13/09/2015
Bernard Maris, Joseph Stiglitz et Pascal Salin !
Les économistes sont divers, mais les opinions convergent !
Bernard Maris était réputé pour la simplicité de ses exposés...Admirateur de Keynes, il vilipendait la société de consommation !
Joseph Stiglitz, de son côté, est le pourfendeur de la politique économique de l'Europe, notamment des mesures d'austérité imposées à la Grèce. L'endettement n'est positif que si l'investissement correspondant est bien choisi !
Pascal Salin, le libéral, n'aime pas la politique sociale actuelle, qui privilégie les aides aux bas salaires...ce faisant, on empêche les autres catégories de créer de l'emploi ! Il fustige les contraintes d'horaire (35 heures), et les mesures pour compenser financièrement ce déficit de travail !
Jamais les économistes contemporains n'ont autant critiqué la politique économique de la France !
Houellebecq économiste
« Personne n'a comme Houellebecq l'intelligence du monde contemporain »
Hérodote.net du 12 janvier 2015
Bernard Maris (Flammarion, 160 pages, 14 euros, 2014) |
Par un tragique pied-de-nez, le hasard a voulu que la rédaction de Charlie Hebdo soit assassinée le jour de la sortie officielle du dernier roman de Michel Houellebecq, Soumission.
À l'aube de ce sombre 7 janvier 2015, le romancier - sans doute le meilleur de sa génération - présentait sur les ondes, de sa voix pâle et désabusée, ce roman dans lequel il est question d'une France qui, pour échapper à l'islamo-terrorisme, se jette dans les bras d'un islam « modéré ».
Dans Le Monde des Livres, l'écrivain Emmanuel Carrère ébauchait un rapprochement intéressant entre ce roman, 1984 (1949, George Orwell) et Le meilleur des mondes (1931, Aldous Huxley) : ces trois romans, en effet, ont en commun de décrire les peurs du présent sous le prétexte d'une anticipation improbable...
Quelques minutes plus tard, le brouhaha médiatique autour de Michel Houellebecq s'effaçait au profit d'une tragédie autrement plus réelle et sulfureuse et l'on apprenait que, parmi les victimes du 10, rue Nicolas-Appert, figurait Bernard Maris, un économiste rigolard et anticonformiste qui était aussi un fervent admirateur de Houellebecq et venait de publier un opuscule incisif et bien enlevé : Houellebecq économiste.
Une critique radicale de l'impasse néolibérale
Bernard Maris affiche d'emblée le peu d'estime dans lequel il porte ses confrères économistes, auxquels il reproche de trop se prendre au sérieux et d'ignorer les seules vraies valeurs qui comptent : « Discipline qui, de science, n'eut que le nom, et de rationalité que ses contradictions, l'économie se révèlera l'incroyable charlatanerie idéologique qui fut aussi la morale d'un temps ».
Et l'économiste dissident de se délecter de l'œuvre romanesque de Houellebecq qui, l'air de rien, démonte et dénonce les ressorts d'un capitalisme vide de sens et suicidaire, à la manière de Balzac disséquant les rentiers louis-philippards.
Le romancier porte le même regard que l'économiste de Charlie Hebdo sur le néolibéralisme financier et sur la démocratie, dont il pense qu'elle a été mortellement blessée quand la classe dirigeante a volé aux citoyens le référendum du 29 mai 2005.
Les personnages centraux de ses romans sont en général des cadres d'entreprise qui courent après l'argent et les satisfactions matérielles, sans y trouver de remèdes aux seules vraies préoccupations qui taraudent les poètes et l'ensemble des hommes depuis la nuit des temps : l'amour sincère et la fuite du temps.
Concluons sur cette formule cruelle de Bernard Maris : « Le capitalisme s'adresse à des enfants dont l'insatiabilité, le désir de consommer sans trêve vont de pair avec la négation de la mort. C'est pourquoi il est morbide. Le désir fou d'argent, qui n'est qu'un désir d'allonger le temps, est enfantin et nuisible. Il nous fait oublier le vrai désir, le seul désir adorable, le désir d'amour ».
André Larané
En hommage à Bernard Maris, une critique de Houellebecq économiste
Il est difficile, voire impossible, d'écrire une chronique culturelle raisonnée et de parler de coups de cœur, de points forts ou de points faibles en cette période d'horreur absolue qui frappe la France dans sa chair, dans son identité, dans ses valeurs, et pourtant il le faut : la France est debout, la liberté de penser, d'écrire, de dessiner, doit le rester ; la France est en état d'urgence, aujourd'hui même et... demain.
Atlantico du 12 Janvier 2015
Bernard Maris.
