12/06/2012
Les "seconds couteaux" en politique ?
Notre système politique est-il un "bon sélectionneur" ?
Le premier tour des législatives 2012 vient de faire des ravages à gauche comme à droite. Michel Grall renonce au 2ème tour, Roland Le Sauce démissionne de son poste d'adjoint à la Mairie d'Auray...
Les résultats du Dimanche soir déglinguent deux carrières de gens sincères et travailleurs, aux deux bouts de la vie politique française...
Dans les deux cas est-il possible de marier mandat local et mandat parlementaire ? Selon Michel Le Scouarnec, fatigué par ses premiers mois de Sénat, la réponse est "non" ! Mais peut-on être connu de la population locale, si l'on n'exerce pas ces fonctions locales ?
Le paradoxe de la vie politique française est de faire croire que le "cumulard" est détestable, alors que le seul moyen de parvenir à l'Assemblée est d'occuper le terrain local !
S'engager en politique relève d'un grand courage personnel, tant les conséquences peuvent être dramatiques... Les "seconds couteaux" sont toujours dans l'ombre !
Mairie d'Auray, Guy Roussel succédera au maire Michel Le Scouarnec
Télégramme du 12 juin 2012
Le groupe majoritaire de gauche plurielle, élu à Auray lors des municipales de 2008, s'est réuni, hier soir,pour désigner celui qui succédera, àla fin du mois, à Michel LeScouarnec, maire communiste d'Auray depuis 1995. Ce dernier, élu sénateur en septembre 2011, avait décidé de quitter la mairie après les législatives pour se consacrer à ses nouvelles fonctions. Sans surprise, c'est le premier adjoint, Guy Roussel, proche du PS, qui a été désigné à l'unanimité.
Roland Le Sauce jette l'éponge
Un choix d'autant plus aisé que, le matin même, l'autre candidat déclaré, Roland Le Sauce, proche du PC et candidat du Front de gauche aux législatives, avait jeté l'éponge. Déçu par son score à Auray(7,85%), il a même démissionné de ses fonctions d'adjoint. Guy Roussel sera officiellement élu le 30 juin à la tête d'une municipalité dont le communiste, Daniel Gentil, deviendra le premier adjoint. Michel LeScouarnec restera conseiller.
Michel Grall, le coup de Carnac
Télégramme du 12 juin 2012
Député sortant battu au premier tour, Michel Grall aura été victime, tout au long de cette campagne, des divisions semées au cours de son mandat. À Carnac, d'abord, dont il a abandonné le siège de maire en 2010, avec des conséquences qui ont sûrement pesé dans la candidature de Philippe Le Ray.
Permanence de Michel Grall, rue du Maréchal-Foch à Auray, hier midi. Les sourires sont las, un peu forcés. «Ben, on se sent comme un lendemain de défaite, c'est pas facile», soupire un membre de l'entourage du député UMP. Arrivé troisième dimanche, tout juste en limite de se maintenir (12,64%) au second tour, l'ancien maire de Carnac a finalement annoncé en soirée son désistement. Enfermé dans le bureau de sa permanence, «il ne souhaite pas s'exprimer pour l'instant, et il y a encore du travail à faire. On verra plus tard, peut-être après le second tour». Qui se fera donc sans lui, en raison des nombreuses divisions qui ont fini par émailler son mandat.
Division et isolement
Alors qu'il aurait dû s'agir de sa place forte, c'est sans doute à Carnac, où il n'est arrivé hier qu'en seconde position (29,70% contre 32,41% pour Philippe Le Ray), que se situe la clé de la défaite de Michel Grall. Septembre2010, en quittant son fauteuil de maire et en donnant les clés de la commune à son ancien opposant, il se met alors à dos son ancienne majorité. Raison officielle, se concentrer sur sa mission de député. Mais la version n'a pas convaincu, celle de tensions entre le maire et ses adjoints, notamment en raison de nombreuses absences du député étant le plus souvent retenue. «Il a lâché le poste, on a l'impression qu'il n'en avait plus rien à faire de Carnac, qu'il n'y avait plus que Paris», lâche un Carnacois, «pas étonné de la défaite». Pas facile, en effet, de faire le grand écart entre le terrain, où attendent les électeurs, et Paris, où se votent les lois et se font les carrières. Lâché par son ancienne majorité, Michel Grall est apparu de plus en plus isolé sur ses terres, même s'il s'est toujours défendu de l'action menée à l'assemblée, mais aussi aux côtés des élus de la circonscription. Philippe Le Ray qui, après 17 ans de mandats locaux à Plumergat et au conseil général, avait envie du palais Bourbon, l'a bien senti, jouant la carte de l'Union de la droite et du centre. Dans cette nouvelle division, Michel Grall n'a eu de cesse d'affirmer qu'il était le seul candidat légitime à droite, tout en portant une étiquette UMP qui s'est peut-être finalement révélée être un handicap plutôt qu'un atout, ce que reconnaît du bout des lèvres un membre de son équipe de campagne.
