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15/06/2011

Télévision, connection Internet ?

Les "étranges lucarnes" en voie de mutation rapide ?

Qui aurait pu prédire il y a 20 ans la transformation de notre vieille télévision ?

Sur le plan matériel, l'arrivée des dalles en "haute définition" a permis l'affichage d'images de haute qualité, ce qui n'était pas le cas sur les vieux tubes cathodiques. Le passage de l'analogique au numérique (TNT) dans la diffusion hertzienne et Internet a grandement facilité la convergence des médias et leur normalisation, le rapprochement entre standards "broadcast" et standards informatique. L'accouplement d'un téléviseur classique avec un ordinateur, lui-même relié à la "toile", donne naissance à un "nouvel objet" inclassable !

La "synchronisation des rythmes" de la société française est en train de vivre ses derniers jours : fini le vide de nos communes au profit du "vingt heures" ! La télévision à la carte est désormais à notre portée.

Que faire aujourd'hui ?

Dans l'attente d'une normalisation naissante (HBBTV), qui propose un "encadrement" des développements logiciels, rien n'est fixé sur les technologies, ni sur les logiciels ! Ira-t-on vers une concurrence des solutions, qui émaille aujourd'hui la bataille des smarthones ? Ou doit-on faire confiance aux acteurs mondiaux de l'informatique, Apple, Google et Microsoft, qui diffusent chacun "sa solution" ?

La "connection à Internet" de la télévision de "papa", risque bien de laisser quelques cadavres sur les chemins de l'hexagone !


Assises de l’AFDESI sur les TV connectées
Publié le 9 juin 2011 et mis à jour le 10 juin 2011 (olivier Ezratty )

Depuis envi­ron un an se suc­cèdent confé­rences et autres assises sur le thème des TV connec­tées. C’est un grand sujet qui agite la pro­fes­sion : les construc­teurs de télé­vi­seurs connec­tés, les opé­ra­teurs télé­coms, et sur­tout les chaines de télé­vi­sion et les autres éditeurs de conte­nus. J’intervenais ainsi lundi 6 juin 2011 aux Assises de l’AFDESI sur les TV Connec­tées, chez TF1, pour modé­rer une table ronde sur la stra­té­gie des acteurs. Ma troi­sième en douze mois après celle du GESTE en avril 2011 et celle de CB Web en sep­tembre 2010. L’AFDESI est une asso­cia­tion euro­péenne qui fait la pro­mo­tion des ser­vices de télé­vi­sion inter­ac­tive. Leurs membres sont sur­tout des éditeurs de ser­vices web et des constructeurs.

Les débats sont per­ma­nents, mais la com­pré­hen­sion des enjeux de la TV connec­tée évolue en paral­lèle. Les menaces des uns (Google TV) s’atténuent tan­dis que d’autres solu­tions émergent (HbbTV) qui deviennent inté­res­santes. On en apprend aussi un peu plus sur les usages adop­tés par les consom­ma­teurs. Nous sommes en tout cas en pleine inno­va­tion de rup­ture dans le sec­teur de la télé­vi­sion. Cela affole cer­tains acteurs. Cela créé des oppor­tu­ni­tés pour eux comme pour d’autres. Ces Assises de l’AFDESI m’ont per­mis de com­plé­ter le pano­rama, mais ce n’est qu’un point d’étape !

Je vais ici faire en un compte rendu et sur­vo­ler les dif­fé­rents enjeux qui y étaient évoqués, par­fois avec quelques digres­sions (en italiques).

Régu­ler ou pas ?
J’avais man­qué le col­loque du 28 avril 2011 orga­nisé par le CSA et qui por­tait sur les besoins de régu­la­tion du sec­teur. L’autorité de régu­la­tion de l’audiovisuel ne fait pas qu’appliquer la loi, elle cherche aussi à la faire évoluer ! La nou­veauté des TV connec­tées et l’impact qu’elles pour­raient avoir sur la chaine de valeur de l’audiovisuel la poussent à réflé­chir à une évolu­tion de la régu­la­tion du sec­teur. Elle est sur­tout pous­sée par le lob­bying des acteurs qui se sentent mena­cés. C’est pour­quoi une mis­sion d’étude sur les TV connec­tées a été confiée par le Minis­tère de la Culture à Marc Tes­sier et qui doit rendre ses conclu­sions à la ren­trée sco­laire 2011.

Dans les assises de l’AFDESI, Emma­nuel Gabla du CSA nous fai­sait une piqure de rap­pel en évoquant les nou­veaux enjeux de régu­la­tion dans un envi­ron­ne­ment qui est loin d’être homo­gène en Europe. Pour lui, le suc­cès des TV connec­tées est déjà acquis, ce n’est qu’une ques­tion de temps. Même si la forme de ce suc­cès me semble encore bien incertaine !

