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14/12/2014

Peut-on régner sur la gauche caviar avec le charisme d'un esturgeon ?

Les esturgeons ne portent pas de chapka !

Conférence Berryer.jpg

Arnaud Montebourg est fidèle à la tradition du Barreau, le concours d'éloquence, où il excelle...

La performance dans ce domaine n'est pas suffisante pour faire un bon ministre de l'économie... les bons mots sapent en général l'esprit d'équipe et la rupture récente n'est que la conséquence d'un mauvais recrutement !

A cheval, entre le poujadisme du "fabriquons français" et l'ouverture à la concurrence et à l'Europe des marchés, les résultats de cette politique de "coups de menton" conduisent à des résultats économiques malsains, où les grands problème de fond ne sont pas traités : la limitation de la durée officielle du travail, les charges sociales excessives et incontrôlées, le poids des impôts sur l'activité et le revenu...

L'éloquence devient un plus, quand elle complète une action politique "de redressement" !


 

Philippulus, avec Hollande, tout est invraisemblable mais tout est vrai

 

Le Figaro du 4 décembre 2014

 

 En politique, moins un événement est croyable, plus il a de chances d’être vrai, écrivait Balzac. Le livre de Philippulus en est la preuve éclatante.

 

Vincent Tremolet de Villers

 

Qui est Philippulus, ce prophète de malheur ? On aurait tort de le réduire au personnage de Tintin qui déambule en bure blanche, tapant sur un gong. Après avoir prédit l’an dernier, dans « Le Coup du Père François », la déroute de Jean-Marc Ayrault, son remplacement par Manuel Valls, le départ d’Arnaud Montebourg, la révolte fiscale et le triomphe du FN aux européennes, le mystérieux auteur récidive en imaginant la démission du président de la République. « Hollande s’en va », son récit que les lecteurs du Figaro ont lu avec passion tout l’été, sort aujourd’hui en librairie, enrichi de nombreux chapitres. Est-il écrivain ? C’est une évidence. Sa plume connaît le rythme, la musique et les secrets de la langue française. Ses portraits sont fins, sa ligne claire, et aucun ridicule n’échappe à son esprit féroce. Est-il politique ? Assurément. L’homme connaît, en détail, le bureau du chef de l’État à l’Élysée, le goût des « haleurs » de Dominique de Villepin, les colères secrètes de François Rebsamen (« plus c’est de gauche, plus c’est con ! »). Est-il journaliste ? Comment ne le serait-il pas ? Philippulus nous promène dans le Paris politique avec une aisance rare comme s’il faisait visiter sa propriété. Est-il prophète ? Philippulus n’a pas la barbe de Jacques Attali mais sait pourtant tout, du passé, du présent et de l’avenir. Vous le croiserez sans doute mais sans le reconnaître : Philippulus est un homme normal. Il roule en scooter.

 

LE FIGARO. - Philippulus, vous aviez écrit en 2013 dans les colonnes du Figaro « Le Coup du Père François » et, depuis, plusieurs événements décrits alors se sont effectivement produits : la révolte fiscale, le départ d’Arnaud Montebourg… Cette fois-ci, vous nous prédisez le départ de François Hollande…

 

PHILIPPULUS. - Disons que je m’amuse à imaginer le départ du chef de l’État. Est-ce invraisemblable ? A priori oui. Mais la vie est ainsi faite que ce qui semble invraisemblable peut devenir vrai. J’ajouterais qu’avec François Hollande, tout est invraisemblable mais tout est vrai ! Qui aurait dit en 2010 que François Hollande deviendrait président de la République ? Qui aurait pu prévoir qu’un ministre socialiste du Budget, taxant de bon cœur le contribuable, cacherait de l’argent en Suisse ? Qui aurait imaginé qu’un jour on reconnaisse sur une photographie le président de la République, assis à l’arrière d’un scooter, quittant l’Élysée pour se rendre chez son amie de cœur, trompant ainsi la première dame, laquelle se vengerait par le biais d’un livre retentissant ? C’est invraisemblable ? Non, c’est vrai ! Le président supposé normal ne l’est pas du tout. Ce phénomène aiguise forcément l’imagination.

 

François Hollande vous inspire beaucoup. Ne vous obséderait-il pas un peu ?

 

Quelque chose me frappe chez lui. C’est l’homme politique qui s’est attiré le plus de sobriquets : « Fraise des bois », « Flanby », « Culbuto », « Ni oui ni non », « Guimauve le Conquérant » et, depuis qu’il est à l’Élysée, « Pépère ». Ça fait beaucoup pour un seul homme ! Je pense depuis le début qu’il s’est embarqué dans une mauvaise aventure. Donc, tout devient possible ! Y compris le fait qu’en décembre 2015, après des élections cantonales calamiteuses, un congrès du PS tonitruant puis des élections régionales cataclysmiques, il choisisse de partir… Qui vivra verra !

