Les Secrets de Saint Pierre

Delta Dore ou les cinq leçons d'une ETI
Les Echos du 5 décembre 2013
Sabine Delanglade

Avec ses 800 salariés, son actionnariat familial et sa présence mondiale sur un secteur de pointe, le groupe spécialisé dans la régulation thermique est emblématique des ETI à la française.

A deux pas de la forêt du château de Combourg (Ille-et-Vilaine) où germèrent « Les Mémoires d'Outre-Tombe », Delta Dore prépare l'avenir. Ce n'est sans doute pas un hasard si Arnaud Montebourg a choisi l'entreprise bretonne, malgré sa taille relativement modeste, pour codiriger un des 34 plans de reconquête fourbis pour « redessiner la France industrielle et faire émerger les produits made in France du futur ». Le roi du thermostat programmable est chargé, en compagnie de Point P, de plancher sur la rénovation thermique des bâtiments.

Le choix ministériel s'explique non seulement parce que dans une économie morose, l'entreprise croît encore cette année de 6 à 7 %, mais aussi parce que s'il fallait établir un portrait-robot de la fameuse ETI, l'entreprise de taille intermédiaire susceptible de densifier le tissu industriel du pays, le groupe breton pourrait lui servir de mètre étalon. Avec ses 800 salariés, ses près de 120 millions d'euros de chiffre d'affaires et ses 107 millions de total de bilan, Delta Dore entre parfaitement dans les clous de la définition officielle (lire ci-contre).

Surtout, quand il s'agit de recenser les forces et les faiblesses de ces entreprises, on voit bien que la société, créée en 1970 par un couple d'ingénieurs, Joël Renault et sa femme, cette entreprise, encore contrôlée familialement à 70 %, qui voit son avenir à l'international et n'aime pas la Bourse, est au-delà des chiffres, également très représentative de sa catégorie. Ainsi a-t-elle creusé son sillon technologique sans en dévier, à l'image de ses pairs du Mittelstand allemand dont la spécialisation est une raison du succès.

Le choix d'une technologie
Ainsi, comme eux, Delta Dore s'est forgé autour d'une technologie. Pour pouvoir financer le développement de celle-ci, l'entreprise a commencé par faire de la sous-traitance électronique pour les groupes de télécoms installés en Bretagne. Il s'agissait alors de s'assurer un volume suffisant d'activité pour pouvoir en réinvestir les fruits dans sa propre recherche. Delta Dore, un nom inspiré d'une rivière citée par Chateaubriand, y a toujours consacré un important budget, et entretenu des liens serrés avec l'Université.

A l'époque de sa création, la Bretagne ne portait pas de bonnet rouge mais souffrait déjà d'un retard en équipement électrique. Le succès est donc immédiat quand Delta Dore sort son premier « délesteur » électronique. Ce petit automatisme déleste les charges non prioritaires, par exemple en éteignant les radiateurs les uns après les autres sans réduire le confort global : du « smart grid » avant la lettre. Delta Dore, dès 1974, va ainsi surfer sur la « chasse au gaspi » née de la crise pétrolière. Celle-ci va le décider à concentrer ses forces sur le chauffage, après avoir tâté de l'électronique de loisirs - il avait ainsi développé un jeu de ball-trap utilisé aux JO de Montréal.

La recherche maison donnera ensuite le jour à une autre première, un thermostat programmable dont le design est particulièrement soigné, une innovation là aussi dans ce type d'équipement - « notre marque de fabrique », insiste l'ex-directeur général de Schneider Electric, Marcel Torrents, actuel président du directoire et accessoirement gendre de Joël Renault, qui a laissé les commandes en 2008.

Sortir de l'anonymat
Comme Somfy , qui attaque lui aussi à cette époque le créneau de la domotique (mais par un autre versant, celui des moteurs de volets roulants), Delta Dore recourt à la publicité grand public pour se faire connaître. Il vend son thermostat, le Tybox, à plus d'un million d'exemplaires dans le monde, ajoute à son catalogue des alarmes, des automatismes d'éclairage, etc. Il devient le spécialiste du pilotage du confort et de l'énergie, élargit son domaine au-delà du domicile des particuliers vers tous les bâtiments industriels ou tertiaires. Il se targue d'être le seul à disposer d'une telle palette. Daikin (60 % du marché français) fournit ses pompes à chaleur avec du Delta Dore « inside ». Il signe aussi des conventions avec des organismes sociaux particulièrement soucieux d'économiser l'énergie de leur parc immobilier.

croissance externe d'abord
Pour accélérer son développement, Delta Dore achète les compétences qui lui manquent, dans les bâtiments tertiaires, le chauffage pièce par pièce, la radiofréquence, etc. Les petits appareils avec lesquels il est en train d'équiper les hôtels Formule 1 baissent le chauffage dès que la fenêtre s'ouvre. Il veille aussi sur l'efficacité énergétique des plus de 600 Carrefour français, a été retenu par la BPCE, les magasins Louis Vuitton.

