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25/01/2015

Un "business", qui ne paye pas !

L'activité théâtrale à Vannes n'est pas un long fleuve tranquille... 

Gildas Le Boterf, ancien directeur du TAB.jpg

André Bettencourt, Liliane et Françoise en 2007.jpg

Gildas Le Boterf, nouveau retraité, n'a pas ménagé sa peine au Théâtre Anne de Bretagne, pour programmer, attirer le public et animer en mouillant sa chemise !

Remplir tout au long de l'année les 800 places de TAB est un défi "culturel", mais aussi financier, qui demande évidemment une "subvention" à la Ville...l'équipe est petite (4 personnes) et le système de réservation à distance "mal foutu" !

"Si j'avais su, j'aurai pas venu !" dixit l'ancien Directeur, épuisé par autant d'années de galère...

Vendre des shampoings, des cosmétiques en France est semble-t-il plus facile que d'organiser des spectacles...

La semaine, qui s'ouvre à Bordeaux, avec l'affaire Bettencourt sera un véritable roman, un spectacle gratuit, où les billets en excès créent de véritables portraits de théâtre !


 

Gildas Le Boterf, ancien Directeur du TAB,  le plus difficile de mes postes !

 

Télégramme du 18 décembre 2014

 

 Propos recueillis par Catherine Lozac'h

 

« Maintenant je vais aimer, naviguer, lire, rêver... mourir peut-être », lance le jeune retraité Gildas Le Boterf, qui a failli être prof de philo. Retraité depuis un mois et demi, Gildas Le Boterf revient sur ses sept ans à la barre du Théatre Anne-de-Bretagne et sur les clefs de son avenir. Entre amertume et enthousiasme.

 

 

 

Il y a sept ans, le théâtre rouvrait après de longs travaux et une succession chaotique à sa direction. Votre mission était d'en faire une scène nationale.

 

 Est-ce un échec de ne pas y être parvenu ? Gildas Le Boterf : En résumé, « si j'aurai su, j'aurais pas venu... ». J'avais quitté une scène nationale pour en créer une autre. Pas pour me retrouver dans une régie municipale, quasiment sans personnel.

 

 Alors qu'à Blois, nous étions quatorze pour un plus petit théâtre. Malgré les Mille- clubs qui cramaient à mon début de carrière, Vannes est le plus difficile de mes postes. Celui avec le moins d'écoute. Le Tab a néanmoins fait du chemin ? Bien sûr ! À mon arrivée, j'ai bénéficié d'une salle neuve et d'une hausse de budget qui a permis de développer la programmation et l'aide à la création.

 

En sept ans, le Tab a gagné 25 % de public et doublé ses recettes. Il a fallu batailler ferme, mais l'équipe compte aujourd'hui une chargée de production, un directeur technique, un administrateur et une secrétaire comptable. Il y a près de 20 ans, Michel Montech avait amené le théâtre aux portes d'un conventionnement que la ville n'a pas saisi.

 

 Cette fois, c'est fait

 

Nous avons aussi changé de statut, même si l'autonomie n'est pas suffisante et que la ville a laissé passer la chance d'avoir Bernard Faivre d'Arcier, ancien directeur du festival d'Avignon, et Olivier Poivre d'Avor, directeur de France culture, au conseil d'administration. Le théâtre est en ordre de marche.

 

 Le budget 2015 serait à la baisse. Est-ce vraiment problématique ? Cette baisse est régulièrement sur la table, mais on maintient le budget. Cette année, il semble qu'il sera raboté de 7 %, comme dans tous les services. Mais le budget du Tab est déjà engagé jusqu'à la rentrée 2015... Cette baisse risque d'avoir des répercussions sur la programmation de début de saison. Pourquoi toucher à quelque chose qui marche ? D'autant qu'en supprimant 90.000 € de subvention, la ville perd 120.000 € de recette de location de salle, de billetterie... C'est navrant.

 

 Votre succession passe par un intérim

 

Votre départ était pourtant prévu ? Dès mon recrutement, mon statut ne me permettait pas de rester plus longtemps, pour des questions d'âge. Aujourd'hui, le théâtre est dans une période d'hésitation que je n'ai pas voulue. C'est sans doute l'occasion de reformater le poste pour un passage à l'Agglo, qui était déjà dans ma feuille de route, mais qui bloque pour des raisons politiques.