 

Vous avez choisi un mode burlesque pour décrire les mœurs et coutumes du monde politique. Or, l’époque n’est pas particulièrement burlesque…

 

Certes non, mais, sur le Titanic, l’orchestre a joué jusqu’au bout… Je suis frappé par le visage toujours jovial de Michel Sapin qui, s’il n’avait été nommé aux Finances, serait toujours ministre de l’Emploi aujourd’hui et nous dirait que si le chômage progresse, c’est, en fait, parce qu’il régresse… Les hommes politiques nous servent d’étonnants numéros d’acteurs. La particularité de cette époque, c’est que ça commence à se voir…

 

Vous surnommez Michel Sapin Séraphin Lampion, ce personnage de Tintin qui veut vendre coûte que coûte ses improbables polices d’assurance. Hergé fait partie de vos sources d’inspiration ?

 

Hergé et d’autres. J’y ai mis un peu de poésie, avec Dominique de Villepin qui récite du Rimbaud et du Paul-Jean Toulet à Nicolas Sarkozy, lequel s’est entiché de Baudelaire. Je me suis attaché à caricaturer tous mes personnages à partir de tel ou tel aspect de leur personnalité. Nicolas Sarkozy, toujours survolté, François Fillon et son amour des voitures pleines de chevaux, Arnaud Montebourg qui semble perpétuellement déclamer, Manuel Valls et sa fièvre espagnole… Et puis, vers la fin de l’ouvrage, je me suis amusé à donner à ces pages la tournure d’un roman policier.

 

Malgré tout, il arrive que vous vous trompiez dans vos prédictions…

 

Oui, j’avoue ! Les lecteurs du Figaro qui auront lu au mois d’août « Hollande s’en va » constateront que j’ai dû remanier l’histoire. J’avais imaginé que Jean-Pierre Raffarin deviendrait président du Sénat fin septembre… et ce fut Gérard Larcher ! Le détail avait son importance puisque, si François Hollande s’en va, il est remplacé par le président du Sénat. Errare humanum est ! J’ai donc profondément modifié l’histoire, et j’ai rajouté un ultime épisode.

 

Si Hollande s’en va avant la fin, pensez-vous ouvrir un cabinet de voyance ou de conseil en stratégie ?

 

Peut-être. Ou bien irai-je jouer au Loto…

 

 

Quand Montebourg fait de l’humour sur le dos de Hollande

 

Le Figaro du 13 décembre 2014

 

L’ancien ministre a participé jeudi à un concours d’éloquence des avocats parisiens à la Mutualité. Invité à débattre sur deux sujets : « Faut-il dire Bercy pour ce moment ? » et « Peut-on régner sur la gauche caviar avec le charisme d’un esturgeon ? ». Le président de la République n’a pas été épargné.

 

Marie-Amélie Lombard-Latune

 

Faire se gondoler une salle en lui lisant une notice Wikipédia. A priori, l’exercice n’est pas gagné. Mais l’orateur s’appelle Arnaud Montebourg et le sujet tient en cette grave interrogation : « Peut-on régner sur la gauche caviar avec le charisme d’un esturgeon ? » Toute allusion à des faits réels ou à des personnages existants n’est pas fortuite. Mais point besoin de nommer François Hollande, la salle a compris. Le sourire gourmand du succès annoncé, le tribun lit donc les premières lignes de l’encyclopédie en ligne : « L’esturgeon d’Europe a connu une forte régression, qui l’a conduit au bord de l’extinction. Il fait depuis 2007 en France l’objet d’un plan de restauration. Un projet de plan de restauration européen est également en préparation. » Le public s’esclaffe. « Ce poisson se nourrit d’invertébrés… » Les rires redoublent. Le débatteur savoure, fait mine de se rasseoir. Non, encore une petite blague, destinée à l’hôte de l’Élysée qui a récemment revêtu une pelisse kazakhe et son couvre-chef assorti : « Les esturgeons ne portent pas de chapka ! » L’assistance chavire, la croisière s’amuse…

 

Et vogue ainsi la vie parisienne. Les socialistes se déchirent sur la loi Macron, le gouvernement ne sait pas encore ce qu’il va pouvoir sauver de ce projet fourre-tout, notaires, huissiers ou avocats (moins les avocats parisiens, majoritairement en faveur du texte) sont dans la rue et un ancien ministre, remercié à la fin de l’été, se paie la tête du président.

