UA-69286360-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/04/2014

Le gaz, le mauvais cheval ?

La "transition énergétique", une belle mascarade entre nucléaire et éolien, rabote les marges de manœuvre du "Gaz" !

Gérard Mestrallet, PDG de GDF SUEZ.jpg

GDF-SUEZ est en train d'avaler des couleuvres ! Baisse de 27% du chiffre d'affaires du gaz en France en début 2014, pour cause de temps clément !

Les clients du gaz s'en vont, vers le bois, l'électricité (qui est souvent moins cher). Ils économisent de plus en plus à travers la construction moderne (BBC), l'isolation et les dispositifs d'économie thermique... résultat, une hémorragie de chiffre, pour l'ancien monopole du gaz, qui ne sait plus quoi faire !

Cette industrie (ou commerce) est fondée sur l'investissement "fixe" en tuyaux, plus que sur le fluide, le gaz, de provenances multiples. Les prix sont donc indexés indirectement sur les contrats à long terme, donnant un semblant de dynamique à un marché archi-plat !

La deuxième source de profit après les particuliers consiste à fabriquer de l'électricité dans des centrales "à gaz" ! Malheur, devant la baisse du charbon américain (gaz de chiste !), elles sont toutes arrêtées !

Comme dirait un vieux sorcier, "de mauvais gaz" nous traversent en ce moment !


GrDF veut essayer d'arrêter de perdre des usagers du gaz
Le Monde.fr du 19 mars 2014
Jean-Michel Bezat

Le gaz est l'énergie qui gagnera le plus de terrain dans le monde, avec une croissance de 1,6 % par an d'ici à 2035, ont rappelé de nombreux orateurs lors du CERA Week de Houston, la grand-messe annuelle de l'énergie qui s'est tenue, début mars, à Houston (Texas). Et pourtant ! En France, le nombre de clients raccordés au gaz et les volumes ont fortement baissé depuis 2008, après avoir progressé à un rythme annuel moyen de 150 000 nouveaux clients depuis 2000.

Opérateur des 196 000 kilomètres de conduites du réseau de distribution de gaz, GrDF a annoncé, mercredi 19 mars, qu'il voulait mettre un terme à cette baisse du nombre de clients raccordés au gaz.

« Nous allons essayer d'arrêter d'en perdre. L'an dernier, nous en avons encore perdu 5 000, l'objectif est de repasser en positif », a déclaré a déclaré Sandra Lagumina, directrice générale de GrDF, filiale à 100 % de GDF Suez.

LE NOMBRE DE CLIENTS CHAUFFAGE « N'A PAS CESSÉ D'AUGMENTER »

Le nombre de clients a diminué de 200 000 en cinq ans – le recul le plus fort se manifestant en 2010-2011 – pour tomber de 11,1 millions à 10,9 millions en 2013.

Ces « déraccordements » concernent essentiellement les consommateurs n'utilisant le gaz de réseau que pour la cuisine. En revanche, « le nombre de clients chauffage n'a pas cessé d'augmenter », a souligné Jean Lemaistre, directeur général adjoint de GrDF.

Mais ces nouveaux clients consomment moins (logements neufs, chaudières plus performantes). « Un client chauffage consommait par le passé autour de 20 mégawattheures par an », note M. Lemaistre. Avec la nouvelle réglementation thermique des bâtiments, c'est désormais « moins de la moitié ».

Cela s'est traduit par une baisse de l'ordre de 6 % en cinq ans (hors impact climatique) des volumes fournis par GDF Suez, EDF, Eni, Direct énergie ou Lampiris et acheminés par GRDF (un peu moins des deux tiers de la consommation gazière française).

La première moitié de 2013 a été froide, tirant ainsi la consommation de gaz. GrDF a réalisé un chiffre d'affaires de 3,44 milliards d'euros (+ 11 %) et un bénéfice net de 198 millions d'euros.

RÉDUCTION DE 30 % DE LA CONSOMMATION D'HYDROCARBURES D'ICI À 2030

Mme Lagumina ne s'attend pas à une telle consommation en 2014. Celle-ci baisse chez les clients professionnels (PME, commerçants, artisans...), dans le secteur tertiaire notamment, mais aussi chez les particuliers.

