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07/09/2011

L'avenir informatique ?

Dans le tumulte actuel, peut-on faire des prévisions dans l'informatique personnelle et dans l'informatique d'entreprise ?

L'arrivée de nouvelles métaphores risque de bouleverser les anciennes. La gesture "tactile", sans logiciel approprié, ne peut être éxécutée sur les anciens systèmes d'exploitation.

Le clavier et la souris n'ont pour l'instant pas d'équivalent sur les nouveaux systèmes pour assurer une productivité réelle aux taches les plus courantes.

Une nouvelle répartition des rôles est en train de s'opérer entre "lecteurs multimédias", "lecteurs de mails", "butineurs sur le Net et outils de travail "producteurs" de documents.

Le "facteur de forme", ordinateur de bureau jusqu'au smartphone, donne le premier rôle aux formats de poche !


La drôle de mort du PC
Olivier Ezratty du 2 septembre 2011
Cela fait maintenant 15 ans que le déclin puis la fin de l’ordinateur personnel sont annoncés.
Il a bien des signaux qui montrent que cette industrie tri-décennale com¬mence à patiner, mais cela ne signifie en rien qu’elle est morte ni que les utilisateurs aban¬donnent leur ordinateur personnel ! La mort du PC est donc bien prématu¬rée comme nous allons le voir ici même, même si cela enfonce quelques portes ouvertes.
Signaux du déclin
Plu¬sieurs signaux semblent accréditer la thèse du déclin, voire de la mort du PC.
Tout d’abord, les ventes de PC se sont légèrement tas¬sées en 2011. L’iPad aurait contri¬bué à cette décrue, surtout au détriment des netbooks qui avaient connu une très forte croissance entre 2008 et 2009. Il est incontestable que l’équilibre des usages entre création et consommation de contenus fait pencher la balance vers les tablettes et smartphones dans le grand public. Dans le même temps, il se vend quatre fois plus de mobiles que de PC par an. Et dans les pays en voie de développement, la pénétration des mobiles est bien meilleure que celle des PCs.
Il y a bien sûr Hew¬lett Packard qui s’apprête à se séparer de son activité PC et se prépare à abandonner le marché grand public, à part les imprimantes. Avec le rachat d’Autonomy, et celui plus ancien d’EDS, HP prend la voie d’IBM pour devenir une grosse SSII pour entreprise (pléonasme) avec “un peu” de technologie en propre. Ils conservent heureusement les serveurs dans leur porte-feuille matériel.
Enfin, on peut constater un relatif retrait de l’innovation dans l’univers des PC, tout du moins au niveau des produits finis. Le PC sous Windows étant devenu une commodité, Apple est redevenu une référence dans le domaine, notamment avec ses laptops. Malgré tout, les composants qui font les PC évoluent sans cesse. C’est une innovation par l’intégration assez banalisée de composants en permanente évolution. Dans la suite de ce post, le vocable “PC” recouvrira cependant aussi les ordinateurs d’Apple.
Signaux de la persistance
La croissance des ventes de PC a été soutenue sur trois décennies ce qui est une belle performance. Il s’en est tout de même vendu 350 millions d’unités en 2010 ! Le marché du PC est caractérisé par un fort taux de pénétration dans les pays développés, au multi-équipement et à un remplacement qui se ralentit car les usages portent de plus en plus sur la consommation de contenus et services Internet, pas très gourmands en ressources machines, même si la photo et la vidéo justifient parfois d’upgrader sa machine. Il reste l’outil numérique le plus généraliste pour la maison. On y connecte tout un tas de périphériques, on a le choix de la taille et du nombre d’écrans. On y joue aussi.
Le Forrester comme le Gartner Group anticipent certes des ventes de plus 200 millions de tablettes en 2014, soit à peu près autant que de PC portables à ce moment là. Mais aucun des ana-lystes ne prédit une baisse significa¬tive de la base installée de PC ! Elle était de 1,4 milliards d’unités en 2010 et devrait atteindre 2,3 milliards en 2015 (selon Gartner). On est loin de la mort même s’il y a de deux à trois fois plus de mobiles dans la nature. Mais il y a pour l’instant moins de smartphones ou mobiles connectés à Internet, et les utilisateurs de ces derniers ont en général un PC/Mac !
Ceci cache cependant de fortes disparités géographiques avec une croissance des ventes dans les pays hors OCDE où le marché du primo-équipement est encore dominant. Et tout cela, mal¬gré le rôle prédominant du mobile, premier terminal numérique de plein de consommateurs dans ces pays où l’infrastructure électrique et Internet fixe est ou défaillante pour l’une et inexistante pour l’autre. A la décharge des parangons de la mort du PC, ces données ne font pas la distinction entre grand public et entreprise, ni par tranche d’âge d’utilisateurs. Et comme pour les tablettes, ces chiffres ne sont que des prévisions, donc faits pour être démentis par le monde réel. Il est d’ailleurs curieux que les analystes du Gartner mélangent des tablettes type iPad avec des PC dans leurs prévisions, mais n’intègrent pas les ebooks. Car les tablettes et les ebooks ont des usages certes différents, mais les tablettes peuvent servir de liseuses au détriment des ebooks ! Et cela ne pourrait qu’aller en empirant (pour les ebooks).
