06/08/2015
Faire sauter un assureur ! c'est un coup de "Mistral" !
COFACE se sépare, sous la contrainte, de l'assurance des contrats à l'export de l'Etat !
1,2 milliards d'euros d'un coup (vive Poutine), c'est dur à avaler... même pour un assureur, qui garantissait les contrats de l'Etat depuis 1946...
Au fond, l'Europe veut faire fléchir la Russie... mais la France boit la tasse à Saint Nazaire !
Coface se sépare de son activité de garantie publique à l’export
Les Echos du 29 juillet 2015
Coface percevra une indemnité de 77,2 millions d’euros. - Xavier POPY/REA
Cette activité valorisée 90 millions d’euros va être transférée à Bpifrance.
C’est désormais officiel. Selon un communiqué publié mercredi soir, l’assureur-crédit Coface va se séparer de son activité de garantie publique à l’export, gérée pour le compte de l’Etat depuis 1946. Selon le souhait du gouvernement, évoqué en février dernier, la banque publique d’investissement, Bpifrance, sera chargée de gérer à partir du premier semestre 2016 ces garanties qui couvrent les risques commerciaux pour les entreprises françaises à l’étranger. La banque publique complète ainsi sa palette d’outils de financements publics à l’export et conforte son rôle de « guichet unique ».
Pour convaincre Coface de se séparer de cette activité historique, l’Etat et Bpifrance débourseront 77,2 millions d'euros. Une somme « correspondant à une valorisation d’environ 89,7 millions avant impôt nette des passifs transférés» à Bpifrance, lesquels sont estimés à 12,5 millions euros à fin 2014, précise Coface dans un communiqué. Dans le détail, c’est l’Etat qui versera la plus grande partie de ce montant. Bpifrance, de son côté, « participera avec une logique d’investisseur, en limitant son apport à sa marge espérée », explique une source proche.
Avec cette somme, Coface estime pouvoir couvrir les charges immédiates de dépréciations d’actifs liées à la perte de cette activité et à la perte de sa marge opérationnelle. Le transfert de cette activité à Bpifrance devrait néanmoins amputer la rentabilité de l’assureur-crédit de 1,4 point. C’est une mauvaise nouvelle pour les actionnaires qui s’étaient tournés vers la valeur lors de son introduction en Bourse l’année passée. Pour retrouver des marges de manoeuvre, le groupe indique étudier « la mise en oeuvre d’un programme d’efficacité opérationnelle », sans en préciser les modalités.
Une annonce qui intervient alors que l’assureur-crédit a publié des résultats semestriels en repli. Le bénéfice net du groupe recule de 4,2 %, à 66,1 millions d’euros à fin juin en raison de la multiplication des sinistres dans certains pays émergents, notamment en Russie, en Chine et en Amérique latine. Le chiffre d’affaires de Coface progresse néanmoins de 5,1 %, à 760 millions d’euros.
Pour intégrer l’activité de garantie export, Bpifrance pourrait créer une nouvelle filiale. Si cette activité ne mobilisera pas particulièrement ses fonds propres, dans la mesure où les garanties publiques seront fournies aux entreprises pour le compte de l’Etat, le défi de l’intégration reste conséquent. Au total, 350 salariés sont chargés de la gestion de ce mandat public chez Coface. Ils vont devoir basculer dans les équipes de Bpifrance l’an prochain.
Le transfert de cette activité doit encore faire l’objet d’une loi. Certains syndicats de Coface espèrent convaincre les parlementaires de faire marche arrière.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/021235897050-coface-se-separe-de-son-activite-de-garantie-publique-a-lexport-1140798.php?4SMGISHvFQp751xt.99
Vers un accord franco-russe pour résilier le contrat Mistral
Le Figaro du 31 juillet 2015
Moscou assure que Paris lui remboursera plus de 1 milliard d'euros pour ne pas lui avoir livré deux navires de guerre.
Épilogue en vue dans l'épineux dossier des Mistral russes? Pour Moscou, l'affaire est entendue. Après huit longs mois de négociations, la Russie a annoncé avoir trouvé un accord avec la France sur les conditions de la résiliation de la commande de deux bâtiments de projection et de commandement passée en 2011, pour un montant de 1,2 milliard d'euros. «Les négociations sont déjà entièrement achevées, tout a été décidé: les délais et la somme pour indemniser la Russie», a assuré Vladimir Kojine, le conseiller pour la coopération militaire et technique de Vladimir Poutine. De sources russes, reprises dans le quotidien Kommersant ,Paris devra rembourser Moscou à hauteur de 1,16 milliard d'euros. Une mauvaise nouvelle pour les finances publiques. Le contrat est couvert par la Coface, l'assureur crédit qui gère les garanties publiques à l'exportation. Mauvaise nouvelle aussi pour DCNS, le maître d'œuvre des Mistral, qui aurait à supporter un reste à charge estimé à 240 millions, soit 20 % du contrat. La marine russe estime avoir subi un préjudice car elle a engagé des frais de formation pour 400 marins et construit des infrastructures pour accueillir les deux navires à Vladivostok, leur QG opérationnel. Mais Vladimir Poutine a déjà assuré qu'il renonçait à demander des «pénalités extravagantes» à la France.
