20/01/2014
Qui est propriétaire des données personnelles ?
L'exploitation par deux grands de la banque de détail des données des cartes bancaires n'est pas prévue dans le contrat signé avec l'utilisateur !
Le "big data", concept à la mode informatique, l'affaire NSA aux Etats Unis, le vote par l'Assemblée d'un article autorisant l'Administration à tracer des informations personnelles (téléphonie mobile, mails, intrusion sur l'ordinateur perso...) permettent-ils à des organisations bancaires d'aller faire leurs courses dans un service bancaire, qui est payant ?
La mis sur le marché de cette information est surprenante, de la part de banques, qui voient disparaître tous les jours de clients de leurs agences... un pas vers une "faute marketing" !
La "notation", déjà pratiquée sans consultation, est-elle aujourd'hui obsolète ?
Les achats par CB valent de l’or
Le Figaro du 20 janvier 2014
BNP Paribas et la Société générale pourraient se lancer dans l’exploitation des données sur les transactions de leurs clients.
Anne de Guigné
Les banques françaises devraient bientôt franchir le pas. Comme leurs homologues américaines, britanniques et espagnoles, elles exploiteront les informations provenant des cartes de paiement de leurs clients pour vendre des campagnes de publicité ou de marketing sur-mesure. « Nous avons accès à l’ensemble des achats des clients, explique un banquier français, qui explore le sujet. Nous pouvons qualifier les dépenses par grands thèmes et vérifier à tout moment s’il a consommé son budget mensuel pour chacun. »
Aux États-Unis, cette pratique, initiée au départ par Bank of America, s’est développée massivement depuis 2005. Les banques confient les données de paiement de leurs clients à des sociétés de traitement de données marketing comme Cartera ou Cardlytics. Celles-ci proposent ensuite aux grandes enseignes comme aux petits commerçants des campagnes promotionnelles très ciblées. Un client habitué des grands magasins J.C. Penney recevra, par exemple par le biais de ce service, des courriels de l’enseigne concurrente Macy’s lui proposant des réductions sur ses produits préférés. Dans le modèle américain, l’intermédiaire et la banque sont rémunérés à chaque achat du client. Le marché est évalué pour les banques américaines entre 2 et 4 milliards de dollars de revenus supplémentaires à horizon 2015.
Vie privée
En France, l’exploitation des données privées étant très encadrée, les banques ne peuvent pas se contenter de décalquer la solution américaine. La loi française leur interdit en effet d’externaliser les données et leur traitement. Elle exige aussi que les intéressés donnent formellement leur accord à leur utilisation. Malgré ces contraintes réglementaires, qui obligeront les banques à exploiter en interne les fichiers, les grands établissements français travaillent tous sur le sujet. Selon nos informations, BNP Paribas et la Société générale seraient les plus avancés. BNP Paribas pourrait même sortir un projet pilote dès le premier semestre 2014. « Les banques réfléchissent à ces projets d’exploitation des données bancaires, confirme Nathalie Chabaud, responsable de la communication de Visa France. Visa réfléchit à leurs côtés. Elles avancent chacune à leur rythme et en fonction de leur stratégie marketing. »
Ce marché du marketing direct auprès des clients est estimé, en France, autour de 3 à 4 milliards d’euros. Les banques ne devraient gagner qu’un petit pourcentage de ce marché. « En moyenne, évalue Jean-Philippe Poisson, associé du cabinet Elia, cette activité pourrait rapporter aux banques 4 euros de produit net bancaire par client équipé d’une carte bancaire. » Avec 6,8 millions de clients dans son réseau français, BNP Paribas pourrait ainsi s’octroyer un supplément de revenu de 27 millions d’euros annuels. Un apport modeste comparé à un produit net bancaire annuel de près de 7 milliards d’euros en 2012 pour l’activité de banque de détail française du groupe. Mais, dans le contexte actuel de taux bas, qui lamine la rentabilité des établissements, tous les petits ruisseaux sont bienvenus... Reste à savoir comment réagiront les Français, moins fanatiques de promotions que les Américains et plus sourcilleux sur leur vie privée.
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