Les ten­ta­tions de régu­la­tion visent sur­tout à limi­ter les risques pesant sur le finan­ce­ment de la créa­tion qui repose aujourd’hui en grande par­tie sur les chaines de TV, et un peu sur les FAI via la taxe “COSIP”. Sachant qu’on a ten­dance à mettre dans le même sac le finan­ce­ment du cinéma, des infor­ma­tions et des docu­men­taires, des séries TV et aussi de la télé réa­lité. Selon le point de vue, on peut se sou­cier plus de cer­tains et moins des autres !

Si la chaine de valeur évolue au détri­ment des chaines TV, c’est le finan­ce­ment (public) de la créa­tion qui est menacé ! En ligne de mire, les ser­vices glo­baux que sont Google mais aussi Net­flix. Les chaines TV cherchent aussi à limi­ter les effets du pira­tage des conte­nus sur les TV connec­tées. Enfin, et cela concerne sur­tout les ser­vices de vidéo à la demande, l’harmonisation de la TVA est néces­saire pour que tous les acteurs jouent sur un pied d’égalité. Elle devrait s’appliquer en Europe par appli­ca­tion d’un taux de TVA au niveau du pays d’où pro­vient la commande.

Emma­nuel Gabla a aussi com­menté les réac­tions acri­mo­nieuses sur la déci­sion récente du CSA concer­nant la cita­tion des ser­vices de Face­book et Twit­ter. Selon lui, le CSA n’a jamais dit qu’on ne pou­vait pas les citer ! Mais seule­ment lorsque son évoquées les pages ou flux des chaines et pro­grammes rela­tif à ces ser­vices. Ce qui n’empêche pas que cette lec­ture bien poin­tilleuse de la loi sur la publi­cité dégui­sée reste bien déca­lée par rap­port à la réa­lité. Et la presse anglo-saxonne qui nous a jus­te­ment épin­glé sur cette déci­sion était pour­tant bien pré­cise sur la nature de l’interdiction !

Pas­cal Rogard de la SACD évoquait en milieu d’après-midi le risque de remise en cause de l’HADOPI – qu’il craint - mais se dit prêt à expé­ri­men­ter un assou­plis­se­ment de la chro­no­lo­gie des médias tout en met­tant en garde contre le risque du rou­leau com­pres­seur d’Hollywood.

Je trouve que l’on met un peu la char­rue avant les bœufs. Dans une approche très fran­çaise assez averse au risque, on veut régu­ler à outrance alors que le risque évoqué n’est même pas avéré et que les usages et le mar­ché n’ont pas encore décollé. Le légis­la­teur a ainsi le don de créer des dis­po­si­tions qui ralen­tissent la dif­fu­sion d’innovation. La taxe sur la copie pri­vée qui s’applique aux disques durs des set-top-boxes explique par exemple en par­tie le retard dans les usages de l’enregistreur de TV numé­rique en France (PVR). En plein, on pourra cepen­dant por­ter au cré­dit du CSA la volonté d’éviter que le légis­la­teur soit encore un train en retard par rap­port aux évolu­tions tech­no­lo­giques comme c’est géné­ra­le­ment le cas.

L’autre point inquié­tant concer­nant la régu­la­tion est que celle-ci risque de dépas­ser son cadre nor­mal consis­tant à créer des règles du jeu équi­tables. Les chaines sou­haitent expli­ci­te­ment éviter que l’offre de conte­nus ne se déve­loppe. Tan­dis que les grandes ont souf­fert de la TNT, Alain Weil de BFM-TV (qui inter­ve­nait au col­loque du CSA) vou­drait d’abord élar­gir l’offre hert­zienne avant que l’on passe à l’hyper-choix de ser­vices via les TV connec­tées. Tout cela génère un désa­gréable par­fum d’acteurs cher­chant à limi­ter l’arrivée d’innovations dans les mains des télé­spec­ta­teurs que nous sommes alors pour­tant que les couts de pro­duc­tion de cer­tains conte­nus est en nette baisse. Bref, limi­ter le jeu natu­rel de la concur­rence entre acteurs des conte­nus. Le légis­la­teur devrait comme c’est un peu plus le cas aux USA se poser la ques­tion de la pro­tec­tion du consom­ma­teur avant de pro­té­ger les posi­tions acquises des acteurs économiques.