Quel avenir ?
Reste la question de l'avenir. Dans le communiqué annonçant son désistement, dimanche soir, Michel Grall donne «rendez-vous en 2017». Mais où et comment ? Là où Nathalie Le Magueresse à Locmiquélic et Philippe Le Ray à Plumergat ont été plébiscités dimanche dans leurs communes, Michel Grall a été désavoué à Carnac. Et si Philippe LeRay réussit le rassemblement qu'il ambitionne, il pourrait s'installer durablement à la tête de la droite et du centre dans la circonscription. Pour Michel Grall, qui dimanche soir n'aura plus ni mandat ni emploi, tout est donc à refaire
Marc Revel
Un second tour qui s'annonce serré
À la lecture du report des voix, lematch entre Nathalie LeMagueresse et Philippe Le Ray s'annonce serré. Les abstentionnistes etles électeurs duFront National yauront leur influence.
Les reports de voix. À l'exercice jamais simple des reports de voix, les deux candidats sont au coude à coude. En additionnant les voix du PS, du Front de Gauche et des écologistes, Nathalie Le Magueresse totalise 27.863voix. Philippe Le Ray, avec les voix qui se sont portées sur Michel Grall au premier tour, en totalise 27.597, sans les voix FN. Ces reports devraient se faire sans trop de pertes. L'inconnue, comme souvent, réside donc dans le comportement des 5.584électeurs du Front National. Mais le candidat du parti, Claude Le Ny, n'ayant pas donné de consigne de vote, pas sûr que ces votants du premier tour rejoignent les isoloirs dimanche.
L'abstention. Chiffre notable du premier tour, celui de la participation, 63,89% pour la circonscription, soit un point de mieux qu'à l'échelle du département. Les différents candidats ont fait dimanche le plein du vote de leurs militants. Alors qui sont les abstentionnistes et vers quel camp pencheront-ils, c'est une des clés de ce scrutin. Les points chauds de la circonscription. À son aise dans le sud de la circonscription, de Locmariaquer à Quiberon, en passant par Auray, Philippe Le Ray l'est beaucoup moins dans le canton de Port-Louis, assez logiquement puisque ce sont les terres de Nathalie Le Magueresse. C'est donc autour de la Ria que Philippe Le Ray va concentrer ses efforts cette semaine, et essayer de grappiller des voix. Nathalie Le Magueresse, en déficit de notoriété dans le sud de la circonscription, pourra toutefois s'appuyer sur son excellent score à Auray (34,59%) pour confirmer la montée en puissance de la gauche dans la circonscription, déjà observée lors des élections présidentielles.
Mairie d'Auray, Le Sauce démissionne, Roussel investi
Télégramme du 12 juin 2012
Candidat déclaré àla succession de Michel LeScouarnec à lafin du mois, Roland Le Sauce, déçu par son score aux législatives, a renoncé et démissionné. Dans la soirée, le groupe majoritaire a investi un ticket Guy Roussel (maire) - Daniel Gentil (premier adjoint).
«Personnellement, je suis quand même un peu déçu de mon score à Auray, c'est sûrement un indicateur quant aux échéances qui arrivent». Lorsque Roland Le Sauce a tenu ces propos dimanche soir après avoir constaté que seuls 7,85% des électeurs alréens s'étaient exprimés en sa faveur, sa réflexion était déjà largement aboutie. La suite, c'est une nuit sans sommeil et une démission de ses fonctions d'adjoint au maire postée au préfet dans la matinée puis remise en mains propres au maire dans la foulée.
Ils avaient rendez-vous
La suite de la suite, c'est une fuite sur le marché d'Auray et une nouvelle qui se propage à toute allure. Le soir, l'ensemble de l'équipe majoritaire élue en 2008 sur la liste «Unis et solidaires pour Auray» avait rendez-vous pour «pré-désigner» le successeur de Michel Le Scouarnec, qui dès janvier avait annoncé une démission qui sera effective le 18 juin (le nouveau maire devant lui être investi le 30 juin). Hier matin, les membres de la liste victorieuse il y a quatre ans imaginaient qu'ils auraient à trancher entre les deux candidats déclarés, Guy Roussel, le premier adjoint et Roland Le Sauce, l'adjoint aux travaux. Tous savaient pourtant que les jeux étaient déjà faits et que Guy Roussel serait désigné, ainsi que Le Télégramme l'avait annoncé le 15 mai. L'information avait alors désarçonné Roland Le Sauce, encore persuadé qu'il était le favori comme certains l'imaginaient. «Mais il y a quinze jours j'ai compris», a admis l'intéressé hier. Dès lors, il avait pris sa décision. Son score décevant aux législatives n'a sans doute fait qu'avancer de quelques heures une démission qui flottait déjà dans l'air (ci-dessous).