Une tendance lourde liée à l'efficacité énergétique et au couplage des chaudières au gaz à des installations au bois ou à des pompes à chaleur électriques.

La patronne de GrDF a prévenu que le but de son entreprise « n'est pas de redresser cette courbe » de baisse des clients. D'autant que la France s'est engagée à réduire de 30 % sa consommation d'hydrocarbures d'ici à 2030 pour atteindre ses objectifs de baisse des émissions de CO2.

Mais le gaz reste, selon elle, au cœur de la transition énergétique, dont le distributeur veut être un acteur. « Certains croient que GrDF est une ONG », s'amuse Mme Lagumina.

On peut en effet produire du biométhane à partir des déchets agricoles et ménagers. A l'horizon 2020, GrDF estime qu'on pourrait injecter du biométhane dans le réseau pour chauffer 3 millions de logements neufs (20 térawatts/heure).

EXTENSION DE L'USAGE AU TRANSPORT
Selon le scénario de transition énergétique de GrDF, « jusqu'à 50 TWh de biométhane circulera dans le réseau en 2030 ».
Autre extension possible de l'usage du gaz : les transports et les utilitaires, où le gaz naturel pour véhicules (GNV) remplacerait – partiellement – l'essence et le gazole.
Ces véhicules (Paris, Lille, Toulouse...) émettent environ 30 % de CO2 en moins que les autres et ne rejettent pas de particules nocives.
Bruxelles a fixé un objectif de 10 % d'énergies renouvelables dans les transports en 2020 et le GNV contribuera à l'atteindre. Il alimente déjà 1,1 million de véhicules dans l'Union européenne (18 millions dans le monde). En France, il ne décolle pas alors qu'il se développe rapidement en Italie, où Fiat a fait une offre de véhicule, et en Suède.

Pertes record à GDF Suez, son PDG s'explique au Monde
LE MONDE du 27 février 2014

Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, a présenté, jeudi 27 février, des résultats 2013 lourdement pénalisés par 14,9 milliards d'euros de dépréciations d'actifs dans ses centrales et ses stockages de gaz en Europe. Le résultat net récurrent a atteint 3,4 milliards d'euros, mais ces dépréciations prises en compte, l'exercice 2013 se solde par une perte de 9,7 milliards d'euros.

Le secteur de l'énergie en Europe traverse une crise sans précédent. Comment cela se reflète-t-il dans vos résultats ?
Les comptes 2013 traduisent ma volonté de transformation radicale et rapide du groupe. Quatre branches se portent bien ou très bien, mais la cinquième, Energie Europe, est frappée par la baisse de la demande, la concurrence d'un charbon américain bon marché et d'importantes surcapacités dans les centrales thermiques.

Soutenu à l'unanimité par le conseil d'administration et les grands actionnaires comme l'Etat et Albert Frère, j'ai décidé de passer tout le bilan à la paille de fer. Et d'abord de déprécier massivement, à hauteur de 14,9 milliards d'euros, la valeur comptable de certains de nos actifs en Europe, essentiellement des centrales thermiques et des sites de stockage de gaz. Cette opération n'aura aucun impact sur la trésorerie ni sur la situation financière du groupe, par ailleurs très solide.

Mais pourquoi des dépréciations d'une telle ampleur ?
Elles sont à la mesure de la radicalité des choix que je fais pour GDF Suez. On ne peut pas s'accrocher au monde ancien et à l'héritage des monopoles. Le monde ancien, je le déprécie sur le plan comptable. Je veux changer la culture de l'entreprise et investir dans le monde nouveau, qui passe par notre implication dans la transition énergétique en Europe et l'accélération de notre développement dans les pays à forte croissance.

Vous êtes persuadé que la crise du secteur va durer en Europe ?
Oui, ces changements seront durables et profonds. Les surcapacités vont se maintenir. Même si la croissance effrénée des énergies renouvelables – surtout en Allemagne, en Espagne et en Italie – va s'infléchir, de nouvelles capacités de production sont mises en service alors que la consommation stagne ou baisse.

