Les Secrets de Saint Pierre

Marche nordique, l'Ile-aux-Moines réglemente
Télégramme du 13 mars 2012

Faut-il interdire la marche nordique sur les sentiers littoraux? À l'Ile-aux-Moines, le maire va obliger les adeptes de cette marche active à mettre la pédale douce.

Le conseil municipal de l'Ile-aux-Moines a décidé de réglementer la marche nordique. Le maire, Jean Pressard, avait même l'intention de l'interdire. Mais la mesure a été assouplie. On pourra continuer à se promener sur l'île, muni des deux bâtons de marche, à condition qu'ils soient équipés d'embouts en caoutchouc. Une mesure qui tombe alors que la saison commence à frémir. Sur cette île de 600 habitants du golfe du Morbihan , les premières vagues de visiteurs ne vont pas tarder à arriver. La grande marée atteindra son plus fort coefficient à la mi-août. On chiffre à 420.000 les passages, sur une année, par la navette maritime. C'est bon pour le reversement à la commune de la taxe Barnier (45.000€) et le commerce de l'île. Mais pour gérer cette pression humaine, la mairie doit faire face à des dépenses supplémentaires, sans compter l'impact sur un environnement sensible.

Des comptages
Il s'agit essentiellement de visites à la journée pour profiter des plages, de l'ambiance de l'île et de ses itinéraires de balades. Sur les 18km de côte, on compte 14km de sentiers avec vue sur toute la géographie du Golfe. Un linéaire qui circule, notamment, par les terrains du Conservatoire du littoral et la servitude de passage instaurée en 2005. Des comptages réalisés à l'été 2010 par l'Université de Bretagne occidentale et le projet de Parc naturel régional du Golfe ont donné, sur ces chemins, des chiffres de fréquentation dignes d'un boulevard. Jusqu'à 1.000personnes par jour à la Pointe du Trech, dans le bas du bourg, et 400 à la Pointe de Pen Hap, l'extrémité la plus sauvage.

Les sentiers se dégradent
Tout le monde ne fait pas de la marche nordique. Mais cette pratique est en pleine croissance. Ses adeptes sont surtout de jeunes retraités qui se propulsent à 6km/h avec force balancements de bras. En même temps, ce sont autant de coups de bâtons pointus qui sont infligés au sol. «On a des phénomènes de dégradation de sentiers», indique JulienLeperlier, garde littoral à l'Ile-aux-Moines. «On craint surtout pour les endroits fragiles qui sont à flanc de falaise et qui pourraient, à la longue, s'affaisser», ajoute Gildas Machelot, adjoint. Le Comité départemental de la randonnée pédestre du Morbihan a été consulté. «Difficile d'interdire, mieux vaut faire de la prévention», souligne l'un desresponsables, Alfred Osti. «On va obliger les marcheurs à protéger leurs piolets», informe le maire, en évoquant tout de même la possibilité de verbaliser.

L'île d'Arz aussi
Sur Arz, l'île voisine (250.000 visiteurs), le maire, DanielLorcy, nourrit quelques craintes aussi pour les sentiers. «À chaque coup de bâton, c'est un peu d'herbe qui s'en va. On a des chemins qui ont été pelés par endroits», dit-il. Une information est en place depuis trois ans pour solliciter fortement ces marcheurs hyperactifs à mettre des embouts. «Ce n'est pas pour les embêter, dit-il, mais pour sauvegarder notre patrimoine».
• Gabriel Simon