16/05/2014
Profit ? le "mécano industriel" aggrave en général la situation des entreprises "privées" !
Dans le contexte actuel, les affaires AREVA, ALSTOM et Bouygues Telecom illustrent l'incapacité de l'Etat à gérer de grands groupes industriels...
Les choix des dirigeants sont validés soit par la valeur estimée de l'entreprise qu'ils dirigent (Bourse, offre de mariage, rentabilité), soit infirmés par la dégradation des résultats financiers...
Le gouvernement d'aujourd'hui s'essaye "au mécano industriel", après le 15 avril de chaque année, date de publication des résultats...
Ces derniers sont mauvais chez AREVA, médiocres chez ALSTOM, difficiles chez Bouygues Telecom. Malgré les grands principes de l'Europe des marchés (libre circulation de la Main d'œuvre et des Capitaux), les "coups tordus" des politiques sont innombrables. Insultes publiques envers les dirigeants, qui ne font pas antichambre à Bercy, mesures réglementaires provisoires, probablement retoquées dans six mois, mariages "forcés" entre concurrents européens, qui n'en veulent pas...
Communiqués "grotesques" et déclarations radiophoniques et télévisuelles, destinées à endormir l'électeur !
Alors que l'Etat gère très mal la fonction publique, il court après les visites d'usine "modèles", où le festival de Cannes est permanent !
La réalité financière est plus abrupte... résultats financiers négatifs, ce sont des plans obligatoires de réduction de l'emploi dans les filières françaises de ces entreprises et souvent des plans de secours pour rétablir une situation financière dégradée (alors que le circuit public de financement est "à sec" !).
Le rôle de l'Etat est aujourd'hui "dévoyé" et "fautif" ! Lorsque l'on prône un programme de réduction de la production électro-nucléaire, on ne peut espérer voir grandir AREVA et ALSTOM. Le marché de ces sociétés n'est "plus français" par la faute d'options politiques de courte vue, les Américains sont certainement les mieux placés pour en profiter !
Comment Areva peut améliorer ses comptes
Les Echos du 14 mai 2014
Veronique Le Billon
La Cour des comptes s'inquiète des finances d'Areva, qui a engagé un plan de redressement.
Les marges de manoeuvre supplémentaires restent limitées.
Areva sera-t-il le prochain dossier industriel sur la table du gouvernement ? Au-delà des critiques sévères sur les années Lauvergeon (« Les Echos » d'hier), le prérapport de la Cour des comptes souligne la fragilité du groupe nucléaire public. « La situation du groupe est inquiétante. Ne disposant désormais plus d'actifs majeurs susceptibles d'être cédés, il doit redresser sa trajectoire financière, indique-t-il. La tutelle doit s'interroger sur les besoins capitalistiques du groupe tout en mettant en place, en collaboration avec Areva, un plan de retour à la rentabilité. »
Le plan de redressement, note Areva, a justement été mis en place fin 2011. « Le prérapport de la Cour des comptes est écrit au présent mais le Areva de 2012 [date de la fin de la période sous revue, NDLR] n'est pas celui de 2014 », plaide-t-on au sein du groupe.
Baisse du chiffre d'affaires
Baptisé Action 2016, ce plan de redressement décline à l'horizon 2015-2016 des objectifs tangibles : une croissance du chiffre d'affaires de 4 à 5 % par an, une marge d'excédent brut d'exploitation en croissance de 2 points par an et une croissance « significative » du flux de trésorerie opérationnel. Ce dernier est revenu à l'équilibre en 2013, marquant selon Areva un jalon important, mais le groupe a encore enregistré des pertes significatives (- 494 millions d'euros) et a dû conclure une coentreprise dans les activités des énergies renouvelables pour en partager les coûts. Et 2014 ne sera pas une bonne année, a confirmé le groupe : le chiffre d'affaires devrait baisser de 2 à 5 %. « Le groupe va mieux mais cela ne veut pas dire qu'il va bien », répète désormais son président du directoire, Luc Oursel.
Si le groupe estime que son plan d'économies suffira pour assurer son redressement, les marges de manoeuvre supplémentaires restent limitées. Comme le souligne la Cour des comptes, l'essentiel du potentiel de cessions d'actifs a déjà été réalisé. Le groupe s'était fixé un objectif de ventes de 1,2 milliard d'euros, déjà atteint. Reste la filiale de mesure Canberra, dont la cession a échoué l'an dernier, et dont le processus de vente n'a pas été relancé. Si l'activité minière a de son côté été filialisée en 2011 pour faciliter l'entrée d'investisseurs, la chute des cours de l'uranium induirait une modeste valorisation. La dernière piste à l'étude (le chinois CNNC dans le projet d'Imouraren au Niger) a d'ailleurs échoué.
