11/04/2013
Le "tri" automatique
L'industrialisation du "tri" est aujourd'hui présente dans des domaines très divers !
Le tri des emballages au SYSEM à Vannes, le tri à la criée des poissons à Lorient, l'analyse des rapports d'hospitalisation aux Hospices Civils de Lyon...
Les flux à trier sont en général volumineux : 16.000 tonnes d'emballages au SYSEM, 26.000 tonnes de poissons à Lorient, des milliers de lignes d'écriture manuelle des rapports d'hospitalisations à Lyon, puis dans toute la France...et ceci dans des délais souvent courts, tant le rythme des entrées et des sorties l'imposent !
Dans ces process, le tri utilise d'abord les caractéristiques physiques des objets à trier : forme, densité, métal magnétique ou non...avec des procédés simples comme des "tunnels à lumières" ou des tapis roulants à forte pente. Au SYSEM les opérateurs humains interviennent dans la première phase de tri pour écarter, ce qui ne correspond pas au critères de récupération (8 voies seulement !). Le taux de rebut est en moyenne, quand même, de 15% !
Mais ce qui est aujourd'hui prodigieux dans ces énormes machines à trier, c'est l'intervention de la "reconnaissance de forme" par l'informatique associée. De longues recherches théoriques ont précédé cette introduction dans le travail industriel en continu ! Dans les années 60, alors que les calculateurs étaient 1.000 fois moins rapides qu'aujourd'hui, la Direction Générale de l'Armement sous-traitait des recherches sur le traitement des images par ordinateur pour reconnaître automatiquement le type de char, qui était en face ! Depuis, les études foisonnent sur le traitement des images avec des conséquences assez étonnantes sur la reconnaissance des visages...
Au SYSEM, comme à Lorient, l'ordinateur est présent et constitue le "maillon" stratégique du tri automatisé : reconnaissance de la forme des bouteilles et de leur transparence, reconnaissance de la forme des poissons et de leur longueur !
Bien entendu, les rythmes de tri sont "ahurissants", malgré quelques bugs inquiétants ! Dans le tri de l'emballage les conséquences sont moins pénalisantes que dans le tri du poisson frais !
Les perspectives de développement de ces machines à trier sont prometteuses, tant le coût humain est devenu "prohibitif" !
Déchets recyclables à Vannes, le tri sélectif au crible
Télégramme du 2 avril 2013
16.000 tonnes de déchets recyclables entrent par an dans le centre de tri du Prat. Qu'advient-il de ces bouteilles, boîtes, cartonnettes ? Deux journées portes ouvertes vont permettre de découvrir cette usine à séparer les emballages.
Le tri des ordures est devenu un métier très pointu grâce à une mécanisation poussée qui ne nécessite pas moins une intervention humaine. Tout se fait en usine où les déchets entrent en vrac et sortent sous forme de balles qui sont réexpédiées. Qu'entend-on par recyclables ? Ce sont tous les matériaux qui, autrefois, étaient mis en décharge ou incinérés. On les sépare en cinq grandes familles : les journaux magazines papiers, les cartonnettes, les boîtes et flacons métalliques, les bouteilles et flacons plastiques, les briques alimentaires. À quoi resservent-ils ? À faire de la fourrure polaire, des tuyaux, des conteneurs à poubelle, du mobilier de jardin, du papier etc. Un domaine où l'on avance : on réussit maintenant à faire des bouteilles d'eau nouvelles à partir de bouteilles usagées.
60 communes
Ces emballages sont collectés dans les sacs jaunes et les poubelles de même couleur distribués par les collectivités et sur lesquels sont indiquées les consignes à suivre. Surtout ne pas y mettre de verre. Le Sysem (Syndicat du Sud Est du Morbihan) assure leur récupération, à travers les communautés de communes. Les déchets recyclables de 60 communes (235.000 habitants) arrivent ainsi dans le centre de tri du Prat à Vannes. 16.000 tonnes ! Ces emballages sont déchargés dans des alvéoles et suivent un parcours en dix étapes. Ils passent d'un tapis roulant à l'autre dans différentes machines qui en assurent la séparation selon la taille, la forme, la composition, la couleur. Les bouteilles de plastique transparent (eaux, boissons) sont isolées des bouteilles opaques (produits d'entretien ou de la salle de bain) : elles n'ont pas la même réutilisation. Le travail est affiné en cabine par des trieurs. Car en bout de course, il faut que les produits mis en balle soient complètement homogènes avant de partir vers les usines de retraitement.
