22/03/2014
Fibro-ciment, ou amiante-ciment...
A Saint Pierre Quiberon, les toitures des remises sont souvent en "fibro-ciment" ! Un vrai problème sanitaire négligé !
Matériau bon marché, le fibro-ciment a été vendu dans toute le France en plaques, en gouttières et en revêtement de toiture...
Aujourd'hui, les autorités doivent envisager une "campagne d'éradication" !
Amiante, qui va payer l'ardoise ?
Télégramme du 22 mars 2014
Un peu partout, dans la campagne bretonne on peut trouver des hangars agricoles laissés à l'abandon, comme celui-ci.. Photo François Destoc
3 à 4 millions de mètres cubes de toitures et de bardage en amiante-ciment attendent leur sort sur des milliers de bâtiments agricoles désaffectés en Bretagne. Un problème colossal de santé publique... pour lequel personne n'a la solution. Question d'argent.
> Amiante. Dans les routes aussi...
Combien y en a-t-il ? Personne ne le sait. Mais on parle de plusieurs milliers de poulaillers, porcheries ou hangars abandonnés dans les campagnes : leurs propriétaires sont retraités, disparus, ont fait faillite ou n'en ont plus besoin. Sans parler des silos dans les gares, ports et anciennes usines agroalimentaires.
90 % des bâtiments concernés
90 % de ces bâtiments contiennent de l'amiante, sous forme de plaques de fibro-ciment pour les toitures et les bardages. Interdit depuis 1996, ce matériau est une bombe à retardement : si on ne fait rien, les plaques vont se détériorer et partir en poussière ; et c'est là que l'amiante devient dangereuse, car elle peut être inhalée. La réglementation s'est durcie depuis 2009, notamment pour protéger les désamianteurs. Démonter un bâtiment impose de recourir à une entreprise certifiée, qui doit intervenir selon un plan de retrait agréé par l'administration, avec des règles draconiennes : brumatisation des plaques, utilisation par le personnel (spécifiquement formé) de protections respiratoires avec renouvellement de l'air, installation de pédiluve, de cabine de nettoyage des vêtements de travail, pause d'une demi-heure toutes les deux heures...
30.000 € pour 1.000 m²
Rançon de ce légitime surcroît de protection - un simple masque suffisait pour de l'amiante non friable - les coûts ont explosé : compter en moyenne 30.000 € pour 1.000 m² de plaques de fibro-ciment entières (si elles sont cassées, la procédure peut être encore plus rigoureuse, du fait de la volatilité des fibres d'amiante). Bref, on peut comprendre que certains laissent le temps faire son oeuvre. Ou qu'ils cèdent à la tentation de résoudre le problème d'un coup de tractopelle, les déchets finissant dans un trou ou en remblai de chemins creux. Ces pratiques sont interdites mais la politique de l'autruche est de règle.
Qui va payer ?
De fait, qui va payer la facture de ce colossal chantier ? Exploitants, constructeurs, assureurs, fournisseurs de matériaux, ex-fabricants de fibro-ciment ou contribuables, déjà fortement sollicités pour la dépollution de l'eau ? « On est dans une société qui ne sait pas prendre en compte les coûts externes des activités », souligne Jean-Claude Pierre, président de Nature et Culture. « Rien n'a été provisionné... La collectivité, d'une façon ou d'une autre, va devoir payer. Tôt ou tard, il faudra qu'on s'y mette, d'autant plus que l'on perd une surface agricole non négligeable. D'un point de vue touristique, ce n'est pas non plus une bonne image. Il est urgent d'établir un état des lieux et de mettre une filière en place ».
En faire un atout
Sylvain Coquerel, urbaniste, propose, lui aussi, un bilan sur ces friches : « Après, il s'agira de faire d'un gigantesque problème un atout. Utiliser ces bâtiments pour d'autres usages, agricoles (serres, stockage) ou autres (logements, tertiaire, artisanat...). Quoi qu'il en soit, l'urgence commande. Dans dix-quinze ans, quand ces friches seront en miettes, le problème sera encore plus compliqué, voire insoluble... ». Un sacré casse-tête, sachant que l'Europe veut supprimer toute trace d'amiante dans la Communauté à l'horizon 2028. Utopique ?
En complément
Entre deux maux
En cas d'incendie d'un bâtiment d'élevage avec mort d'animaux, le risque sanitaire l'emporte généralement sur le risque amiante. Les animaux devraient, en effet, être nettoyés avant d'être conduits à l'équarrissage et les eaux récupérées. Le processus est alors accéléré par rapport à la lourde et lente procédure de désamiantage, qui exige un « plan de retrait » avant toute intervention.
Lourd héritage
Pas simple de rénover les logements où l'on trouve de l'amiante dans les gaines, les isolants, certaines menuiseries, certaines colles de carrelage ou des peintures. Plusieurs solutions : soit on désamiante (très coûteux), soit on « encapsule », c'est-à-dire que l'on conserve l'amiante mais qu'on la recouvre.
Particuliers : comment faire ?
Rien n'oblige formellement les particuliers - si ce n'est des considérations de santé ou de sécurité - à recourir aux services d'une entreprise pour démonter les plaques d'amiante-ciment pouvant se trouver sur le toit ou en bardage d'un cabanon ou d'un hangar. Il est alors il est plus que conseillé de s'équiper d'un minimum d'équipements (vêtements et masque spécifiques mais aussi harnais en cas de chute). En revanche, les particuliers sont soumis aux mêmes règles que les professionnels pour le transport et l'élimination de plaques de fibro-ciment : celles-ci doivent être emballées sous double film plastique et transportées dans un centre de traitement de classe 3. Les déchèteries - en principe - n'acceptent pas ce type de déchet.
Que devient le ciment-amiante ?
Pas de recyclage possible : la vente et son utilisation sont interdites. Les plaques de fibrociment sont, en général, stockées dans des casiers spécifiques dans les centres d'enfouissement (120 € la tonne). Elles peuvent aussi être détruites par incinération à 1.800 °, le coût s'élevant alors à 2.200 €/t.
Procédure allégée pour interventions ponctuelles
Les artisans peuvent intervenir pour des opérations ponctuelles, du type remplacement de quelques plaques ou jonction d'une extension avec un bâtiment existant comportant de l'amiante ciment. Ils doivent toutefois suivre une formation préalable de deux jours pour les opérateurs et de cinq jours pour l'encadrant du chantier. Cette formation est deux fois plus longue pour les entreprises souhaitant réaliser des travaux de désamiantage proprement-dits, avec retrait complet; sans oublier une longue et couteuse procédure de certification des modes opératoires.
Commentaires
Bonjour, vraiment génial. Je le met direct dans les favoris.
Écrit par : iPad air 2 prix | 19/09/2014
Bonjour,
Merci de ces éclaircissements.
Finistérienne avec un hangar agricole avec toiture en fibro-ciment, je cherchais à savoir s'il était possible, en tant que particulier, de démonter soi-meme cette toiture.
Vous avez répondu à ma question !
Il faudrait vraiment qu'un association se mobilise pour ce problème de société ! Révoltant...
Bien cordialement
Jeanne
Écrit par : Jeanne | 26/09/2014
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