Fort heu­reu­se­ment, Marc Tes­sier (ci-dessus) concluait ces Assises en pro­po­sant une évolu­tion de la régu­la­tion semble-t-il un peu plus équi­li­brée, s‘appuyant sur quelques prin­cipes ou obser­va­tions de bon aloi :

Tout ce qui frag­mente l’offre au point de réduire le choix du consom­ma­teur n’est pas bon. L’expérience est la pire quand un contenu que l’on désire n’est pas dis­po­nible sur son écran de télé­vi­sion à cause de sa marque. Il rap­pelle l’époque des débuts de Canal+ (dont il était le DG) où l’arrivée de la chaine payante a bru­ta­le­ment fait dis­pa­raitre les TV sans prise Péri­tel en trois mois.
L’exigence d’une bonne régu­la­tion est avant tout de pro­té­ger le consom­ma­teur. Il faut lui don­ner la pos­si­bi­lité de sor­tir de son choix. Ce d’autant plus qu’une TV est conser­vée de nom­breuses années avec un cycle de vie bien plus long qu’un télé­phone ou même qu’un ordi­na­teur. Il fau­dra pou­voir chan­ger de ser­vice ou de conte­nus pen­dant la durée de pos­ses­sion de cette TV. On pour­rait remar­quer au pas­sage que le pro­blème qui se pose actuel­le­ment est plu­tôt leur péren­nité. Comme les construc­teurs font évoluer leur archi­tec­ture d’applications tous les ans, la base ins­tal­lée est sou­vent délais­sée. L’architecture de mon télé­vi­seur coréen connecté “vieux” de deux ans ne sup­porte pas les nou­velles appli­ca­tions du por­tail géné­ra­tion 2011 !
Il y a plu­sieurs manières de consom­mer des conte­nus dans les foyers. Et il y a plein de types de foyers et de gens dans les foyers. Il faut s’adapter à la diver­sité des foyers dans les usages. Cela s’inscrit dans un rap­pel simple : tout le monde n’a pas accès au haut débit ! Il se réjouit de la pres­sion sur les prix créée par l’IPTV. Dans la bataille à venir, les prix vont bais­ser (pour l’accès aux conte­nus et services).
Il faut s’assurer une juste répar­ti­tion de la valeur, mais sans créer de répar­ti­tion arbi­traire. Il faut res­pec­ter le droit des auteurs et assu­rer le finan­ce­ment autant des réseaux que de la créa­tion. Et ne pas confondre la “non dis­cri­mi­na­tion” (impos­si­bi­lité de favo­ri­ser tel ou tel ser­vice dans les tuyaux) et le “must carry” (obli­ga­tion de trans­por­ter tout ser­vice dans les réseaux). On peut faire du must carry tout en étant dis­cri­mi­nant. On touche là à une corde sen­sible de la net neu­tra­lité. Cela devrait faire débat !

La régu­la­tion et les négo­cia­tions asso­ciées vont être inter­na­tio­nales. On ne pourra pas impo­ser des règles propres à la France. Il va donc fal­loir se créer un “cor­pus régu­la­toire fran­çais” ven­dable à nos par­te­naires internationaux.
Le satis­fe­cit sur HbbTV

HbbTV a été cité de nom­breuses fois lors de ces Assises de l’AFDESI. Tout d’abord, Emma­nuel Gabla s’est féli­cité de l’approche de nor­ma­li­sa­tion qui a amené HbbTV à être adoubé par l’organisme de nor­ma­li­sa­tion euro­péen ETSI et avec un bel exemple de tra­vail col­lec­tif asso­ciant la France et l’Allemagne. Et de citer aussi bien l’expérimentation Mes­Ser­vi­cesTV qui va être lan­cée par l’AFDESI que celle de France Télé­vi­sion à Roland Garros.

Il regrette cepen­dant que la voie hert­zienne ne soit pas plus uti­li­sée pour envoyer des conte­nus. Il trouve qu’il fau­drait dif­fu­ser un maxi­mum d’informations par voie hert­zienne. Les usages bas­cu­le­ront sinon trop rapi­de­ment sur ADSL si tout vient de l’Internet. Une bien curieuse manière de poser le pro­blème. J’aurais pré­féré qu’il nous dise qu’il faut aussi ali­men­ter en conte­nus “riches” les télé­spec­ta­teurs qui sont peu ou mal connec­tés à Inter­net ! Et à vrai dire, le faible usage du canal hert­zien par France Télé­vi­sion n’était qu’un choix tem­po­raire pour mener cette expé­ri­men­ta­tion. Pas une reli­gion sur le déploie­ment des ser­vices HbbTV en production.

Sinon, Gilles Mau­gars, DGA de TF1 en charge des moyens tech­niques, saluait le tra­vail de France Télé­vi­sion réa­lisé à Roland Gar­ros. Et Phi­lippe Alca­ras le pré­sident de l’AFDESI citait le mil­lion de TV com­pa­tibles HbbTV déjà vendu en Alle­magne et l’adoption d’HbbTV en Espagne.


