21/05/2016
Prix de marché et coût des investissements !
EDF, au vu de la baisse du prix de l'énergie, a tout intérêt à réduire ses investissements...
La construction d'un EPR revient aujourd'hui (selon les critères du projet anglais de Hinkley Point) à 12 milliards d'euros. Le remplacement du parc des 58 centrales actuelles serait donc de l'ordre de 700 milliards d'euros ! soit sur une durée de vie de 40 ans, un amortissement annuel de 17 milliards d'euros !
Un EPR de 1600 MW produit environ 7 milliards de MW/heure par an. Soit 2 euros le MW/heure, pour l'amortissement du matériel. Pour un prix de vente d'au moins 30 euros !
La marge est donc fort coquette pour assumer les coûts de fonctionnement (combustible, personnel, autres entrants), ainsi que la rentabilité du projet...
La difficulté dans le nucléaire vient donc du financement des sommes engagées sur 40 années de fonctionnement et de la difficulté de trouver une "prêteur" de confiance.
EDF choisit donc malheureusement le "grand carénage" plutôt que le réinvestissement dans le neuf !
Certainement un choix de "pauvreté" !
EPR anglais, le coût et la rentabilité en débat
Les Echos du 13 mai 2016
Hinkley Point - REX/London News Picture/REX/SIPA
L’électricien public tenait son assemblée générale jeudi. Le PDG d’EDF s’est appliqué à vendre l’opération à ses petits actionnaires
Sur la place Colette, à quelques mètres du Carrousel du Louvre (Paris) où se déroulait l'assemblée générale d'EDF jeudi, les touristes chinois prenaient en photo, visiblement intéressés, les manifestants CGT et FO venus appeler à « un changement de cap pour la défense du Service Public Républicain " . Dans la salle de l'assemblée générale, l'ambiance était, elle, moins passionnée que ne pouvait le laisser augurer la chute du cours de Bourse - divisé par deux en un an.
Alors que les syndicats ont obtenu en avril d'être consultés sur le projet à 18 milliards de livres (23 milliards d'euros) de construction de deux EPR à Hinkley Point (Grande-Bretagne), décalant la décision finale d'investissement de quelques mois, le PDG d'EDF s'est appliqué à vendre l'opération à ses petits actionnaires, l'Etat - propriétaire à 85 % - étant de toute façon convaincu. « La rentabilité est de 9 % par an, après impôts, sur une durée de soixante-dix ans " , a rappelé Jean-Bernard Lévy.
Plus tôt le matin, dans un communiqué sollicité par l'Autorité des marchés financiers, EDF avait indiqué que « l'engagement en fonds propres des partenaires comprend une marge pour aléas et atteindrait ainsi un montant total de 13,8 milliards de livres pour le groupe EDF et 6,9 milliards de livres pour CGN [son partenaire chinois, NDLR] " , soit 15 % au-delà du budget prévu. Une « pratique normale et prudente dans tout projet d'infrastructure que de s'assurer que le financement sera toujours disponible, y compris dans des scénarios extrêmes », a indiqué après la clôture de la Bourse EDF, précisant que le coût de 18 milliards de livres « n'a pas changé » et a « toujours intégré une marge pour aléas ".
Rentabilité amputée
Selon une source au fait du dossier, la rentabilité de 9,2 % du projet intègre autour de 15 % de marges pour aléas. Jean-Bernard Lévy a confirmé que cette rentabilité serait amputée de 0,2 point par semestre de retard sur le chantier . L'évolution de l'inflation pourrait aussi minorer la rentabilité attendue : tandis que EDF estime que le prix d'achat de l'électricité produite à Hinkley Point sera réévalué de 2,5 % par an, une inflation de 1 point inférieure grèverait la rentabilité du projet de 1 point, selon nos informations.
