11/04/2014
Droit et écolos ? la chienlit...
La France "se meurt" de l'absence de pilote ! Notre Dame des Landes est "une zone de non-droit" !
Réforme territoriale ou pas, Département ou Région, nouveau gouvernement ou ancien, le bourbier du futur aéroport de l'Ouest français donne "la nausée" aux bretons et aux industriels bretons...
Comme à Paris avec le déménagement du Palais de justice, construire un "nouvel aéroport" n'est plus un problème technique, mais est devenu un "enjeu politique", où les "Verts" affrontent les "Roses" sur fond d'élection présidentielle de 2017 !
Le Général de Gaulle parlait en 1968 de "chienlit", aujourd'hui de "crétinisme" au service d'une écologie dévoyée...
L'emploi se développe près des axes de communication ! Les "bonnets rouges" feraient bien d'expulser rapidement les 40 barbus de la ZAD !
Notre-Dame-des-Landes, du plomb dans l'aile
Télégramme du 11 avril 2014
Hervé Chambonnière
Y a-t-il encore un pilote aux commandes de N.-D.-des-Landes ? Jamais le projet d'aéroport du grand Ouest n'a paru aussi fragilisé.
Il y a deux mois, les partisans du nouvel aéroport se frottaient les mains : arrêtés préalables au début des travaux enfin publiés, recours contre les procédures d'expulsion rejetés en appel. Cerise sur le gâteau, à la suite des violences qui avaient émaillé la grande manifestation des opposants, à Nantes, le 22 février, l'image des « anti » était pour la première fois écornée.
Pas avant 2017
Las ! Contre toute attente, le 28 février, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, écarte toute évacuation tant que les derniers recours juridiques des opposants (ceux déposés contre les arrêtés) n'auront pas été épuisés. Pas avant 2017, si l'on prend en compte les délais normaux de la justice administrative ! Pourquoi rater une telle occasion ? L'explication tombe, un mois plus tard. Ce « cadeau » va permettre au PS de conserver la mairie de Nantes, grâce au soutien... des écologistes d'EELV.
Les mots de Valls et de Royal
La mairie de Nantes est sauvée. Pas le gouvernement. Jean-Marc Ayrault saute. Après la débâcle aux municipales, le nouveau Premier ministre, Manuel Valls, préfère avoir des écologistes solidaires, au sein du gouvernement, plutôt que critiques à l'Assemblée nationale. Il leur propose un superministère de l'Écologie, avec l'Énergie et les Transports ! Et, à demi-mot, la fin de Notre-Dame-des-Landes. « Il n'a fait aucune promesse, précise au Télégramme Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV. Mais il a clairement laissé entendre qu'il avait une marge de manoeuvre sur ce dossier-là. » La nouvelle ministre de l'Écologie, sera finalement... Ségolène Royal. Très vite, elle réaffirme qu'aucune décision ne sera prise sur Notre-Dame-des-Landes avant l'issue des recours. Elle ajoute : « Il faut peut-être remettre les choses à plat ». Évoquer le fond du dossier ? Pour les partisans du projet, c'est hors de question. Le bouillonnant président socialiste de la Région des Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette, fulmine. Il dénonce « des instrumentalisations politiques » et redit au gouvernement que Notre-Dame-des-Landes est « nécessaire ».
La fronde des patrons
Un front se lève. Le Finistérien Louis Le Duff, patron fondateur du groupe Le Duff (Brioche Dorée, Del arte...), qui pèse 1,5 milliard d'euros et 28.000 salariés dans le monde, tape du poing sur la table. Pas question de délocaliser son siège social (300 emplois, 20 millions d'euros d'investissement) de Paris et Londres à Rennes, si Notre-Dame-des-Landes ne se fait pas, comme on le lui aurait « promis »... En écho à Jacques Auxiette, le nouveau patron des patrons (Medef) de Bretagne, le Brétillien Joël Cheritel, déplore « les calculs électoraux ». « On ne va pas arrêter le pays parce que, à un moment donné, certains ont besoin du soutien de quelques députés d'EELV. Sinon, plus rien ne tient ! Il faut respecter les décisions prises démocratiquement. La France est un pays de droit ! » Joël Chéritel veut pourtant « y croire encore ». « Demain, dans une France à onze régions, un aéroport donnera encore plus de sens et de force à une Bretagne agrandie. » Réponse... en 2017 ?