L'auteur
Economiste iconoclaste, "Oncle Bernard" a été massacré aux côtés de ses amis de Charlie Hebdo, fleurs de la caricature, contestataires impénitents de l'intolérance et de l'obscurantisme. Cette chronique de Culture-Tops leur rend hommage, au delà des opinions et sensibilités personnelles de ses chroniqueurs et de ses lecteurs. Né en 1946, Bernard Maris était agrégé d'économie, professeur d'université, journaliste (chroniqueur débatteur sur France Inter notamment). Ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, dont il était actionnaire, il était rentré en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, nommé par l'ancien Président du Sénat.
Economiste anti conformiste, admirateur de Keynes, il avait pris ses distances avec le monde de la finance, lui préférant une économie citoyenne, et pourfendait avec verve et ironie la "caste" de ceux qui s'enrichissent au nom du credo "la fin justifie les moyens". "J'ai dit oui à Maastricht mais maintenant il faut quitter la zone Euro "( octobre 2014); et en 2011 (crise financière) : " Il faut effacer les dettes des Etats, quel qu'en soit le coût pour les banques et les créanciers". Ainsi s'exprimait Maris qui n'avait aucune confiance dans les économistes qui se trompent tout le temps. Il vilipendait la société de consommation. Il a produit une vingtaine d'ouvrages dont certains assez décoiffants, tels "Les anti-manuels d'économie" (Bréal), "L'homme dans la guerre..." (Grasset), "Marx, ô Marx, pourquoi m'as tu abandonné" (Flammarion).
Thème
Michel Houellebecq, l'auteur Français devenu, certainement, aujourd'hui, le plus célèbre du monde grâce à un télescopage médiatique et évènementiel invraisemblable autant que douloureux, est un romancier génial pour les uns, pornographique pour les autres, à la fois visionnaire et décadent; en même temps, grand romantique, digne de Maupassant, et poète symboliste, sorte de Baudelaire du 21ème siècle. Mais un Houellebecq "économiste", qui oserait l'affirmer ? Bernard Maris, lui même, qui, en prêchant un peu pour sa paroisse, il faut le dire, nous présente ainsi l'auteur des "Particules élémentaires" : "Aucun écrivain n'est arrivé comme lui "à saisir le malaise économique qui gangrène notre époque". Oui, selon les deux auteurs, qui se connaissent à peine, malaise il y a devant les souffrances et les ravages de la société de consommation ; Maris extrait de "La Carte et le territoire" une phrase clé prononcé par l'héroïne de ce roman de Houellebecq, elle aussi professeur d'économie : "J'ai gâché ma vie à enseigner des absurdités contradictoires à des crétins arrivistes" ; toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, sauf sous la plume d'un grand romancier ! Et que dit Houellebecq, au fil de ses romans successifs ? L'homme est malade de la société de consommation, de la quête incessante du profit, d'un confort matériel non durable, d'une compétition épuisante et illusoire qui conduit à la déception et confine à la haine de l'autre.
Dans un chapitre dédié à J.M.Keynes et titré "L'infantilisme des consommateurs", Bernard Maris parle d'un terrorisme de l'obsolescence si bien décrit dans "la Carte et le territoire" qui, avec "Extension", fournit bon nombre d'arguments houellebecqiens à l'appui de la thèse de l'économiste iconoclaste. Ainsi le romancier pleure à l'évocation de la disparition programmée de trois de ses produits fétiches: "Adieu mes Paraboot Marche et ma parka Camel...” Etc, etc. Tout y passe, l'entreprise, vulgaire et malpropre, l'art, un supermarché, le sexe (de masse, comme le tourisme bien sûr), la pub qui torture et soumet: la pub c'est la nouvelle morale qui succède au christianisme !!! Conclusion de l'économiste, le vrai : ce livre est un sourire. Il montre la "triste morale" et la forte poigne dissimulée sous les oripeaux d'une science. "Car il n'y a pas de science économique".
Points forts
1/ Le courage Bernard Maris a eu le grand mérite d'afficher avec humour, décalage et style, sa détestation de la société de consommation, du culte de la finance et de la prééminence de l'économie auxquels malgré tous ses efforts de pédagogie et selon lui, personne ne comprend rien. Et surtout, il ne faut toujours clairement accorder aucun crédit aux analystes et aux prévisionnistes qui se trompent sans cesse et nous bercent d'illusions.
2/ La démonstration Elle est convaincante et en tout cas incite à la réflexion. M. Houellebecq et B. Maris se rejoignent avec mélancolie sur l'abandon des valeurs humaines et l'avenir incertain de la société.