Négociations compliquées
Une autre option pour Areva, évoquée par certains connaisseurs du groupe, serait de couper dans les investissements de développement du projet minier d'Imouraren au Niger, évalué à 1,9 milliard d'euros (un tiers aurait déjà été dépensé) alors que le marché est au plus bas. Areva en a déjà repoussé l'horizon, mais le dossier est compliqué par la renégociation, toujours en cours, de ses deux conventions minières. Surtout, le président nigérien a fait d'Imouraren un des projets phares de son mandat.
Si Areva, très majoritairement public, se plaint régulièrement de son faible niveau de flottant en Bourse (4 %), il assure qu'il n'y a aujourd'hui au sein du groupe « aucune réflexion sur le capital ». Areva a en revanche demandé à l'Etat de placer son futur investissement dans les EPR britanniques dans le portefeuille d'actifs qu'il doit consacrer à ses futurs chantiers de démantèlement, ce qui lui permettrait de dégager des liquidités. Quant à l'Etat actionnaire, il se contente, à ce stade, de racheter des parts d'Areva au CEA pour que ce dernier finance ses propres charges.
Véronique Le Billon, Les Echos
Les chiffres
494 millions d'euros la perte nette du groupe en 2013.
204 millions d'euros
Le flux de trésorerie en 2013, hors énergies renouvelables.
Orange étudie l'acquisition de Bouygues Telecom
Les Echos du 16 mai 2014
Solveig Godeluck
Martin Bouygues pourrait réduire son risque télécoms tout en montant au capital d'Orange.
Il y aurait moins de casse sociale qu'en se mariant avec Free.
Tout semble devenu possible dans les télécoms. Selon nos informations, Orange, que l'on croyait condamné au célibat par les autorités de la concurrence, discute fiançailles avec Bouygues depuis le mois d'avril. Après avoir échoué à racheter SFR, Martin Bouygues a rencontré à plusieurs reprises le PDG d'Orange, Stéphane Richard, pour ébaucher une opération.
Selon le schéma à l'étude, l'opérateur historique rachèterait Bouy-gues Telecom pour 6 milliards d'euros au moins. Il paierait une partie en cash, et une partie en actions. Les propriétaires de Bouy-gues Telecom, c'est-à-dire Bouy-gues (90 %) et JCDecaux (10 %) deviendraient au passage les principaux actionnaires d'Orange après l'Etat. Martin Bouygues aimerait même aller plus loin et obtenir de regrouper sa future participation avec celle de l'Etat (27 %), afin de la gérer pour son compte, un peu comme ce qui se fait chez EADS avec Lagardère. Pour l'instant, rien n'est cependant décidé.
Contacté par « Les Echos », Stéphane Richard a confirmé les discussions en cours, tout en relativisant le sujet : « Nous évaluons nos options, mais personne ne m'a demandé du côté de l'Etat d'étudier le rachat de Bouygues Telecom », précise-t-il. Le dirigeant aimerait réaliser ce mariage, mais se méfie de la réaction de Bruxelles, qui serait l'autorité compétente sur le plan de la concurrence : « Je ne veux pas engager Orange dans une aventure », explique Stéphane Richard aux « Echos ». Dans un communiqué publié hier soir, le groupe a précisé « examiner les opportunités qu'offre la recomposition du paysage français des télécoms ».
Montebourg favorable
Du côté de Bouygues, on se montre peu disert : « Bouygues reste évidemment attentif à l' évolution du secteur des télécoms en France. Cette évolution conduit tous les opérateurs du marché à réfléchir à toutes les hypothèses et opportunités. Bouygues réaffirme que sa filiale Bouygues Telecom est en mesure de poursuivre sa stratégie "stand alone". » Pour Martin Bouygues, vendre à Orange permettrait de ne pas brader sa filiale à Free, qui ne lui en offrirait que 5 milliards d'euros environ, alors qu'il en veut 8 milliards.
Chez Arnaud Montebourg, qui milite pour le retour à trois opérateurs mobiles au lieu de quatre, on est très favorable à cette initiative. L'Etat souhaite être moteur dans la consolidation de Bouygues avec « un autre opérateur », a déclaré le ministre de l'Economie, en ajoutant : « Ca tombe bien, nous sommes actionnaires d'un opérateur et pas le moindre, donc nous sommes parfaitement intéressés au bon achèvement de ce grand chantier national. »
Le mariage avec Orange permettrait de réduire la casse sociale par rapport à un rachat de Bouygues Telecom, selon la CFE-CGC d'Orange. Le syndicat a d'ailleurs publié hier une lettre ouverte au Premier ministre, en réclamant une fusion Orange-Bouygues. Pour Sébastien Crozier, leur porte-parole, cela permettrait d'éviter un plan social pressenti chez Bouygues Telecom : « 2.000 emplois, c'est quatre mois d'attrition naturelle chez nous. En gardant ces emplois, on ne ferait que retarder de quatre mois le plan de départs d'Orange... et nous serions très contents de voir arriver ces salariés qui rajeuniraient notre pyramide des âges. »
Bruxelles pourrait tiquer
Reste que le gendarme européen de la concurrence risque de ne pas être tendre. Certes, pour faire passer la pilule, le réseau mobile et certaines fréquences de Bouygues seraient vendues à Free, au même prix que ce qui était envisagé dans le deal SFR-Bouygues (1,8 milliard d'euros). Mais il faudrait probablement céder aussi des abonnés fixes (Bouygues et Orange auraient 48 % de part de marché à deux) et mobiles (plus de 54 %).
