Les Secrets de Saint Pierre

Cinémathèque de Bretagne, au bord du redressement judiciaire
Télégrramme du 16 mars 2014


L'assemblée générale extraordinaire s'est tenue à Quimper. Ci-contre, Erwan Moalic, président de la cinémathèque. (Photo T. C.)

Outre un climat délétère entre direction et salariés, la cinémathèque régionale de Bretagne connaît actuellement de graves difficultés financières. C'est le message adressé, ce samedi, aux adhérents, lors d'une assemblée générale extraordinaire.
La cinémathèque de Bretagne, plus grande cinémathèque régionale de France, programme actuellement, à Brest, un cycle consacré au film noir. Plutôt de circonstance, au vu de la situation globale de la structure. Flash-back : à la fin 2012, le directeur dépose un arrêt longue maladie. Un directeur par intérim est nommé en janvier.

Le courant ne passe pas avec les onze salariés, basés pour neuf d'entre eux à Brest (il existe deux antennes, tenues respectivement par un salarié, à Rennes et Nantes).

Devoir d'alerte
La tension est à son comble en novembre dernier. Les salariés se mettent en grève illimitée et dénoncent, notamment, « une absence de discussions, des menaces de sanction ». Le président, Erwan Moalic, tente d'éteindre l'incendie mais s'attire l'ire des salariés après des propos jugés maladroits. Il pose sa démission avant, finalement, de revenir sur sa décision à la suite d'un vote du conseil d'administration qui l'a plébiscité.
Les salariés finissent par reprendre le travail le 2 décembre, sans que l'abcès ne soit crevé.
Depuis, le directeur par intérim serait, lui aussi, en arrêt maladie, depuis début janvier.
C'est dans ce contexte que le commissaire aux comptes, Stéphane Huitric, avait convoqué hier, dans le cadre de son devoir d'alerte, une assemblée générale extraordinaire, à Quimper, pour informer les adhérents sur la situation financière de la structure associative, financée par la région, les conseils généraux du Finistère et de Loire-Atlantique, la ville de Brest, Rennes Métropole et le CNC.

« Nous sommes très inquiets »
La réunion s'est tenue à huis clos. Des administrateurs mais aussi une vingtaine d'adhérents (sur 1.500) étaient présents, ainsi que cinq salariés.
A la sortie, les salariés étaient déconfits. « Rien n'est réglé. Nous continuons à travailler, évidemment, mais quand on assiste à ce genre d'AG, quand on voit comment l'information est remontée aux adhérents, ça n'améliore pas notre confiance, qui était déjà bien entachée », explique Mevena Guillouzic-Gouret, déléguée du personnel suppléante.
La cinémathèque accuserait un déficit de 60.000 € pour 2013 (pour un budget de 800.000 €). « Nous sommes très inquiets. Nous ne savons pas ce que nous allons devenir. Il est question de redressement judiciaire. Nos emplois sont clairement menacés à court terme », poursuit Mevena Guillouzic-Gouret.

« Maintenir la structure et les emplois »
Erwan Moalic, le président, n'élude pas non plus. « Nous avons un déficit conjoncturel non négligeable sur l'exercice 2013. Les subventions actuelles ont été négociées en 2009. Elles ne sont plus suffisantes pour payer les salariés et porter les projets actuels ». Une première subvention doit arriver prochainement. « Nous sommes en discussion avec nos partenaires pour pérenniser tous les postes et le financement des projets. Il va falloir reconstituer notre fonds de roulement, trouver le bon formatage. Ce qui importe, c'est de maintenir la structure, les emplois, qui correspondent à des savoir-faire particuliers ». Le directeur titulaire devrait revenir en avril. La prochaine assemblée générale aura lieu en juin.