3/ Le style. Le livre "Houellebecq économiste", bien écrit, imagé, plein d'humour, apparait comme la BD de la comédie humaine contemporaine avec Michel à la caricature et Oncle Bernard à l'écriture. La lecture des quelques lignes, p.145, sur Keynes, la littérature et les "entrepreneurs" est jubilatoire.
Points faibles
Avec cet "Essai" philosophique destructeur, satire à l'acide de nos modes de vie, l'auteur n'offre pas de solutions salvatrices alternatives, contrairement à son héros qui se raccroche à l'amour, ou à une certaine idée de l'amour. Et pourtant, pour avoir lu d'autres ouvrages de Bernard Maris , notamment son "KEYNES ou l'économiste citoyen" et connaissant son implication dans le mouvement Attac, nous savons qu'elles existent et qu'il en était le promoteur. Hélas...Nous ne ferons pas injure au souvenir de l'excellent Bernard Maris en regrettant que les dernières pages, même avec quelques vers de Mallarmé ("Salut"), nous laissent au bord du gué.
En deux mots...
Bernard Maris n'est plus là. Il nous manquera car il avait su rendre l'économie humaine et c'est aussi cela dont nous avons le plus besoin. Heureusement, il y a les livres... et Michel Houellebecq, à moins qu'il ne se soumette ! Mais ceci est une autre histoire, promise à une très prochaine chronique...
Joseph Stiglitz, l’Union européenne est en train de détruire son avenir
Le Monde.fr du 1er septembre 2015
Pourfendeur des politiques d’austérité en Europe, le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz travaille depuis des années sur les causes des inégalités économiques aux Etats-Unis et sur leurs conséquences, à la fois politiques et sociales. Le 2 septembre, il publie un nouvel ouvrage sur le sujet, La Grande Fracture, aux éditions Les liens qui libèrent. Rencontre.
Vous expliquez dans votre ouvrage que les inégalités sont à l’origine de la crise de 2007. Pourquoi freinent-elles aujourd’hui la reprise ?
D’abord, parce qu’elles sont souvent le résultat de rentes et de monopoles paralysant l’économie. Mais, surtout, parce que les inégalités forment un terrible piège. Pour les Américains des classes populaires disposant d’une mauvaise couverture santé et qui ont difficilement accès à l’éducation, l’ascenseur social ne fonctionne plus. Ils ont peu de chance de voir leurs revenus augmenter. Or, sans hausse des revenus, il n’y a pas de hausse de la consommation, ce qui affaiblit la croissance.
Avant la crise des subprimes, les dépenses des ménages américains étaient artificiellement — et dramatiquement — gonflées par le crédit. Maintenant que ce levier a disparu, nous constatons les ravages provoqués par les inégalités. Elles sont incompatibles avec une croissance saine.
Mais la récession elle-même a accru les inégalités !
Oui, mais il ne faut pas se tromper : les inégalités ne sont pas une fatalité, elles sont le résultat de choix politiques. Pour preuve, des Etats ont réussi à allier croissance et équité parce qu’ils ont fait de ce double objectif une priorité.
C’est le cas des pays scandinaves, mais aussi de Singapour ou de l’île Maurice, qui a réussi à diversifier son économie en misant sur l’éducation de sa population. Les Etats-Unis ont beaucoup à apprendre de ces exemples.
Vous appelez les Etats industrialisés, en particulier les Etats-Unis, à investir dans l’innovation, les infrastructures, l’éducation. Comment faire, alors que les dettes publiques atteignent des niveaux records ?
C’est une très mauvaise excuse. Aux Etats-Unis, les taux d’intérêts réels sont négatifs, et ils sont très bas en Europe : la période n’a jamais été aussi propice à l’investissement. D’autant que les investissements, dont il est ici question, alimenteront une croissance solide dans les années à venir et donc, des recettes fiscales supplémentaires qui permettront d’équilibrer les comptes publics.
S’endetter pour construire l’avenir n’est pas un frein à la croissance. C’est ne pas le faire qui est un cadeau empoisonné pour les générations futures.
Le monde va-t-il sombrer dans une « stagnation séculaire », à savoir, une longue période de croissance faible ?
La stagnation séculaire a deux causes. La première est l’anémie de la demande mondiale, notamment plombée par des politiques d’austérité injustifiées en Europe. La seconde tient aux interrogations autour des innovations de ces dernières années.
Pour l’instant, Facebook, Airbnb, l’économie collaborative ne génèrent pas de gains de productivité aussi puissants que ceux de la révolution industrielle, et nous ne savons pas mesurer ce qu’elles apportent au produit intérieur brut.