«Pour l'instant, il n'y a pas d'accord»
François Hollande
«Pour l'instant, il n'y a pas d'accord», a pour sa part déclaré hier François Hollande. Auparavant, à la sortie du Conseil des ministres, Manuel Valls avait annoncé que «des décisions importantes» sur le dossier des Mistral «seront prises à la fin de l'été», évoquant «plusieurs jours, voire plusieurs semaines». Il semble qu'un accord ait bel et bien été trouvé mais que «des détails» soient encore en suspens, dit-on de source française. Lundi dernier, François Hollande avait déclaré qu'il prendrait sa décision d'ici à «quelques semaines». De son côté, DCNS s'est refusé à tout commentaire. Voici quelques jours, Hervé Guillou, le PDG du leader européen du naval militaire, a rappelé que la construction des deux navires aux normes russes était achevée et qu'ils étaient à quai à Saint-Nazaire. L'entretien et les frais de gardiennage coûtent au constructeur «entre un et quelques millions d'euros par mois», avait précisé le PDG. Le premier navire, le Vladivostok, devait être livré mi-novembre 2014 et le second, le Sébastopol, fin 2015.
La France ne livrera donc pas les deux Mistral. Mais que va-t-elle en faire? La marine est déjà pourvue avec trois navires. Elle pourrait en absorber un quatrième, mais son coût pèsera sur le budget de la défense. Paris pourrait tenter de leur trouver d'autres clients, mais il faudrait assumer les frais de «dérussification» des navires. Pour cela, il lui faut l'accord de Moscou, propriétaire des navires dont la moitié de la coque provient des chantiers russes.
Un an de tensions
Tout se déroulait pourtant parfaitement bien depuis la signature du contrat qui assurait une charge de travail pour 1000 salariés pendant quatre ans. Les Russes réglaient rubis sur ongle, selon l'échéancier de paiement établi. 890 millions d'euros ont été versés. Les marins russes avaient été formés, l'été dernier, par la marine française et les experts de la DCI qui accompagne les grands contrats d'armement français. Mais les marins étaient repartis à bord de leur navire école et non pas à celui du Vladivostok.
Entre-temps, les tensions entre la Russie, qui a annexé la Crimée, et l'Ukraine se sont exacerbées pour déboucher au printemps 2014 sur une guerre d'usure entre les séparatistes prorusses du Donbass, soutenus par Moscou selon les Occidentaux, et l'armée de Kiev. Pressée par ses alliés, la France avait alors suspendu la livraison du Vladivostok, estimant, mois après mois, que les conditions de livraison de ces deux géants des mers de 22 000 tonnes chacun «n'étaient pas réunies». Capables de transporter 750 combattants, 16 hélicoptères d'attaque ainsi qu'une soixantaine de blindés, le Mistral constitue une arme de projection redoutable.
En juillet dernier, la destruction d'un avion de ligne par un tir de missile alors qu'il survolait le sud-est de l'Ukraine a semé l'effroi au sein de la communauté internationale. Mercredi 29 juillet, Moscou a mis son veto, au Conseil de sécurité des Nations unies, à la création d'un tribunal spécial pour juger les responsables du crash du vol MH17.
Navires Mistral, l’Elysée annonce le remboursement intégral de la Russie
Le Monde.fr avec AFP et Reuters du 5 août 2015
Le feuilleton de la vente de deux navires de guerre Mistral qui empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la France et la Russie semble enfin connaître son épilogue. Le président François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine sont en effet parvenus à un accord sur la non-livraison des navires Mistral.
L’Elysée a ainsi annoncé, mercredi 5 août en début de soirée, que la France aura « la pleine propriété et la libre disposition » des deux bâtiments, actuellement stationnés dans le port français de Saint-Nazaire. Pour sa part, la Russie sera « exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat », dont le montant total atteignait les 1,2 milliard d’euros.
Les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront notamment restitués. La Russie a fait savoir que les 800 millions d’euros d’avances qu’elle avait versés avait déjà été remboursés par la France.
En guise de réconciliation entre les deux pays, François Hollande et Vladimir Poutine « se sont félicités du climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations » et « se sont accordés sur le fait que, désormais, ce dossier était clos », conclut le communiqué de l'Elysée. Le Kremlin a dit considérer l’affaire des Mistral comme « totalement réglée ». Aucun des deux communiqués n’a fait état d’éventuels dédommagements.
La fin d’un conflit de huit mois
Cet accord clôt huit mois d’intenses négociations entre Paris et Moscou, qui avaient placé la présidence française dans une situation inconfortable, tiraillée entre les intérêts économiques en jeu et sa volonté de pousser la Russie à infléchir sa position dans la crise ukrainienne.
La France avait suspendu en novembre 2014, et ce pour une durée indéterminée, la livraison de deux navires construits à Saint-Nazaire. Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’est de l’Ukraine, la soupçonnant même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain, ce que Moscou continue de démentir malgré la publication de nombreux éléments étayant ces soupçons.
Construits au chantier STX, ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital. Le constructeur des Mistral, DCNS, filiale à 35 % de l’équipementier Thales, avait estimé en juillet à au moins un million d’euros par mois le coup d’entretien des deux porte-hélicoptères, dans l’attente d’une décision de la France et de la Russie.
L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada et Singapour, tout comme l’Egypte, qui vient d’acquérir une frégate multimissions Fremm et quatre corvettes Gowind, sont cités comme clients potentiels, mais DCNS s’est refusé à tout commentaire sur ce point.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2015/08/05/les-navires-mistral-ne-seront-pas-livres-a-la-russie_4713194_3210.html#Oj3MbMjgF71VzfyM.99
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