04/10/2015
Alginate de sodium... un composant de nombreux produits de l'agro-alimentaire !
A la suite d'une inspection de la DGCCRF, l'usine Cargill de Lannilis voit certaines de ses activités suspendues !
Le goémon, ou algues brunes, qui représente une activité importante du Finistère, est ainsi touché !
Les ressources "ancestrales" de la Bretagne sont mises "au pilori" !
Les autorités de santé suspendent une partie des activités de Cargill dans le Finistère
LE MONDE ECONOMIE du 2 octobre 2015
Les extraits d’algues fabriqués par Cargill dans son usine de Lannilis (Finistère) ne pourront plus entrer dans la composition des médicaments et des cosmétiques. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, mardi 29 septembre, la suspension d’une partie des activités du géant américain de l’agroalimentaire. La décision a été prise à la suite d’une inspection conduite entre le 21 et le 24 juillet, après l’alerte donnée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en Bretagne.
La liste des griefs, exposée dans la décision de police sanitaire, est longue : « risque de contamination et de détérioration des matières premières », « absence de propreté de l’environnement », « carences dans la traçabilité de la production », « produits non conformes aux spécifications en matière de qualité microbiologique »…
« Les équipements sont très vétustes, et pas appropriés à la fabrication de substances pharmaceutiques, indique Gaëtan Rudant, qui dirige les inspections à l’ANSM. Les conditions de fabrication doivent être irréprochables, même s’il n’y a pas d’effet sur la qualité du produit final. »
Pour Cargill, cette décision est « complètement disproportionnée ». « C’est un site industriel, il ne faut pas s’attendre à une salle blanche ! », constate un porte-parole du groupe en France. « Lannilis est le principal port goémonier du Finistère : c’est un univers maritime, iodé. Chaque jour les pêcheurs nous livrent les algues qu’ils viennent de pêcher au large. »
Extraits d’algues brunes
Le groupe produit à Lannilis des alginates, extraits d’algues brunes pêchées par les goémoniers dans la mer d’Iroise. Ces substances sont utilisées pour leurs propriétés stabilisantes et gélifiantes dans les domaines de la nutrition et de la pharmacie.
Jusqu’en décembre, Cargill fabriquait aussi un autre dérivé de ces algues, l’acide alginique, utilisé comme excipient dans de nombreux médicaments et cosmétiques. Cette activité n’avait pas reçu l’autorisation de l’ANSM, est-il indiqué dans la décision de police sanitaire.
Les laboratoires pharmaceutiques sont soumis à des inspections régulières mais ce n’est pas le cas des fabricants d’excipients.
Par mesure de précaution, l’ANSM a demandé à tous les laboratoires clients de Cargill de mener des analyses afin de vérifier la qualité de leurs médicaments et cosmétiques. Des dizaines de laboratoires sont concernés, mais l’ANSM préfère ne pas dévoiler leur nom « afin de ne pas affoler inutilement les patients ». « Nous avons déjà reçu les rapports de plusieurs fabricants et aucun problème de qualité n’a été décelé », insiste Gaëtan Rudant.
Pas de risque de rupture de stock
L’alginate de sodium est notamment l’une des matières premières du Gaviscon, un médicament courant utilisé dans le traitement du reflux gastro-œsophagien, mais le laboratoire qui le commercialise, Reckitt Benckiser, ne s’approvisionne pas auprès de Cargill.
Idem, les « façonniers » qui fabriquent son générique pour le compte de laboratoires comme Teva, Sandoz ou Biogaran. Contactés par Le Monde, tous indiquent acheter leurs alginates auprès du même fournisseur norvégien. Le Maalox, du laboratoire Sanofi, n’est pas non plus concerné.
Pierre Fabre, qui commercialise le Topaal, un médicament de la même famille, doit en revanche retirer du marché certains lots, des patients s’étant plaints d’une odeur de poisson. « Il n’y a cependant aucun danger identifié pour les patients », précise Gaëtan Rudant. Le laboratoire n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.
Il n’y a, selon l’ANSM, aucun risque de rupture de stock lié à la suspension des activités de Cargill, car il existe d’autres sources d’approvisionnement. Et si l’un des clients de Cargill constatait un problème, la décision de retirer les médicaments du marché serait prise en tenant compte de l’existence ou non d’une autre option pour les patients.
Les investissements sur le site pourraient être remis en cause
Cargill avait annoncé en 2013 un investissement de plus de 11 millions d’euros en trois ans sur son site de Lannilis pour développer la filière goémonière bretonne. Sept millions ont déjà été investis et six autres devaient l’être prochainement.
«La décision des autorités nous a déçus. A ce stade, vu la lourdeur des mesures qui nous sont imposées, nous ne pouvons pas prévoir quel sera l’impact final de cette décision sur les investissements planifiés pour le site de Lannilis», indique un porte-parole du groupe en France, en soulignant que Cargill avait cessé sa production d’acide alginique six mois avant l’inspection de l’ANSM.
Les alginates destinés aux laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques représentent encore 10 % de l’activité de l’usine, qui travaille essentiellement pour l’industrie agroalimentaire.
La DGCCRF, qui a inspecté le site le 28 mai, n’a pris aucune mesure. Le groupe américain est présent depuis 1964 en France, où il emploie près de 2 500 personnes sur 20 sites.
Dysfonctionnements chez Cargill, un médicament retiré de la vente
Télégramme du 4 octobre 2015
Après la suspension de certaines activités du site finistérien de Cargill, à Lannilis, (Le Télégramme du 30 septembre), le Topaal, traitement du reflux gastro-oesophagien de l'adulte, va être retiré de la vente à partir de demain, a annoncé l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) hier, confirmant des informations du journal Le Parisien. Le site Cargill de Lannilis fabriquait, jusqu'alors, le principe actif du médicament Topaal, à base d'algues. Les dysfonctionnements mis au jour par l'ANSM sur le site finistérien concernent ce secteur. « L'ensemble des activités du site de Lannilis portant sur des matières premières destinées à entrer dans la composition de médicaments, de dispositifs médicaux ou de produits cosmétiques sont susceptibles de présenter un danger pour la santé humaine », assure le texte publié au Journal officiel. Au départ de cette affaire, neuf réclamations de patients avaient été notifiées pour « défaut de qualité d'un médicament relatif à un mauvais goût et une odeur de poisson ». Le retrait du médicament est un principe de précaution. Il faudra quelques jours pour qu'il soit effectif partout sur le territoire, précise Le Parisien.
© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/bretagne/dysfonctionnements-chez-cargill-un-medicament-retire-de-la-vente-04-10-2015-10798460.php
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