Les Secrets de Saint Pierre

L’intercommunalité AQTA en crise de croissance ?

Ouest France du 2 septembre 2015

 

Un vent de fronde soufflerait-il au sein d’Aqta ? Cet été, une quinzaine de maires sur 24 ont pointé des dysfonctionnements internes. Lundi, une mise au point avec leur président a permis de crever l’abcès.

Lundi soir, Philippe Le Ray a pris acte d’un certain nombre de récriminations qui se sont fait jour cet été. En juillet, une lettre émanant d’une quinzaine de maires (sur 24) atterrit sur le bureau du président d’Auray Quiberon terre atlantique (Aqta). « Soucieux de voir l’intercommunalité poursuivre son cap et les objectifs tracés début 2014 », les élus demandent audience. Leur souhait reste un temps sans réponse tangible. Créant au sein des élus un sentiment, sinon de défiance, au moins d’incompréhension. « Nous avons finalement obtenu gain de cause quant à l’organisation d’une rencontre ce lundi avec Philippe Le Ray, lâche l’un des maires signataire de cette demande de réunion « de travail » , obtenue aux forceps. Nous n’avons qu’un but : que les choses avancent, que tout aille mieux… »

Désorganisation

Reçus lundi soir au siège d’AurayCommunauté à Porte Océane, les élus signataires de la lettre en sont ressortis avec le sentiment d’avoir été entendus. « Cette réunion était importante, résume un autre élu. Elle a permis essentiellement d’effectuer des réglages pour une grosse communauté de communes en pleine croissance. Nous avons bien travaillé. » Un satisfecit qui ne doit, pour autant, pas occulter la face cachée de l’iceberg. Notamment en terme de (dés)organisation des services dont souffrirait une partie des personnels d’Aqta. « Les élus de cette jeune communauté de communes, employeurs de ces salariés, doivent prendre la mesure de cette désorganisation constatée au sein des services. Elle peut aboutir à de vraies souffrances au travail , estime Jacky Meslin, délégué départemental de la CFDT qui rencontrait hier matin les salariés. Ces souffrances sont réelles et peuvent parfois aboutir à des actes désespérés. On attend donc une prise de conscience et une réorganisation rapides d’ici un à deux mois ». Une grève des personnels ne serait pas à exclure ? « C’est l’ultime recours à une situation grave. Mais nous souhaitons d’abord donner toutes les chances au dialogue. »

Appel à la responsabilité

Philippe Le Ray ne nie pas les difficultés et fait amende honorable sur les problèmes d’organisation interne. « Quand nous avons opéré la fusion, nous n’avons peut-être pas pris exactement la mesure de la tâche qui nous attendait, concède le président d’Aqta. Notre jeune communauté à 24 gère un budget de 110 millions. Nous n’avons jamais autant investi en pays d’Auray. Nous sommes un service public qui fonctionne dans une logique de croissance et d’embauche : 37 postes ont été créés. Quand Aqta a été créée, chaque agent a retrouvé un poste équivalent. Certains ont dû changer de fonction. L’adaptation n’est pas toujours facile à opérer et je suis le premier à être affecté par la souffrance qui peut en résulter. Mais Aqta c’est surtout une centaine d’agents permanents qui travaillent particulièrement bien. Les nouvelles embauches et la nouvelle organisation que nous mettons en place vont beaucoup améliorer notre fonctionnement en interne. » Philippe Le Ray sait aussi que le développement d’un territoire à 24 communes entre les pays de Vannes et Lorient est long et complexe. Il en appelle donc à la « responsabilité collective des élus et agents. Nous devons nous donner les moyens d’y arriver en décuplant nos efforts. Sans dramatiser, en privilégiant le dialogue social ». En prônant aussi l’union sacrée autour d’un projet collectif : « Lundi soir, les maires m’ont renouvelé leur soutien au terme d’une réunion particulièrement constructive. On gagne toujours à se parler … »

Pierre WADOUX.