Les Secrets de Saint Pierre

La Bretagne se lance dans l'aventure du très haut débit numérique
Les Echos du 21 novembre 2012

Christian Lienhardt

85.000 foyers ruraux auront une vitesse de connexion 10 à 20 fois supérieure à aujourd'hui.
Sur 1,8 milliard d'euros prévus, la première phase porte sur 400 millions d'euros.
Une convention a été signée entre Orange et les collectivités concernées. Le groupe va investir dans la fibre optique sans faire appel aux subventions. - Photo Patrick Allard/REA

Région périphérique, la Bretagne, qui souffre de son éloignement géographique, entend profiter des réseaux Internet à très haut débit pour se rapprocher de l'Europe et du monde, tout en créant de nouvelles activités. D'où le démarrage du plan « Bretagne très haut débit », initié l'an passé par le conseil régional, qui entre désormais en phase active de déploiement de la fibre optique.

L'investissement est de taille. Une première enveloppe de 400 millions d'euros sur cinq ans va être partagée entre le conseil régional et les autres collectivités territoriales (conseils généraux, communautés de communes...). Elle sera accompagnée d'une aide de 65,9 millions d'euros de l'Etat et de 22 millions d'euros des fonds européens du Feder. Au total, 12 villes moyennes comme Carhaix, Ploërmel, Redon et 85.000 foyers ruraux, disposeront, à l'issue des travaux de la première phase qui démarreront en 2013, de capacités de connexion à 100 mégabits par seconde, soit une vitesse au moins dix à vingt fois supérieure à celle proposée actuellement.

Plusieurs zones blanches
Si, globalement, les enquêtes montrent que les foyers bretons sont mieux équipés que la moyenne nationale, il existe encore plusieurs zones blanches à l'intérieur de la région où l'accès Internet en haut débit est quasi impossible. Les entreprises éloignées des grandes agglomérations se plaignent régulièrement de la lenteur des connexions. « Au total, l'ensemble du programme d'investissement atteint 1,8 milliard d'euros sur vingt-cinq ans à partager entre les différentes collectivités bretonnes », explique-t-on dans l'entourage de Pierrick Massiot, le président du Conseil régional de Bretagne. A la charge des collectivités revient le déploiement de la fibre optique dans toutes les zones rurales et les villes moyennes, ce qui représente 58 % de la totalité du territoire soit 1 million de foyers sur un total de 1,6 million . D'ici à 2025, chacun des habitants devrait disposer de possibilités de connexions à très haut débit.
Orange prend en charge les 10 plus grandes agglomérations comme Rennes, Brest, Lorient ou Saint-Brieuc. Une convention a été signée entre l'opérateur historique et les collectivités concernées. Le groupe va investir dans la fibre optique sans faire appel aux subventions. Il revendra ensuite de la bande passante aux autres acteurs de ce marché.

Pour piloter l'ensemble du programme Bretagne très haut débit, le choix a été fait par les élus de la création d'un syndicat mixte. Il confie cette mission à Mégalis Bretagne, une association chargée depuis une décennie de développer la dématérialisation des appels d'offres des collectivités.

En prenant une longueur d'avance, la Bretagne qui a réussi à réunir toutes les intercommunalités quel que soit leur bord politique dans ce programme mise également sur une accélération des usages et la création d'activités supplémentaires sur les technopoles de Rennes, Lannion ou Brest.

Stanislas du Guerny
Correspondant à Rennes

Mégalis prend le déploiement en main
La feuille de route confiée à Mégalis Bretagne pour la création du réseau est précise. Ce syndicat mixte, qui concentre la gouvernance du projet pour le compte des collectivités et de l'Etat, doit définir les programmes d'investissement et l'affectation des financements tout en optimisant les coûts. Il recevra les subventions et les fonds publics pour effectuer une péréquation. Le syndicat est aussi chargé de garantir un aménagement équilibré et progressif du territoire. Démarrage des activités : janvier 2013.

Les chiffres
79 % Part des foyers bretons connectés à Internet
Un chiffre estimé par l'association Marsouin qui étudie le comportement des Bretons.
69 % Part des internautes bretons ayant réalisé un achat sur le Net
L'estimation du Crédoc au plan national est de 62 %.