 

C'est pourtant inéluctable car, bientôt, seuls les projets d'agglomération seront subventionnés. Quelles seraient les clefs pour l'avenir ? Il ne faut pas casser la dynamique actuelle avec le public. Les élus doivent s'interroger : pourquoi ont-ils été chercher un conventionnement de l'État et de la Région, un directeur professionnel, un artiste conventionné, si c'est aujourd'hui pour faire moins ?

 

 Il faut sortir de ce système archaïque, recruter au moins deux personnes à l'action culturelle et à l'accueil billetterie, faire une place à la convivialité. Discuter d'un projet culturel avec un président de conseil d'administration fort et des élus qui, vu l'argent mis sur la table, soient de vrais interlocuteurs.

 

 Le Tab a vocation à prendre sa place au niveau national à l'instar du Quartz de Brest ou du Théâtre de Cornouailles de Quimper

© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/morbihan/vannes/gildas-le-boterf-le-plus-difficile-de-mes-postes-18-12-2014-10467077.php

 

 

Bettencourt, une affaire de famille très française

 

Sud-Ouest du 25 janvier 2015

 

DOMINIQUE RICHARD

 

d.richard@sudouest.fr

 

À la veille de l’ouverture du procès à Bordeaux, retour sur l’histoire agitée de ce fleuron du capitalisme hexagonal.

 

André Bettencourt, à gauche, Liliane et Françoise, à droite, en juillet 2007. La mort du patriarche, quelques mois plus tard, a plongé la famille dans un tourbillon judiciaire, politique et médiatique. © Photo

 

 

 

photo archives PATRICK KOVARIK/AFP

 

Le 19 décembre 2007, un mois après le décès de son père, Françoise Meyers-Bettencourt porte plainte contre X pour abus de faiblesse au tribunal de Nanterre. Cette femme austère, férue de mathématiques, cultive depuis toujours la discrétion. Elle fuit les mondanités du Tout-Paris pour mieux se consacrer à l'éducation de ses enfants et à la musique de Bach, qu'elle joue chaque jour sur son piano. A-t-elle véritablement conscience de la tempête qu'elle va déclencher ?

 

Depuis des années, elle a vu, non sans déplaisir, sa mère, Liliane, s'enticher du photographe François-Marie Banier. Ce séducteur en qui le poète Louis Aragon voyait au soir de sa vie un grand écrivain s'est progressivement incrusté dans l'existence de la femme la plus riche de France. Il profite sans compter de ses largesses. L'insolence de ce dandy homosexuel hérisse Françoise Meyers-Bettencourt. Mais que faire ? Sa mère ne jure que par cet homme sans gêne, qui a la réputation d'avoir un faible pour les vieilles dames fortunées.

 

Les employés de maison qui entourent Liliane Bettencourt n'apprécient guère les familiarités du favori de « Madame ». Une confidence rapportée par l'un d'entre eux dévaste la fille. Il se murmure que l'octogénaire aurait l'intention d'adopter François-Marie Banier, de vingt-cinq ans son cadet. Ultime humiliation. Peu avant de s'éteindre, son père n'avait-il pas pronostiqué que tout cela se terminerait par un procès ?

 

Les fantômes du passé

 

L'image de l'empire L'Oréal, le leader mondial des cosmétiques, dont Liliane Bettencourt est actionnaire à 31 %, risque d'en pâtir. Mais, tout bien pesé, la peur du scandale n'entame pas la détermination de Françoise Bettencourt. La famille est habituée à naviguer par gros temps. Elle se remet à peine d'un grain qui aurait envoyé par le fond plus d'un vaisseau amiral.

 

En 1989, François Dalle, le patron de L'Oréal, évince Jean Frydman, un vieil ami, du conseil d'administration de Paravision, la filiale audiovisuelle du groupe. Le banni, rescapé des camps de la mort, ne tarde pas à l'accuser d'avoir agi de la sorte pour échapper au boycott des pays de la Ligue arabe, qui frappe toutes les entreprises ayant un lien avec Israël. Et il convoque sur les plateaux de télévision de drôles de fantômes surgis d'un passé nauséabond.

