15/09/2014
Mais, on travaillait dur en 1970 !
Il y a du poisson au large !
Lorient résiste mieux que les ports du Finistère, touchés par la crise de la pêche, entrainant fatalement la baisse des revenus et des activités périphériques !
L'aberration "économique", après deux années de marasme, est de proposer au 1er septembre 2014 une augmentation de 2% du RSA...
Le plus sur moyen de tuer l'emploi est de subventionner "les non employés" !
Le revenu de solidarité active (RSA) est revalorisé de 2 % au 1er septembre 2014.
À noter : pour les personnes sans revenu d'activité, le RSA prend la forme d'un revenu minimum garanti égal à un montant forfaitaire (RSA socle). Par contre, si le bénéficiaire du RSA et/ou son conjoint travaillent mais que les ressources du foyer sont inférieures à un niveau minimum garanti, le RSA prend la forme d'un complément de revenu (RSA chapeau ou RSA (...)
Pêche, ces ports bretons qui font face au déclin
Télégramme du 14 septembre 2014
Didier Déniel
Année après année, l'activité dans les ports de pêche du sud-Finistère s'est réduite comme peau de chagrin.
Et les jeunes qui assureront la relève sont aussi moins nombreux : des trois lycées d'apprentissage maritime du secteur, seul celui du Guilvinec assure encore cette formation. (Photo François Destoc)
Il y a encore quelques années, la pêche portait à bout de bras l'économie de villes portuaires du Sud-Finistère. Faisant vivre des milliers et des milliers de personnes. Ce temps est révolu et certaines agglomérations ont du mal à s'en remettre. Même si d'autres activités sont apparues. La Cornouaille est, de loin, la plus touchée.
Yves L'Helgoualc'h, secrétaire général des marins CGT, exhume une photo des quais concarnois datant de 1968. Impressionnant. Une nuée de bateaux est alignée sur les quais. Bord à bord. Quatre à quatre. Avec, au milieu du grand bassin, un mince chenal permettant de sortir du port. « Quand je suis arrivé ici, en 1975, il y avait 87 chalutiers semi-industriels dans le port. Il en reste trois. Les armateurs se battaient pour trouver des marins formés. Il y avait aussi environ 200 dockers et trieuses professionnelles. Il ne reste quasiment plus rien », se désole le syndicaliste. À cette époque, peu d'adolescents des communes maritimes du Sud-Finistère se torturaient l'esprit quand il s'agissait de choisir un métier. La pêche était encore une valeur sûre. Au terme d'une année passée sur les bancs des écoles d'apprentissage maritime, ils embarquaient à la pêche. D'autres poursuivaient leurs études à Audierne, Saint-Malo ou Nantes pour devenir officier ou mécanicien.
Un bon salaire dans les années 70
« Au sortir de l'école, à 16 ou 17 ans, on se faisait des bonnes paies, confie Claude, un Fouesnantais qui avait choisi cette voie à la fin des années soixante-dix. On émargeait à plus de 10.000 francs mensuels (1.500 euros). C'était beaucoup à l'époque. Mais on travaillait dur. » Ceux qui optaient pour la pêche hauturière et qui ne dépensaient pas un centime à bord revenaient avec des comptes en banque gonflés comme des culs de chalut. Puis la ressource a commencé à piquer du nez. La profession, poussée par Bruxelles, a dû se résoudre à respecter des quotas puis à casser des bateaux.
Et les quais se sont vidés.
On se souvient de l'électrochoc du plan Mellick qui a détruit 10 % de la flottille. Ce qu'on sait moins, c'est que l'hémorragie s'est poursuivie. Plus régulière. Sans faire de vague. Pas de plan social à gérer « Les types qui étaient embarqués ont vite retrouvé du boulot. Sur les bateaux de servitude, les plates-formes, poursuit Yves L'Helgoualc'h. En tout cas, à la CGT, nous n'avons pas eu à gérer de grand plan social mettant à la rue quantité de marins ». À quelques mètres de là, sa secrétaire acquiesce. « On n'a pas vécu les affres de grands plans sociaux comme la Lorraine a pu en vivre avec la fermeture de ses hauts fourneaux, ajoute un professionnel bigouden.
Ici, tout s'est fait en douceur
Équipage par équipage. Nombreux aussi sont ceux qui sont partis à la retraite ». Reste que l'économie locale a sérieusement trinqué. Les chiffres sont là. En 2012, les ports cornouaillais affichaient des taux de chômage bien supérieurs au taux finistérien. Autre indice : dans leur ensemble, ces villes qui ont du mal à attirer de jeunes couples sont aussi touchées par un vieillissement de la population supérieur à la moyenne départementale. La part des moins de 29 ans y a baissé de plus de 10 % de 2006 à 2011, soit 9 points de plus que la moyenne départementale. Selon Jean-Michel Le Boulanger, conseiller régional et universitaire, le cas de Douarnenez est symptomatique. « Avant, Douarnenez était un port. Maintenant elle a un port. C'est toute la nuance ». Pourtant la ville, au fil des décennies a réussi une forme de mutation.