Nous avons eu droit à une inté­res­sante inter­ven­tion de Klaus Mer­kel de la R&D de l’IRT (Ins­ti­tut für Rund­funk­tech­nik, basé à Munich), un ins­ti­tut alle­mand de recherche dans les tech­niques de broad­cast radio et TV, sorte de joint-venture des broad­cas­ters alle­mands, sur­tout issus du sec­teur public.

HbbTV est opé­ra­tion­nel en Alle­magne depuis 2010. Plus de 20 maté­riels le sup­portent, aussi bien des TV connec­tées que des set-top-boxes. Le tout pour une récep­tion par le câble (domi­nant en Alle­magne), le satel­lite et enfin la TNT. Il y a 41 appli­ca­tions HbbTV de déployées dont la moi­tié pro­ve­nant du groupe public ARD. Les ser­vices (grille ci-dessus) sont assez variés : des com­plé­ments sur les pro­grammes en cours, un guide de pro­gramme pour la chaine Das Erste, de la télé­vi­sion de rat­tra­page pour ARTE et aussi pour la chaine pri­vée Pro7 (avec publi­cité affi­chée autour, voir ci-dessous), de la vidéo à la demande (avec Max­dome, le lea­der de la VoD en Alle­magne), de la musique (Music­box), des infor­ma­tions sur les voyages, sur la cui­sine, etc. L’écosystème HbbTV com­prend sinon 18 SSII qui déve­loppent les appli­ca­tions cor­res­pon­dantes. Nous avons donc à la fois des ser­vices HbbTV qui enri­chissent les chaines TV et des ser­vices qui en sont décon­nec­tés. Reste à savoir com­ment fonc­tionne le por­tail d’accueil de l’ensemble de ces ser­vices et qui l’opère !

De son côté, Sté­phane Coque­rel pré­sen­tait une ini­tia­tive locale en France avec le ser­vice HbbTV de T-Seniority qui agrège des conte­nus de la chaine locale Nor­man­die TV en rat­tra­page, du contenu local pro­ve­nant du Conseil Géné­ral et à des­ti­na­tion des per­sonnes âgées, des sites d’information (Wiki­Manche, Man­che­Santé, …), ainsi que des infor­ma­tions d’alerte en cas d’évènement impor­tant). Le ser­vice peut dif­fu­ser de la publi­cité ultra-ciblée géo­gra­phi­que­ment. Il s’appuie notam­ment sur deux star­tups du sec­teur de la TV numé­rique : HTTV qui équipe la tête de réseau et Hyper­pa­nel qui intègre son midd­le­ware dans les set-top-box dédiées au ser­vice. Le retour d’expérience est d’ailleurs que cela reste com­pli­qué de connec­ter la box à Inter­net. Je doute du suc­cès à grande échelle d’une telle approche, avec une set-top-box dédiée. Mais ce n’est qu’une expérience !

La moné­ti­sa­tion des ser­vices des TV connectées
Plu­sieurs méthodes de moné­ti­sa­tion des ser­vices des TV connec­tées existent : l’indirecte avec la publi­cité et la directe avec des ser­vices payants.

Le ser­vice peut être gra­tuit et com­plé­ter une autre fran­chise pro­fi­table, comme cela semble être le cas pour l’Equipe, repré­senté par Sébas­tien Valère. Ils ont créé leur pre­mière appli­ca­tion de TV connec­tée avec SFR, puis sur les TV connec­tées elles-mêmes (les déve­lop­pe­ments étant réa­li­sés par Wiz­Tivi). Avec des conte­nus qui asso­cient pour l’instant textes et pho­tos, ali­men­tés par la rédac­tion qui fait plus de 300 jour­na­listes (plus que tous les grands quo­ti­diens… !). Il doit y avoir tout de même de la publi­cité, mais ne cou­vrant pas tous les frais car l’audience est pour l’instant rela­ti­ve­ment faible sur les TV connectées.

C’est lorsqu’un ser­vice ou un contenu devient payant, sur­tout de manière tran­sac­tion­nelle, que les choses se com­pliquent sur les TV connec­tées. Pour Oli­vier Binet de Pay­pal, la sécu­rité est un point essen­tiel pour les moyens de paie­ment. Ils tra­vaillent en Europe avec Sam­sung et aussi sur la XBOX. Mais il faut se log­ger pour pro­fi­ter de ces ser­vices ! Selon Mathieu Dubreu d’ATOS Ori­gin, le FAI est un opé­ra­teur mieux posi­tionné pour le paie­ment des ser­vices car il per­met de s’affranchir de la phase d’identification du foyer ou de l’utilisateur.

