17/08/2014
La néo-bretonne est "morte", la culture architecturale à l'école...
La construction des maisons individuelles en Bretagne a profondément changé ! Le "bout" de granit n'est plus indispensable...
Les porte-monnaie sont serrés, l'économie sur l'architecture, une grave erreur !
Saint Pierre Quiberon est en cours de défiguration en raison des autorisations "d'extensions", dites "Sarkozy" (50 mètres carrés). Ainsi au Grand Rohu, où l'Association de défense est quasi moribonde, on construit à l'entrée de la place "un garage", offrant un pan de mur aveugle (type mur de la honte), plus loin un chien-assis, qui ne respecte pas la taille de ceux qui existent déjà, près de l'Ecole de voile, une maison nouvelle en forme de "hangar à bateaux"..., bref, une série de constructions, organisées par des "constructeurs" (vive l'ordinateur à fabriquer de beaux plans...)...
Le bureau de l'urbanisme à SPQ est "ridicule", mal équipé et mal dirigé ! Le résultat, des autorisations "à la chaine", sans aucun parti pris d'urbanisme élégant... on en prend pour 100 ans de "mochetés" en parpaing !
L'architecture, pratiquée par des professionnels talentueux, existe aussi ici. Les Maîtres d'œuvre locaux doivent être cantonnés à leur rôle... arrêtons de faire des constructions, qui dévalorisent le tissu local (par exemple le 5, rue des Courlis, où l'abus de densité donne des cages à poule...) et aidons la recherche du "beau" par des concours locaux !
La Mairie est totalement responsable de notre avenir architectural, ici à Saint Pierre !
Architecture, la Bretagne se réinvente
Télégramme du 17 août 2014
Hervé Queillé
Il souffle comme un vent des tropiques sur cette maison, conçue par Thomas Collet et Romain Grégoire (Studio 02).
La pergola en bois offre de nombreux avantages, notamment celui de créer l'harmonie entre le bâtiment et son environnement naturel (architectes : Véronique Stephan-Cozic et Michel Grignou).
L'orientation d'une maison en bois joue un rôle déterminant dans l'atmosphère qui s'en dégage. Pour consommer un minimum d'énergie, des ouvertures au sud permettent de bénéficier de la chaleur solaire (architectes : Margot Le Duff et Matthieu Girard).
Tournée vers la mer et entourée de bastingages, cette habitation, pensée par le Collectif d'architectes de Brest, a des allures de bateau de plaisance. (Photos DR)
Existe-t-il encore une maison typiquement bretonne ? Après des années de banalisation et de pauvreté du style, les nouvelles normes de construction bioclimatique vont-elles susciter la renaissance de l'identité architecturale de la région ? La nécessité de construire « développement durable » va-t-elle entraîner, parallèlement, le retour des architectes vers la maison individuelle ?
Après l'épisode caricatural des néobretonnes des années 1960-1990, puis la banalisation affligeante qui a touché la Bretagne et bien d'autres régions françaises, le chercheur universitaire Daniel Le Couédic (*) estime que la notion de maisons particulières propres à la Bretagne peut retrouver tout son sens. Du moins si l'on respecte les principes de développement durable portés par les exigences de la construction bioclimatique.
En l'occurrence en construisant des maisons dont la structure et la forme sont largement influencées par le climat, l'environnement et en utilisant prioritairement des matériaux de proximité : bois, pierre, argile, paille... Et non plus des formes évocatrices a priori et de façon caricaturale de la société paysanne révolue. Francis Boyer, président régional de l'Ordre des architectes, considère également que le développement durable contribue à puiser dans le terrain local des éléments susceptibles de définir une identité régionale.
