Les Secrets de Saint Pierre

Compost, la nouvelle vie des ordures
Télégramme du 17 avril 2012

C'est une révolution qui s'annonce dans le domaine du traitement des déchets pour le pays de Vannes. Les ordures ménagères vont être transformées en compost et en électricité sur la zone du Prat.

Comment faire pour éliminer le contenu des poubelles de 220.000 habitants, soit 52.000 tonnes d'ordures? Le Sysem (1) à qui incombe cette tâche avait envisagé de le faire par incinération avec récupération de chaleur. Nous étions alors au début des années 2000, à une époque où cette filière n'était pas encore complètement bannie. Mais en 2005, c'est une autre solution, jugée plus écologique qui a été retenue. Ces ordures vont être transformées en compost agricole et serviront à faire de l'électricité après avoir été méthanisées. Pour autant, ces 52.000 tonnes ne seront pas éliminées dans leur totalité. Ce procédé ne permettra d'en traiter que la moitié. Il restera 50% de refus ne pouvant entrer dans le processus de fabrication et qui seront acheminés vers l'écopôle de Sita Ouest à Gueltas (56), comme c'est le cas actuellement pour l'ensemble des ordures du Sysem. «Compte tenu du coût de l'énergie, il faudra trouver une solution plus tard pour ces refus», souligne Joseph Cloarec, vice-président du Sysem.

30millions d'euros
Construite sur la zone du Prat, près du centre de tri de La Poste, cette «unité de préparation mécano biologique des déchets» ou «de valorisation organique» va entrer bientôt dans une période de rodage. C'est le groupement Vinci, Sogea, Arcau qui a été retenu après l'appel d'offres pour sa construction. Coût: 30millions d'euros. Le conseil général verse une subvention de 20%. La société Geval, filiale de Véolia, a remporté, de son côté, le marché d'exploitation. Sur le même site, baptisé Vénésys, fonctionne déjà depuis un an le centre de tri de la collecte sélective provenant des bacs jaunes. Ce sont les ordures ménagères qui seront absorbées dans la nouvelle usine. Mais comme on ne peut faire de bon compost qu'à partir de bonnes ordures, il faudra épurer la matière brute par tri mécanique (voir ci-dessous).

Chaleur à vendre
«Cette usine est prévue pour tourner en quasi-autarcie», indique Gilles Tazé, directeur du Sysem. L'eau extraite au cours du traitement sera réutilisée et il n'y aura donc pas de rejet à l'extérieur. Le méthane recueilli alimentera un groupe de cogénération qui fabriquera de l'électricité équivalente aux besoins de l'usine avec achat par EDF. Les ordures produiront aussi de la chaleur qui devrait être revendue au voisin Michelin, des négociations sont en cours. Quant au compost, qui sera livré brut, il devrait intéresser les coopératives agricoles. Dix-sept personnes y travailleront. Ce sera l'une des installations les plus avancées dans cette technologie.

(1) Le Sysem est le syndicat intercommunal chargé de traiter les ordures pour les communes du sud-est du Morbihan.
• Gabriel Simon