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15/07/2014

La croissance, venue du ciel !

"Pour le redressement économique de la France", discours d'Arnaud Montebourg du 10 juillet 2014

Montebourg à Florange.jpg

4 jours avant le discours du Président de la République, le Ministre de l'Economie présente "sa vision" de la France, de l'Europe et du Monde... et ce n'est guère triste, tant les réflexions sont contradictoires et à peine du niveau d'un bachelier moyen !

Les phrases toutes préparées et "à la mode" brodent un discours débraillé : le redressement économique, la politique industrielle, la politique de l'offre, le taux de change de l'Euro, le patriotisme économique, la compétitivité, les 34 plans industriels, la politique de soutien, les comptes publics, la désintoxication de la dépense publique, les professions en situation de monopole, la Banque Publique d'investissement...

Discours de tribune, qui d'ailleurs est escamoté sur tous les sites publics (ministères, documentation française)...

Que retenir : le manque de réflexion d'un Ministre, qui semble ne pas avoir de formation économique ! Son maître-mot : essayer autre chose, quand ça ne marche pas...

Comprendre : l'acteur économique ne s'engage, que si la politique à long terme est favorable et constante.

Depuis deux ans les mesures, présentées comme "de redressement" sont incohérentes : augmenter les impôts pour réduire le déficit public, favoriser les décisions d'investissement étatiques (AM intervient sur les dossiers brûlant, avec un chèque en blanc de la BPI, dont les fonds s'épuisent !), laisser monter les conflits sociaux, qui minent les résultats économiques, favoriser "les copains" dans toutes les nominations dépendantes de la puissance publique...

Le Duc de Bercy ne manque pas de panache, mais son discours est racoleur !


Discours d'Arnaud Montebourg du 10 juillet 2014 : cliquer

Montebourg fait son show, sous les auspices de Roosevelt
Le Monde.fr du 10 juillet 2014
Patrick Roger

Quel show ! Imaginez un ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, qui réquisitionne la salle des conférences de Bercy — du nom de « Pierre Mendès France » — pour présenter sa feuille de route pour le redressement économique de la France. Pas celle du gouvernement dont il fait partie : la sienne, qui appelle, à ses dires, « une évolution de notre stratégie macroéconomique ».

A la tribune, flanqué des drapeaux tricolore et européen, face à un parterre de six cents personnes au premier rang desquelles se mêlent le grand patron Serge Dassault et celui de FO, Jean-Claude Mailly, il lance un appel à « combattre le conformisme ». « Mon adversaire, c'est le conformisme. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti et pourtant il gouverne », lance-t-il, s'écartant un moment de son texte écrit. Chacun aura compris la référence à François Hollande, dont il ne prononcera pas une seule fois le nom.

HOLLANDE ÉCORCHÉ

Se réclamant de l'« esprit de Roosevelt », il s'en prend à une politique de réduction des déficits publics « moralement juste mais économiquement fausse ». « Cette politique ne permet pas la réduction des déficits car, en privant l'économie de croissance, elle empêche précisément le rétablissement des comptes publics », assène-t-il. Sévère réquisitoire à l'encontre d'une politique qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle suivie par l'actuel gouvernement.

Les proches du ministre de l'économie assurent qu'il ne s'agissait pas là d'un discours de « désertion ». « La désertion, c'est celle de notre électorat. Elle a eu lieu aux municipales et aux européennes. Ce discours, c'est à lui qu'il s'adresse », assure Arnaud Leroy, député des Français de l'étranger.

VALLS ÉPARGNÉ

En prenant publiquement date de la sorte, Arnaud Montebourg esquisse une autre politique possible, en prenant bien soin de ménager Manuel Valls, le premier ministre, sur le « courage » duquel il continue à compter. L'un et l'autre, l'un s'appuyant sur l'autre, pense-t-il, peuvent remiser « les préjugés, les certitudes, les croyances dans lesquels les cerveaux sont enferrés ».

Il veut pousser l'autre à prendre sa part de risques pour infléchir une politique qui porte par trop le sceau présidentiel. Tel le Grand Condé qui prit la tête de la Fronde des princes, il entend « sortir la France de ses archaïsmes ». Des archaïsmes dont on devine sans mal le siège.

L'opération est pour le moins osée. Les troupes d'Arnaud Montebourg sont clairsemées, l'intendance mal assurée, mais le propos est flamboyant et le duc de Bercy ne manque pas de panache.

Quand Montebourg étrille Hollande sur le conformisme

Le Figaro du 11 juillet 2014

Le chef de l'État n'a pas pris ombrage de la saillie du ministre de l'Économie, lui adressant même un texto de félicitations pour son discours prononcé jeudi à Bercy.