Elle s'est tertiairisée.
Actuellement, les premiers employeurs sont l'hôpital, la mairie, la communauté de communes, la thalasso et le centre de rééducation fonctionnelle ». Parallèlement, Douarnenez entretient sa vocation maritime avec son port de débarquement, ses trois conserveries et son usine de fabrication de boîtes de conserve, son port de plaisance et son port-musée. « Mais la population est passée de 21.000 à moins de 15.000 habitants. Et c'est une des plus âgées de Bretagne. » En tout cas, cela fait belle lurette que la pêche n'attire plus les jeunes. Des trois lycées d'apprentissage maritimes qui existaient, seul Le Guilvinec continue à former les marins de demain. Pour longtemps encore ? Les ports davantage touchés par le chômage Les ports cornouaillais affichent des taux de chômage (issus du recensement Insee) supérieurs au taux finistérien qui est de 11 % : Le Guilvinec (14,6 %), Concarneau (13,8 %), Audierne (12,8 %), Loctudy (12,4 %).
La réussite de Lorient Lorient, lui, tire bien son épingle du jeu.
L'an dernier, Kéroman s'est hissé à la première place des criées, détrônant ainsi Boulogne-sur-Mer. La filière y emploie plus de 3.000 personnes. La flottille est constituée de 130 bateaux : 110 côtiers et une vingtaine de hauturiers. Plus de 24.000 tonnes y ont été débarquées en 2013. Mais 80.000 tonnes y sont commercialisées, si on y inclut le poisson qui provient des bases avancées écossaises.
En complément
Un manque de volonté politique
Ces dernières années, le nombre d'emplois a fondu comme neige au soleil sur les quais cornouaillais. « Il y a 8 ans, tous métiers confondus, la filière pêche représentait 8.000 emplois, précise Jean-François Garrec, président de la CCI Quimper, structure qui gère les ports cornouaillais. Nous sommes tombés à 5.500 cette année. » Dont 1.500 marins-pêcheurs travaillant sur des bateaux locaux. (*) « Un millier de navires étaient en activité au début des années 90 dans les ports du sud-Finistère. Contre 400 aujourd'hui, ajoute Philippe Le Carre, responsable du développement maritime à la CCI. Le tonnage, lui aussi, est tombé de 90.000 t à 45.000 t ». Pour ces responsables, la profession navigue complètement à vue. « Les bateaux, construits il y a plus de 25 ans sont extrêmement gourmands. Et posent parfois des problèmes de sécurité. Certains sont à bout de souffle ». Faute de subventions pour la construction ou la transmission, et la flambée des prix qui touche les bateaux d'occasion, la profession n'attire plus les jeunes. Elle meurt à petit feu. « Pourtant, nous poursuivons nos investissements - 5 M€ en 2013 - sans savoir de quoi demain sera fait, poursuit le président de la CCI. Car nous n'avons aucun signal politique fort. Ni de l'Europe, ni du gouvernement. Un exemple : le nouveau contrat de plan débute le premier janvier 2015. On n'en connaît pas encore la teneur ».
« Il y a du poisson au large »
Pour maintenir le cap, la CCI mise sur une concentration des activités portuaires. Concarneau (qui a perdu sa flottille semi-industrielle et industrielle) continue à être un grand pôle de mareyage où énormément de poisson arrive par camions. Cette ville a su aussi développer ses activités construction et la réparation navale qui emploient 400 personnes. « Douarnenez est devenu un port de débarque pour le poisson bleu. Nous essayons aussi d'y attirer les bateaux étrangers. À présent, une dizaine d'unités espagnoles le fréquentent régulièrement, ainsi que quelques Irlandais. Une cellule commerciale dédiée y travaille activement ». Reste aussi la plaisance qui ne cesse de gagner de la surface dans les bassins. « Mais en termes d'emplois, c'est loin d'être comparable à la pêche ». À la CCI de Quimper Cornouaille - où les ports représentent 70 % de l'activité - on espère une seule chose : que l'étau des quotas se desserre. « Il y a du poisson au large et on sait bien gérer la ressource maintenant. La demande nationale est très forte. Toutes les conditions sont réunies pour que nos ports retrouvent un réel dynamisme. Et que des emplois soient créés ». * Près de 300 marins sont employés sur les gros thoniers concarnois qui travaillent dans l'océan Indien.
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