Pas assez de doubles poubelles
L'efficacité du traitement dépend aussi du bon tri à la source. Chaque semaine, un échantillon des camions est prélevé pour évaluer la qualité du tri effectué par les habitants. « Globalement les gens trient bien et le taux d'indésirable est faible », indique Gilles Tazé, le directeur du Sysem. Mais une grande quantité de déchets reste à ramasser. « Une bouteille plastique sur deux en France n'est pas recyclée », précise Gilles Tazé. Parce qu'il n'y a pas de doubles poubelles partout dans les lieux et les espaces publics, les entreprises. Cependant, des grands rassemblements festifs se mettent à la collecte sélective. Il en sera ainsi lors de la prochaine Semaine du golfe.
Gabriel Simon
Ordures : le centre de stockage en cours d'abandon
La fabrication du compost, à partir des ordures ménagères, est désormais en route et le centre de stockage des déchets ultimes n'aura plus de nécessité.
Construite à côté du centre de tri, l'Uvo (Unité de valorisation des ordures) est depuis septembre en phase de mise en service industrielle. Huit mois de réglages impératifs ! La difficulté est qu'ici on ne traite pas de déchets inertes, mais de la matière vivante. Et c'est un processus complexe que de faire du compost agricole répondant à des normes strictes à partir des restes ménagers. Cette période de mise en service s'achève. L'usine devrait être réceptionnée dans les prochaines semaines et confiée à l'exploitant, Véolia. Elle est prévue pour traiter 50.000 tonnes d'ordures ménagères en enceinte hyperconfinée. L'Uvo aura de la marge puisque la production d'ordures est en baisse, du fait du compostage individuel et de la mise en place progressive de la redevance incitative destinée à inciter, comme son nom l'indique, les particuliers à alléger leurs poubelles. Le Sysem table sur une production de 47.000 tonnes sur son territoire pour 2013. L'Uvo du Prat produit en même temps du méthane et de l'électricité pour EDF et, depuis le 1er janvier, de la chaleur vendue à l'usine Michelin voisine. Quant au compost, il est livré aux agriculteurs.
Des refus à exploiter
Mais toutes les ordures entrantes ne peuvent être valorisées. Il reste 24.000 tonnes de refus qu'il faut mettre en décharge : à Gueltas et la Vraie-Croix. Le Sysem envisageait de créer son propre centre de stockage quelque part dans la campagne d'Ambon ou de Muzillac, soulevant l'hostilité locale. Le projet devrait être abandonné. Le plan départemental d'élimination des déchets, en cours d'approbation, considère en effet que les capacités de stockage sont suffisantes pour dix-quinze ans dans le Morbihan. « Le Sysem a approuvé ce plan et sera amené à mettre fin à sa démarche de recherche d'un centre de stockage », indique son directeur, Gilles Tazé. D'autant que des recherches, entreprises sur les refus, pourraient permettre d'y trouver de nouvelles matières valorisables et réduire ainsi la quantité de déchets ultimes à enfouir. On parle de pétrole de synthèse. Sans compter l'énergie thermique pouvant être retirée de l'incinération.
Feux de détresse : le principe de l'éco-taxe
Un des gros problèmes des déchets est celui des feux de détresse des navigateurs qui doivent être obligatoirement renouvelés tous les trois/quatre ans. Même s'ils ont un effet d'artifice, ils sont considérés comme produit explosif dans la mesure où ils contiennent de la poudre. Qu'en faire une fois périmées ? Les déchèteries ne les reprennent pas. Les shipchandlers sous certaines conditions. Il se trouve que cette année la réglementation a changé. Dans les feux mis en vente en 2013 est incorporé le prix de leur élimination. Selon ce principe de l'éco-taxe, les engins périmés seront donc repris gratuitement dans les magasins. Sauf que les plaisanciers risquent de voir rouge, craignent leurs représentants de l'Unan (Union des navigateurs), dans la mesure où le prix va faire un bond. Car la destruction de ces feux est onéreuse. Certains ports se sont organisés. Ainsi au Crouesty, la Sagemor organise tous les ans une journée de récupération. Pour Uship la solution réside dans les nouvelles technologies. Cette centrale d'accastillage basée à Pougoumelen propose des signaux de détresse lasers alimentés par piles électriques et qui ont une autonomie de cinq heures.