Ces dernières années, nous avons fermé ou mis sous cocon 11,5 gigawatts de centrales au gaz, l'équivalent de 12 réacteurs nucléaires ! Au sein des 11 entreprises du « groupe Magritte » qui ont alerté Bruxelles de la situation, ce sont plus de 50 GW qui ont été fermés ou gelés.

N'avez-vous pas découvert le problème un peu tard ?
Personne, dans les milieux politiques ou à la Commission, n'avait anticipé. J'ai été le premier, en mai 2013, à les alerter et à dire qu'on était allé trop vite et trop loin sur les renouvelables. Honnêtement, la France ne pouvait pas faire grand-chose : elle n'a que 7 GW d'éolien et de solaire, l'Allemagne 70 GW. Cela dit, les renouvelables vont continuer à se développer. La transition énergétique est irréversible, c'est d'ailleurs souhaitable.

Bruxelles a-t-il vraiment répondu à vos demandes ?
Sur quelques grands points, oui. La Commission vient de proposer au Conseil européen une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 . La chancelière allemande Angela Merkel et François Hollande se sont déjà prononcés favorablement sur cet objectif. Bruxelles veut aussi en finir avec le système des subventions des énergies renouvelables à guichet ouvert.

Enfin, la Commission a remis sur les rails le marché des certificats de CO2 . Il devra déboucher sur un prix du CO2 cohérent avec l'objectif de 40 % et donner un signal aux électriciens pour qu'ils investissent dans des outils de production faiblement émetteurs en carbone.

Quels points positifs retenez-vous dans les comptes 2013 ?

Il y en a beaucoup, en dépit de ces difficultés. Notre chiffre d'affaires a atteint 81,3 milliards d'euros et l'Ebitda 13,4 milliards. Le résultat net récurrent de 3,4 milliards est dans le haut de la fourchette que nous nous étions fixée. Nos liquidités atteignent 17,5 milliards, dont 8,8 milliards de trésorerie, nos investissements bruts 7,5 milliards.

L'année a aussi été marquée par de grands succès commerciaux et industriels avec la hausse de la production d'électricité par les non- électriciens, l'entrée sur des marchés attractifs (Afrique du Sud, Mongolie, Inde, Maroc…) et le renforcement de nos positions dans la chaîne gazière (contrats et infrastructures) en Azerbaïdjan, aux Etats-Unis, au Mexique, au Brésil ou en Uruguay, où GDF Suez exploitera le plus grand terminal gazier flottant du monde.

Comment se présente 2014 ?

Nous avons révisé à la hausse tous nos objectifs financiers. Nous avons achevé notre programme de désendettement fin 2013, avec plus d'un an d'avance, en ramenant notre dette nette à moins de 30 milliards d'euros, inférieure à 2,2 fois l'Ebitda, l'un des meilleurs ratios du secteur. Nous demandons un effort aux actionnaires. Pour 2013, on proposera un dividende de 1,5 euro par action, soit 3,6 milliards, le plus important montant de distribution après Total. Mais dans les années à venir, nous distribuerons entre 65 % et 75 % – et non plus 100 % – du résultat avec un minimum de 1 euro par action, soit 2,4 milliards.

Qu'allez-vous faire de ces marges financières ?

Financer le développement du groupe autour de nos deux objectifs stratégiques définis par le conseil d'administration en novembre 2013 : être le leader de la transition énergétique en Europe et l'énergéticien de référence dans les pays en forte croissance. Sur 2014-2016, nos investissements bruts se situeront entre 9 milliards et 10 milliards d'euros en moyenne par an. Nous allons recruter 15 000 personnes par an, dont 9 000 en France.

La transition énergétique est-elle bien partie en Europe ?

Elle est en marche. Nous voulons croître dans toutes les formes de renouvelables produisant de la chaleur ou de électricité : biomasse, biogaz, éolien, solaire, géothermie, énergies marines… Mais aussi dans les services à l'énergie, où nous détenons la première place en France, en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas. En Europe, où la croissance stagne, la consommation d'énergie recule de 1 % à 2 % par an, alors que la demande de services à l'énergie progresse de 2,5 %. Et c'est là qu'on embauche le plus.

