28/03/2016
Kérino, les dérapages immobiliers à Vannes, encouragés par la Mairie...
L'adjoint à l'urbanisme de Vannes se "lave les mains", comme Pilate...
Entre Mairie et affaires immobilières, la réponse de Gérard Thépault est "un peu juste" ! "un propriétaire est libre de valoriser son bien, comme il le souhaite" !
A Bellebat, la proximité de l'université de Bretagne Sud, d'un réseau routier "continu" lors de la fin des travaux de Kérino en juin 2016 attire de nombreux promoteurs, qui salivent de porter "dans le béton" les effets de la loi ALUR, de densification de la construction !
La "protection de l'habitat ancien du 19ème siècle" devrait motiver l'adjoint à l'urbanisme de repousser une autorisation de construire "mortifère" pour le paysage... La restauration de la Place des Lices n'a aucun sens, si l'on détruit les espaces verts dans le secteur de Limoges !
Vannes doit rester une ville "agréable et humaine", dixit récemment son Maire !
Grand Tohannic, un projet immobilier contesté
Télégramme du 28 mars 2016
Hervé Duranceau et Vincent Wallut s'opposent à la démolition d'une longère pour la construction d'un immeuble.
Un projet immobilier suscite l'émotion de riverains dans le quartier du Grand Tohannic. Ils craignent qu'une longère ne soit détruite pour faire place à un immeuble et disparaisse de l'ancien patrimoine rural de Vannes.
Le Grand Tohannic fait partie de ces secteurs qui ont connu le gros boom immobilier des années 1990 et 2000. Sur ces anciennes terres agricoles, les maisons ont poussé comme des champignons parallèlement à l'extension de l'Université de Bretagne-Sud.
Ce quartier du sud-ouest est prisé : on y est à la campagne, il est proche des grands axes et à une distance raisonnable du centre de Vannes.
Des habitants veulent mettre des limites à cette croissance urbanistique. Ils ont constitué une association pour s'opposer à un projet de construction d'un immeuble de 34 logements à Bellebat.
Le permis a été déposé par un promoteur de la place, le 24 février. Il comprend en même temps la démolition d'une longère habitée située sur la parcelle en question. Ce permis de construire valant démolition est une disposition offerte par le code de l'urbanisme et le propriétaire est vendeur. « On est dépité de voir qu'une maison du patrimoine de Vannes et en parfait état va être détruite », souligne Vincent Wallut, le voisin. Lui-même demeure aussi dans une belle longère et son habitation faisait autrefois partie, avec celle promise à la démolition, d'un même corps de ferme.
Une ancienne ferme
Hervé Duranceau, qui habite le quartier, indique que ces deux bâtiments sont les derniers témoignages d'une ancienne ferme fortifiée notifiée au cadastre de 1844, dont le mur en hémicycle existe toujours. « Elles sont d'ailleurs référencées dans le patrimoine culturel de Vannes », précise-t-il.
Cet inventaire fait effectivement état d'une ferme datant du début du XIXe siècle construite sur les vestiges d'un bâtiment ancien, probablement l'ancienne métairie du manoir de Tohannic. En 1836, le domaine fut vendu à la famille Le Mentier de Lehellec. « Il reste peu de longères dans Vannes et il y a certainement des zones où l'on peut construire sans avoir besoin de détruire », indique Vincent Wallut.
Le permis est actuellement à l'instruction. « Tant qu'il n'est pas délivré, on ne peut recevoir aucun recours », informe Gérard Thépaut, adjoint à l'urbanisme. « La bâtisse ne fait l'objet d'aucune protection, il n'y a aucune raison légale de s'opposer à sa destruction », ajoute-t-il. Le mur d'enceinte et son portail constituent le seul élément à caractère patrimonial qui pourrait être conservé, selon l'adjoint.
La liberté du propriétaire
Les opposants ne cachent pas leur intention d'aller devant le tribunal administratif si le permis est signé. Ils ont recueilli, disent-ils, 400 signatures de soutien. Mais on est ici dans une tendance de fond en matière d'urbanisme : la densification encouragée par les lois SRU (relative à la solidarité et au renouvellement urbains) et Alur (Accès au logement et un urbanisme rénové). 75 % de la croissance urbanistique sur Vannes dans le nouveau Plan local d'urbanisme (Plu) en cours d'élaboration est d'ailleurs prévue sur du renouvellement urbain, c'est-à-dire sur des terrains déjà urbanisés, par souci d'économie de l'espace. Cette affaire témoigne aussi d'un niveau de rentabilité du foncier constructible sur Vannes, surtout si de grands terrains, même construits, permettent de faire du collectif résidentiel. « Un propriétaire est libre de valoriser son bien comme il le souhaite », précise Gérard Thépaut.
© Le Télégramme
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