Et donc, de quoi le départ d’HP du monde du PC est-il le signe ? Ce n’est en fait qu’une tendance longue amorcée il y a plus de vingt ans avec la commoditisation du PC et la la conséquence de la faible valeur ajoutée de la conception de PC par rapport à la création des composants intégrés dans les PC. La valeur a migré vers les composants et vers l’Asie depuis longtemps. La quasi-totalité des PC sont assemblés en Asie par des sociétés de sous-traitance type Fox¬Conn. L’intégration verticale s’y manifeste plutôt “par le bas”, avec des fabricants de cartes mères (Asus, MSI) qui font de l’assemblage sous leur marque ou celle d’autres “constructeurs”. A l’envers, le second “constructeur” mondial qu’est Acer est surtout une entreprise marketing, sans R&D ni usines ! La commoditisation des PC a comprimé les marges et dans une certaine mesure la capacité d’innovation des constructeurs. Ce qui explique qu’Apple soit redevenu ce qu’il était avant l’arrivée de l’IBM PC en 1981 : le leader du marché de l’ordinateur personnel… tout du moins, pour les portables.
Ce transfert de la valeur vers l’Asie s’est déjà produit ailleurs : avec les écrans de TV il y a aussi près de 20 ans. Les composants clés sont les dalles, les processeurs et de plus en plus, le logiciel.
L’autre facteur qui préserve la place du PC dans le numérique est son rôle dans les les entreprises. Il s’y porte très bien car il n’est pas prêt d’y être remplacé par des tablettes. On y travaille sur ces PCs ! On y créé de l’information ! On y fait plusieurs choses à la fois, on ne passe pas son temps à y consommer des contenus ! Les tablettes ne sont donc pas l’instrument principal adapté aux entreprises pour l’instant sauf pour quelques métiers mobiles.
Deux boutades pour terminer : la base installée mondiale de mobiles (plus de 5 mil¬liards) est supérieure au nombre d’utilisateurs de brosses à dent (4 milliards) ! Est-ce la mort de la brosse à dents pour autant… ? Et puis, la plupart des Cassandre qui prédisent la mort du PC le font en écrivant sur un PC ou un Macintosh en général ! Mais, certes, pas forcément ceux qui les lisent !
Sémantique du PC
La question de la définition du “perso¬nal computer” reste ouverte ! Est-ce un ordinateur défini par sa configuration matérielle ? Par son processeur à base Intel ou compatible Intel ? Par son interface homme/machine à base de clavier-écran-souris ? Pas évident ! On trouve ainsi, marginalement, des PC Media Centers utlisés principalement avec une télécommande ! Et… sans grand rapport, le genou articulé de Jean-Michel Billaut tourne sous Windows XP et dispose d’un port USB (non, ce n’est pas une blague, il me l’a montré !) ! On peut aussi ajouter un clavier à un iPad, ce qui n’en fait pas un PC pour autant. En fait, il y a confusion des genres entre “personal computer”, dont la définition peut être très large, et “desktop computer” qui correspond à celle ci-dessus.
La planète numérique a multiplié les types d’ordinateurs à l’envie avec des appareils plus ou moins spécialisés, adaptés aux “circonstances” : debout, assis, en transport, chez soi, dans le salon, au bureau. La tablette peut ainsi se substituer à l’écran TV pour consommer la TV en différé et même en direct. Ce n’est pas la mort de la TV pour autant.
Le “desktop computer” peut donc se définir comme le type d’ordinateur que l’on va utiliser plutôt en position assise, avec une surface plane devant soi (le bureau), et plutôt avec un clavier, une souris et un écran. Ce dernier est d’ailleurs de plus en plus grand, au format 16/9, car avec lui aussi, on consomme de plus en plus de médias. Les adolescents y consomment très probablement plus de télévision que sur la TV dans le salon. La souris semble un déterminant important, mais celle-ci pourrait s’effacer partiellement avec l’avènement d’écrans tactiles pour PC.
Par contre, le remplacement du couple clavier/souris par la reconnais¬sance de la parole reste marginal, faute de fiabilité suffisante. Il est cependant facilement remplacé par des manettes de jeux pour les gamers, sans compter les PC haut de gamme qui servent de base à un système de simulation de vol.
Les PC se distinguent de leurs alter-égos smartphones et tablettes par la métaphore de leur inter-face utilisateur : elle est construite autour des données pour les PC tandis qu’autour des applica-tions avec les smartphones et tablettes et avec des contenus en silos. Les TV connectées ont ten-dance à suivre le même chemin avec également des contenus en silos intégrés dans des applica-tions leur permettant d’y accéder.