Ces activités de services qui mobilisent un réseau de 90 000 collaborateurs, nous voulons les développer fortement dans les zones à forte croissance où nous disposons déjà de solides positions dans la production d'électricité, comme en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Ces pays ont une forte demande parce qu'ils consomment beaucoup d'énergie ou qu'ils ont des infrastructures anciennes. Il faut structurer ce marché aujourd'hui dispersé : avec 16 milliards de chiffre d'affaires « seulement », GDF Suez est le numéro un mondial du secteur des services énergétiques.

Les émergents sont votre nouvel horizon. Dans quels autres secteurs allez-vous investir ?
La dégradation en Europe est plus que compensée par le reste du monde. Outre ces services à l'énergie, GDF Suez va se renforcer dans la production indépendante d'électricité et les infrastructures gazières (terminaux, gazoducs, stockages), que nous voulons développer en alliant la compétence historique de l'ex-Gaz de France au savoir-faire de Suez à l'international. Dernier exemple, notre projet Cameron d'usine de liquéfaction de gaz aux Etats-Unis, qui vient de recevoir le feu vert de l'administration Obama.

GDF Suez pénalisé par la douceur du climat en Europe
Les Echos du 29 avril 2014
Anne Feitz

L'hiver exceptionnellement doux en Europe a lourdement pénalisé GDF Suez au premier trimestre 2014. Un tel impact négatif était attendu, mais peut-être pas dans ces proportions. Le chiffre d'affaires réalisé en France a ainsi chuté de 27,3 %, à 5,26 milliards d'euros, par rapport à la même période de 2013, essentiellement en raison de moindres ventes de gaz sur le trimestre.

Même si l'hiver 2013 s'était, a contrario, avéré très froid, ce manque à gagner apparaît particulièrement élevé. Et ce, d'autant que la baisse de revenus a été partiellement compensée par le rattrapage tarifaire, non chiffré par GDF Suez, facturé aux consommateurs en 2013 à la suite des recours en justice sur les tarifs pratiqués en 2011 et 2012.

Au Benelux et en Allemagne, le chiffre d'affaires a de même chuté de 19 % sur la période, sous l'effet de la baisse des ventes de gaz mais aussi de celle des ventes d'électricité. La concurrence est particulièrement agressive en Belgique, où GDF Suez a vu sa part de marché se stabiliser « à environ 50 % », précise le groupe.

L'impact du climat sur les comptes du groupe n'est pas négligeable : le chiffre d'affaires global a ainsi reculé de 5,9 % sur la période, à 22,8 milliards d'euros, tandis que le résultat opérationnel (Ebitda) est tombé à 4,2 milliards, en baisse de 15,6 %. Selon le groupe, l'effet climat, corrigé de l'évolution tarifaire constatée en France, a, à lui seul, pesé pour 545 millions d'euros sur l'Ebitda. Sans ces éléments, sur lesquels il n'a pas de prise, les performances de GDF Suez seraient restées stables au premier trimestre. La dette a, de son côté, à nouveau reculé, de 2,5 milliards d'euros par rapport à fin 2013, à 26,7 milliards au 31 mars.

Arrêt des centrales belges
Si le premier trimestre est celui sur lequel le climat a le plus de poids, le groupe sera aussi pénalisé, au moins sur le deuxième trimestre, par le nouvel arrêt de ses centrales nucléaires en Belgique, Doel 3 et Tihange 2. Exploitées par sa filiale Electrabel, ces centrales sont arrêtées depuis mi-mars à la suite d'un test négatif sur les matériaux, et il faudra attendre juin pour savoir si elles pourront repartir. Le premier arrêt, qui avait duré dix mois entre l'été 2012 et mai 2013, avait coûté 50 millions d'euros par mois à GDF Suez.
Malgré ces mauvaises surprises, les dirigeants ont confirmé la totalité de leurs objectifs financiers pour 2014, d'un résultat net récurrent part du groupe compris entre 3,3 et 3,7 milliards d'euros, avec un Ebitda compris entre 12,3 et 13,3 milliards. Le groupe avait annoncé une perte nette de 9,7 milliards en 2013, liée à la crise des marchés de l'énergie en Europe. Le titre a légèrement reculé hier, de 0,37 %, à 19 euros, dans un marché en hausse de 0,38 %.
Anne Feitz, Les Echos

Les commentaires sont fermés.