09/12/2014
"J'encourage le chauffage au bois !"
Opportunisme au seuil de l'hiver ou véritable cagade administrative ?
Alors que Paris étouffe sous la pollution des voitures, la décision d'interdire les feux de cheminée en Ile de France risque de déséquilibrer un peu plus la balance commerciale de la France...
Notre pays est producteur de "bois de chauffage" et chaufferait ainsi de nombreux citoyens (7,4 millions d'individus ou de foyers ?)... A Saint Pierre Quiberon, les jardins regorgent de stères de bois bien rangés, quelquefois pour une autonomie de trois années de chauffage.
A Auray, la chaufferie collective du Gumenen fonctionne au bois, selon les désirs de l'ancien Maire, Michel Le Scouarnec... mais pas à la satisfaction des habitants !
Le bois, source de chauffage la moins chère ? Si l'on est producteur, oui ! Pour les autres, le bilan "collectif" n'est peut-être pas aussi positif !
Pourquoi Ségolène Royal veut revenir sur l'interdiction des feux de cheminée en Ile-de-France
Le Monde du 9 décembre 2014
Au 1er janvier 2015, les feux de cheminée en « foyers ouverts » devaient normalement être interdits en Ile-de-France, en vertu d'un arrêté préfectoral de mars 2013 pris dans le cadre du plan de protection de l'atmosphère (PPA). Cette interdiction pourrait cependant ne jamais voir le jour. Mardi 9 décembre, la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, a fait part, sur France 2, de son intention de revenir sur cette décision qu'elle juge « excessive ». « Je vais faire changer cette décision qui ne va pas dans le bon sens », a déclaré la ministre, estimant qu'avec cette disposition, « on était un peu dans l'écologie punitive ».
« J'encourage le chauffage au bois. La forêt couvre 30 % de notre territoire, la France est quand même la quatrième forêt européenne (…) et le bois est une énergie renouvelable. Il y a des poêles de chauffage au bois qui sont très performants », a-t-elle insisté affirmant qu'elle ne voulait pas que cet arrêté « mette en cause toute la filière bois et tout le développement des énergies renouvelables ».
Cette interdiction prévue pour Paris et 435 communes de sa région concerne en effet les feux de cheminée, mais aussi tous les poêles et chaudières à bois. Le nombre de ménages se chauffant à la bûche a fortement augmenté en France ces quinze dernières années. Aujourd'hui, 7,4 millions de foyers se chauffent au bois, contre 5,9 millions en 1999, selon une enquête sur le chauffage domestique au bois publiée en juillet 2013 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
« UN LEVIER POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L'AIR »
Le bois est devenu une énergie à part entière : chez la moitié des ménages qui l'utilisent, il s'agit de la principale source de chauffage. « L'augmentation du prix de l'énergie a amené un certain nombre de particuliers à revoir leurs choix d'énergie de chauffage. Le bois est l'énergie la moins chère », souligne Gilles Aymoz, responsable de la qualité de l'air à l'Ademe.
Comme tout combustible, le chauffage au bois émet des polluants, notamment si la combustion du bois n'est pas correctement contrôlée (en feu ouvert par exemple) ou si le bois utilisé est mal adapté (bois mouillé, bois traité ou peint…). Il peut, à certaines périodes et dans certaines zones, contribuer de façon significative à la pollution de l'air. « Dans l'agglomération parisienne en général, loin du trafic et des axes routiers, la contribution du chauffage au bois dans les émissions de particules fines PM2,5 (d'un diamètre inférieur à 2,5 microns) est de 7 à 8 %, identique à celle du trafic routier », observe Airparif, l'observatoire de la qualité de l'air en Ile-de-France, qui a été missionné par la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d'Ile-de-France pour évaluer l'impact du nouveau PPA francilien. Globalement, le chauffage au bois résidentiel représente au niveau régional, selon Airparif, 23 % des émissions totales de PM10 (d'un diamètre inférieur à 10 microns) et 32 % de celles de PM2,5.
DES APPAREILS PLUS PERFORMANTS
« C'est un vrai levier sur lequel on peut agir pour améliorer la qualité de l'air », souligne M. Aymoz, qui a travaillé avec la Vallée de l'Arve, territoire de Haute-Savoie fortement soumis à la pollution et où le chauffage au bois est prépondérant. Dans le cadre de son plan de protection de l'atmosphère, cette vallée, soucieuse de lutter contre la pollution, a fait le choix non d'interdire la combustion de bois, mais d'aider par une incitation financière les particuliers à changer leur appareil de chauffage pour un plus performant.
Un fonds Air Bois a été créé, financé à parts égales par l'Ademe (pour l'Etat) et par les collectivités locales. Il prévoit une prime de 100 euros pour le remplacement d'un appareil de chauffage au bois ancien (avant 2002), d'un foyer ouvert ou d'un vieux poêle.
« Ce remplacement permet de diviser jusqu'à 30 fois la quantité de particules émises dans l'atmosphère lors de son utilisation », souligne Alain Chabrolle, vice-président EELV de la région Rhône-Alpes qui se félicite du succès remporté dès la première année par le dispositif. En effet, les appareils les plus anciens et ceux à foyer ouvert émettent en moyenne 97 kg de PM10 par an, pour un rendement énergétique de 10 %, contre 3 kg de PM10 et un rendement de 80 % pour les poêles et chaudières les plus performants, ceux labellisés Flamme verte 5 étoiles – un label créé par l'Ademe en 2010. « Notre objectif n'est pas d'interdire mais de faire évoluer les comportements et d'inciter les ménages à mieux se chauffer au bois et de manière quasi propre », poursuit M. Chabrolle.
C'est sur le modèle de cette expérience que Mme Royal a annoncé, à l'issue de la conférence environnementale des 27 et 28 novembre, que le gouvernement mettrait en place en 2015 des aides à la conversion des vieux appareils de chauffage au bois dans les zones polluées.
Chauffage au bois en France
7,4 MILLIONS
Nombre de ménages se chauffant au bois en 2012 en France, selon l’Ademe. Ils étaient 5,9 millions en 2000.
92 %
Part occupée par les bûches dans les combustibles utilisés par le chauffage au bois. Viennent ensuite les granulés (4 %).
23 %
Part attribuée au chauffage au bois dans les émissions totales de particules fines (PM 10) en Ile- de-France, alors qu’il ne représente que 4 % des besoins de chauffage, selon les chiffres de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie.
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