 

« Montebourg à la Berryer ! », quatre mots magiques pour les initiés. La conférence Berryer *, qui s’est donc tenue ce jeudi soir, est « un exercice oratoire cruel et jubilatoire », toujours selon Wikipédia, organisé par douze jeunes avocats qui ont eux-mêmes remporté un concours d’éloquence, appelés les « secrétaires de la conférence du stage ». Le principe ? Un ou deux candidats discourent sur des sujets absurdes. Par le passé, ils planchèrent sur ces questions abyssales : « L’âme a-t-elle une sœur ? » ou « L’homme est-il une femme comme les autres ? ». Les candidats se font démolir par les secrétaires qui, eux-mêmes, seront étrillés par un « ancien ». L’invité intervient, distribuant à son tour, bons et mauvais points. Dans ce tohu-bohu verbal, qui a généralement lieu dans la salle des Criées du Palais de justice, sur l’île de la Cité, pas facile de tirer son épingle du jeu. En théorie, le « peuple de Berryer » (le public) vocifère, siffle, trépigne. Le chaudron boue, menace d’exploser. Un mauvais bretteur se fait laminer, un homme de lettres et d’esprit est encensé.

 

Le coup de griffe ne tarde pas

 

Arnaud Montebourg est taillé sur mesure. Insolent, insupportable, inclassable : rien qui puisse nuire à « une Berryer » réussie qui, exceptionnellement, se tient à la Mutualité puisqu’elle intervient en pleine « rentrée solennelle » du barreau de Paris, devant plus de 2 000 personnes. L’ex-patron de Bercy le sait lorsqu’il pénètre dans la salle sous les acclamations. Cette soirée est faite pour lui, le public lui est acquis. « Notre invité est séduisant, mais il n’a plus de travail… », l’introduit malicieusement un jeune avocat. Un de ses camarades se moque d’un homme politique « à l’humilité chevillée au corps », qui s’est affronté aux barons du Parti socialiste : « Aujourd’hui, François Hollande est président de la République, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Et vous êtes… étudiant ! » Celui qui vient de terminer un cursus express à l’Insead, illustre école de management, et rêve, affirme-t-il, de « changer de vie » et de « connaître le monde de l’entreprise », saisit la balle au bond. « J’ai été à votre place (Arnaud Montebourg, jeune avocat - profession qu’il a exercée pendant huit ans - a été premier secrétaire de la conférence du stage). Je n’étais pas fils d’archevêque. La conférence m’a rejeté trois fois. J’ai pris des gamelles. Le barreau, on y apprend par l’échec. Je me souviens de mes débuts, avec ma petite 205… » Le coup de griffe ne tarde pas : « L’ENA est l’école de l’arrogance, le barreau est l’école de l’humilité ». La promotion Voltaire, chère à François Hollande, appréciera. Et quand un des secrétaires le compare au chef de l’État avant de lancer : « Avec François Hollande, on ne s’attend à rien mais on est déçu quand même », le trublion de la gauche applaudit généreusement.

 

Le peuple de Berryer, réputé « frondeur »

 

Pas le temps de voir la mimique d’Aurélie Filippetti, son ex-collègue de la Culture au gouvernement, assise au premier rang. Ces deux-là ne dédaignent pas les sorties publiques : le 5 décembre, ils assistaient ensemble au dernier combat du boxeur Jean-Marc Mormeck. La Berryer se poursuit, tambour battant. Les secrétaires de la conférence rivalisent de bons mots sur l’estrade. Certains, comme Me Archibald Celeyron, diable bondissant, Me Albéric de Gayardon, le M. Loyal de la fête, ou Me Mathias Chichportich sont excellents. D’autres, il vaut mieux taire le nom. Incongruité de saison, un sapin de Noël à l’éclairage clinquant et au pied duquel quelque manitou de l’événementiel a cru bon de déposer des cadeaux aussi bien enrubannés que fictifs donnent à l’estrade un air de quinzaine commerciale. Réputé « frondeur », le peuple de Berryer semble finalement beaucoup moins chahuteur que les voix dissidentes du PS. Les applaudissements couvrent largement les lazzis dans une salle remplie d’étudiants en droit, de Sciences Po ou d’écoles de commerce. Pour les garçons, mieux vaut avoir le cheveu abondant et savamment désordonné - rien à voir cependant avec les grandes heures de la « Mutu ». Une courte barbe fait aussi son effet. Quant aux filles, elles peuvent avoir le rire sonore et la langue bien pendue.

