03/02/2014
Monopole, oligopole et concurrence parfaite...
La "main de l'Etat", plus ridicule que la "main cachée de l'économie" ?
Le retour d'une France du Plan, du colbertisme étatique et de l'interventionnisme des politiques marque aujourd'hui la guerre dans la téléphonie mobile...
Pour des raisons financières, l'Etat a invité FREE sur le marché de la téléphonie mobile. Le retour, une vraie concurrence, qui menace "les trois barons", installés, qui vaporisent des tarifs chaque année dans un brouillard dense... Bouygues et SFR sont "Knock down" ! Aujourd'hui ils partagent leurs bijoux de famille, les antennes, pour sortir la tête de l'eau...
La seule vraie question : faut-il 17.000 antennes par opérateur (x 4) pour assurer la couverture radio du Pays ? et après "mutualisation SFR-BOUYGUES, faut-il "forcer FREE à en construire aussi 17.000 nouvelles ?
En cas de monopole, seules 17.000 suffisent, d'oligopole, 68.000 et en cas de concurrence parfaite probablement moins !
Le Ministre exerce son pouvoir par la "parole", par l'autorité dite indépendante "ARCEP" et par une conception de type "dirigiste" !
Il ne maîtrise pas les "prix", qui seront le seul critère, qui guidera le consommateur !
Un "Montebourg", ca va, trois, attention les dégâts !
SFR et Bouygues ont signé leur contrat de mutualisation de réseau
Les Echos du 3 février 2014
Solveig Godeluck
Le partage concerne 57 % de la population, se conformant aux exigences du gendarme de la concurrence.
La mutualisation, c'est parti. Entre jeudi et vendredi, les conseils de Bouygues et de Vivendi ont dit oui au projet de mise en commun d'une partie des réseaux mobiles de leurs filiales SFR et Bouygues Telecom. Ce matin, elles vont présenter leur plan à la presse et envoyer les contrats aux régulateurs de la concurrence et des télécoms.
Le réseau mutualisé devra être achevé en 2017. Premier objectif : « relever les défis que représentent les nouveaux usages en Internet mobile », grâce à un plus grand nombre d'antennes, et à l'exploitation des fréquences basses, qui pénètrent mieux dans les bâtiments. Le réseau le plus fourni des deux, celui de SFR, compte 15.600 antennes (on peut supposer que les 10.500 de Bouygues sont installées dans la même zone, la plus rentable). Selon un acteur de la mutualisation, les deux opérateurs cherchent à dépasser Orange (17.000 antennes), en atteignant le chiffre de 18.000. En zone peu dense, on passerait de 8.500 à 11.500.
Deuxième objectif : « l'investissement dans les réseaux à très haut débit », car la mutualisation permet à terme d'économiser 25 % des frais d'exploitation d'un réseau, et donc de dégager du cash pour investir.
Les deux opérateurs vont partager leurs équipements pour faire de la 2G, de la 3G et de la 4G dans une zone qui couvre 57 % de la population - vraisemblablement plus de 80 % du territoire. Comme l'a exigé l'Autorité de la concurrence, la mutualisation se fait en dehors des zones densément peuplées, ce que les deux opérateurs interprètent comme « les 32 plus grosses agglomérations comptant plus de 200.000 habitants ». Orange et Iliad trouvent que 57 %, c'est trop, et examinent chacun de son côté comment attaquer l'accord de mutualisation à Paris ou à Bruxelles. Mais, selon nos informations, l'Autorité de la concurrence considère que son avis a été respecté sur ce point.
Promesse d'ouverture...
Pour mutualiser, une société ad hoc est créée pour exploiter le patrimoine de sites radio partagés - sans en détenir la propriété. Dans chaque zone, il y aura un opérateur chargé des opérations pour le compte de l'autre : Bouygues dans l'Ouest et le Sud-Est, SFR dans le reste de la France. L'année 2014 sera essentiellement une année de préparatifs, d'audits, d'appels d'offres, et on entrera en 2015 dans le vif du sujet - démontage des antennes en doublon, remontage. En année 1, la mutualisation réduira déjà les frais de fonctionnement (Bouygues Telecom attend autour de 100 millions d'euros d'économies). Mais elle va coûter de l'argent et avoir un impact comptable sur la valeur des actifs de chaque entreprise. Il n'est pas question pour l'instant de partage de fréquences, même dans la zone de déploiement prioritaire.
Le régulateur des télécoms, l'Arcep, a salué favorablement cet accord. L'Autorité va à présent décortiquer les contrats pour vérifier que l'autonomie stratégique et commerciale de chacun des deux opérateurs est respectée, et que Free n'est pas « évincé ». SFR et Bouygues ont promis d'ouvrir leur mutualisation à Free... un peu plus tard. Par ailleurs, l'Arcep promet de vérifier que le duo améliore la couverture et la qualité de service. « Ces progrès devront en particulier pouvoir être mesurables et vérifiables dans le temps », souligne-t-elle.