Répondre à l'appel du large
Depuis 2008, l'entreprise, qui s'était un peu dispersée (par exemple dans la distribution) s'est recentrée sur son métier de « pilote énergétique de tous les bâtiments » et a créé 7 filiales dans le monde. La part de l'international est déjà passée de 12 à 25 % du chiffre d'affaires. Elle doit atteindre 50 % en 2020. Une ambition coûteuse : la petite équipe installée en Chine depuis cinq ans n'est pas encore rentable mais l'investissement est aussi indispensable que le marché est infini. L'entreprise, comme les autres ETI,aimerait que les grands groupes l'emmènent plus souvent dans leurs bagages. Bouygues, concessionnaire du gigantesque Sports Hub de Singapour (450.000 m2, un stade de 55.000 places), l'a fait pour elle. Delta Dore, avec 50 personnes sur place, va gérer à travers un seul système 6.500 fonctions (climatisation, éclairage, groupes électrogènes, etc). Dans ce premier stade au monde à être rafraîchi, le breton devra garantir à chaque place une température de 23 °C. L'importance du contrat réside moins dans les 10 millions d'euros qu'il rapportera sur vingt-cinq ans que dans la vitrine unique qu'il offre sur l'Asie.

Choisir la durée et la famille
Pour se financer, Delta Dore est aujourd'hui prudent, ne compte que sur ses propres forces. Il a payé pour le savoir. Dans les années 1980, il s'était mis à aller vite, trop vite. Parti trop tôt aux Etats-Unis, il dut subir le dépôt de bilan d'un client : 1 million d'impayés. En 1987, Joël Renault se résout à aller en Bourse sur le marché hors cote. Il en ressortira aussi vite qu'il le pourra, en saisissant l'occasion de la fermeture du marché en 1998 et en cédant 20 % de son capital à Schneider Electric : « J'ai compris que la Bourse, c'était terrible, car les investisseurs n'y vont que dans un objectif à court terme. »

Cela n'a jamais été sa philosophie. Depuis le début en 1970, il établit tous les cinq ans un plan à dix ans. Et le suit. Ainsi, en 1980, son effectif avait, comme prévu, franchi la barre des 100 personnes et son activité dépassait les 10 millions de francs. Deux jours par an, il réunit son Comerex, un comité de référence extérieure composé de consultants et de patrons « pour nous aider, dit Joël Renault, à avoir une réflexion globale ». Pour cette indispensable inscription dans le long terme, il a compris aujourd'hui, comme 80 % des ETI, que rien ne valait la cellule familiale. Sa femme et ses enfants sont membres du conseil de surveillance, sa fille est directrice générale. Il réfléchit à une charte qui concernerait à la fois sa société et sa famille, et garantirait l'implication familiale dans l'avenir de l'entreprise. Ah, s'il n'y avait pas l'ISF, qui a mis en difficulté un de ses trois enfants alors qu'il leur avait transmis à chacun 16 % de son capital !

Sabine Delanglade

Les chiffres clefs
Définition d'une ETI depuis la loi de modernisation de l'économie de 2008 : entre 250 et 5.000 salariés, entre 50 millions d'euros et 1,5 milliard de chiffre d'affaires, et de 43 millions à 2 milliards de total de bilan.
Le chiffre d'affaires de Delta Dore s'est monté à 117,4 millions d'euros en 2012 (80 millions d'euros en 2008, et 116 millions de francs en 1997). Prévision : 130 millions en 2013.
Les effectifs représentent 800 personnes, dont 350 cadres.
La part de l'international dans le chiffre d'affaires est passée de 15 % en 2011 à 25 % en 2013.
La R&D représente 7 % du chiffre d'affaires, le double de la moyenne du secteur.
En 2012, Delta Dore a fabriqué 4,2 millions de produits sur ses deux sites bretons.
Les 4.600 ETI françaises réalisent 38 % des investissements, 33 % des exportations et emploient 30 % des salariés du pays, mais sont trois fois moins nombreuses qu'en Allemagne.

Dans le cadre de sa campagne, l’équipe de Cap sur l’Avenir s’adresse aux acteurs économiques.
Voici le courrier qui leurs a été envoyé.

MUNICIPALES
23 et 30 MARS 2014
Saint Pierre Quiberon, le 31 janvier 2014
A l’attention des acteurs économiques

Madame, Monsieur,
Depuis quelques semaines nous allons à la rencontre des Habitants de la commune pour les écouter. Par respect du bon fonctionnement de vos activités, nous évitons de vous rencontrer sur vos lieux de travail.
Cependant vos remarques, questions, suggestions nous intéressent. Aussi nous vous invitons à nous contacter en utilisant l’adresse mail ci-dessous. Nous pouvons également, à votre demande, convenir d’un rendez vous.

7 élus sortants qui se représentent, entourés de 12 autres candidats, susciteront vos suffrages. Cette équipe diverse dans les métiers exercés, dans les villages habités, et dans les sensibilités politiques, travaille pour élaborer un programme de mandature. Notre volonté, partagée par toute l’équipe est de garder à Saint Pierre Quiberon son identité tout en développant ses activités économiques, en apportant de nouveaux services et un confort de vie aux populations de la commune
Vous pouvez apporter vos suggestions à l’adresse courriel ci-après :
Capavenir56510@orange.fr
Cordialement.
Pour l’équipe,
François Dubois

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