 

Avant jeudi, des avocats mettaient en garde. « La Berryer devient parfois très trash, tombe dans un côté carabin qui n’est pas toujours drôle. Certes, il n’y a jamais eu de gros scandale. Les gens s’étripent puis s’envoient du “cher confrère” mais cela peut aller très loin dans le registre scato, sexiste et macho », regrettait Me Emmanuel Pierrat. « Je ne dédaigne pas l’humour, loin de là, mais l’obscénité ne fait pas toujours un bon discours et la vulgarité n’est pas un modèle de rhétorique », estimait aussi Me Sophie Obadia, ancienne secrétaire de la conférence. Mais pour cette édition, le bâtonnier Pierre-Olivier Sur avait, semble-t-il, transmis à ses jeunes confrères des consignes de sobriété. Pas de quoi éviter quelques calembours salaces à partir du patronyme Montebourg ou des plaisanteries inspirées par le « Redressement productif ». L’essentiel est que la « belle rentrée » du barreauvoulue par Me Sur, et intitulée « conquérir » (en lettres géantes sur l’estrade) ne soit pas éclaboussée par des blagues de garçons de bains. Ce samedi, dans le Palais de justice, c’est en smoking et robes longues que viendront les invités au bal du bâtonnier.

 

« Faut-il dire Bercy pour ce moment ? » est l’autre thème de discours, finement choisi par Albéric de Gayardon et ses compères. Lesquels arborent tous une marinière rayée, clin d’œil au « made in France » défendu par le chantre de la démondialisation. Le passé ministériel de leur invité mélangé au best-seller d’une ex-première dame… Une source d’inspiration pour Arnaud Montebourg qui, comme tous les participants, connaissait le sujet à l’avance ? Moins que la gauche caviar et François Hollande, déjà qualifié en 2007 de « seul défaut » de Ségolène Royal, par celui qui était alors son impertinent directeur de campagne. Sur l’estrade de la Berryer, l’invité se livre à un incertain « éloge de la loi Macron », dont il fut, à Bercy, l’un des lointains concepteurs. Frais bancaires, péages d’autoroutes, auto-écoles : autant de « monopoles » ou d’« oligopoles » fustigés par le socialiste en rupture de ban. Trop malin pour tomber dans le piège, trop habile pour ne pas s’en sortir par une pirouette.

 

Nostalgie pour ses jeunes années

 

Non, il faut attendre un peu. Patienter jusqu’à presque minuit quand vient le tour de Me Marc Bonnant, figure du barreau de Genève, ancien bâtonnier, crinière blanche assortie aux imparfaits du subjonctif, venu « des confins de l’empire », régler leur compte aux secrétaires de la conférence, aux socialistes et… aux Français friands des 35 heures et, peut-être bientôt, de la fin des notes à l’école. « Alors, moi aussi j’ai envie d’être bienveillant, commence l’avocat suisse, sans en croire un mot. Il me vient le désir d’être de gauche. Certes, pour l’instant, ni très impérieux, ni très violent… » Avant de lancer au premier secrétaire de la conférence, Paul Fortin : « Vous avez une tête d’intellectuel de gauche. Méfiez-vous, sachez que, hors de vos frontières, cela n’inspire aucune confiance ! » Beau joueur, le jeune homme applaudit. Invité de l’avocat genevois, assis dans la salle, Régis Debray sourit aussi. Que de vieux souvenirs à la Mutualité, racontait-il avant les discours, rappelant que lorsqu’il était prisonnier du régime bolivien, Jorge Semprun et Jean-Paul Sartre avaient plaidé ici en sa faveur…£

 

Sur l’estrade, Arnaud Montebourg prolonge encore le show, distribuant les clins d’œil aussi volontiers qu’il proposait, fin août, des rasades de la « cuvée du Redressement » à la Fête de la rose de Frangy. Comme par nostalgie pour ses jeunes années. « Du temps où nous étions secrétaires tous les deux, j’avais envie de lui mettre des claques. Son phrasé, son arrogance ! Prêt à vendre sa mère pour un bon mot ! Mais, en même temps, quel bon camarade, excellent imitateur de Fabius, sacré débatteur, n’ayant peur de rien ! », se souvient Me Rodolphe Bosselut, de la même promotion 1992, qui n’est pas allé jeudi à la Mutualité. Me Thierry Levy, chez qui Montebourg fit ses premières armes de pénaliste, ne s’y est pas rendu non plus. Il se remémore un jeune homme tombé dans la politique avant de devenir avocat : « Il connaissait tous les caciques socialistes. Le PS était déjà sa maison. » Ne pas exclure alors que l’élu de Saône-et-Loire n’ait quitté la politique que pour mieux y revenir ? L’avocat en fait volontiers le pronostic.£

 

 

 

 

 

 

 

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