L’une de ces innovations finira-t-elle par changer la donne ? Impossible de le prédire, car, par définition, ce genre de rupture est imprévisible.
Mais une chose est sûre : les Etats ont un rôle à jouer ici, en investissant dans la recherche pour favoriser l’éclosion de ces innovations. Car le seul investissement des entreprises ne peut suffire.
Mais si cela ne se produisait pas ? Si aucune innovation ne relançait les gains de productivité ?
Dans le fond, ce ne serait pas si dramatique, puisque les ressources de la planète sont limitées. Nous pourrions très bien nous accommoder d’une croissance durablement faible, si elle s’accompagne de politiques réduisant les inégalités.
Malgré la hausse des inégalités que vous dénoncez, l’économie américaine a progressé de 3,7 % au deuxième trimestre. Ce n’est pas si mal.
La reprise américaine est un mirage. Il est vrai que notre taux de chômage est bas (5,3 %), mais nombre de demandeurs d’emploi sont sortis des statistiques. Il manque 3 millions d’emplois au pays. La Réserve fédérale ne le comprend pas. Ses remèdes sont inadaptés.
La croissance de ces dernières années a été alimentée par la baisse du dollar, qui a un peu regonflé notre compétitivité, et par la bulle boursière. Mais la baisse du dollar est derrière nous, et la bulle boursière ne contribue à la consommation des ménages que très marginalement. Ce n’est pas tenable.
Que faire pour alimenter une croissance saine aux Etats-Unis ?
Les pistes sont nombreuses : investir dans la recherche, l’éducation, les infrastructures, favoriser l’accès des Américains à l’enseignement supérieur. Instaurer un salaire minimal me paraît aussi une bonne piste.
Ces dernières années, les profits ont augmenté de manière disproportionnée face aux salaires. Cette distorsion du partage des revenus est source d’inégalité et affaiblit la croissance potentielle.
Une autre façon de la corriger serait de rendre notre fiscalité plus progressive et équitable. Il n’est pas normal qu’un spéculateur soit aujourd’hui moins imposé qu’un travailleur.
Pourquoi le prochain président américain, s’il était démocrate, appliquerait-il de telles mesures si Barack Obama lui-même ne l’a pas fait ?
Barack Obama a commis des erreurs. Mais, depuis, quelque chose a changé aux Etats-Unis. De nombreux politiques, notamment au Sénat, ont pris conscience qu’il y a urgence à s’attaquer au problème des inégalités. Tous les candidats démocrates en ont fait leur priorité.
Parlons un peu de l’Europe. Le troisième plan d’aide à la Grèce sortira-t-il enfin Athènes de l’ornière ?
Ce plan est la garantie que la Grèce va s’enfoncer dans une longue et douloureuse dépression. Je ne suis pas très optimiste.
La seule bonne nouvelle est que le Fonds monétaire international (FMI) milite désormais pour un allégement de la dette publique. Cela n’a pourtant pas empêché les créanciers d’Athènes d’adopter un programme d’aide ne disant pas un mot sur le sujet.
Pourquoi la dette est-elle un sujet aussi sensible en Europe ?
Pour deux raisons. La première est qu’il y a confusion. La dette y est conçue comme un frein à la croissance, alors qu’au contraire, elle est l’assurance de la prospérité future, lorsqu’elle sert à financer des investissements clés. Les Européens l’ont oublié.
Et pour cause : une partie de la droite du Vieux Continent alimente cette hystérie autour de la dette dans le but d’atteindre l’Etat providence. Leur objectif est simple : réduire le périmètre des Etats.
C’est très inquiétant. A s’enfermer dans cette vision du monde, l’obsession de l’austérité et la phobie de la dette, l’Union européenne est en train de détruire son avenir.
Comment les 35 heures augmentent les déficits publics
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Commentaires
Il y a plein de Bernard Maris, Joseph Stiglitz et Pascal Salin qui sont en route pour l'Europe: il vont nous arranger tout cela! et il y en a un million en attente en Lybie...
on pourrait même en accueillir quelques milliers ici dans les residences secondaires qui se vident!...
http://www.fdesouche.com/646023-depuis-la-libye-un-million-de-migrants-prets-franchir-la-mediterranee
Écrit par : Leonid Bronstein | 13/09/2015
Je trouve normal que l'on mette des occupant migrants dans les logements inoccupés comme les residences secondaires. et si leurs propriétaires sont réticents il faut les mettre à l'amende : de l'ordre de 1000 euros par mois pour les faire réflechir sur la richesse apportée par les migrants.
Écrit par : Francoise | 14/09/2015
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