Enfin, Sté­phane Mar­tin (ci-dessus) qui repré­sente l’ARPP (ex BVP) pri­vi­lé­gie l’approche de l’autorégulation pour ce qui est de la publi­cité et de ses évolu­tions, notam­ment pour ce qui est de la pro­tec­tion de cer­tains publics. Les TV connec­tées per­met­tront d’ailleurs d’exprimer des plaintes sur les conte­nus des publi­ci­tés de manière inter­ac­tive via les TV connec­tées. Rendez-vous à l’Uni­ver­sité d’Eté du SNPTV du 26 juin 2011 pour en savoir plus !

Com­ment faire évoluer les guides de programmes ?

C’est un sujet rare­ment évoqué dans les col­loques et pour­tant très impor­tant. Ces guides sont une com­po­sante clé de l’expérience uti­li­sa­teur dans les set-top-boxes (FAI, satel­lite, câble) et dans les TV connec­tées ! C’est d’ailleurs clai­re­ment un point faible de solu­tions comme Google TV et Apple TV qui ne gèrent pas direc­te­ment la récep­tion de la TV broadcastée.

Yann Lou­souarn de Bouygues Tele­com (ci-dessous) était le plus disert sur les nou­veaux ser­vices à appor­ter dans les guides de pro­grammes élec­tro­niques (EPG – elec­tro­nic pro­gram guides). Ils ne concernent pas que le direct : il faut leur inté­grer la TV de rat­tra­page ainsi que la vidéo à la demande. Pour un FAI, avant même d’augmenter les reve­nus, il s’agit de pous­ser le consom­ma­teur à pro­fi­ter de l’expérience glo­bale de l’opérateur pour réduire le “churn” (taux de désa­bon­ne­ments). Se pose la ques­tion d’avoir des guides de pro­grammes inté­grés (on dira “hori­zon­taux”) ou bien orga­ni­sés par chaines (ce qui est le cas pour la TV de rat­tra­page aujourd’hui) ou par thème (comme chez Numericable).

L’inégale qua­lité des infor­ma­tions conte­nues dans les guides de pro­gramme a été ensuite évoquée. Dans la TNT, elle dépend des chaines. Cer­taines pro­posent sept jours de pro­grammes glis­sants et d’autres uni­que­ment le pro­gramme en cours et le sui­vant. Le CSA a demandé d’améliorer le guide des chaines TNT qui est très pauvre. Un pro­jet est en dis­cus­sion dans le HD Forum. La faible qua­lité des guides de pro­gramme de la TNT est peut-être due au fait que la TNT est rare­ment uti­li­sée conjoin­te­ment avec un enre­gis­treur (que ce soit dans une TV TNT, un Media Cen­ter ou une set-top-box à disque dur et tuner TNT). Un guide glis­sant de 7 ou 15 jours est sur­tout utile avec un enre­gis­treur ! Sinon, la pau­vreté des infor­ma­tions vient en géné­ral de celle des sys­tèmes d’information des chaines TV. Cer­taines gèrent encore leur pro­grammes dans de simples tableaux Excel… !

Les agré­ga­teurs de conte­nus comme les FAI font de leur côté appel à des four­nis­seurs de don­nées qui col­lectent celles-ci auprès des chaines. Les guides sont géné­ra­le­ment neutres édito­ria­le­ment. Ils peuvent être enri­chis de fonc­tions de recom­man­da­tion comme avec les sys­tèmes de Gra­vity (repré­senté par Peter Csiko dans la table ronde).

Daniel Daum du groupe Prisma Presse repré­sen­tait de son côté une acti­vité en déclin : celle des pro­grammes TV papier. L’un de leurs titres est passé de deux à un mil­lions de ventes heb­do­ma­daires en quelques années. Le groupe doit s’adapter aux nou­veaux usages numé­riques et rapi­de­ment déma­té­ria­li­ser son offre, notam­ment sur les tablettes. Mais on sent que le sec­teur ne se bouge pas assez vite ! Il y a tant d’innovations à créer pour créer des guides de pro­grammes riches et édito­ria­li­sés sur sup­ports élec­tro­niques, en liai­son avec les set-top-boxes et TV connec­tées, au-delà des bien ennuyeux guides que l’on trouve sur le web.

En tout état de cause, les guides de pro­grammes ont voca­tion à s’enrichir consi­dé­ra­ble­ment. Rien que pour la VoD, ils peuvent com­prendre à la fois des conte­nus riches (cri­tiques, bandes annonces, pho­tos, navi­ga­tion hyper­texte dans le cas­ting) et sociaux (évalua­tions, com­men­taires). Et ils ont voca­tion à être uti­li­sés sur tablettes et smartphones.