Arnaud Montebourg a-t-il critiqué le président jeudi lorsqu'il a détaillé sa «stratégie» pour le redressement économique de la France? Devant plusieurs centaines de chefs d'entreprise et de représentants des partenaires sociaux, le ministre de l'Économie a lancé: «Dans la responsabilité qui m'est confiée, dans le ministère que j'occupe, je n'aurai donc qu'un adversaire: le conformisme politique et intellectuel. Le conformisme, il n'a pas besoin présenter sa candidature. Il ne présente pas de programme mais il gouverne.»

Disant cela, Arnaud Montebourg a exhumé le discours de campagne de François Hollande, prononcé au Bourget en janvier 2012. «Dans cette bataille qui s'engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance», avait martelé le candidat désigné du PS. Ces mots, tout comme le discours du Bourget, la gauche du PS les avait adorés. Elle en parle maintenant avec nostalgie et colère, convaincue que le président Hollande a tourné le dos à toutes ses promesses.

Hollande a envoyé un texto à Montebourg pour le féliciter
En évoquant non pas de la finance mais le conformisme, Montebourg a voulu signifier jeudi à Hollande qu'il s'était trop éloigné de ses positions du Bourget. «C'est un clin d'œil au Bourget, à la filiation et à l'attachement de Montebourg au ton du Bourget, à l'esprit du Bourget, aux idées et aux promesses du Bourget», confie un proche du ministre. Ravi de l'effet produit dans les médias, ce conseiller ajoute: «Cette phrase du ministre, il faut l'interpréter comme la Torah. Elle sera toujours sujette à interprétation jusqu'à la fin des temps».

Selon ses dires, Montebourg «le combattant» est convaincu qu'«on ne s'en sortira pas sans repousser les frontières». C'est du reste ce qu'il a fait jeudi en proposant notamment au gouvernement de consentir de nouvelles baisses d'impôts aux ménages. De là à penser que le troisième homme de la primaire PS de 2011 prépare une éventuelle candidature pour 2017, il n'y a qu'un pas. Invité vendredi matin de LCI, Michel Sapin a pris les devants. «S'il n'y a pas de résultats, pour qui que ce soit, il n'y aura pas de capacité pour la gauche de gagner la prochaine fois», a prévenu le ministre des Finances tout en assurant ne pas avoir entendu Montebourg «prendre rendez-vous pour 2017».

François Hollande semble en tout cas ne pas avoir pris ombrage des déclarations de jeudi. Ou a préféré ne pas leur donner plus de relief qu'elles n'en ont à quelques jours de son interview du 14 Juillet. «Le président a envoyé un texto au ministre pour le féliciter», assure un proche de Montebourg.

Arnaud Montebourg, des paroles pour quels actes ?
Le Monde.fr du 11 juillet 2014

Jeudi 10 juillet, Arnaud Montebourg a présenté trente mesures pour le « redressement économique de la France ». Le ministre de l'économie a une nouvelle fois adopté un ton volontariste. Mais que sont devenus ses principaux engagements depuis 2012 ?


1. Le « made in France » et le pari de la réindustrialisation
Depuis la primaire socialiste, où il a imposé son thème de la démondialisation, le grand combat d'Arnaud Montebourg est de relancer la production française. « Un pays qui ne produit pas est dans la main des pays qui produisent. (...) [Dans le futur], les Chinois auront fait de nous leurs nouveaux esclaves ? Eh bien non ! », explique le ministre, dans le documentaire de Benjamin Carle, Made in France, diffusé en grande pompe à Bercy.

Une ambition de redynamisation du tissu industriel qu'il a tenté d'insuffler à la tête du ministère du redressement productif. L'ancien avocat a d'abord réalisé un travail de communication à destination des consommateurs, en posant en marinière en une du Parisien Magazine, où il exprimait la volonté de mettre en place des rayons de produits français dans les supermarchés, puis en réalisant une vidéo grandiloquente sur le « génie » industriel français, en écrivant un livre intitulé La Bataille du « made in France », etc. Puis M. Montebourg a annoncé la mise en place de trente-quatre plans destinés à relancer l'industrie française, en la positionnant sur des secteurs innovants.

Difficile pour le moment de juger des résultats. La campagne médiatique de M. Montebourg a eu une réelle résonance. Mais les rayons de produits français ne se sont pas généralisés, malgré les tests effectués dans certains supermarchés à Lorient ou à Lanester (Morbihan). « Est-ce que le marketing du produit, le label "made in France", suffit à faire acheter ? Moi qui suis Breton, je peux vous dire que cela ne marche pas en Bretagne. De même, en Alsace, le "made in Alsace" est plus sexy », a ainsi expliqué Michel-Edouard Leclerc aux Echos. Impossible également de juger de l'efficacité des trente-quatre filières, dont certaines feuilles de route viennent d'être finalisées. En tout cas, selon l'Insee, la production manufacturière des trois derniers mois est inférieure à celle des mêmes mois de l'année 2013 (– 0,7 %).