Plafonnée à 450.000 euros en raison des dispositions sur les entreprises publiques, la rémunération de Jean-Bernard Lévy, elle, n'a pas fait débat. Au sein du groupe, 64 salariés sont mieux payés que leur PDG, a indiqué l'électricien dans une réponse aux questions écrites des actionnaires.
EDF défend la rentabilité de la rénovation de ses centrales
Les Echos du 19 mai 2016
La centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime) est la première à inaugurer le programme dit du « grand carénage » d’EDF. - EDF / Marc Didier
Le programme de 51 milliards d’euros du "grand carénage" arrive en pleine chute des prix de l’électricité.
Tandis que tous les énergéticiens européens estiment que le niveau des prix de marché de l'électricité ne leur permet plus d'investir dans de nouvelles capacités de production, EDF a défendu, jeudi, la rentabilité du « grand carénage », son programme d'investissement de 51 milliards d'euros sur la période 2014-2025, destiné à prolonger au-delà de 40 ans la durée d'exploitation des 58 réacteurs nucléaires du parc français. « C'est le meilleur investissement, la solution la plus économique pour produire de l'électricité entre 2020 et 2030 », a expliqué Dominique Minière, directeur exécutif groupe d'EDF, en charge du parc nucléaire et thermique.
Une fois les investissements réalisés, le « coût cash opérationnel » de la production nucléaire (couvrant le fonctionnement et les investissements nouveaux) se situera entre 30 et 40 euros par mégawattheure (MWh), selon Dominique Minière, et atteindra environ 55 euros/MWh en tenant compte du coût complet économique. Alors que près des deux-tiers du chiffre d'affaires d'EDF est désormais exposé à ces prix de marché, et non plus régulé, ces coûts sont plus élevés que le prix de l'électricité sur le marché de gros, qui évolue autour de 30 euros/MWh pour livraison ces trois prochaines années. Mais « la rentabilité du grand carénage ne se regarde pas à deux ans », estime Dominique Minière, qui parie sur un rebond à moyen terme des cours des matières premières (pétrole, gaz, charbon), et qui table sur l'instauration annoncée d'un prix plancher du carbone en France, qui doit pousser les cours de l'électricité à la hausse.
Amélioration des comptes
Alors que son principe a été adopté en conseil d'administration début 2015, le grand carénage doit en outre améliorer les comptes d'EDF, via un allongement de la durée d'amortissement du parc et à un report partiel de provisions de démantèlement. Cela pourrait d'ailleurs être intégré dans les comptes d'EDF dès l'adoption des comptes semestriels, après la présentation du volet nucléaire de la programmation pluriannuelle de l'énergie, promise en juillet par Ségolène Royal.
Avant sa démission et l'annonce, en avril, d'un plan de recapitalisation, le directeur financier d'EDF Thomas Piquemal estimait que le groupe « ne pouvait pas financer le grand carénage avec un prix de marché à 26 euros/MWh », et appelait à une nouvelle régulation. Jugée trop complexe à défendre pour le parc en exploitation, cette réflexion est désormais limitée aux seuls projets de construction neuve de réacteurs, par le biais, par exemple, de prix garantis pour EDF (comme pour le projet Hinkley Point).
La maîtrise industrielle du grand carénage reste quant à elle un défi pour le groupe. Il y a deux ans, l'ASN s'inquiétait de voir EDF déjà « débordé » par ses travaux. Le groupe a redressé la barre pour ses arrêts de réacteurs les plus courts. Mais pas pour les visites décennales, des chantiers de plusieurs mois dont la durée a encore dérapé de 48 jours en moyenne l'an dernier.
Commentaires
2 remarques.
1° Le MégaWatt/heure n'existe pas et encore moins par an, pas plus que le kilomètre-heure, même si la confusion est fréquente chez ceux qui parlent sans savoir.
2° Ton évaluation du coût ne prend pas en compte le démantèlement des centrales en fin de vie. Serait-il gratuit?
Écrit par : JPD | 21/05/2016
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