Deux jours de visite du centre de tri du Prat
Le Sysem (Syndicat du Sud Est du Morbihan) organise le samedi 6 avril, de 9 h 30 à 12 h et le mercredi 10 avril, de 10 h à 12 h, des visites gratuites du centre de tri du Prat pour tout public (enfants à partir de 9 ans). Ces visites se font par groupe de 20 personnes environ et accompagnées par un animateur. Le centre de tri se situe 17, rue Dupuy-de-Lôme, près du centre de tri de la Poste. L'établissement est équipé d'un ascenseur. Inscription par courriel : animation@sysem.fr ou par tél. 02.97.42.66.75.
Pêche à Lorient, intelligence artificielle pour faire le tri
Télégramme du 11 avril 2013
Une machine à trier le poisson unique au monde, est en cours d'installation sous la criée 4 du port de pêche de Lorient. Une technologie de pointe développée par Arbor Technologies, de Landévant.
C'est la série des « premières » actuellement sur Lorient. Après le premier port à sec, bord à quai, couvert de France (lire le Télégramme d'hier), voici installée sous la criée 4 du port de pêche, la première machine automatique à trier le poisson du monde. Et elle est développée par une entreprise morbihannaise Arbor Technologies, installée à Landévant. Du cocorico 100 % Breizh. Cette machine est un bijou de haute technologie. Elle est capable de reconnaître 31 espèces de poissons différentes, de trier deux espèces en même temps et chaque espèce par taille. Son installation a commencé fin décembre et les techniciens d'Arbor peaufinent le paramétrage de cette machine intelligente.
Haute technologie
« On apprend actuellement au cerveau artificiel de la machine à reconnaître toutes les espèces de poisson traitées à Lorient », explique Gilles Nignon, P-DG d'Arbor Technologies (30 salariés, 4,3 M€ de chiffre d'affaire). « Pour l'instant, on va travailler sur les dix premières espèces traitées sous la criée du port de pêche de Lorient : julienne, merlan, églefin, lieu jaune, lieu noir, grenadier, cabillaud... » La machine imposante occupe la plus grande partie de la criée 4 de Keroman. Une fois les mises au point terminées, elle triera le produit de la pêche hauturière. La pêche artisanale continuera à être triée à la main. Concrètement, les containers ou les caisses sont déposés à un bout de l'automate, par des chariots élévateurs. C'est du poisson arrivé par camion, via la gare de marée, située juste derrière la criée 4. Il s'agit du poisson arrivé par camion, pêché par les bateaux de la Scapêche, armement lorientais des Mousquetaires d'Intermarché, ou du poisson importé par la cellule commerciale de Keroman. Dans les deux cas, une fois trié, il sera vendu sous criée et travaillé dans les ateliers de marée du port. Les bacs sont déversés automatiquement sur un tapis roulant, le poisson est dirigé, via des tapis roulants, vers le cerveau de la machine, qui reconnaît chaque spécimen et l'oriente selon sa taille, vers le bon bac.
Huit sorties différentes
La machine peut trier deux espèces en même temps, merlan-églefin, lieu jaune-lieu noir, grenadier-sabre. Chaque espèce a quatre tailles différentes. Ce qui fait huit sorties différentes. Les caisses du poisson triés par taille et par espèce, sont ensuite pesées automatiquement et inscrites via le réseau informatique, à la vente du lendemain. Le poisson qui n'appartient pas à une des deux espèces sélectionnées est écarté et sera trié manuellement.