L’enjeu de la VOD et de la catchup
La vidéo à la demande et la télé­vi­sion de rat­tra­page sont les deux pre­miers usages des TV connec­tées, que la connexion vienne de la TV ou d’une set-top-box atta­chée. Daniel Sco­lan de Wiz­Tivi rap­pe­lait ainsi qu’il y a 11 mil­lions d’utilisateurs de TV de rat­tra­page en France ! Et on a une bonne expé­rience avec les usages de l’IPTV qui consti­tue une base ins­tal­lée de “TV connec­tées” même si la connec­ti­vité uti­li­sée ne vient pas de l’écran de TV.

Dans la table ronde sur ce sujet, Laurent Sor­bier de MyS­kreen insis­tait sur le suc­cès des ser­vices “non linéaires” aux USA, qui com­mencent à rem­pla­cer les abon­ne­ments au câble, que ce soit avec Hulu (20 mil­lions de visi­teurs uniques et $260m de revenu) ou avec Net­flix (23 mil­lions d’abonnés, 7% de résul­tat net sur $2,2B de CA). L’offre pre­mium y fonc­tionne bien. Et le mar­ché ne va que se déve­lop­per, que cela soit au tra­vers des TV connec­tées ou des tablettes. MyS­kreen se posi­tionne comme un agré­ga­teur de conte­nus de toutes sortes avec 55 pla­te­formes de VoD, 26 pla­te­formes de cat­chup et 280 sources pro­fes­sion­nelles de vidéo. C’est une solu­tion d’agrégation “hori­zon­tale” de conte­nus très inté­res­sante ame­née à se dif­fu­ser en marque blanche.

Gré­gory Dor­cel (ci-dessous) a fait rapi­de­ment évoluer le mix de dif­fu­sion de sa mai­son d’édition de films pour adultes : de 70% sur DVD il y a 5 ans à 65% du CA en VoD. Le DVD adulte est mort à cause du pira­tage et aussi parce qu’il n’était pas dis­po­nible dans la grande dis­tri­bu­tion et seule­ment dans les réseaux loca­tifs, un mar­ché qui s’est aussi effon­dré. Ils se sont lancé dans la Vod dès 2001 avec une stra­té­gie de “conte­nus pre­mium”. Sachant qu’ils n’ont pas de sou­cis de chro­no­lo­gie des médias. Les films sortent direc­te­ment en VoD et DVD. Avec des for­mules à 8,5€ en VoD à la séance et de 20€ à 30€ par mois en SVOD (souscription/abonnement de vidéo à la demande). La majo­rité de la consom­ma­tion reste tou­te­fois illé­gale, le légal ne repré­sen­tant que 10% à 15% du total. Mais pour Rémi Teresz­kie­wicz de Video­fu­tur, le DVD “nor­mal” meurt moins vite et se renou­vèle avec les Blu-ray et la 3D. Et les pra­tiques de consom­ma­tion sont très dépen­dantes de l’âge.

Tris­tan Du Laz de TF1 Vidéo évoquait quant à lui une évolu­tion iné­luc­table de l’offre. Le mar­ché de la VoD fran­çais est estimé à 152m€ par GFK (il doit y man­quer Free qui repré­sente aux alen­tours du tiers de ce total) tan­dis que le mar­ché de la vidéo phy­sique est de 1,4Md€. Ce mar­ché est trop orienté à la loca­tion “à la séance”, qui plus est avec une fenêtre de pre­mière dif­fu­sion qui est très étroite – et de plus en plus chère - dans la chro­no­lo­gie des médias, tan­dis que la seconde fenêtre est moins chère. La pro­por­tion des abon­ne­ments devrait aug­men­ter. On va même s’orienter pro­ba­ble­ment vers des for­mules d’abonnement illi­mi­tées “tous écrans”. Avec la lar­geur de cata­logue cou­verte, c’est en effet un fac­teur clé de déve­lop­pe­ment de la consom­ma­tion de conte­nus “legit”.

La stra­té­gie des grands acteurs
J’animais la der­nière table ronde de ces Assises, avec des repré­sen­tants d’Orange, TF1, France Télé­vi­sion, Sam­sung, NDS et DotS­creen (vidéo dis­po­nible sur le site Cape­Calm de Marie Rufo). L’idée était de mieux com­prendre la stra­té­gie de ces dif­fé­rents acteurs. Mal­gré la situa­tion de concur­rence qui peut les oppo­ser, on les retrouve sou­vent par­te­naires. On est en pleine situa­tion de “coopé­ti­tion”. Le tout dans un envi­ron­ne­ment plus serein alors que la menace de Google TV semble – au moins momen­ta­né­ment – s’estomper.