 

Dans les années 1930, Eugène Schueller, le père de Liliane Bettencourt et fondateur de L'Oréal, finançait une société secrète surnommée la Cagoule. Cette organisation d'extrême droite, qui abritait des tueurs en son sein, ambitionnait de renverser la République. En 1940, ses membres les plus influents, dont Eugène Schueller, se regroupent au sein du Mouvement social révolutionnaire, une formation pronazie qui se propose notamment de « régénérer la France et les Français ».

 

Pour Françoise Bettencourt, qui a épousé Jean-Pierre Meyers, le petit-fils d'un rabbin assassiné à Auschwitz, ces révélations sont douloureuses. Elles en annoncent d'autres. Son père, André Bettencourt, un ancien ministre du général de Gaulle, couvert de médailles après la Libération, est rattrapé à son tour par la vindicte de Jean Frydman.

 

Aidé de son frère, ce dernier a exhumé des archives tombées dans l'oubli. En dépouillant la collection de « La Terre française », un hebdomadaire pétainiste, le banni de L'Oréal a retrouvé les chroniques signées André Bettencourt. Il diffuse quelques morceaux choisis, une vingtaine de lignes trempées dans l'encre des préjugés antisémites colportés depuis toujours par l'Église catholique.

 

Boulanger devenu chimiste

 

Dès 1942, André Bettencourt a cessé sa collaboration avec cette publication, se rapprochant de son ami François Mitterrand, qui s'apprêtait alors à entrer dans la Résistance. Il a beau s'excuser pour ses « erreurs de jeunesse », personne ne l'entend. De l'autre côté de l'Atlantique, des voix s'élèvent pour interdire le marché américain à L'Oréal. Contraint à la démission, André Bettencourt quitte la vice-présidence du groupe au profit de son gendre.

 

Mitterrand, Bettencourt, Dalle. À la Libération, ces vichysto-résistants et quelques autres épargneront à Eugène Schueller le banc d'infamie des tribunaux de l'épuration en multipliant les témoignages favorables. Reconnaissant, ce dernier emploiera même pendant quelques mois le futur président de la République dans une revue du groupe L'Oréal.

 

L'ombre portée des années noires a voilé une bien belle histoire. L'incroyable réussite née au début du XXe siècle d'un ancien apprenti boulanger devenu chimiste, dont la route a croisé par hasard celle d'un coiffeur. Le figaro parisien s'était mis en quête d'une teinture inoffensive pour recouvrir les premiers cheveux gris de ses clientes. Eugène Schueller s'était piqué au jeu. Sa première couleur s'appellera « L'Auréale ».

 

Cet ingénieur n'a pas son pareil pour renifler l'air du temps. À l'époque, les Français ne se lavent pas beaucoup. Mais l'heure de l'hygiène corporelle va bien sonner. L'Oréal lance une gamme de shampoings, rachète bientôt Monsavon. Lorsque le Front populaire, qu'Eugène Schueller exècre pourtant, envoie des millions d'ouvriers sur le chemin des vacances, ils se protégeront du feu du ciel en achetant l'Ambre solaire qu'il a lancée quelques mois plus tôt.

 

Solidité à toute épreuve

 

Passé les tumultes de la guerre, L'Oréal, sous la férule de son Pygmalion, se structure et se développe à l'international. Publicité, force de vente et recherche. Les poumons du groupe, qui entre en Bourse au début des années 1960, ne s'essouffleront jamais. Après la mort de son fondateur, L'Oréal, pris en main par François Dalle, saura toujours trouver la matière grise et les talents qui, de Lancôme à Garnier, porteront ses marques au firmament de la cosmétique.

 

La santé économique du groupe n'a finalement que peu souffert des turpitudes de son actionnariat historique. La médiatisation des déchirements familiaux et les projecteurs subitement braqués sur le triste bal des enveloppes auquel se pressaient de nombreux hommes politiques ne laisseront sans doute pas davantage de traces qu'une larme sur la joue d'une starlette.

 

Il en irait sans doute tout autrement si après la disparition de Liliane Bettencourt, aujourd'hui âgée de 92 ans, le suisse Nestlé, second actionnaire du groupe, s'employait à croquer à belles dents ce fleuron du capitalisme français.

 

 

 

 

 

 

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