Les Secrets de Saint Pierre

En agriculture, le numérique en passe de révolutionner l'élevage
Ouest France du 20 novembre 2014

Gérer un troupeau de plusieurs centaines de têtes, assis derrière un ordinateur, c'est possible. Les dernières innovations technologiques dans le domaine de l'élevage sont présentées aux Oudairies pendant trois jours.
« L'agriculture arrive à un moment de rupture. Dans les années à venir, la connaissance va prendre le pas sur les intrants (pesticides, engrais, semences, produits phytosanitaires...). Et cela, c'est l'informatique qui va le permettre. »

C'est Hervé Pillaud qui le dit... Le président de Tech'élevage, producteur de lait de profession, est doublé d'un expert en nouvelles technologies. Selon lui, l'entrée du numérique dans les exploitations va bouleverser le quotidien des agriculteurs.

« Il y a cinq ans, se souvient Hervé Pillaud, l'installation d'un robot de traite était encore de l'ordre de l'exceptionnel. » Les progrès techniques se développent de manière exponentielle. Aujourd'hui, « les robots conditionnent les aliments, nourrissent les animaux, nettoient les bâtiments. Des capteurs, placés sur les bêtes, fournissent aux éleveurs des données individuelles en terme de chaleur, de lactation, de santé... ». Demain, « les éleveurs de volailles, de lapins, qui effectuent des gestes très répétitifs, pourront être soulagés grâce à des exosquelettes ». Hervé Pillaud est formel : « Les métiers vont changer et il va falloir évoluer. »

Certes. Mais tous les professionnels sont-ils prêts à assumer cette mutation technologique et capables de financer de tels investissements ? « Vous savez, philosophe Hervé Pillaud, quand les tracteurs sont arrivés, il y avait encore des nostalgiques de la paire de boeufs. Mais ceux qui n'ont pas voulu s'adapter ont disparu. Ce qui est important, c'est de réussir cette transition technologique en évitant l'isolement social ou géographique. Mais je suis convaincu que le numérique est vecteur de cohésion et pas de fracture sociale. »
Quand à l'aspect financier : « Le monde agricole a montré qu'il savait s'adapter en créant les Cuma (coopératives agricoles). Il faudra s'inscrire dans ce registre-là. »

Les vaches équipées de podomètres
Parmi les innovations présentées au Tech'élevage, celle de la société israélienne AfiMilk a particulièrement retenu l'attention d'Hervé Pillaud. Il s'agit de podomètres placés sur l'animal, qui « mesurent son activité et contrôlent son bien-être ».

En calculant la quantité de pas effectués par une vache dans une journée, le nombre de fois où elle s'est couchée et relevée, le système AfiMilk informe l'éleveur de toute modification de son activité.
« Dès que la vache sort des normes, son propriétaire est alerté. Selon les indications, il sait à quel moment il devra la faire inséminer. Il pourra également détecter une maladie précocement », détaille Yossi Brami, conseiller de vente chez AfiMilk.

« C'est extraordinaire », s'enthousiasme Hervé Pillaud. « Si la maladie est traitée dès son apparition, plus besoin d'antibiotiques. Grâce à ces logiciels, on peut avoir une gestion quasiment bio sur des troupeaux de plus de 1 000 têtes. »

Avant de laisser le patron du salon vaquer à ses nombreuses occupations, une dernière question lui est soumise. Un homme qui gère un troupeau derrière un écran d'ordinateur est-il davantage éleveur qu'informaticien ? La réponse est catégorique.

« Pour savoir décrypter les données que l'on reçoit, il faut connaître parfaitement ses animaux. Le bon éleveur sera meilleur avec les nouvelles technologies. Pour le mauvais éleveur, cette gestion sera catastrophique ».

Jusqu'au 21 novembre, salon Tech'Elevage, de 8 h à 19 h, parc des expositions des Oudairies, La