolier.png.jpg

Dans le magma "politique" français, ignare et stupide, la réalité "économique" est totalement ignorée, sauf chez Air France ! En six mois, le compte d'exploitation de la Compagnie Nationale affiche 300 millions d'euros de produit d'exploitation...

L'effet d'aubaine gagne toute l'économie française par le biais de la baisse du coût de l'énergie fossile et se propage par la baisse des coûts de transport... c'est ainsi que les politiques vertes de Ségolène, les plans Macron pour l'industrialisation cocorico sont ridiculisés par cet effet improbable de la baisse du coût de l'énergie !

Le Nucléaire, le Solaire et l'Eolien sont dans la tourmente des coûts d'exploitation. Les calculettes des ingénieurs n'ont jamais été autant sollicitées. Les plans et prévisions sont bousculées par ce "contre-choc" pétrolier, qui met en avant le réflexe "libéral" de toute l'économie mondiale.

Ce que l'on appelle "l'effet Prix" est à la manœuvre et percute douloureusement les convictions roses et vertes, représentées par les manifestations de la Confédération paysanne...

La balance commerciale française peut retrouver des couleurs...la fin des "politiques économiques récessives" est en vue...

A condition de faire confiance à des politiciens, économistes, capables de réfléchir !


EDF, ou l'aveuglement de l'Etat

Les Echos du 15 janvier 2016

Eric Le Boucher

 

EDF, ou l'aveuglement de l'Etat

Rien n'illustre mieux l'incapacité de l'Etat français à voir l'avenir que le cas EDF : bientôt, le groupe ne pourra plus garantir aux Français une électricité indépendante et peu onéreuse. Au risque de perdre l'un de nos atouts compétitifs.

 

EDF ne pourra plus garantir aux Français une électricité indépendante et peu onéreuse à partir de 2030. Par confusion des objectifs, par insouciance du temps long, par cécité politicienne, l'Etat français, c'est-à-dire son gouvernement et son administration, est en train d'ôter au pays ce qui fut l'un de ses atouts majeurs depuis les années 1980. La France, qui aime débattre à n'en plus finir des principes qui la fondent, laisse faire une transformation radicale des conditions d'exercice de ces principes. Rien n'illustre mieux cette nouvelle incapacité de l'Etat français à voir l'avenir et à le construire, cette effarante déchéance, que la perte d'indépendance énergétique qui se profile.

L'équation d'Electricité de France est pourtant simple. Les centrales nucléaires ont été construites après des tensions fortes au Moyen-Orient, qui ont fait comprendre à tous les Français que la dépendance aux hydrocarbures était dangereuse. Les gouvernements de droite puis de gauche ont construit 58 réacteurs d'une puissance totale de 63 gigawatts. Leur durée de vie a été, depuis, prolongée, elle le sera peut-être encore, mais il faudra les remplacer à partir de 2030.

Leur puissance un peu agrandie (à 1,6 GW) fait qu'il faudra en construire seulement 38. Les ingénieurs d'Areva et d'EDF devront d'ici là trouver un moyen pour diviser par deux le coût de ces réacteurs EPR, afin de les amener à 6 ou 7 milliards d'euros pièce. Bilan : sur une période de reconstruction du parc de vingt ans, EDF devra investir entre 10 et 12 milliards d'euros par an. Or, sa capacité actuelle n'est que de 2,5 milliards, très loin du compte.

L'emprunt est exclu, l'entreprise a construit son ancien parc de cette manière, elle porte une dette de 47 milliards. Elle est pour cette raison sanctionnée par les marchés financiers qui ont fait plonger son titre en Bourse et l'ont fait exclure du CAC 40. Sanction sans portée mais qui en dit long. Faire des économies ? L'entreprise va en faire pour 1 milliard d'euros. On reste loin du compte. Que l'Etat renonce à ses dividendes, 1,8 milliard ? Cela ne suffit pas plus et ajoute à la défiance des marchés.