2. Le combat pour sauver Florange
La sentence se voulait sans appel. « Nous ne voulons plus de Mittal en France », déclare le 25 novembre 2012 le ministre du redressement productif, envisageant même une « nationalisation transitoire » des hauts-fourneaux de Florange et ainsi permettre la survie du site. Une idée inspirée par l'exemple américain pendant la crise traversée par General Motors. Selon M. Montebourg, il s'agit alors de la meilleure façon de tenir la promesse de François Hollande, qui s'était engagé pendant la campagne à sauver les deux derniers hauts-fourneaux de Lorraine.

Après plusieurs jours de bras de fer et une sérieuse brouille entre le ministre et Jean-Marc Ayrault, le premier ministre écarte l'idée de nationalisation « au vu des engagements qu'il a obtenus d'Arcelor Mittal », soit un investissement de 180 millions d'euros sur cinq ans. Seul un tiers de cette somme serait consacré à des investissements nouveaux, estiment les syndicalistes de la CFDT qui se rendent à Matignon en soupçonnant publiquement un « accord secret ». En avril 2013, les deux hauts-fourneaux sont mis sous cocon, mais 450 ouvriers sont reclassés, Mittal est toujours en France et ses engagements sont en partie tenus. Mais les derniers hauts-fourneaux ont fermé, et M. Montebourg n'a pas réussi à imposer l'idée que l'Etat devait être plus interventionniste dans ce genre de crise.

3. Faire changer la banque centrale européenne

Réorienter l'Europe, une obsession pour Arnaud Montebourg. Le ministre de l'économie n'a toujours pas renoncé à la promesse de François Hollande, qui s'était engagé pendant la campagne présidentielle à renégocier le traité européen. Depuis cet échec, son ministre ambitionne encore de faire changer la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

Selon Montebourg, l'institution, trop inflexible, est en partie responsable d'un euro trop fort, qui favorise les importations et concurrence les productions nationales. Du coup, M. Montebourg multiplie les déclarations offensives. Par exemple lors d'un débat à Sciences Po, en octobre 2013 :

« Il nous faut une banque centrale qui mène une politique monétaire à la hauteur des autres banques centrales. (...) Il nous faut un système politique qui soit efficient, qui nous permette de prendre des décisions en rapport avec les besoins des peuples européens. Aujourd'hui, qu'est-ce que nous impose la Banque centrale européenne ? Une politique budgétaire impitoyable et une politique monétaire stupide. »
Ou encore, lors d'une interview aux Echos, après sa nomination comme ministre de l'économie, où il demande des contreparties aux efforts de rigueur budgétaire de la France :

« Il serait temps que la Commission organise, stimule et relance enfin la croissance européenne. Nous sommes fondés à demander des mesures concrètes. Il faut aider les fantassins nationaux qui font l'effort de rétablir leurs comptes publics nationaux, par un appui aérien de la Banque centrale européenne (BCE). »
Pour quel résultat ? Pour le moment, la BCE n'a pas changé d'un iota sa politique monétaire. A l'issue de son conseil des gouverneurs, le 3 juillet, l'institution a laissé inchangés ses taux directeurs, un mois après les avoir abaissés à de nouveaux records. Et elle n'est pas prête de bouleverser cette stratégie. « La stabilité monétaire, la BCE s'en occupe. On a été clairs sur le fait que les taux d'intérêts resteront très bas, très proches de zéro pendant une période très longue, quels que soient les développements dans le reste du monde », a déclaré dimanche 6 juillet Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.

4. Alstom et le patriotisme économique

Un fleuron industriel français intéresse des industriels étrangers. Arnaud Montebourg ne peut rester discret. « L'offre n'est pas acceptable en l'état », lâche-t-il le 25 avril, lorsque General Electric fait part de son intention d'acquérir la branche énergies d'Alstom. Arnaud Montebourg affirmer vouloir faire preuve de « vigilance patriotique » et étudier des solutions différentes, notamment un rapprochement avec l'allemand Siemens, ou un « plan C », entièrement « made in France » pour le rachat de l'entreprise. Finalement, General Electric prend le contrôle opérationnel du secteur énergétique et l'Etat entre au capital, le 22 juin, en trouvant un accord pour le rachat des actions Bouygues, premier actionnaire d'Alstom. Un demi-succès pour le ministre, qui se montre très positif sur Twitter :

La réelle victoire de M. Montebourg est ailleurs. A la mi-juin, Manuel Valls signe un décret pour contrôler les investissements étrangers dans les secteurs considérés comme stratégiques. Surnommé le décret Alstom, cette nouvelle réglementation a été inspirée au premier ministre par le ministre de l'économie dont le volontarisme a eu des résultats concrets.

Lire : L'Etat deviendra le principal actionnaire d'Alstom

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