11/01/2015
Partager le travail...
L'atonie "générale" n'invite plus aujourd'hui à partager !
Le mot d'ordre de Lionel Jospin, qui termine sa carrière au Conseil Constitutionnel, serait démenti par l'exemple d'une catégorie, qui aurait profité des 35 heures, les Cadres !
Le passage aux 35 heures aurait donné aux Cadres 10 à 20 jours de vacances en plus, soit en RTT, soit en congés supplémentaires...Cette question a posé de gros problèmes aux DRH, à la définition du "temps de travail" des cadres, sujet jamais abordé avant, et à l'organisation des responsabilités dans les petites structures !
Les 35 heures, une loi maudite. Comment s'en sortir sans drame !
Les cadres piégés par les 35 heures
Le Figaro du 5 janvier 2015
Yann Le Galès
Stanislas de Bentzmann, fondateur de Devoteam et président de Croissance Plus. dr
Partager le travail pour lutter contre le chômage est le projet politique et philosophique qui a justifié la loi sur les 35 heures. Mais l’idée mise en place en juin 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin s’est brisée sur les faits, constatent Stanislas de Bentzmann, fondateur de la société Devoteam, président de l’association patronale Croissance Plus, et Pascal de Lima, économiste en chef d’Economic Cell et enseignant à Sciences Po Paris qui publient Les 35 heures, une loi maudite. Comment s’en sortir sans drame, aux éditions Eyrolles.
Les 35 heures et les fameuses RTT sont « probablement la démonstration la plus caricaturale de la méconnaissance de l’entreprise par le monde politique », écrivent les deux auteurs qui affirment que le symbole du modèle social à la française est responsable de 114,5 milliards d’euros de perte de PIB et de 11 % de coût salarial supplémentaire.
Stanislas de Bentzmann et Pascal de Lima n’ont trouvé aucune théorie économique qui justifie la réduction de la durée légale du travail hebdomadaire de 39 heures à 35 heures et la mise en place des journées de RTT. Ils observent que la loi défendue par Martine Aubry quand elle était ministre de l’Emploi et de la Solidarité traduit une « vision archaïque de la société française et inappropriée à la tertiarisation de l’économie ». Les nouvelles technologies bouleversent la manière de travailler et de produire dans tous les secteurs.
Contrairement aux espoirs de ses avocats, le dispositif a bénéficié à une population très peu touchée par le chômage, celle des cadres. Ceux-ci ont pu cumuler près de neuf semaines de vacances quand on ajoute congés et RTT. Soit presque le double de leurs collègues étrangers.
Les sociétés, elles, ont payé un tribut très élevé. Elles ont perdu en compétitivité. Elles sont désorganisées et obligées de mettre en place une flexibilité qui piège les employeurs et leurs collaborateurs. Selon une étude de la Dares, qui dépend du ministère du Travail, 12 % des salariés ne connaissent leurs horaires qu’une semaine à l’avance.
Les cadres ont remporté une victoire à la Pyrrhus. Ils sont de plus en plus stressés car ils doivent accomplir les mêmes tâches en moins de temps. « Le passage de 39 heures réelles à 35 heures les a conduits tout simplement à tenter de faire leur travail en 10 à 20 jours de moins », résument Stanislas de Bentzman et Pascal de Lima. Ce n’est donc pas un hasard si les Français sont les premiers consommateurs de psychotropes du monde.
Décidés à sortir de cette impasse, les deux praticiens de l’entreprise recommandent de fixer la durée légale du travail à 38 heures hebdomadaires pour « nous ramener pratiquement au niveau de nos concurrents européens ».
Ils proposent que les cadres, qui sont les locomotives des entreprises, rendent une semaine de RTT et que leurs efforts soient rémunérés par « des outils d’intéressement au résultat ou au capital de leur société ». Car le travail reste la meilleure manière de relancer l’économie française.
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