Les Secrets de Saint Pierre

Auray 2ème circonscription, Philippe Le Ray élu (51,88%)
Télégramme du 18 juin 2012

Des trois favoris avant le premier tour, Philippe Le Ray était le seul à ne pas disposer de la logistique d'un parti. Et pourtant, on n'a vu que le porte-parole (non encarté) de la majorité départementale au cours de la campagne. En laminant le député sortant, l'UMP Michel Grall, au premier tour, avec le soutien de la plupart des maires de droite de la circonscription, Philippe Le Ray savait qu'il avait fait le plus dur. Le jeune (44 ans) conseiller municipal de Plumergat (depuis 1995) et conseiller général d'Auray (depuis 2008) a concrétisé, hier, face à la socialiste NathalieLe Magueresse, battue pour la troisième fois. La gauche y croyait pourtant, forte de sa progression continue à chaque scrutin et du discrédit dont souffrait le député UMP sortant, fragilisé par sa gestion chaotique à Carnac. Mais PhilippeLeRay s'est imposé avec plus de 2.000 voix d'avance (mieux que Sarkozy qui en avait obtenu905). Désormais, pour la gauche ça risque de devenir plus dur. Car s'il n'a pas encore fait ses preuves comme député, l'agriculteur de Plumergat a prouvé qu'il était un bon candidat.

Philippe Le Ray (DVD), 51,88%; Nathalie Le Magueresse (PS), 48,12%.

Droite, Philippe Le Ray a réussi son pari
Télégramme du 18 juin 2012

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Philippe Le Ray, 44 ans, a été élu député hier. Surtout, il permet à la droite, pourtant partie divisée, de conserver une circonscription dans le département.

20h. Les sourires qu'on devinait en coin peuvent enfin se lâcher. Au milieu de son équipe de campagne, réunie à Auray, Philippe le Ray le sait. Il a gagné. Marie-Christine Le Quer, sa suppléante, retient ses larmes avant de tomber dans les bras du tout nouveau député. «Je réalise pas, souffle Philippe Le Ray. Comment dire... et puis vraiment avec cette équipe-là, c'est génial». Une équipe réunie depuis plusieurs heures, dans une attente à la fois anxieuse, mais pleine d'espoir. Sur un écran d'ordinateur, s'affichent au compte-gouttes les résultats. «Ce sera juste, mais ça devrait passer», juge un des membres du cercle rapproché. Sans surprise, le canton de Port-Louis place Nathalie Le Magueresse en tête. Celui de Pluvigner aussi, comme au premier tour, «mais quand même, c'est plus serré que prévu dans ces communes, ça commence à sentir bon». Les téléphones chauffent, les calculatrices aussi. Et puis les résultats des cantons d'Auray et de Quiberon viendront confirmer la tendance. Philippe Le Ray l'emporte avec plus de 2.000voix d'avance. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, l'aboutissement d'une campagne lancée il y a un an.

«Je me suis senti porté»
«Je me souviens, quand on s'est lancés... Est-ce que j'y croyais à ce moment-là? Si je dis oui on va me prendre pour un fou, mais j'y suis allé parce que je sentais qu'il y avait une vraie attente, que les gens voulaient qu'on fasse de la politique autrement, je me suis senti porté». Sans l'étiquette UMP, pas forcément la plus simple à porter, le candidat du rassemblement de la droite et du centre a sillonné la campagne et la côte, multipliant les réunions publiques. D'ailleurs, Philippe Le Ray connaît sans doute aujourd'hui par coeur les allées de tous les marchés du pays d'Auray.

«Des ambitions pour ici»
«Cette victoire, c'est d'abord le résultat d'une vraie campagne de proximité. Ce ne sont pas que des paroles, on avait des équipes partout. Nos habitants se sont reconnus dans les gens de l'équipe qui sont allés vers eux. On a réussi à fédérer autour de la notion de territoire». Le pari du troisième homme, appelé à devenir le premier, était osé. «Si je perdais au premier tour, j'étais mal, reconnaît Philippe Le Ray. Mais j'ai réussi à rassembler, à faire en sorte de garder l'unité sur le territoire. Même les élus du camp d'en face m'ont respecté». La victoire est aussi particulière, puisque Philippe Le Ray est désormais le seul député de droite dans le département. «Leader de la droite? Non, je n'ai pas cette prétention. Je vais continuer à faire ce que je fais depuis des années, je veux travailler ici. Et quant à savoir si je vais siéger avec l'UMP? Je vais garder mon indépendance d'esprit, j'ai de l'expérience et de la personnalité. Dès demain je vais à Paris, on va discuter avec ma grande famille politique. J'ai des choses à dire, j'ai des ambitions pour ici». Le jeune conseiller municipal de Plumergat, élu en 1995, a bien grandi.
• Marc Revel

La grande solitude de Nathalie Le Magueresse
Point de vue
par Benoit Siohan


20h05 dans le hall de la mairie de Locmiquelic. Nathalie LeMagueresse vient de donner sa dernière interview. Elle tourne les talons et se dirige vers un bureau comme un randonneur surpris par l'orage fonce vers un refuge. Il lui manque trois mètres pour éviter l'averse. Dans un sanglot elle lâche un «c'est pas vrai!» avant d'aller cacher sa peine et ses larmes.

La seule battue à gauche
Depuis une petite demi-heure, la candidate socialiste luttait pour les retenir après avoir compris qu'elle ne serait pas celle qui ferait basculer la circonscription d'Auray-Port-Louis pour la première fois. Depuis cinq minutes elle savait aussi qu'elle était la seule battue parmi les six candidats socialistes du département (y compris l'exclu Hervé Pellois). Une singularité qui a dû ajouter à la déception, même si à l'heure de la réaction elle n'a pas manqué de féliciter ses camarades élus. «Que dire sans donner le sentiment d'être mauvaise perdante?» L'adjointe au maire de Locmiquélic, dont c'était la troisième défaite au deuxième tour après ses échecs face à Aimé Kerguéris en 2002 et Michel Grall en 2007, a essayé de faire soft. Avant de craquer et de se lancer dans un discours un peu surréaliste. «Ce qui me désole c'est que Philippe Le Ray gagne alors que sincèrement il s'est trompé d'élection. Il s'est présenté comme un super conseiller général, pas comme un député».

«Les Kerguéris ont fait sa campagne»
Puis la candidate se fait amère et mordante lorsqu'on évoque la campagne. En principe, elle avait avec elle la logistique d'un des deux grands partis du pays. Et elle avait l'atout de la victoire de François Hollande. En réalité, elle est apparue bien seule pendant la campagne. Et ni Jean-Marc Ayrault, ni Jean-Yves LeDrian, pour lequels elle a travaillé, n'a fait le déplacement pour elle. En face, elle avait un adversaire sans parti. Mais pas seul, on l'a vu tout au long de la campagne. «Lui il a les paysans... Ce sont les Kerguéris (Aimé et Joseph NDLR) qui ont fait sa campagne. Elle a coûté un fric fou et je me demande comment il l'a financée». Contrairement à la plupart des candidats battus au premier tour, la sienne sera remboursée. Maigre consolation pour celle qui restera attachée parlementaire de la sénatrice Odette Herviaux. Son rêve de devenir à son tour parlementaire s'est très certainement envolé pour de bon après ce troisième échec.

Résultats du deuxième tour des législatives 2012 à Saint Pierre Quiberon
Chiffres imprimés par la Mairie de SPQ
Exprimés : 1508
Philippe Le Ray : 922
Nathalie Le Magueresse : 586
Soit 61% pour Philippe Le Ray