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20/09/2014

Surproduction estivale, rémunération insuffisante...

Le monde agricole "légumier" crie famine, comme celui des productions animales ! La Bretagne est particulièrement touchée par "le beau temps" !

Elodie Jimenez.jpg

MSA, incendie par les légumiers.jpg

Les dirigeants économiques du Pays n'ont qu'une faible idée du travail, fourni par le monde agricole. Loin des préoccupations syndicales du monde des entreprises, les agriculteurs sont la catégorie sociale, qui travaille le plus en France, même les nuits, quand il le faut !

Il est paradoxal, aujourd'hui, de constater, que l'effort productif, encouragé par les pouvoirs publics dans l'industrie, n'est pas rémunéré correctement dans l'agriculture. Cette baisse du revenu est exaspérée par les excès administratifs de la MSA, qui accule certaines exploitations à la fermeture ou au suicide...

Une simple surproduction conjoncturelle, et les promesses de recettes s'effondrent !

Alors, faut-il vraiment écrire une thèse, les paysans sont-ils heureux ?


Recherche, les paysans sont-ils heureux ?
Télégramme du 9 septembre 2014
Gwendal Hameury


Élodie Jimenez soutiendra sa thèse, dirigée par le Briochin Ronan Le Coadic, professeur de cultures et langues bretonnes à Rennes 2, au cours du deuxième semestre 2016. (Photo G. H.)
À la demande du conseil général des Côtes-d'Armor et avec le concours de l'Université Rennes 2, les exploitants agricoles font actuellement l'objet d'un travail de recherche. Entamée l'an dernier, la thèse de la sociologue Élodie Jimenez se penche sur leur bien-être.
Le malaise paysan est-il un mythe ou une réalité dans les Côtes-d'Armor ? C'est à cette question, qui intéresse au plus haut point le conseil général, que va tenter de répondre la sociologue Élodie Jimenez. La doctorante, dont la thèse est soutenue par l'Université Rennes 2 et financée par le Département, a, en effet, décidé de se pencher sur le bien-être des exploitants agricoles costarmoricains. En partant du postulat qu'ils sont heureux.

« L'Entre-deux » souffre plus
Les résultats obtenus à partir des 1.398 questionnaires renvoyés par son échantillon costarmoricain (sur 6.000 envois à l'été 2013) vont dans ce sens. Cette approche quantitative montre, en effet, que 67 % des agriculteurs du département se déclarent heureux. Or, une enquête de l'institut Via Voice d'octobre 2013 indique qu'au niveau national, le taux monte à 86 %.

Élodie Jimenez estime que cet écart de 20 points est un indice des difficultés et du cas particulier que représente le monde agricole costarmoricain. La doctorante a donc cherché à savoir plus précisément ce qui rendait ces paysans heureux. Ou pas.

Et là, les réponses sont contrastées : s'ils sont fiers de leur métier et se reconnaissent une utilité sociale, ils sont aussi une majorité à se sentir stigmatisés, pas assez soutenus et surtout pas suffisamment autonomes vis-à-vis des marchés. Et ce, quel que soit le type de production. 51,7 % d'entre eux ont déjà pensé à quitter le métier et 37,4 % ne le referaient pas s'ils pouvaient recommencer une carrière.
Ces chiffres révèlent aussi une scission dans la population agricole et l'existence d'un monde intermédiaire en plus grande souffrance baptisé « Entre deux » : ni conventionnel, ni biologique, entre 30 et 50 ha de surface exploitée, entre 39 et 55 ans.

Cinq réunions publiques

Reste désormais à comprendre ces chiffres. C'est l'objet de la phase dite qualitative. Celle-ci va commencer par la présentation aux agriculteurs des premières pistes d'analyse. Cinq réunions publiques filmées (à 20 h 30), destinées à créer du débat, sont déjà prévues : à Plounévez-Moëdec lundi prochain (salle municipale), puis à Pleumeur-Gautier le 17 (salle communale), à Plouguenast le 22 (salle communale), à Dolo le 24 (siège de la communauté de communes) et à Plouvara le 25 (salle communale). Viendront ensuite des entretiens plus poussés avec 50 exploitants représentatifs.

