Les Secrets de Saint Pierre

Le marché des maisons neuves touche le fond
Les Echos du 6 février 2014
Myriam Chauvot

Les constructeurs prévoient un recul des ventes limité à 5 % en 2014.
Ils ont perdu les ménages modestes, au profit de clients plus âgés et aisés.



2014 devrait marquer la fin du marasme pour les constructeurs de maisons individuelles. Après un effondrement de 19 % du nombre de ventes l'an dernier (« Les Echos » du 29 janvier), l'Union des maisons françaises (UMF) table sur un recul limité à 5 % cette année à 102.000 maisons.

Le marché est si bas qu'il semble difficile de continuer à chuter. « Nous estimons avoir touché le fond de la piscine », résume le délégué général de l'UMF, Dominique Duperret. Par ailleurs, « les signes positifs sur le marché de l'automobile, dont on observe depuis des années la corrélation avec le marché de la maison neuve, est un facteur favorable », note l'UMF.

Les constructeurs de maisons individuelles réalisent la majorité des ventes aux particuliers de logements neufs en France, soit 108.300, contre moins de 75.000 pour les promoteurs. Leurs maisons, plus éloignées des villes et soumises à moins de normes que celles des promoteurs, sont moins chères, et constituent donc le logement de prédilection des jeunes et des premiers acheteurs modestes.

Offre spécifique seniors
Du moins jusqu'à présent. Car le bilan de 2013 fait par Caron Marketing et l'UMF révèle une évolution notable. Les moins de 50 ans réalisant leur premier achat de maison représentaient les deux tiers des ventes des constructeurs il y a trois ans. En 2013, ils n'en représentaient plus que 46 %. La crise a certes laminé les ménages plus modestes. Mais on observe parallèlement une augmentation des ventes à une catégorie inhabituelle de clientèle. « Le marché est en train de subir un changement structurel, estime Dominique Duperret, avec une montée en puissance des clients déjà propriétaires et ayant plus de 50 ans, à un stade de la vie où peu se lançaient auparavant dans un changement de résidence. »

L'activité des constructeurs a chuté de 22 % entre 2010 et 2013 et pourtant les acheteurs de plus de 50 ans déjà propriétaires ont acheté 7.000 maisons de plus (27.300 l'an dernier, contre 21.000 en 2010), passant de 16 % à 27 % des clients.

Le phénomène de l'âge est si fort qu'il se voit même chez les premiers acheteurs : ceux de 50 à 60 ans représentaient l'an dernier 6.100 permis de construire, contre 3.900 en 2010. « Cela va nous amener à développer une offre spécifique seniors… », note Dominique Duperret.

Ces derniers étant en majorité des secundo-accédant, leur achat moyen porte, en moyenne, sur une maison de 128 m2 à 195.000 euros, contre 123 m2 et 148.000 euros pour les premiers acheteurs (tous âges confondus). Résultat : les constructeurs ne le crient pas sur les toits, en cette période de lobbying auprès du gouvernement, mais si leurs ventes ont chuté de 19 % l'an dernier en volume, mais de nettement moins en valeur et leur chiffre d'affaires n'a reculé que de 5 %. C'est dû en partie aux 9 % de surcoût liés au passage à la réglementation thermique 2012, mais aussi à l'essor du marché des seniors.
Myriam Chauvot