06/10/2013
Dissuader, bloquer, retarder...
La vidéo-protection (surveillance ?) se vend bien ! Même en Bretagne...
La lutte entre le "rempart" et l'arme des "assaillants" est encore de mise aujourd'hui. Devant l'intelligence des attaques, la vidéo-protection semble efficace.
Les services publics ne peuvent plus assumer leurs rondes de nuit, tandis que les zones commerciales sont vides de toute population à ce moment-là. A Auray on a construit une zone de "gens du voyage" auprès des zones commerciales...
La vidéo-protection a aujourd'hui un effet dissuasif, celui d'être reconnu avant d'être cagoulé...Est-ce suffisant ?
Sécurité à Auray, des caméras dans les zones..
Télégramme du 18 septembre 2013
Sollicités par les entreprises des trois zones commerciales d'Auray, lassées d'être cambriolées, les élus d'Auray communauté ont commandé un audit de sûreté. Entre autres mesures, celui-ci préconise l'installation de treize caméras.
Ne dites pas aux patrons des entreprises installées dans les zones de Porte Océane, Toul Garros et Kerbois que la délinquance baisse, ils ne vous croiront pas. Malgré les mesures de sécurité individuelles (volets métalliques, alarmes, etc.) installées par la plupart d'entre eux, leurs magasins sont régulièrement cambriolés, le plus souvent de nuit. Sollicités par ces professionnels agacés, les élus d'Auray communauté ont commandé un audit de sûreté en août 2012. En novembre, l'adjudant-chef Didier Audin, référent sûreté de la gendarmerie dans le département, rendait ses conclusions et donc ses préconisations.
Dissuader, bloquer, retarder
Fruit du regard de l'expert et des rencontres de celui-ci avec les commerçants, les élus et les techniciens d'Auray communauté, le rapport est un ensemble de mesures ayant pour objet de « dissuader, bloquer et retarder » les actes de malveillance. Certaines de ces mesures, basées sur le bon sens et l'observation, sont aussi faciles à mettre en oeuvre que peu coûteuses : élaguer certaines plantations pour éviter qu'elles ne masquent des bâtiments ; au contraire, ceinturer la zone par des haies assez denses pour interdire à un 4x4 de s'enfuir sans passer par les entrées de zones ; mettre en place une signalétique plus claire, favorisant la rapidité d'intervention des forces de sécurité.
Rondes de sécurité
Dans le rapport remis en novembre 2012, le gendarme préconise également des mesures onéreuses. A la charge des entreprises : poser des clôtures avec dispositifs anti-escalade ; faire appel à une société de gardiennage pour effectuer des rondes nocturnes « comme ça se fait avec succès à Guidel et Kervignac ». Les préconisations sont encore plus salées pour Auray communauté : installation d'un éclairage public permanent doublé d'un système de vidéo-surveillance. Le gendarme recommande d'installer treize caméras en tout (deux à Toul Garros, quatre à Kerbois et sept à Porte-Océane).Neuf mois après, l'étude est toujours sur le bureau des élus (il est vrai très pris par la grande intercommunalité) mais aucun embryon de décision n'a été pris.
« Rien n'est décidé »
« Le dossier n'est pas enterré, jure pourtant Michel Jalu. J'en ai parlé avec Guy Roussel : on va se rapprocher de la ville pour répondre aux inquiétudes, à Porte Océane notamment. C'est un sujet sur lequel il faudra prendre des décisions prochainement », annonce, le président d'Auray communauté, qui réfute l'existence d'un quelconque tabou quant à l'installation de caméras. « Si on veut sécuriser les lieux, ça passe forcément par cet appareil. Il y a des villes d'orientations politiques différentes qui utilisent ce genre d'équipement ».Le maire d'Auray ouvre également la porte. « A Ty Coat (sept caméras sur le domaine privé de la ville) ça se passe très bien ». Pour autant, s'agissant des zones, du domaine public et de caméras qui filmeraient les véhicules et les passants, « rien n'est décidé », confirme le maire d'Auray. « Avec Michel Jalu, on doit rencontrer les entreprises prochainement. On ne peut pas rester insensible aux gens qui sont ciblés et qui ont des desiderata. Il faudra bien faire quelque chose pour eux ».
Benoit Siohan
Vidéo-surveillance, extension aux quartiers pavillonnaires de Vannes
Télégramme du 25 septembre 2013
Les municipales approchent et il y avait beaucoup de monde hier soir à la réunion de quartier de Tohannic pour questionner le maire sur la sécurité et l'urbanisme.