250 poisson par minute
« Pour une moyenne de poisson de 350 mm, sur ses deux lignes, la machine peut trier 250 poissons par minute », précise Gilles Nignon, qui travaille sur le développement de ce petit bijou technologique depuis 2006. « Il y a eu deux ans de recherche fondamentale et cinq ans de recherches pratiques », explique-t-il. « On a développé cette machine en interne, avec l'aide d'un laboratoire de technologie embarquée de l'UBS et des start-up qui travaillent sur l'intelligence artificielle. Pour l'instant, si on en croit notre veille technologique, elle est unique au monde. Le port de Lorient va devenir une vitrine de notre technologie. On a des touches aux États-Unis et au Brésil ». Coût de cette petite merveille : 1,5 M€, financé pour moitié par les fonds propres de la Société d'économie mixte Keroman, concessionnaire du port de pêche et pour la seconde moitié par la Région et le Fonds européen pour la pêche.
Sophie Paitier
Le port veut développer son tonnage
L'ambition est clairement affichée, pour le président de la Société d'économie mixte Keroman, Maurice Benoish, qui espère bien augmenter de façon substantielle le tonnage du poisson traité sous criée. « L'objectif est d'avoir des lots de poisson identifiés et plus précis », explique-t-il. On a pu vérifier pour la pêche artisanale, qu'une sole qui a été bien triée voyait son prix augmenter de 1,50 €. » Actuellement entre dix et 35 personnes trient le poisson à la main, chaque nuit, pour la pêche hauturière. Dans la nuit de mardi à mercredi, 200 tonnes ont été triées par 35 personnes.
Pas assez de personnel
« Nous avons dix dockers, trois occasionnels et quatre intérimaires réguliers », explique le directeur du port, Yves Guirriec. « On a actuellement une capacité de tri réduite. On doit parfois décaler la vente de certains bateaux car on n'a pas eu assez de personnel pour le trier. Il est alors mis en chambre froide et trié le lendemain. Avec cette machine, on pourra traiter tout le poisson qui se présente. Cinq personnes sont nécessaires pour la faire fonctionner ».
26.000 tonnes de poisson débarquées à Lorient
Les responsables du port l'affirment, il y aura toujours du poisson à trier pour les salariés du port. Certains intérimaires devraient tout de même être moins sollicités, reconnaissent-ils. Le mareyage lorientais se réjouit aussi de cet investissement. « Il y a 20 ans, 75.000 tonnes de poissons étaient débarquées à Lorient, contre 26.000 tonnes aujourd'hui. On a besoin de matière première pour faire travailler nos ateliers. On espère voir les quantités de poisson débarquées à Lorient augmenter », conclut Patrice Besnard, le président de l'association des mareyeurs lorientais.
Un logiciel pour détecter automatiquement les infections à l'hôpital
Les Echos du 9 avril 2013
Benoit Georges
En France, 5 % des patients qui sont à l'hôpital présentent une maladie nosocomiale - avec des degrés de gravité variables. Dans quelques années, il sera peut-être possible de détecter automatiquement ces infections. Le projet Aladin, lancé en 2008 par l'université Claude-Bernard Lyon-I (UCBL), le Xerox Research Center (XRCE) de Grenoble et les éditions Vidal, vise à développer un logiciel capable d'exploiter les multiples informations rédigées dans les comptes rendus d'hospitalisation : date et motif d'entrée, date de sortie, données biologiques et médicales (températures, médicaments)… Le défi est que certaines de ces données sont écrites en langage naturel : le logiciel doit donc être capable de les interpréter correctement et, pour cela, de repérer des mots clefs et des phrases susceptibles d'indiquer une infection. Après trois ans de travaux, ce projet d'un montant de 1,8 million d'euros, financé par l'Agence nationale de la recherche, est en cours d'évaluation aux Hospices Civils de Lyon. « D'ores et déjà, Aladin a montré que l'utilisation de données sémantiques issues des dossiers médicaux était faisable et pertinente », explique Marie-Hélène Metzger, responsable scientifique du projet pour l'UCBL. Son équipe vient de démarrer un nouveau projet, Synodos, pour concevoir un système d'extraction exploitable par toutes les disciplines médicales.
B. G.
Les commentaires sont fermés.