25/12/2014
La "mauvaise" monnaie chasse la "bonne"...
Le "financement" des investissements ne vient plus de l'épargne des français !
La préférence forte des Français pour l'épargne sans risque (livret vers financement de l'immobilier social) est découragée, par des taux ridicules. L'assurance-vie est certes plus taxée et rapporte plus à l'Etat.
Les plus intelligents placent dans la pierre (qui devrait un jour ou l'autre s'envoler) ou dans les actions..., marchés, qui ne sont pas contrôlés par l'Etat !
Les plus audacieux placent "à l'étranger"...
L'élévation de la taxation de l'épargne (plus values immobilières, IR, ISF) pousse rapidement la France vers les "paradis fiscaux" !
Epargne fin 2014, faux gagnants et vrais perdants
Les Echos du 24 décembre 2014
A l'heure du bilan, les épargnants qui se pencheront sur l'année 2014 auront sans doute en tête la célèbre phrase de Talleyrand : « Quand je m'examine, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure… » Car, quel que soit l'angle par lequel on regarde ce millésime, ce sont toujours les mêmes thématiques qui reviennent : taux d'intérêt extrêmement bas, pression déflationniste, absence de rendement… La crise qui s'étend depuis sept ans maintenant n'a pas « épargné » les épargnants. Les dépôts à vue n'offrent quasiment plus aucune rémunération. Les livrets font à peine mieux. Si l'Etat devait appliquer à la lettre la formule de calcul du taux du Livret A, celui-ci tomberait ainsi à… 0,5 %. Pas étonnant qu'il ait subi une véritable hémorragie au cours des six derniers mois, au profit notamment du plan d'épargne logement (PEL), qui offre par les temps qui courent un bon rendement sans risque. Mais le grand gagnant de l'année est sans conteste l'assurance-vie, qui a retrouvé son titre de « placement préféré des Français » en 2014, avec une collecte de 21,3 milliards d'euros à fin novembre. Les rendements des fonds en euros ne sont guère attractifs : ils devraient continuer leur déclin vers 2,5 %, contre 3,6 % il y a à peine quatre ans. On en revient à la maxime de Talleyrand : la performance n'est pas brillante, mais reste supérieure à celle des livrets et de l'inflation, désormais quasi nulle. Avec la garantie du capital et une fiscalité toujours attractive, l'assurance-vie en euros est devenue le couteau suisse patrimonial des ménages : elle leur sert à la fois de produit d'épargne, de complément de retraite et d'outil de transmission. C'est ainsi que l'univers déflationniste est en train d'ancrer les mauvaises habitudes des Français en matière d'épargne. On les sait assez frileux, obsédés par la préservation du capital. Très réticents à prendre un peu plus de risques au moment de placer leur argent, quand les faibles rendements des comptes sur livret ou des fonds en euros commanderaient plutôt de se tourner vers la Bourse ou les fonds en « unités de compte ». On peut le comprendre après des années de crise financière pendant lesquelles les mouvements de mauvaise humeur se sont multipliés sur les marchés. On peut le comprendre aussi en raison de la fâcheuse tendance des pouvoirs publics à surtaxer les revenus du capital. Mais le résultat est là. L'épargne abondante des Français - près de 16 % de leurs revenus disponibles, un des taux les plus élevés au monde - est beaucoup trop investie dans l'immobilier, les comptes à court terme ou les fonds garantis. Il serait temps que Bercy lance un vrai plan de relance des produits d'épargne longue, qui viendrait doper le financement en fonds propres de nos entreprises et de l'économie réelle.
Le mystère des vieux magazines dans les salles d’attente
Le Figaro du 18 décembre 2014
Le chapardage est la règle avec un tropisme certain pour les éditions récentes et surtout la presse people.
Pauline Fréour
Un magazine à potins disparaîtrait 14,51 fois plus vite qu’un magazine d’actualité. Antoine TATIN/CIT’images
ENQUÊTE C’est un désarroi qui ne se vit que dans la salle d’attente d’un cabinet médical : n’avoir, pour tromper le temps, la douleur ou l’épuisement, et bien souvent les trois en même temps, qu’un Paris Match… vieux de dix ans. En couverture, Carla Bruni aime Raphaël (pas encore Nicolas), elle en a même fait une chanson. Et vous vous demandez si le serment d’Hippocrate interdit de fréquenter un kiosque à journaux plus d’une fois par décennie.
La question ayant taraudé des générations de patients abrutis de fièvre, trois chercheurs néo-zélandais ont décidé de s’atteler une fois pour toutes à ce mystère. Baptisé « Exploration du présupposé servant de base aux plaintes des patients concernant l’ancienneté des magazines dans les salles d’attente des cabinets médicaux : étude de cohorte », leur protocole expérimental est présenté dans l’édition de Noël du British Medical Journal, connue pour son contenu quelque peu… farfelu.
L’expérience eut pour cadre le cabinet du Dr Bruce Arroll, à Auckland, en Nouvelle-Zélande, sous le contrôle de ses quatre « conseillères en méthodologie » (ses secrétaires réceptionnistes). Les 87 magazines disponibles dans la salle d’attente furent numérotés individuellement et recensés selon leur catégorie : journaux à potins (se définissant par la présence d’au moins 5 photos de célébrités en couverture), journaux à bons gros potins (au moins 10 photos de stars) et journaux sans potins (magazines anglophones d’information type Time, The Economist…). La quasi-totalité des titres avaient moins d’un an ; plus d’un sur deux avait moins de deux mois. Le tout fut mélangé, réparti en trois piles et laissé à la libre disposition des patients.
« Risque d’émeute»
Lors de la rédaction de leur protocole de recherche, les auteurs avaient décidé d’arrêter l’étude lorsque l’intégralité des 15 magazines les plus «croustillants» ou des 19 magazines « sérieux » auraient disparu. Constatant que la presse people partait à grande vitesse, les quatre secrétaires tentèrent de faire abréger l’expérience, n’hésitant pas à invoquer une menace pour leur intégrité physique (le terme employé fut : « risque d’émeute ») si toute presse à scandale venait à déserter la salle d’attente. Peine perdue. « Il fut demandé au personnel de laisser ces magazines tranquilles, tout manquement à cette directive étant passible de peine capitale », rapportent les auteurs, très déterminés.
Un mois plus tard, près d’un magazine sur deux s’était volatilisé (41 sur 87), révélant un tropisme indéniable des chapardeurs pour les éditions les plus récentes et surtout la presse people. Car aucun des magazines d’information n’avait été subtilisé. « Nous calculâmes qu’un magazine à potins disparaissait 14,51 fois plus vite qu’un magazine d’actualité », précisent les auteurs. En moyenne, les pertes s’élevaient à 1,32 journal par jour.
Les chercheurs, prêts à investiguer encore plus loin, suggérèrent de répéter l’expérience en ne proposant cette fois que des magazines sérieux. L’équipe de conseil en méthodologie s’y opposa assez fermement.
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