Roberto Mauro de Sam­sung pré­ci­sait que le lea­der mon­dial de l’électronique grand public n’avait pas de visées sur la chaine de valeur des conte­nus et ser­vices. Seule­ment, de vendre des pro­duits com­pé­ti­tifs et sup­por­tant les grands stan­dards du mar­ché. Il pro­pose sinon une expé­rience multi-écrans de plus en plus inté­grée. Une TV Sam­sung de der­nière géné­ra­tion peut ainsi envoyer des conte­nus à une tablette Sam­sung sous Android. Soit le live, soit ce qui pro­vient de sup­ports de conte­nus connec­tés à la TV (en HDMI).

Nico­las Pae­pe­gaey d’Orange citait de son côté les dif­fé­rentes formes de par­te­na­riats avec les construc­teurs de TV connec­tées, à com­men­cer par LG Elec­tro­nics, et qui devraient s’étendre à d’autres construc­teurs. Est-ce la mort annon­cée des set-top-boxes TV des FAI ? Pas encore, bien sûr ! Mais ces box ne sont pas seules. Un FAI se doit natu­rel­le­ment de sup­por­ter les dif­fé­rents écrans dans les foyers. Il est même très bien placé pour pro­po­ser des expé­riences multi écrans à ses clients.

Chez TF1 repré­senté par Sté­phane Cadoch, on est passé pro­gres­si­ve­ment d’une atti­tude plu­tôt alar­miste à une approche prag­ma­tique. Ils ont lancé un par­te­na­riat avec Sam­sung l’année der­nière. Ils vont aussi se lan­cer dans des expé­ri­men­ta­tions HbbTV. Ils sont enfin inté­res­sés par les solu­tions multi-écrans d’autant plus qu’un grand nombre de leurs pro­grammes se prêtent bien à de nou­velles interactivités.

Sté­phane Léri­don de la société de ser­vices DotS­creen qui créé des appli­ca­tions sur mesure pour les éditeurs de conte­nus et pour toutes sortes d’écrans (TV connec­tées, tablettes, web) remar­quait que la frag­men­ta­tion du mar­ché des TV connec­tée était dans les faits bien moins gênante que dans les mobiles. On pense qu’Android est une pla­te­forme homo­gène dans les smart­phones alors que ce n’est pra­ti­que­ment pas le cas. A l’exception de Sony et Pana­so­nic, les por­tails appli­ca­tifs des construc­teurs de TV connec­tées s’appuient sur les stan­dards du web (HTML, CSS, JavaS­cript). De plus, les TV connec­tées n’ont pas voca­tion à dis­po­ser d’offres appli­ca­tives aussi riches que sur les mobiles. Selon lui, c’est une sagesse des construc­teurs d’en limi­ter la taille (en nombre d’applications). Mais c’est peut-être plus pro­saï­que­ment un pro­blème de res­sources et le manque d’habitude de tra­vailler avec les développeurs.

Pour Eric Sche­rer de France Télé­vi­sion, l’opération HbbTV de Roland Gar­ros est sur­tout une expé­rience. Elle s’est arrê­tée à la fin de la com­pé­ti­tion et d’autres pren­dront le relai, comme TF1. Est-ce que ce stan­dard est plu­tôt poussé par les chaines publiques (cela semble le cas en Alle­magne, et l’homologue de HbbTV au Royaume Uni, You­View, est sur­tout sou­tenu par la BBC) ? Pas vrai­ment et la situa­tion dans chaque pays est dif­fé­rente. HbbTV peut-il deve­nir un outil d’homogénéisation des pla­te­formes des construc­teurs voire deve­nir la souche de por­tails appli­ca­tifs ? Il est encore trop tôt pour le dire, et chaque chose en son temps ! Bref, l’approche autour d’HbbTV est pru­dente ou tout du moins modeste chez France Télévision.

Enfin, Oli­vier Lacour de NDS rap­pe­lait que le mar­ché de la télé­vi­sion payante conti­nue à bien se por­ter et à adop­ter les concepts de la télé­vi­sion connec­tée avec des set-top-boxes dites hybrides. Le mar­ché amé­ri­cain qui a connu une décrue des abon­nés au câble (400000 abon­nés en moins en 2010) est un peu par­ti­cu­lier (le gain est passé au satel­lite, à l’IPTV et aux solu­tions over-the-top type Roku et Apple TV). Dans le monde de la TV payante, l’expérience uti­li­sa­teur peut aussi être homo­gène d’un écran à l’autre. C’est le sens de l’offre Snow­flake de NDS, dont il est à l’origine.

