Les Secrets de Saint Pierre

Îliens, ils maintiennent la pression
Télégramme du 8 novembre 2014
Laurent Guenneugues

Il y a eu quelques débordements en fin de manifestation, quand des cirés jaunes ont soulevé le cordon de barrières disposé devant le conseil général. . Photos François Destoc

La manifestation contre la nouvelle grille tarifaire des liaisons maritimes vers les îles du Morbihan a attiré entre 1.500 et 2.000 personnes, hier, à Vannes. La situation s'est brièvement tendue à l'arrivée, devant le conseil général. Huit cars de Groisillons, six de Bellilois et quelques Houatais ont convergé, hier matin, à Vannes. Entre 1.500 et 2.000 personnes, selon notre estimation (*), sont venues manifester leur mécontentement face à la nouvelle grille tarifaire de dessertes des îles qui entrera en vigueur le 1er janvier, après le vote des élus du conseil général, le 18 novembre.

Vêtus du fameux ciré jaune, avec le logo « Insulaires solidaires » dessiné dans le dos, ils ont crié haut et fort leur slogan : « Bateau trop cher, îles en colère ». Ils demandent un moratoire pour garder les mêmes tarifs plus longtemps, en attendant de trouver une solution. Et annoncent la mort des îles : dans le cortège, quelques membres des Chats-Thons, la fanfare de Groix, jouent d'ailleurs la marche funèbre.

Des hausses « excessives »
« Nos enfants et nos petits-enfants ne peuvent plus venir nous voir, ça coûte trop cher », déplore Évelyne Stéphant, venue de Groix avec d'autres « mamies en colère ». « Les hausses de tarifs sont excessives, surtout pour les résidants secondaires et le transport des marchandises. Le coût de la vie va encore augmenter », regrette Janny Bernery, une Belliloise de 31 ans. « Ça va passer de 81 € à 231 € pour un camion de carburant, calcule Jean-Paul Le Goff, un retraité groisillon. Déjà que le litre de sans-plomb 95 est à 1,83 € chez nous quand il est à 1,45 € à Lorient... ».

Dans le cortège, quelques résidants secondaires se sont joints aux îliens : « Tout ce qu'on va dépenser dans le billet du bateau, on ne va plus le mettre dans le commerce local, regrette Josette Normant, venue d'Angers. Les résidants secondaires sont souvent des gens comme moi, nés sur l'île et partis sur le continent à cause du travail. Mais on aime revenir voir nos anciens ou nos cousins. Que veulent-ils : que l'île soit réservée aux riches ? ».

Face-à-face avec les CRS
Si la manifestation s'est déroulée sans débordements, la situation s'est brièvement durcie à l'arrivée, devant le conseil général. Des fumigènes et canettes ont été lancés en direction des CRS. Ces derniers ont dû utiliser un peu de gaz lacrymogène pour faire refluer les îliens du premier rang en train de soulever le cordon de barrières. Ce qui a provoqué la colère de manifestants : « C'est lamentable, s'emporte Solange Le Hénaff. À 71 ans, c'est la première fois que je prends du gaz lacrymo ».

Après un dernier blocage de rond-point, les cirés jaunes ont repris le chemin de leur île. Sauf quatre élus de Palais, qui se rendent à Paris pour manifester avec les résidants secondaires et les enfants d'îliens, ce midi à la gare Montparnasse, à Paris.

Parmi eux, le maire de Palais, Frédéric Le Gars. Avec son homologue groisillon, il a rencontré le président du conseil général François Goulard pendant une heure, hier matin : « Il a écouté nos revendications, mais a dit qu'il ne pouvait plus revenir en arrière, relate Dominique Yvon, maire de Groix. Il est prêt à faire le point dans six mois et il pourrait y avoir des avenants si c'était trop néfaste.

On n'en veut pas au conseil général : ils font un effort en doublant la subvention d'équilibre, mais la compagnie, elle, n'en fait aucun ». Après cette manifestation qui a fortement mobilisé, les îliens ne veulent pas relâcher la pression. Ainsi, les bateaux reliant Groix au continent seront bloqués ce week-end, de samedi midi à dimanche midi. Un apéro-moules est organisé ce midi au port.

* 3.000 selon les îliens, 1.000 selon les renseignements généraux. En complément La gauche demande de revoir la copie Les élus d'opposition du conseil général du Morbihan (notre photo : François Hervieux et Yves Brien) ne voteront pas la délégation de service public sur le transport maritime avec les îles en l'état. « Les tarifs et le niveau de service ne sont pas acceptables en particulier pour les enfants d'insulaires, résidants secondaires et les entreprises », soulignent ses élus en demandant « de toute urgence » à François Goulard, président du conseil général, « la mise en place d'une instance de concertation ». « Le dossier, disent-ils, doit être remis à plat et implique de reporter l'inscription du dossier à la session de décembre et non celle des 18 et 19 novembre prochains.

Si ce délai n'est pas suffisant, alors un moratoire sera nécessaire ». Pour la gauche du conseil général, « des solutions alternatives » à la délégation de service public doivent être étudiées. Elle suggère la création d'une régie directe ou d'une SPL (société publique locale) avec des capitaux publics pour assurer à la place du privé, la desserte de Groix, Belle-Ile, Houat et Hoedic

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