Parking de l'étang de Tohannic : quid des nuisances ?
À ce riverain qui se plaint des jeunes qui viennent y boire la nuit, David Robo répond en évoquant une possible extension des zones vidéo-surveillées aux quartiers pavillonnaires. « Car certains d'entre vous ont été victimes de cambriolages... Il nous appartient aussi de faire en sorte que la police municipale soit plus présente ».
Sensibiliser les jeunes aux méfaits de l'alcool...
La question est sensible et le maire fait mouche, car son intervention est applaudie : « On ne doit pas laisser traîner ses enfants jusqu'à minuit dans les rues de Vannes. Il faut que chacun retrouve sa place de parent et d'enfant ! On a une consommation d'alcool plus importante chez les jeunes filles que chez les garçons. Certaines rentrent chez elles dans un état second » ! Le commandant de police Patrick Beurel, représentant Laurent Klimt, directeur départemental de la sécurité publique annonce pour octobre « une grande réunion à la fac de droit avec les professionnels et la Prévention routière ». Quel est le projet de la ville pour la rive gauche du port ? La question émane de Patrick Lagarde. « Il n'est pas dans mon intention de bétonner la rive gauche, répond le maire, David Robo. Elle est un joyau qui doit être respecté dans ce qui s'y fera. Il faudrait moins construire qu'on l'a imaginé à un moment. La rive droite est une réussite et j'ai le même souci que vous qu'on ait la même cohérence urbaine entre rives gauche et droite. Un jour il y aura un projet urbain que l'on soumettra aux Vannetais »
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Des constructions sur le bois de Limoges ? David Robo rassure ce riverain qui annonce la création d'une association des Amis du bois de Limoges. « Avec Grenelle 1 et 2, la quasi-totalité des parcelles situées entre l'étang de Tohannic et le site de l'UBS sont en zones humides ». Que va devenir le château de Limoges ? Le public restera sur sa faim, car c'est un bien privé sur lequel, à ce jour, il n'y a toujours pas de projet. Trop de voitures depuis la rentrée universitaire ! La municipalité en convient mais ne veut pas jeter la pierre aux étudiants. Kiceo a lancé un mois de transport gratuit et la ville essaie d'inciter les étudiants à ne pas venir en voiture. L'idée d'un site de covoiturage a été lancée. Quel avenir pour le terrain militaire rue Jean-Martin ? L'état le met en vente et la Ville attend l'évaluation des domaines. Elle a interpellé les ministères de la défense et du logement sur les possibilités offertes par le dispositif Duflot. « Il faut voir si on a besoin de logements sociaux à cet endroit, a dit le maire. Il y aura aussi la question de la dépollution du site ».
Vend kit d'enfumage, alarme offerte
Le Monde du 5 octobre 2013
Florence Aubenas
Albert vend des caméras de surveillance, grosse entreprise, gros clients, gros stand au salon "Alarme, Protection, Sécurité", qui s'est tenu du 24 au 26 septembre, à Paris. A une époque, cela choquait de poser des caméras, explique Albert et, au ton de sa voix, on croit entendre ses copains le traiter de "facho" dans des dîners, quand il a débuté le métier il y a vingt ans.
Maintenant, non. Fini. Les caméras sont partout, chacun les siennes, y compris ceux qui n'en voulaient pas – les sociétés d'assurance l'exigent. Les lois s'assouplissent une à une, l'argument de sécurité prime sur les autres. Albert a même l'impression de voir le secteur s'anoblir. L'autre jour, sa mère l'a appelé pour lui demander son "analyse" de l'attaque du centre commercial au Kenya, "comme à un agent du FBI". Sur les stands du salon, les bouteilles de champagne se débouchent à un rythme régulier, sans frime, avec le naturel d'un secteur qui a progressé de 2,8 % en 2012, malgré la débâcle économique générale.
Assis sur des canapés, des responsables commerciaux blaguent à propos de certains vigiles, chargés de la sécurité des stands vendant eux-même de la surveillance : les vigiles ont picolé toute la nuit, puis vomi, scène qui a été filmée à l'infini par les dizaines de caméras en exposition. "Vous voulez voir les images ? Elles sont superbes – techniquement je veux dire", siffle un vendeur.
"Malheureusement, la loi interdit les caméras dans les toilettes", soupire le directeur de sécurité d'une société publique. "Chez nous, on les a badgées, même celles pour handicapés", ajoute une collègue, tailleur et chignon. Chacun y va de ses méthodes, un troisième explique que chaque visiteur est désormais filmé, histoire de décourager ceux qui laissent leur cravate tremper dans les bains de produits secrets. Un truc classique, paraît-il, dans l'art de piquer des échantillons chez les concurrents.