Arnaud Montebourg part en guerre contre la concurrence dans les télécoms
Les Echos du 3 février 2014
Solveig Godeluck
Dans le viseur du ministre : l'Autorité de la concurrence, l'Arcep, Free Mobile.
Le ministre du Redressement productif a caressé les opérateurs historiques dans le sens du poil. - Photo Denis Allard/Réa
Aux anges. Les dirigeants d'Orange, de Bouygues Telecom et de SFR étaient aux anges vendredi soir, lorsque Arnaud Montebourg a pris la parole à l'occasion des voeux de la Fédération française des télécoms. Le ministre du Redressement productif a caressé dans le sens du poil les trois opérateurs historiques, durement secoués par l'arrivée de Free Mobile - qui n'a d'ailleurs pas adhéré à la FFT. L'avocat de la réindustrialisation s'est livré à un réquisitoire contre le « laisser-faire », la « régulation » et les « régulateurs » (traités de « comités Théodule »), et a applaudi des deux mains la concentration en cours dans les télécoms en Allemagne.
Au début de la semaine, la ministre déléguée à l'Economie Numérique, Fleur Pellerin, avait annoncé que les relations avec l'Arcep seraient « rééquilibrées », le gouvernement reprenant l'initiative dans l'attribution des fréquences, avec des exigences renforcées en termes d'emploi et d'investissement. Une disposition en ce sens figurera dans la prochaine loi numérique.
Critique des régulateurs
Mais Arnaud Montebourg ne s'est pas limité à la critique attendue du régulateur des télécoms. Il a aussi attaqué de façon virulente les sages de la Rue de l'Echelle : « Ce n'est pas une politique, la concurrence ; c'est l'absence de politique. [...] Il est nécessaire qu'il y ait un certain nombre d'ententes - au sens où une entente n'est pas condamnable mais où elle est utile », a-t-il déclamé. Il a mis de son côté les rieurs en racontant les propos qu'il avait tenus face à Bruno Lasserre, le patron de l'Autorité de la concurrence : « Vous, vous êtes contre les ententes et moi, je les organise. Vous, vous êtes nommé et moi, je suis élu. Donc, qui a raison ? Forcément, moi ! » Un discours qui irrite, chez Moscovici, le ministre qui vient de proposer le nom de Bruno Lasserre pour un nouveau mandat à la tête de l'Autorité… « Cette sortie est à la fois une querelle interne au gouvernement et un sujet politique qui n'aura pas de suite », minimise-t-on chez l'un des régulateurs mis en cause. Un peu de « politique industrielle » dans les télécoms mettra du baume au coeur des socialistes en plein virage social-démocrate. Néanmoins, à l'Arcep comme à l'Autorité de la concurrence, on ne croit pas à une réduction de la concurrence. Le ministre y croit-il lui-même ? « Arnaud Montebourg n'a pas de vision sur la reconfiguration du secteur. Il cherche juste à donner aux opérateurs ce qu'ils demandent afin d'obtenir des contreparties en termes d'emploi et d'investissement », analyse-t-on chez un régulateur. Arnaud Montebourg a d'ailleurs profité des voeux pour remercier Orange, SFR et Bouygues de leur soutien à « Alcatel » (Lucent a sauté), et appelé à l'intensification des commandes.
Free Mobile est le seul à ne pas avoir répondu à l'appel du patriotisme économique ; c'est également le fauteur de trouble qui a relancé la guerre des prix en offrant la 4G au prix de la 3G en décembre. Il en prend pour son grade. Le ministre veut lui ôter le droit d'utiliser les antennes d'Orange en complément de son réseau. Il reprend les termes de l'Autorité de la concurrence, qui a demandé en mars 2013 la mise en place d'un calendrier pour l'extinction progressive de ce contrat de location. Elle voulait s'assurer que Free déploierait bien son propre réseau au lieu d'attendre de récupérer à l'encan celui d'un opérateur en faillite.
Les sages sur le qui-vive
De manière générale, le ministre peut-il seulement donner autre chose que des discours à ces opérateurs dont les profits et le cours de Bourse diminuent inexorablement avec la baisse des prix ? Il peut essayer de peser dans l'attribution de fréquences. Ou bien bénir les fusions-acquisitions, qui feront baisser le niveau de concurrence et remonter les prix. « J'ai apprécié que l'Allemagne décide de passer à une configuration à trois », a-t-il déclaré vendredi, laissant entendre que quatre opérateurs, c'était probablement trop en France aussi.
Mais il ne pourra pas forcer la main à Bruno Lasserre. Il y a plus d'un an, le gendarme de la concurrence a arrêté net les projets de fusion SFR-Free, qui auraient créé un duopole dans le fixe et même dans le mobile - Bouygues étant trop petit pour résister seul. Un tandem SFR-Bouygues ? Pour l'instant, rue de l'Echelle, on préfère observer les effets produits par une mutualisation avant d'envisager une vraie concentration. Le seul projet immédiatement envisageable serait entre Free et Bouygues, mais les dirigeants refusent de se parler et les cultures d'entreprise sont aux antipodes. La concurrence va encore résister un peu de temps.
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