Cette thèse, qui fait suite à une précédente enquête de 11 mois diligentée par le conseil général, est réalisée en toute indépendance et sur le principe fondamental de l'anonymat des réponses. Un comité de suivi sera tenu au courant de l'évolution des recherches. « Ce travail universitaire sera plus long mais surtout plus poussé et plus fouillé que ne l'aurait été celui d'un cabinet privé », a indiqué Claudy Lebreton pour justifier cette démarche pour le moins originale. Un président de conseil général heureux du partenariat avec Rennes 2 et impatient de connaître les résultats définitifs. Pour cela, il faudra attendre 2016.

Légumiers, à peine un SMIC pour 80 heures par semaine
Télégramme du 20 septembre 2014
Sterenn Duigou et Ronan Tanguy

Photos Ronan Tanguy

Une nouvelle action d'envergure des légumiers a eu lieu, hier soir, devant la Mutualité sociale agricole à Saint-Martin-des-Champs puis à l'hôtel des impôts à Morlaix .

Plus d'une centaine de tracteurs ont convergé du Léon et du Trégor pour venir déverser leur colère devant ces bâtiments, face à une situation économique qu'ils estiment intenable. Témoignage. > Valls réclame des poursuites judiciaires > La position du président de la SICA Parmi les nombreux légumiers, toutes les générations étaient réunies, des enfants, des jeunes et des anciens. « Je suis installé depuis 1985, je n'ai jamais connu une crise aussi abominable, explique cet agriculteur, les yeux dans les flammes. Nous travaillons 80 heures par semaine, pour à peine un Smic ». « Les gens ne comprennent pas forcément cette manière de s'exprimer. Moi, je suis solidaire de ce mouvement.

D'autres n'ont pas su dire leur désespoir. Ils ont fini la corde au cou. C'était trop tard. C'est arrivé à un agriculteur de ma commune, l'année dernière ». Le témoignage de cet agriculteur de 35 ans résume l'état d'esprit général des légumiers, hier soir.

© Le Télégramme - Plus d’information


SICA Saint-Pol-de-Léon : le ras-le-bol

Les légumiers sont en colère et en détresse. Ils l'ont vivement exprimé ces derniers jours, notamment en déversant des artichauts à Plouescat, Morlaix et St-Pol-de-Léon. Les raisons de leur exaspération sont multiples. Jean-François Jacob, président de la SICA de Saint-Pol-de-Léon les explique.

Tout d'abord la
crise conjoncturelle

en production légumière est réelle depuis mi-2013. Le chiffre d'affaires des producteurs a baissé de 25 % en un an. Les conditions climatiques ont été douces sur toute l'Europe cet hiver. Cela a permis aux concurrents des producteurs bretons d'être présents sur le marché alors que la demande en légumes d'hiver était à son plus bas niveau. Cette crise entraine une baisse des cours (chou-
fleur, endive, pomme de terre primeur…).
Par exemple, pour
l'artichaut : le temps chaud de juin a entrainé un pic de production en septembre. Or, en ce moment, il fait très beau, ce qui ne favorise pas la consommation. L'horticulture bretonne est également touchée. Depuis deux ans, les ventes sont en recul de 20%. La conséquence ? Un manque important de trésorerie. Les exploitants ne peuvent plus épargner pour pallier d'éventuelles crises. Ensuite, la production de légumes s'est considérablement développée ces dernières années dans de nombreux bassins européens, en Espagne, bien sûr avec 12 millions de tonnes de légumes (hors pommes de terre), mais aussi en Allemagne et dans les ex-pays de l'Est. La production française se situe autour de 5 millions de tonnes mais à l'inverse de celle de ses concurrents, elle connait un déclin régulier depuis 20 ans tant dans les secteurs légumiers que fruitiers. La Bretagne, qui fait face à l'accroissement régulier des coûts logistiques, subit aussi de plein fouet une distorsion de concurrence sur la main d'œuvre, la fiscalité et les aspects réglementaires, qui plombent les exploitations.

