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28/04/2014

Marxisme de sous-préfecture...

Inde, Singapour, Portugal, Roumanie et Algérie...l'informatique des banques françaises s'installe !

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L'informatique des banques n'a jamais été en pointe ! Avec des moyens obsolètes, investie dans une structure centralisée avec traitement "batch", cette dernière a toujours été considérée comme un moyen, la primauté revenant aux cadres de direction et aux chargés de clientèle...

Dans le département informatique, de nombreux travaux sont "coûteux" en main d'œuvre. Comme dans l'industrie, la bascule vers des pays "à bas coût" est une tentation, devenue très forte dans les structures "en avance" comme la Société Générale. Très vite, on commence donc à constater, que les prestations intellectuelles migrent aussi vers les Indes et la Roumanie...

Thomas Picketty et le "Capital au XXIème siècle" propose une explication originale de la croissance du capitalisme : le taux de rentabilité à long terme du Capital, supérieur à tout autre, accentue les "inégalités" dans les sociétés modernes...

Au fond, les banques ne sont pas les premières à penser, qu'en réduisant les charges de main d'œuvre, on augmente ainsi la rentabilité du capital investi !


Le Capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty, best-seller aux Etats-Unis
LE MONDE du 23 avril 2014
Stéphane Lauer ((New York, correspondant))
New York, correspondant

Bien sûr, il y a cette critique au vitriol du Wall Street Journal, parue lundi 21 avril, qui renvoie Thomas Piketty à la relecture de La Ferme des animaux de George Orwell (1945) et du Zéro et l'Infini d'Arthur Koestler (1940), tant le livre de l'économiste français, Le Capital au XXIe siècle, représente une menace pour la démocratie telle que la bible des marchés financiers la voit. Bien sûr, il y a aussi la National Review qui parle à son égard de « nouveau marxisme ». Mais à part ces quelques notes dissonantes, ce pavé de 900 pages de l'économiste français sur la montée des inégalités paru il y a un mois aux Etats-Unis chez Harvard University Press fait l'objet d'un concert de louanges.

Paul Krugman, Prix Nobel 2008 d'économie, avait ouvert le bal des compliments il y a quelques jours : « Piketty a transformé notre discours économique. Nous ne parlerons plus jamais de richesse et d'inégalité de la même manière », affirme-t-il, parlant du livre du Français comme « le plus important de l'année – et peut-être de la décennie ». Reçu à la Maison Blanche, puis au Fonds monétaire international (FMI), M. Piketty a enchaîné ces derniers jours les conférences.

Son succès dépasse largement le cénacle des experts. Mardi 22 avril, le livre était en tête des ventes d'Amazon après avoir intégré la liste des best-sellers du New York Times. M. Piketty se dit lui-même un peu surpris par cet engouement : « C'est vrai qu'on est en train d'atteindre la borne supérieure à laquelle je pouvais m'attendre. »

« TRADITION ÉGALITAIRE TRÈS FORTE »

L'intérêt dont font preuve les Américains pour la question de la montée des inégalités n'est pas si illogique, même dans l'un des berceaux du capitalisme. « Celles-ci ont beaucoup plus augmenté aux Etats-Unis qu'en Europe au cours des trente ou quarante dernières années. Mais surtout, les Etats-Unis ont toujours une relation beaucoup plus compliquée avec cette question que ce que l'on imagine parfois en Europe », explique au Monde M. Piketty.

« Le pays a une tradition égalitaire très forte, il s'est construit autour de cette question en opposition à une Europe elle-même confrontée à des inégalités de classe ou patrimoniales. Ensuite, il ne faut pas oublier que ce sont les Etats-Unis qui, il y a un siècle, ont inventé un système de fiscalité progressive sur les revenus justement parce qu'ils avaient peur de devenir aussi inégalitaires que l'Europe », confie-t-il.

Ce succès d'estime est, en tout cas, une belle revanche pour ce livre que l'essayiste français Nicolas Baverez avait rapidement qualifié, lors de sa sortie en France en 2013, de « marxisme de sous-préfecture » dans un billet publié dans Le Point.

