09/03/2016
Le vieillisement de la population française nécessite l'apport externe de jeunes générations !
La chancelière Merkel a bien compris les effets économiques de l'apport d'une main d'œuvre plus jeune...
La démographie française est moins "stressante" que celle d'Outre-Rhin, certes, mais les effets du vieillissement de tranches d'âge nombreuses du boom d'après guerre sont déjà visibles dans les questions d'équilibre du système de santé et du système de retraites.
Autant les projections démographiques sont fiables sur de longues années, autant celles du taux d'activité (ou à l'envers le taux de chômage) sont imprécises.
A fortiori, les slogans politiques n'ont pas le même effet sur des populations au travail et sur les populations de retraités...ce qui explique sans aucun doute la mise en avant de propos conservateurs de la part de tous les partis et la difficulté pour le Pouvoir de proposer des objectifs mobilisateurs !
Le facteur "démographique" est aujourd'hui incontournable !
La France a besoin dans les prochaines années de plus de jeunes et de plus de "travailleurs" !
Retraites, des projections de moins en moins roses
Le Figaro du 19 janvier 2016
Guillaume Guichard
Les hypothèses économiques sont un des éléments essentiels pour estimer à moyen et long terme la santé du système de retraite. En France, le Conseil d’orientation des retraites (COR), chargé de ce travail, a souvent été jugé trop optimiste en la matière. La réalité, c’est qu’il l’est de moins en moins. Dans un document de travail élaboré par ses soins et dont Le Figaro a obtenu copie, il observe qu’il a constamment dégradé ses hypothèses de croissance et de chômage sous-tendant ses projections financières sur le système de retraite. Sa variante « optimiste » est passée d’un taux de chômage à long terme de 3 % en 2001 à 4,5 % en 2015.
Une hypothèse qu’il qualifie d’ailleurs volontiers de « volontariste », mais qui est aussi utilisée dans son scénario de référence, dit « scénario B ».
Quant à la projection « pessimiste », elle a été construite sur une hypothèse de taux de chômage révisée de 7 % en 2001, à 10 % dans ses derniers rapports. Les hypothèses de croissance de la productivité, autre facteur clé pour anticiper la santé future des retraites, suivent la même tendance.
Surtout, l’équivalent européen du COR, l’Ageing Working Group, se montre bien moins enthousiaste sur les capacités de la France à rebondir.
Il table sur un taux de chômage à long terme de 7,5 %. Ce chiffre se situe toutefois lui aussi en deçà du taux de chômage d’équilibre français tel que calculé par l’OCDE, soit 8,5 %. Presque deux fois plus que dans le scénario de référence du COR !
Au total, relève le Conseil d’orientation, les autres pays développés utilisent comme lui une hypothèse de croissance plutôt optimiste pour élaborer leurs perspectives financières des retraites. Mais, en matière de chômage, ils se montrent beaucoup plus réalistes.
Démographie, le contrecoup du baby-boom
Le Figaro du 9 mars 2016
Agnès Leclair
L’allongement de la vie ne suffira pas à contrer le phénomène d’arrivée aux grands âges des générations du baby-boom et la fin de l’effet « classes creuses ».
Le sombre bilan démographique de l’année 2015, marquée par un niveau de décès jamais atteint en France depuis l’après-guerre, ne restera pas un épisode isolé. « Le nombre de décès va fortement augmenter en France dans les prochaines années », prédit l’Ined (Institut national d’études démographiques), dans une étude publiée mercredi. « Nous entrons dans une nouvelle période après une étonnante stabilité du nombre de décès depuis soixante-dix ans », relève le démographe Gilles Pison, chercheur associé à l’Ined et professeur au Muséum national d’histoire naturelle.
En effet, les quelque 600 000 morts de 2015, soit une hausse de 7 % par rapport à 2014, ne peuvent être uniquement attribués à la longue épidémie de grippe ou aux vagues de froid et de canicule qui ont touché la France cette année-là. « Les projections les plus récentes publiées par l’Insee annoncent toutes une hausse des décès jusqu’à près de 770 000 par an vers 2050 », rappelle les auteurs de cette étude.
Cet accroissement du nombre de morts s’explique par un effet « d’écho au baby-boom », soit l’arrivée progressive à des âges élevés des baby-boomers, de ceux nés en 1946, qui fêtent leurs 70 ans, aux quadragénaires qui ont vu le jour en 1973. Plus nombreux que les générations qui les ont précédés et que celles qui ont suivi, leur disparition devraient donc mécaniquement gonfler le nombre annuel de décès jusqu’aux années 2060, qui devraient voir s’éteindre les derniers survivants de cette période.
Ce scénario est conforté par un autre phénomène, celui de la fin des « classes creuses » nées pendant la Première Guerre mondiale. Les naissances peu nombreuses des années 1915 à 1919 ont entraîné un « manque relatif » de décès de cette génération dans les années 1990, 2000 et 2010. « La grande majorité des personnes nées pendant cette période sont mortes aujourd’hui et la fin de cet effet de “classe creuse” contribue à regonfler les statistiques de décès », explique Gilles Pison.
Cette hausse annoncée pourrait-elle être contredite par un nouveau gain record d’espérance de vie à l’heure où des apôtres du transhumanisme vont jusqu’à évoquer « la mort de la mort » ? « Même dans un scénario improbable où des innovations majeures en matière de lutte contre le vieillissement biologique permettraient à l’espérance de vie de faire un bond rapide de dix à vingt ans, on n’échapperait pas à une forte hausse du nombre de décès quand viendrait le moment de la mort pour les baby-boomers, leurs propres décès n’étant alors retardés que d’une à deux décennies », rétorquent les chercheurs Gilles Pison et Laurent Toulemon.
L’espérance de vie passerait de 80,9 ans à 88,5 ans
C’est pourtant une mauvaise estimation de l’allongement de l’espérance de vie qui avait faussé les courbes de prévision de décès réalisées en 1979 et en 1986. La première tablait sur un gain de 0,8 an de vie entre 1975 et 2000. Or, la vie s’est allongée de plus de six ans sur cette période. La courbe de 1986, même dans son hypothèse la plus favorable, a également sous-estimé de quelques mois l’allongement de l’existence entre 1985 et 2000 qui s’est finalement élevé à 3,7 ans. Ce phénomène de prolongation de la vie explique d’ailleurs la faible mortalité de ces soixante-dix dernières années alors que la population a augmenté de plus de moitié entre l’après-guerre et 2014, passant de 40 à 64 millions.
Mais depuis 1995, « les projections de mortalité sont beaucoup plus optimistes et s’appuient sur l’hypothèse des progrès constants », précise l’étude. Aujourd’hui, elles reposent sur une poursuite de l’augmentation de l’espérance de vie, qui passerait de 80,9 ans à 88,5 ans, soit un gain de 7,6 ans entre 2007 et 2060 et ne bouleversent pas les projections de la forte augmentation à venir de décès. « L’excédent naturel (la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès, NDLR) va progressivement fondre dans les prochaines décennies en France, conclut Gilles Pison, non tant par une diminution du nombre de naissances que par une augmentation des décès. »
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