La difficile valorisation des productions estivales en est un exemple. Nous ne sommes pas en mesure de batailler avec les concurrents étrangers sur les prix. La SICA, avec ses collègues de la filière légumière bretonne, a choisi depuis longtemps de se différencier en misant sur la valeur ajoutée apportée au produit et en diversifiant ses cultures (30 % du chiffre d'affaires du groupement est aujourd'hui réalisé par les produits de diversification). Il faut aussi évoquer le problème des grandes surfaces. Le consommateur choisit le produit le moins cher et donc étranger. L'écart de compétitivité est de 30 % : on perd un point par an depuis 30 ans. Les distributeurs doivent prendre conscience de ces difficultés et agir en partenariat dans l'intérêt économique des filières de production. Enfin, les producteurs dénoncent la pression de l'administration et des réglementations françaises.

De lourdes contraintes administratives pèsent sur les exploitations et découragent les légumiers. Une situation d'autant plus difficile dans une période où les trésoreries sont fragilisées. Pour essayer de pallier cette crise, les producteurs augmentent encore leur nombre d'heures de travail. « On a atteint le seuil du tolérable ». Et il ne faut pas perdre de vue les conséquences, à moyen terme, de l'embargo décrété par la Russie sur certains légumes. Si pour la plupart des légumes concernés, la France n'exporte qu'une petite proportion des volumes de l'Union Européenne, il est évident que le marché français sera impacté dès lors que des volumes destinés au marché russe viendront peser sur le marché européen. « L'enveloppe dite exceptionnelle d'aide aux producteurs annoncée par l'Union Européenne (125 millions d'euros) représente en réalité 353,70 € pour notre groupement, c'est-à-dire 23 centimes par producteur !

Nous allons probablement décider de ne pas la redistribuer à nos 1 500 producteurs mais destiner cette enveloppe budgétaire à l'achat d'un billet d'avion pour Mr Macron afin qu'il vienne nous entendre nous exprimer sur le ras-le-bol des producteurs d'être confrontés chaque jour à la bêtise des administrations françaises ». On ne peut pas continuer ainsi. Il faut un plan de mesures à court terme, trouver des solutions concrètes pour aider les producteurs, leur donner de la lisibilité à moyen et long terme et pour continuer de développer l'économie de production.

« Il faut reformer, les surcouches administratives ne sont plus tolérables ». L'économie de production ne peut plus être la variable d'ajustement budgétaire des disfonctionnements de l'Etat, notamment sur le plan administratif, mais également fiscal et social. Et des solutions, nous en avons ! En 2007, nous avions anticipé l'avenir de la zone légumière en définissant un programme de restructuration et de modernisation de nos stations de conditionnement. L'objectif ? Gagner en compétitivité et en valorisation des produits. Pour des raisons administratives, le dossier est bloqué. Il faudra peut-être attendre 2017 (c'est-à-dire dix ans plus tard) pour qu'il aboutisse. Alors qu'en 18 mois seulement nos concurrents réalisent le même type de projet.

Il faut mettre en œuvre la simplification administrative , alléger le coût du travail, revoir la fiscalité. Quant aux contrôles de l'Etat, puisque les différents gouvernements successifs sont unanimes sur le principe de leur simplification, nous allons donc les mettre en œuvre aux vues de l'incapacité de nos structures d'Etat à les faire elles -mêmes. Nous attirons l'attention sur la mise en danger de 100 000 emplois sur notre territoire. Si ce pays ne sait pas où il est, ni où il va, nous savons pour notre part exactement où nous sommes et où nous voulons aller. Nous avons l'habitude de dire les vérités et d'être factuels, sur ce territoire nous avons la capacité de continuer à construire l'avenir au-delà des difficultés conjoncturelles. Dans les jours prochains jours, l'état des lieux économique de notre territoire nous condamne à prendre notre destin en mains, éventuellement indépendamment des tutelles parisiennes.

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