Daniel Gentil 1er adjoint
Qu'ils aient été proches de l'un ou de l'autre des deux candidats, les adjoints et conseillers étaient unanimes hier à se désoler de la décision de Roland Le Sauce, très apprécié au sein de l'équipe. Unanimes aussi à déplorer sa décision et la rapidité avec laquelle elle s'est opérée. Eux-mêmes hier soir ont pourtant choisi d'aller vite et de mettre fin à un suspense qui dure depuis l'élection du maire au Sénat en septembre. «À l'unanimité», au terme de deux heures de discussions, ils ont décidé d'investir un ticket formé par deux compagnons de route de Michel Le Scouarnec depuis 1995. Le premier adjoint, Guy Roussel, proche du PS, deviendra le premier magistrat avec à ses côtés l'élu communiste Daniel Gentil. Pour ce dernier, c'était la deuxième option de «sortie de crise» acceptable. La première ? Que Michel Le Scouarnec prolonge son bail. Dans la journée ce dernier a avoué y avoir pensé. Mais comme le trio Roussel-Gentil-Le Scouarnec l'a dit hier soir sur les marches de la mairie, «l'équipe reste unie et solidaire». Affaire classée
. Benoit Siohan
Roland Le Sauce, un adjoint efficace et apprécié. ..
«Je suis abasourdi. C'est incompréhensible» (Daniel Gentil). «C'est dommage. Je pense qu'il a pris sa décision très vite, avec trop peu de recul» (Guy Roussel). «Je trouve son choix regrettable, d'autant qu'en tant qu'élu il a bien fait son travail avec des dossiers pas faciles à gérer» (Anne-Marie Boudou). «Honnêtement, je ne comprends pas. Je trouve ça triste au possible. C'est du gâchis de compétences pour la ville d'Auray (Kaourintine Hulaud). «Ça a été un excellent adjoint, avec qui j'ai des relations amicales. Tout le monde va lui dire ce soir (hier soir NDLR) qu'on appréciait son travail et qu'un vote politique national n'est pas un vote alréen» (Michel Le Scouarnec). Du maire aux adjoints, en passant par les agents municipaux, les réactions étaient toutes à peu près les mêmes hier à l'annonce de la démission de Roland Le Sauce. Et la succession des sentiments quasi invariable. En premier, la surprise à l'annonce d'une nouvelle que pas grand monde n'avait vu venir. Ensuite une incompréhension face à un choix aussi radical que précipité, du moins en apparence. Et enfin la tristesse de perdre un compagnon de route, apprécié pour ses qualités humaines et unanimement salué pour les qualités dont il faisait montre en tant qu'adjoint: disponibilité, pugnacité et grande compétence technique au service de ses dossiers. Elu en 2008 au sein de la liste «Unis et solidaires pour Auray» menée par Michel Le Scouarnec, Roland Le Sauce était alors très peu connu à Auray où il venait de s'installer après avoir effectué sa carrière de cheminot en région parisienne. En quatre ans, celui qui avait été élu avec le rang de 7e adjoint, était devenu un élu incontournable. Chargé de gros dossiers (renouvellement urbain au Gumenen, rénovation du quai Franklin, refonte du marché,etc.) il était un homme apprécié et une voix écoutée. Il sera forcément moins audible comme simple conseiller.
. .. qui s'estime trahi par ses amis
«Le résultat obtenu à Auray m'a permis de mesurer le niveau d'appréciation des Alréens à mon égard, au vu de mon engagement municipal. Il ne me permet pas de prétendre à succéder à Michel Le Scouarnec au poste de maire (...) Je reste numériquement au conseil municipal mais (...) j'adresse ce jour ma démission d'adjoint». Voilà les mots officiels. Ceux du communiqué diffusé par Roland Le Sauce hier matin. Clairement, ils lient sa démission au score décevant recueilli au nom du Front de gauche aux législatives, particulièrement sur Auray (7,85). Mais lorsqu'on l'interroge, on comprend qu'il aurait sans doute démissionné dans tous les cas si l'équipe municipale avait choisi un autre que lui. Après une carrière à Paris, le cheminot syndicaliste CGT natif de Belz n'avait pas choisi Auray par hasard. Il avait reçu des assurances. Son intégration à l'équipe municipale en 2008 était une manière de mettre le pied à l'étrier avant de prendre le relais de Michel Le Scouarnec. «Je n'ai pas reçu les soutiens escomptés pour ma campagne au niveau de la municipalité», nous a-t-il encore lâché hier. Visés notamment, Daniel Gentil, Christine Le Leuch et peut-être aussi le maire. Tout en saluant le travail de son ex-collègue, Daniel Gentil lui répond. «Il faut qu'il tire les conclusions de ce qui s'est passé autour de lui». Et d'expliciter: la scission intervenue au sein du PC morbihannais à l'occasion des régionales de 2010 expliquerait que les tenants d'une majorité de gauche plurielle (comme Gentil) ne soient plus en phase avec leurs camarades voulant absolument se compter à chaque scrutin.
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