Dans une allée à côté, un prospecteur engueule un vendeur, qui fait l'article d'un sas d'entrée pour magasin. "20 000 euros ?" Il se fâche : "Qui de nos adhérents peut se payer ça ?" Une fédération de commerçants l'a chargé d'étudier les dispositifs de protection. Cela pourrait être les bijoutiers, comme celui de Nice, qui a tiré dans le dos d'un cambrioleur. Ou les buralistes, dont l'un vient de blesser son agresseur à Marseille. Ce ne sont ni les uns ni les autres, "le même genre, pourtant", dit le prospecteur. "Mais comme d'habitude, on n'intéresse personne, on est trop petit. C'est pareil dans les commissariats : on nous prend en compte seulement quand un ministre débarque." Il rigole. "Les réseaux sociaux sont le seul endroit où on n'est pas abandonnés."
ADN SYNTHÉTIQUE
Le prospecteur a lancé ses calculs : l'alarme coûte de 7 000 à 8 000 euros et "ne fait plus sursauter que les voisins". Même chose pour la caméra qui n'est "pas autorisée à tourner sur la voie publique devant le magasin alors que c'est justement l'endroit où le braqueur n'a pas encore enfilé sa cagoule", explique Dominique Legrand, de AN2V, association nationale de la vidéoprotection. "Dans ces cas-là, elle n'est même plus dissuasive." M. Legrand reconnaît que, pour l'instant, il n'existe pas grand-chose pour les petits commerçants. Lui-même militerait plutôt pour une "nouvelle tendance : l'enfumage" : les braqueurs sont plongés dans une vapeur noire, déclenchée par bouton-poussoir. Le système n'est pas commercialisé, ou alors à peine sur Internet. Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, opte, lui, pour un procédé à base d'ADN synthétique, dont il a fait une large publicité au moment de l'affaire du bijoutier, justement, le présentant comme une des solutions pour les petits commerçants.
SelectaDNA, qui commercialise le procédé, doit avoir le plus petit stand du salon "sécurité", quelques mètres carrés dans un recoin. La société tourne avec trois personnes, un assureur, un policier et une banquière, "l'équipe parfaite pour un braquage", dit Salah Bourdi. Lui, c'est le flic. Il a vu le défoulement sur les forums sociaux pour soutenir le bijoutier de Nice. "Je suis avec lui moralement, mais on ne peut pas laisser tirer sur les gens comme ça. J'ai quatre gamins : si l'un sort bandit, il va se faire flinguer à 20 ans. Non, non, non."
Le système de SelectaDNA repose dans un produit, à base d'ADN synthétique, qui se vaporise sur les objets comme sur les humains et dont la trace n'est visible qu'à la lumière d'un laser. "Cela permet deux utilisations : marquer les biens, ce qui les rend invendables et donc dissuasifs pour les cambrioleurs. Il permet aussi aux commerçants d'asperger un agresseur. Le produit tient quatre mois sur la peau, permettant de confondre ceux qui le portent."
Les policiers en sont fous, selon Bourdi, qui fait le tour des commissariats de France avec ses kits sous le bras, celui du particulier à 130 euros, "un bon cadeau de Noël ou de Fête des pères" et le kit professionnel, à 1 800 euros. "Les braqueurs ne pourront plus nous prendre pour des cons, en disant : "C'est pas moi". La trace bleue apparaîtra à la lumière du laser, une preuve incontestable."
Dans l'équipe, Sevgi Karaman est la banquière. "J'avais un boulot pépère, mais je voulais un challenge avant 40 ans." Parfois, elle se sent comme dans "Les Experts", le genre de série qui la rend insomniaque. "Je voulais mon strory-telling à moi."
Pascal Koupé, le dernier de la bande, reçoit les premiers acheteurs, un militaire installé en pavillon avec sa femme dans la Marne et cambriolé le jour de son démanagement, ou une famille de Stains, en Seine-Saint-Denis, braquée huit fois en HLM et qui voulait marquer sa télé et le portable des enfants – "des gens sont exaspérés, qui ont le sentiment d'être laissés tout seuls", dit M. Koupé. Lui-même vient d'une cité en Plaine-Saint-Denis. Il espère devenir directeur d'un groupe, qui va révolutionner les enquêtes de police en France.
Dans les travées du salon, une alerte sonne sur un téléphone portable : "Une pharmacie braquée près de Paris." "C'est quoi ?", demande un commercial. Et l'autre : "Rien."
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