Ces zadistes qu'Auxiette veut chasser
À Notre-Dame-des-Landes, exit le gentil écolo. Voici l'opposant « radical, violent et armé », détroussant et rackettant la population locale. C'est du moins l'image qu'a voulu imposer Jacques Auxiette, président de la région des Pays-de-la-Loire, qui réclame leur expulsion. Direction Vigneux-de-Bretagne et La Pâquelais, deux des trois villages, avec Notre-Dame-des-Landes, jouxtant la fameuse Zad (Zone d'aménagement différée, rebaptisée « Zone à défendre » par les opposants). Les propos de Jacques Auxiette ont surpris le maire PS de Vigneux, Philippe Trotté. « Ils n'engagent que lui. D'ailleurs, on ne l'a jamais vu ici », s'étonne l'élu. Le maire dit n'avoir « jamais constaté d'agressivité de la part des zadistes ».
« Jessy James » est dans la Zad
À La Pâquelais, les commerçants ne sont pas très bavards. « Tout va bien », pour l'épouse du boucher. « Des vols ? Aucun », assure la boulangère. Si, il y a bien quelque chose : les zadistes ont quasiment bloqué la route départementale 281 qui traverse la Zad, et relie le bourg de La Pâquelais à Fay-de-Bretagne. « Cet axe était très emprunté. On a perdu beaucoup de clients », déplore la commerçante. Sur cette route, malgré le panneau « bienvenue sur la Zad », rien n'invite au voyage. En voiture, il faut slalomer entre les chicanes érigées par les zadistes, rouler au pas pour franchir trous et crevasses. La RD 281 offre de curieux paysages. À mi-chemin entre le western et la guerre en ex-Yougoslavie. Sur près de deux kilomètres, bottes de paille, clôtures métalliques, carcasses de véhicules, panneaux de signalisation, morceaux de bois, tas de gravats, monticules de pneus, cabanes de bois aux allures de check-points balisent le parcours. Dans les champs environnants, on devine quelques campements désertés. À l'entrée de l'un d'eux, une boîte aux lettres a même été aménagée dans un plot de signalisation de la DDE. Qui réside ici ? « Jessy James », avertissent deux panneaux de bois.
« T'es journaliste ? »
Sur cette Zad grande comme l'île d'Ouessant vivraient entre 150 et 200 irréductibles qui ont choisi de « vivre autrement ». Sur cette fantomatique RD 281, on en croise quelques-uns. À vélo, poussant une brouette, nettoyant un fossé. Certains nous saluent. D'autres nous ignorent ou, agacés par notre présence, nous proposent de leur « jeter des cacahuètes ». Près de la forêt de Rohanne, au détour d'une grande cabane, une poignée de zadistes encagoulés se fait plus menaçante et nous intime l'ordre de quitter les lieux. Un peu plus loin, six jeunes zadistes tout crottés font du stop. Ils ont entre 18 et 23 ans et rentrent chez eux, « en région parisienne ». « Je suis resté deux semaines ici. C'était la première fois, annonce l'un d'entre eux. Ça fait du mal de partir. Mais je reviendrai sûrement y vivre. » « Ici, il y a de tous les styles. Des punks à chiens, des hippies, des écolos..., explique un autre. On a appris à se contenter de l'essentiel, à se retrouver soi-même. À apprécier les choses simples, à écouter, à sortir de notre bulle. » Le plus âgé nous prend à part : « T'es journaliste ? Faudra que j'évite de dire que je t'ai parlé. Les frères croiront que je les ai trahis. Il faut nous comprendre : à chaque fois, les médias nous décrivent sous les traits de hippies qui puent ou de terroristes qui tapent sur des CRS... »
Évacuer : mission impossible ?
Les forces de l'ordre ont déjà tenté à plusieurs reprises d'évacuer la Zad de Notre-Dame-des-Landes. En vain. « Évacuer, techniquement c'est possible, nous assurait, fin 2012, un spécialiste du maintien de l'ordre. Mais tenir, vu la nature du terrain, sa taille et la durée des travaux (au moins deux ans), c'est impossible. » En octobre et novembre 2012, plusieurs milliers de gendarmes mobiles et CRS avaient été déployés en Loire-Atlantique, grippant tout le dispositif de maintien de l'ordre en France. Coût, en deux mois, pour les seuls frais des CRS : « Plus d'un million d'euros ». Depuis, les opposants se sont organisés. « Tout est mis en oeuvre pour protéger la Zad, expliquaient-ils lors d'une conférence de presse organisée fin février. Nous avons établi un plan de blocage des flux économiques de la région. Des centaines de tracteurs sont mobilisables très rapidement. Dans toute la France, nos collectifs locaux seraient également prêts à occuper mairies et préfectures. Nous expulser aujourd'hui serait encore plus difficile qu'en octobre 2012. Nous sommes trois fois plus nombreux et nos liens se sont renforcés. S'ils veulent nous déloger, on leur souhaite bien du courage. »
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