La seule solution est une remontée des prix. On entre ici dans une considération stratégique acceptée par tous, l'énergie devrait être plus chère pour des raisons à la fois écologiques et économiques. Mais le court terme a pris le pas sur le long terme. D'une part, la baisse des prix des services publics par la concurrence (énergie, télécoms, transports) est devenue le seul moyen pour les gouvernements et l'Europe de faire remonter le pouvoir d'achat lorsque les salaires stagnent. D'autre part, la révolution des schistes nord-américains a écroulé l'ensemble des prix énergétiques mondiaux. Un tiers seulement des tarifs d'EDF dépendent de l'Etat, deux tiers sont décidés sur « le marché », où ils tombent : 40 euros le mégawatt/heure il y a un an, 33 euros aujourd'hui pour les prix « de gros ».

A 33 euros, plus aucun investissement ne peut se financer, sauf dans les énergies renouvelables grâce aux subventions.

Il faudrait que les prix se redressent au-dessus de 50 euros pour qu'EDF retrouve une marge de manoeuvre. C'est ici que revient l'idée de taxer le CO2 comme l'ont fait la Suède (100 euros) ou la Grande-Bretagne (30 euros). Sans prix du CO2, la France est incapable de se doter d'une politique énergétique propre et de long terme. Prix du CO2 ? Le grand absent de la COP21 à Paris…

Les Britanniques, ces pragmatiques, ont compris que le marché ne marche pas. L'indépendance énergétique, que leur avait assurée le pétrole de la mer du Nord, se perd, ils ont décidé de construire des nouvelles centrales nucléaires. Pour les financer, ils ont fixé un prix d'achat garanti du courant (93 livres le mégawatt) pendant trente-cinq ans. La Commission de Bruxelles a accepté cette « distorsion » de concurrence. La France, élève honteuse du libéralisme, n'ose pas imaginer affronter Bruxelles pour défendre son EDF.

Tout cela, objectera-t-on, est au fond voulu. Priver Electricité de France de la capacité de reconstruire un parc nucléaire et le forcer à aller dans les renouvelables est la politique de l'Etat et de sa tutelle, le ministère de l'Ecologie, du Developpement durable et d e l'Energie ? Est-ce vrai ?

Si oui, c'est réussi. Sauf que c'est priver EDF de capacité d'investir tout court. Ce ne sont pas les 700 millions qu'il met dans les renouvelables tous les ans qui suffiront à remplacer les 63 gigawatts nucléaires. Et surtout, miser sur le soleil et le vent impose de doubler le réseau par d'autres centrales en cas de calme, de nuages ou de nuit. L'Allemagne l'a montré qui a dû relancer ses centrales… au charbon : un échec climatique cinglant que les écologistes refusent de voir. En France, ce seraient des centrales au gaz, énergie, fiable, peu chère et disponible. Mais, en cohérence, il faudrait alors, au minimum, autoriser l'exploration de notre sol pour savoir s'il contient ou non du gaz de schiste. Ensuite, il faut accepter que la France dépende des Russes et du Moyen-Orient. Est-ce bien cela qui est voulu ? Que les deux piliers, France et Allemagne, abandonnent toute volonté d'indépendance énergétique et s'en remettent à Moscou et au Qatar ? Et que se passera-t-il lorsque le prix des hydrocarbures remontera, voire flambera ?

L'année 2030, c'est loin. Trois quinquennats… L'Etat juge-t-il vraiment que l'indépendance énergétique est une vieille lune et que le mieux soit qu'EDF, après un demi-siècle de nucléaire, fasse du gaz au prétexte de renouvelables, comme les autres énergéticiens ? La violence du monde risque de nous faire chèrement payer ce choix.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/021619934278-edf-ou-laveuglement-de-letat-1192733.php?UkXd1fVIA79xKb9h.99#xtor=EPR-3038

 

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