Les Secrets de Saint Pierre

Le prix des fonds de commerce s'est maintenu malgré la crise
Les Echos du 1er avril 2011
Le premier baromètre Bodacc sur les « ventes et cessions », réalisé avec Altares, a été présenté hier. En 2010, 44.000 opérations ont été enregistrées, pour un montant moyen de 176.000 euros. La restauration représente un quart des transactions.

Combien vaut aujourd'hui un fonds de commerce ? La crise a pesé sur les volumes, mais pas sur la valeur des commerces et des entreprises cédés, a indiqué hier le premier baromètre du Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc), réalisé avec Altares. Ainsi, si le nombre de « ventes et cessions » s'est stabilisé l'an dernier (+ 0,9 %, à 44.150), il avait connu une chute de 18 % en 2009. En valeur, en revanche, le montant moyen des cessions est resté stable sur toute la période, autour de 176.000 euros. « En dépit de la crise, les chefs d'entreprise ont réussi à préserver le prix de vente le plus adapté à la valorisation de leur entreprise. Ils ont préféré différer une cession plutôt que brader leur activité », analyse Thierry Millon, directeur des études d'Altares.
1,3 million d'euros
Ces chiffres, toutefois, cachent de fortes disparités : si l'étude écarte les valeurs atypiques (les reprises à l'euro symbolique et la vingtaine de transactions supérieures à 10 millions d'euros), le prix médian (qui sépare une population en deux parts égales) d'un fonds de commerce est resté l'an dernier deux fois moins élevé (80.000 euros) que le prix moyen. Le profil type de la cible d'un repreneur est en effet une micro-entreprise (moins de trois salariés) avec un chiffre d'affaires inférieur à 500.000 euros (ou inconnu).
Avec 10.300 transactions en 2010, le secteur de la restauration a représenté près du quart des transmissions (+ 6,6 %). Les débits de boisson ont eux aussi affiché une hausse d'environ 6 %, tant en nombre d'opérations (2.450) qu'en montant moyen (162.000 euros). « Ce secteur, où l'on a tendance à se plaindre - à tort ou à raison -, attire encore un public de repreneurs important », note Thierry Millon. Les prix les plus élevés se retrouvent, de loin, dans le secteur des « soins de la personne et de l'optique », avec un prix moyen d'achat à 1 million d'euros, tiré par les pharmacies (1,3 million). A l'inverse, la métallurgie a affiché l'an dernier une forte baisse (- 26 %) de sa valeur moyenne de cession, à 133.000 euros, s'expliquant cette fois, selon les auteurs de l'étude, par la crise. En revanche, le transport routier de marchandises, qui subit lui aussi un contexte difficile depuis plusieurs années, affiche une forte hausse du montant moyen des transactions (+ 46 %, à 192.000 euros). Métallurgie et transport routier ne représentent que quelques centaines d'opérations par an.
Commandé par la Direction de l'information légale et administrative, le baromètre doit avoir deux vertus : éviter les idées fausses sur la valeur réelle des fonds de commerce, et orienter les politiques territoriales. A cet égard, le Nord et l'Ouest affichent les prix les plus élevés, derrière l'Ile-de-France et PACA.
Le baromètre Bodacc sur lesechos.fr/documentlesechos.fr/document
VERONIQUE LE BILLON

Le boucher recherché et déjà condamné à Port-Louis avait plusieurs identités
Ouest France du 5 août 2011


Enquête
A Port-Louis, il était connu sous le nom de Pascal Benoist, patron de la boucherie Pascal et Fils. Mais en région parisienne, en Haute-Savoie, dans les Alpes-Maritimes, au Cap d'Agde, à Port-Barcarès ou Canet-en-Roussillon, il était connu sous différents patronymes : Jean-Jacques de Saint-Alban, Jean-Jacques Panchtein, Jean-Jacques Ranohtein...
Agé de 53 ans, faisant l'objet de plusieurs fiches de recherche, l'homme aurait collectionné les boucheries et les patronymes depuis une vingtaine d'années. Au total, il aurait pris en gérance une dizaine d'affaires dans toute la France, d'après un article de la Dépêche du Midi, déjà paru en 1999. Il les aurait abandonnées au bout de quelques semaines d'exploitation, arnaquant à chaque fois les fournisseurs.
Il dormait sur un matelas pneumatique
Cet homme a déjà été condamné pour escroquerie, détention frauduleuse de documents administratifs, faux et usages de faux et recel.
Dans l'ancienne boucherie Guehennec, qu'il a reprise il y a cinq mois, il aurait usé du même scénario. Il se serait composé un personnage de circonstances, posant en noeud papillon, un béret sur la tête, se disant être originaire de Corse et « grande gueule », d'après des témoignages recueillis.
Il pratiquait déjà des prix défiant toute concurrence, amassait petit à petit une clientèle, multipliait les commandes aux fournisseurs, avant de mettre la clé sous la porte et de s'enfuir. L'affaire pouvait durer entre un et trois mois, au cours desquels il amassait plusieurs milliers d'euros.
A Port-Louis, où il est resté cinq mois, le patron était aussi peu scrupuleux de l'hygiène, conservant sa viande à température ambiante. Il vivait, avec sa famille, au-dessus de la boucherie, dans des conditions sommaires, dormant sur des matelas pneumatiques. Le boucher était aussi connu pour être un ancien militant FN, « un agitateur public », selon la Dépêche du Midi.
L'homme, en fuite depuis dimanche, serait actuellement recherché dans le sud de la France.
Julia FOUQUET.