Et après ?
Ce compte-rendu un peu long n’évoquait qu’un bout des enjeux autour des TV connec­tées. Le sujet est éminem­ment com­plexe, pas­sion­nant et mouvant !
Le jour même de cette confé­rence, Micro­soft annon­çait à l’E3 de Los Angeles (salon du jeu vidéo) que la pay-tv de Canal+, Sky au Royaume-Uni et Fox­Tel en Aus­tra­lie serait dif­fu­sée en “live strea­ming” sur les XBOX 360 des abon­nés. C’est une évolu­tion inté­res­sante et il ne serait pas éton­nant qu’Apple et Google fassent de même avec d’autres four­nis­seurs de conte­nus. C’est évidem­ment le résul­tat d’accords bila­té­raux entre ces acteurs tech­no­lo­giques et chaines de TV ou ayant droits de contenus.

Et comme d’habitude, mes pho­tos de la confé­rence sont dis­po­nibles sur Dar­q­room. Quand j’y suis, c’est Michel Safars d’IT- Trans­la­tion (INRIA) qui est aux com­mandes de mon Canon !

Publié le 9 juin 2011 Post de Olivier Ezratty | Apple, Digital media, Google, Haut débit, Innovation, Internet, Microsoft, TV et vidéo, USA | Pas de commentaires

Commentaires

A quoi sert de s'extasier devant la technique si le contenu reste aussi désespérement banal ? De la TV réalité en TNT ou pas, HD ou pas cela reste un brouet bien clair.

Vous me faites penser à un vendeur de voitures d'occasion qui veut à tout prix vendre un coupé à un couple avec trois enfants.

Autre point. Cette fameuse TV à la carte qui va permettre de changer nos rythmes de vie - ce qui me semble relever de l'élucubration - ne sera accessible qu'aux foyers aisés car elle ne sera pas gratuite ! Ainsi il y aura une TV pour les riches - novatrice, culturelle - et une TV pour les pauvres. TV encore plus médiocre que celle que nous subissons actuellement. Tout comme nous nous acheminons vers une santé à deux vitesses, des retraites à deux vitesses...

J'imagine que vous avez la chance d'être du "bon côté" du manche ce qui justifie votre enthousiasme brouillon et enfantin. Moi aussi merci ! Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se préoccuper des autres

Écrit par : Isa | 15/06/2011

La "banalité" des contenus ne sera plus subie ! la dictature des programmes est enterrée ! Et à mon avis la fracture audiovisuelle n'est pas là où vous la situez : celle des goùts et des envies à la portée de tous ! A condition que l'éducation soit menée par des parents attentifs et vers l'excellence ! C'est la fin de l"audimat, qui tire vers le bas le contenu actuel de notre production audiovisuelle !*A vous de savoir "déguster" !

Écrit par : jeanbart | 15/06/2011

Que c'est beau! On dirait du Jean-Berty!

Écrit par : JPD | 15/06/2011

@ A Isa : vous avez raison les gens aisés auront le choix.
Mais je ne pense pas qu'ils feront tous le bon
j'en connais qui se gaussent de la téléréalité et autres feux de l'amour et qui les regardent derrière leurs grands portails bien fermés
Ce sera en revanche bien dommage pou rles nombreuses personnes cultivées n'ayant pas les moyens.
Fran

Écrit par : fran | 15/06/2011

Moi j'ai toujours mes téléviseurs a tube cathodiques,2 un petit 36 cm dans ma cuisine et un autre de 55 cm dans mon salon,vu les progammes,ça me suffit emplement,a quoi sert la Hd si les programmes sont nuls,la tv a la carte trés peu pour moi,déja je nen ai pas les moyens et je ne voie pas rester planter des heures devant une télé,seul certains sports et des documentaires m'intéressent,je préfére prendre mon vélo ,rouler pendant 3 h,voir des paysages,la mer,des oiseaux ,des lapins,des faisants,le matin dans les chemins fonds,respirer le bon air tout en faisant un effort pour m'entretenir,mon corps et mon esprit.Si on pouvait revenir 40 ans en arriére ce serait parfait,3 chaines de télé,et beaucoups plus de contactsl avec les voisins,de solidaritée,maintenant c'est chacun pour soi,le monde change mais en mal,ce n'est que mon avis,mais je pense que des gens pensent comme moi.
Kenavo

Écrit par : jeansyscan | 15/06/2011

@jeanjy
si tu te souviens bien il y a quelque semaines beaucoup de presqu'iliens "étaient sans internet/Téléphone/télé parceque lors de travaux à pouharnel, la fibre (c'est ce qu'ils ont di) avait été accidentellement bousillée!!!
alors je préfère la télé herzienne cr n'importe comment je l'écoute plus que je ne la regarde

Écrit par : fran zainal | 15/06/2011

Excellent article sur ce magnifique objet qu'est la télévision : merci beaucoup !

Écrit par : TV Gratuite | 13/04/2012

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