La fonction crée la forme
Une identité attachée, donc, au lieu d'implantation mais aussi à la technique et aux fonctions que doivent assurer les maisons d'aujourd'hui et de demain : des bâtiments judicieusement installés dans le contexte naturel et bâti, moins énergivores, plus lumineux, offrant plus d'espaces à vivre et plus sains. Des principes trop longtemps négligés, reconsidérés et plus efficacement assumés grâce aux nouvelles technologies. Pour autant, gare à ne passer d'un extrême à l'autre, d'un « néobreton folklorique purement esthétique à un modèle qui ne serait que technique », soulignent Benoît Robert et Bruno Le Pourveer, jeunes architectes costarmoricains. « La référence à une identité régionale n'est plus un élément de travail pour les architectes. En revanche, une maison n'est pas que technique ; elle a d'abord une fonction de vie. Quant au style breton, il se caractériserait plutôt par sa sobriété et sa discrétion. »
La maison du XXIe siècle
Si discret que les deux architectes, élevés « dans la religion de la ville et de la densité », estiment que le modèle de la « maison individuelle isolée au milieu d'un champ » n'a plus cours dans l'architecture d'aujourd'hui car consommatrice d'espace et de services. Daniel Le Couédic est plus mesuré : « Il faut évidemment lutter contre le gaspillage des terres agricoles et retrouver le sens de l'espace public que les lotissements ont galvaudé. Mais la Bretagne est une ville invisible, constituée d'un fort maillage de petites villes et de bourgs vivants. Elle a intérêt à défendre ce modèle qui offre des conditions de vie remarquables. Vivre en maison individuelle correspond à une aspiration nullement honteuse des Bretons ». En auront-ils les moyens en ces temps de crise persistante ? En tout cas, de plus en plus d'architectes reviennent à la maison individuelle, poussés par la crise mais aussi par le biais des permis de construire groupés, pour le compte de constructeurs ou collectivités. Certains proposent également leurs services en tant que « conseillers-accompagnateurs » d'auto-constructeurs. Bien décidés cette fois, semble-t-il, à participer à la construction d'un nouveau modèle de maison bretonne : celle du XXIe siècle. *
Professeur à l'Institut de géoarchitecture de l'université de Bretagne occidentale
En complément
La fausse tradition des néobretonnes
Façades blanches, toits en ardoises à double pente, parements de granit... Pendant quarante ans, elles ont incarné la maison traditionnelle bretonne. Et pourtant, les néobretonnes, affirment les architectes, n'étaient que des pastiches : « Les maisons traditionnelles n'étaient pas blanches, hormis dans les îles. Et plus que les ardoises, les toitures étaient végétales. Quant à la pierre, elle n'était pas universelle, la terre (dans le bassin rennais) ou le bois étaient aussi utilisés ».
Retour du refoulé
« La néobretonne, c'est le retour du refoulé, explique Daniel Le Couédic. Cela correspond à l'arrivée de la société de consommation, un moment où l'accession à la maison individuelle devient plus facile. En même temps, les Bretons ont le sentiment qu'ils ont laissé quelque chose derrière eux : des parents à la campagne, la langue... C'est aussi le moment où fleurissent les autocollants "BZH" sur les voitures, les premières écoles en breton... Bref, l'expression de la demande d'une identité dont la maison est l'emblème par excellence. S'appuyant sur des normes administratives favorables à ce néorégionalisme, les constructeurs vont s'engouffrer dans ce marché. Et la néobretonne connaîtra un succès fantastique, marquant notablement le paysage. »
Arrêt brutal
L'arrêt du phénomène sera brutal, au début des années 2000. Désormais, les constructeurs mettent en avant confort et performances énergétiques. Peu fonctionnelles, les néobretonnes peuvent néanmoins intéresser les candidats à la rénovation de par leurs gros volumes habitables. « Quant à ceux qui s'interrogeraient sur la multiplication du toit plat - qui devient effectivement une caractéristique de la maison en Bretagne, ce qui est différent de la "maison bretonne" -, il ne s'agira pas d'un "néo-néo-néo-breton", car il abandonne toute référence langagière à la région », souligne Daniel Le Couédic.
Bernard Menguy : « On n'a rien inventé »
Bernard Menguy, architecte à Vannes, concevait déjà des maisons bioclimatiques, il y a trente ans.
Pourquoi ce choix de la maison bioclimatique ?
Le bon sens. L'habitat traditionnel des paysans était bioclimatique par excellence : exposé sud-est, souvent semi-enterré, avec une zone tampon au nord, des toits descendant très bas. Le système d'isolation était génial : du sable mélangé à de l'avoine entre deux murs servait de rupteur thermique. À l'intérieur, la fonctionnalité était remarquable : le lit-clos servait à l'intimité mais aussi à conserver la chaleur. Par ailleurs, en 1980, les médecins commençaient à se poser des questions quant à l'impact des colles, revêtements de sol et isolants sur la santé. La chimie a pris place dans la construction et nous a amenés à avoir une vision plus globale de l'architecture.
À quoi ressemble une maison bioclimatique ?
C'est notamment une maison habillée et construite avec des matériaux locaux : bois (structure, isolation), paille, chanvre, lin, paille ou terre. C'est propice au développement de filières et de l'économie locales. Cela peut modifier aussi le paysage architectural de la région. La décision ne dépend pas des architectes mais de la volonté des constructeurs de renouveler leurs catalogues et aussi des souhaits de la population. Le problème est que la culture architecturale n'existe pas en France. Il faudrait la faire entrer à l'école.
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