11/06/2012
Un siècle ?
L'inégalité des français en matière d'équipement en fibre optique est un véritable scandale !
En Morbihan trois zones seront équipées en priorité : Lorient, Vannes et la région de Redon. Il faudra quand même attendre une bonne dizaine d'années...
Pour le reste du territoire départemental, l'échéance probable est à trente ans !
Voici un "challenge" pour nos candidats du deuxième tour !
Internet, la France n'a pas encore relevé le défi du très haut débit
Les Echos du 22 mai 2012
Par Guillaume de Calignon
Le retard de la France par rapport aux pays asiatiques est mis sur le compte d'une absence de vision de l'Etat. Le dossier devrait figurer en bonne place sur le bureau de la nouvelle ministre de l'Economie numérique, Fleur Pellerin.
Le très haut débit tarde à décoller en France. Le constat n'est pas nouveau. Mais, désormais, les industriels et les élus s'en inquiètent. Ils ont ainsi interpellé le nouveau gouvernement depuis Hong Kong, où le fabricant français de fibre optique Acome (425 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an passé) organisait ces jours-ci un colloque sur le sujet. Tout en étant conscients de l'état des finances publiques, ils ont exigé de l'Etat qu'il clarifie sa stratégie. Le dossier devrait figurer en bonne place sur le bureau de la nouvelle ministre de l'Economie numérique, Fleur Pellerin.
Au 31 décembre 2011, la France ne comptait que 665.000 abonnés à l'Internet à très haut débit, dont 465.000 par le câble et le reste via un réseau en fibre optique. En un an, seuls 82.000 foyers français ont souscrit à une offre de très haut débit en fibre optique pour remplacer l'antique fil de cuivre. « Les volumes restent très inférieurs à ce qu'il faudrait pour réellement déployer un réseau sur tout le territoire français dans les quinze à vingt ans qui viennent, déclare Jacques De Heere, PDG d'Acome. En 2012, les opérateurs vont acheter moins de fibre optique qu'en 2008 ». « A ce rythme, il faudra un siècle pour couvrir la France en très haut débit », estime Hervé Maurey, le sénateur de l'Eure, très impliqué sur le sujet. Roland Montagne, du cabinet Idate, s'inquiète du « fossé qui se creuse entre l'Asie et l'Europe ». En Corée du Sud, fin 2011, 57 % des foyers bénéficiaient d'un débit de 100 mégabits par seconde ... contre moins de 3 % dans l'Hexagone. « Aucun opérateur européen ne fait partie des dix premiers acteurs mondiaux du très haut débit », avance le consultant. Dans une Union européenne qui ne comptait que 4,5 millions d'abonnés au très haut débit fin 2011, la France se classe néanmoins en milieu de peloton.
L'Etat a-t-il manqué de vision ?
Pourquoi un tel retard, puisque le cadre réglementaire, longtemps critiqué, a été clarifié l'an dernier par le régulateur ? « La qualité de la ligne de cuivre peut être un handicap pour le décollage du très haut débit », estime Roland Montagne : les bons débits des lignes ADSL n'incitent pas les ménages à passer à la fibre. « Aujourd'hui, l'appétence des zones rurales pour le très haut débit est plus forte que dans les zones urbaines », note aussi Hervé Maurey. Or le prix d'installation d'une prise en fibre optique est moins élevé dans les zones denses, où les opérateurs ont investi en premier lieu. Le sénateur qui, comme plusieurs élus, continue de dénoncer « l'extrême complexité du cadre réglementaire », cite aussi le faible intérêt des opérateurs télécoms et la réticence de leurs actionnaires à investir. Or « le modèle de déploiement du très haut débit repose sur la seule bonne volonté des opérateurs. L'Etat s'est totalement désisté », critique-t-il, appelant de ses voeux une plus grande implication de la puissance publique.
Pour beaucoup, l'Etat a en effet manqué de vision sur le sujet. Certains redoutent ainsi que l'arrivée de Free Mobile, soutenue par le gouvernement Fillon, ne porte un rude coup au très haut débit. En cassant les prix dans le mobile, le nouvel entrant, qui a fermé l'an dernier sa filiale dans la fibre optique, aura un impact négatif sur les profits des opérateurs et donc sur leur capacité à investir dans la fibre : il y a fort à parier qu'ils préféreront se tourner vers la 4G. SFR, qui n'a jamais beaucoup investi dans la fibre, pourrait encore ralentir ses investissements. France Télécom pourrait bien être le seul à continuer d'investir, avec toujours comme objectif de connecter 10 millions de logements en 2015.
Autre exemple de l'absence de vision de l'Etat : « Les opérateurs s'engagent à couvrir une zone en très haut débit, mais ils ne sont pas sanctionnés s'ils ne respectent pas leurs promesses », note Hervé Maurey. Pour lui, l'Etat devrait leur imposer des obligations. « Il doit regarder le coût de déploiement de la fibre, estimé à 21 milliards d'euros pour toute la France, non comme une dépense, mais comme un investissement ». Le sénateur a un autre cheval de bataille : le prix du dégroupage. Baisser le prix de la location de la ligne de cuivre auprès de France Télécom inciterait, selon lui, l'opérateur historique à investir. L'Arcep s'y refuse. Hervé Maurey a donc écrit, fin avril, à Didier Migaud, président de la Cour des comptes, pour qu'il vérifie « s'il existe une rente de France Télécom sur le cuivre ou pas ».
Guillaume de Calignon
À HONG KONG
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