En parallèle, Orange réfléchit à une solution moins délicate au plan concurrentiel : un partage avec Bouygues Telecom de son réseau mobile (à condition de réussir à annuler le partage en cours entre Bouygues et SFR), la mise en commun des fréquences et la location par Bouygues de la fibre d'Orange (plutôt que de celle de Numericable).
Investissements étrangers, Sapin défend un décret, protecteur pour la France
Le Parisien du 15 mai 2014
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a justifié ce jeudi l'adoption d'un décret pour permettre à l'Etat d'arbitrer les rachats industriels français par des groupes étrangers.
Le gouvernement se mobilise ce jeudi matin pour défendre son choix d'une mesure protectionniste à l'égard des investissements étrangers en France. Publié officiellement ce jour et entrant en vigueur dès vendredi, ce décret étendu vise notamment à bloquer les ambitions de General Electric ou Siemens sur le fleuron industriel français Alstom.
Un «rôle fondamental» de l'Etat qui «protège les intérêts stratégiques de la France», a justifié, sur Europe 1, le ministre des Finances Michel Sapin.
«La puissance publique doit avoir son mot à dire», a pour sa part affirmé Matignon. Mais la Commission européenne n'a pas tardé à réagir à cette annonce et met Paris en garde contre toute tentation protectionniste. «L'objectif de protéger les intérêts essentiels stratégiques dans chaque Etat membre est essentiel dès qu'il s'agit de sécurité ou d'ordre public. C'est clairement prévu dans le traité. Mais nous devons vérifier si (cet objectif) est appliqué de manière proportionnée sinon cela reviendrait à du protectionnisme», avertit le commissaire chargé du Marché intérieur, le Français Michel Barnier.
«Pourquoi est-ce que seule la France serait dépourvue de capacité de peser, non pas d’interdire, mais d’être dans le dialogue avec les grandes entreprises internationales lorsqu’il s’agit de l’armement, de l’énergie, de l’eau, de secteur qui sont évidemment stratégiques pour un pays comme le nôtre ?», interrogeait peu avant Michel Sapin. Le dispositif, qui étend un décret de 2005 à cinq nouveaux secteurs (énergie, transport, eau, télécoms et santé), n'a rien d'inédit en Europe. Cette mesure «existe déjà par ailleurs, comme en Allemagne, en Italie, en Espagne, de même qu'aux Etats-Unis», a fait valoir Matignon.
«Le choix que nous avons fait, avec le Premier ministre, est un choix de patriotisme économique», affirme de son côté le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, dans un entretien au Monde daté de vendredi. Le but étant surtout de «pouvoir exiger des contreparties», a-t-il détaillé.
Ne pas refroidir les éventuels investisseurs
«Bien entendu, la France reste ouverte aux investissements étrangers», rappelle néanmoins Matignon. Plutôt qu'une interdiction, il s'agit d'une autorisation qui peut être accordée sous réserve que l'entreprise respecte certains engagements. Une précision certainement jugée nécessaire après l'expression d'une voix dissidente dans le gouvernement : mercredi, en effet, Ségolène Royal a pris le contre-pied des positions défendues par Arnaud Montebourg. La ministre de l'Ecologie a affirmé que l'offre de General Electric était «une bonne opportunité pour Alstom». Et d'insister : «C'est le meilleur projet industriel. Pourquoi ne pas le dire?» Une déclaration en totale contradiction avec les propos du ministre de l'Economie, ainsi que François Hollande lui-même.
Cette extension du décret de 2005 était un cheval de bataille d'Arnaud Montebourg. Selon une source gouvernementale, le ministre de l'Economie y «pensait depuis plus longtemps» et l'avait évoqué le 1er mai avec le Premier ministre Manuel Valls. Notamment parce que la version initiale du décret ne pouvait permettre de protéger qu'une partie d'Alstom. Une réunion se serait ensuite tenue le lendemain avec le secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet. Une procédure d'urgence en Conseil d'Etat a donc été lancée jusqu'à obtenir la mesure publiée ce jeudi au Journal Officiel.
Les commentaires sont fermés.