« C'est amusant de voir que The Economist ou le Financial Times se révèlent plus ouverts que certains journaux français, relativise M. Piketty. Cette anecdote est révélatrice de l'état du débat dans notre pays. Il y a une telle peur du déclassement en France qu'on est en permanence dans une joute électrisée, avec des gens de droite qui accusent des gens de gauche de vouloir tuer la compétitivité du pays et qui n'arrivent même plus à lire et à entendre ce que pense l'autre. » Comme dit le proverbe, « nul n'est prophète en son pays ».

Les délocalisations s'accélèrent dans les grandes banques françaises
Les Echos du 28 avril 2014
Veronique Chocron et Sharon Wajsbrot

Crédit Agricole CIB veut économiser 130 millions d'euros d'ici à 2016 via des délocalisations et des externalisations.

L'Inde, Singapour, le Portugal, la Roumanie ou l'Algérie accueillent des activités des principaux groupes.

Investies dans des plans de réduction de coûts importants, les banques françaises multiplient désormais le recours à un levier d'économies relativement récent : les délocalisations. Ainsi, lors de la présentation de son plan stratégique, le 20 mars, le groupe Crédit Agricole a-t-il annoncé le programme de sa banque d'investissement et de financement en matière d'« offshoring » et d'externalisation. Il devra lui permettre de réaliser 130 millions d'euros d'économies entre 2012 et 2016. Crédit Agricole CIB est déjà implanté à Singapour, où il emploie 500 collaborateurs, essentiellement dans le traitement informatique des informations que la banque doit recenser sur ses clients, dans le cadre des règles dites KYC (« know your costumer »). La banque est également présente à plus petite échelle en Inde, où elle a transféré le traitement opérationnel de l'activité de « trade finance ». Ces structures ont donc vocation à se développer dans les trois prochaines années sur de nouvelles activités.

Parallèlement, Crédit Agricole CIB a déjà procédé, en novembre dernier, à l'externalisation de toutes ses opérations informatiques en Amérique du Nord, en les confiant au prestataire Genpact pour une durée de cinq ans. « D'autres opérations de ce type sont encore à venir », explique-t-on au sein de la banque.
Pour Natixis, le recours à la délocalisation est une première. La filiale de banque de grande clientèle du groupe BPCE met actuellement en place un plan de restructuration, qui passe par la suppression de 673 postes. Dans ce cadre, l'établissement va transférer son traitement des crédits documentaires à Natixis Algérie, sa banque universelle positionnée en particulier sur une clientèle de PME. De sources syndicales, 56 postes vont être supprimés en France en deux vagues, en novembre 2014 et en février 2015, tandis que Natixis procédera à des recrutements locaux de l'autre côté de la Méditerranée.

« Réinternalisation » à moindre coût

En revanche, pour les deux autres poids lourds bancaires français, BNP Paribas et Société Générale, très orientés vers l'international, le procédé n'a rien d'inédit. Ils ont commencé à délocaliser certaines de leurs activités informatiques en Inde dès le début des années 2000. Depuis, ils ont fait progresser régulièrement leurs effectifs, la Société Générale portant ses équipes indiennes à 3.000 personnes. Sa concurrente de la rue d'Antin emploie en Inde 3.400 collaborateurs, dont 40 % sont affectés aux activités informatiques ou de back-office du groupe dans le monde. Implantée à Bombay et Chennai, via sa filiale BNP Paribas India Solutions, qui fournit des services à son pôle de banque de financement et d'investissement, BNP Paribas poursuit sur sa lancée. En novembre 2013, la banque avait annoncé en interne son projet d'y créer environ 700 nouveaux postes, en « réinternalisant » dans le groupe, à moindre coût, des activités informatiques jusqu'alors sous-traitées auprès de prestataires en France et en Europe. Le groupe a en outre basé depuis plusieurs années les services informatiques de son métier de banque privée à Singapour.

Mais les délocalisations concernent également le continent européen. La Société Générale a ainsi regroupé en Roumanie une partie de ses activités de ressources humaines et de comptabilité, un mouvement qui devrait se poursuivre. BNP Paribas, de son côté, mise sur le Portugal, où le groupe dispose depuis 2008 d'un centre pour la conservation de titres qui regroupe quelque 750 personnes ; il aurait commencé à délocaliser des postes de back-office de sa banque d'investissement et de financement.
Véronique Chocron

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