Cette différence fondamentale de métaphore est un autre marqueur d’horizontalité et de vertica-lité, évoquée dans mon précédent article sur la bataille entre Apple et Google dans les mobiles. L’interface utilisateur du PC est horizontale au niveau des données. Un fichier JPEG ou PDF que l’on a sur ses supports de stockage seront exploitables indifféremment avec tel ou tel logiciel de lecture ou d’édition. Sur smartphone/tablettes, la métaphore principale est l’application. Les données sont visibles dans leur silo. C’en est même absurde dans le cas d’iOS. Pour transférer un fichier PDF sur un iPad ou un iPhone, il faut le faire au travers de l’application qui va le lire, telle que iBook ! Cette verticalité apporte deux bénéfices : elle valorise les applications et permet leur monétisation et elle est relativement simple à appréhender pour l’utilisateur. Mais c’est une forme d’aliénation et de régression par rapport à l’horizontalité du PC et aussi de l’Internet.
Se pose aussi la question des outils généralistes (le PC) par rapport aux outils plus spécialisés (tablette, smart¬phone, TV). Les PC ont toujours été les plus généralistes des outils numériques. On y fait à peu près tout, avec la plus grande liberté : métaphore orientée données, multi-application, stockage d’information, consommation ou création de données, choix d’interface et du nombre d’écrans. C’est aux PC à qui sont attachés la plus grande diversité de périphériques. Et malgré les coups de boutoir des appareils spécialisés, l’usage des PC subsiste. N’est-il pas ironique qu’il faille absolument connecter un iPad tout neuf à un PC ou un Macintosh pour le configurer via iTunes avant de pouvoir l’utiliser ? Pour¬quoi n’est-ce pas possible directe¬ment via Internet et une simple liaison wifi ?
Quelques incertitudes
L’histoire n’est pas entièrement écrite à l’avance. Des “cygnes noirs” comme Apple ou Face¬book peuvent germer de manière inattendue et transformer toute l’industrie du numérique.
Il existe ainsi tout un tas d’incertitudes sur les évolutions technologiques à venir qui pourraient conditionner l’évolution relative des tablettes, ebooks et PC sans compter les évolutions pro-fondes de la société :
• Est-ce que des interfaces hommes-machines innovantes vont réellement reléguer le couple clavier-souris aux oubliettes, notamment pour la saisie d’informations ? On n’en voit pas la couleur pour l’instant. Donc, si cela arrive un jour, cela sera probablement sur le long terme au vu du “pipe” dans les labora¬toires de recherche en logiciels et les fabricants de composants (>5 à 10 ans).
• Les sys¬tèmes d’exploitation généralistes comme Android et Windows (en tout cas dans la version à venir, la 8), peuvent-ils prendre le pas sur iOS et l’iPad sur les tablettes ? Cela n’en prend pour l’instant pas le chemin, même avec Android. Les tablettes Android sont censées supplanter les iPad d’ici un à deux ans selon diverses études de marché, mais cela patine un peu. On voit peu de constructeurs réussir sur ce créneau à part peut-être Samsung. De plus, Apple maitrise tellement bien la supply chain des composants pour ses tablettes qu’il assèche les sources d’approvisionnement de ses concurrents qui auraient bien du mal à suivre si leurs tablettes venaient à bien se vendre !
• A l’opposé, est-ce que Apple pourrait réussir à dominer durablement le marché des tablettes là où il a échoué dans les ordinateurs personnels pendant les années 1980 ? Les analystes prévoient un raz-de-marrée des tablettes sous Android. Je n’en suis pas si sûr. J’ai assisté au lancement d’innombrables de ces tablettes au CES en janvier 2011. Et fran-chement, ce n’est pas la gloire huit mois après. Morotola Xoom, bof ! Samsung qui est obligé de revoir sa copie juste après le lancement de l’iPad 2 ! Sans compter les losers à la naissance qu’étaient le RIM Platbook et le HP Touchpad, avec leur OS que l’on qualifiera de “propriétaire”.
• L’autonomie des tablettes va-t-elle conti¬nuer à progresser ? Aujourd’hui, elle dépend à la fois des batteries et de la consommation des composants tels que le processeur. Les processeurs mobiles ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Mais l’autonomie d’une tablette, en général de 8 heures, est la même que celle d’un netbook bien calibré, et voisine de celle de nombreux laptops à base de processeurs basse consommation. Le différentiel d’autonomie n’est donc pas marqué entre tablettes et laptops/netbooks.

• Comme va évoluer la technologie des écrans ? En termes de résolution, d’épaisseur et de consommation ? Va-t-on voir apparaitre des écrans adaptés à la fois à la consommation de médias, aux usages courants et à la lecture ? De telles évolutions pourraient accélérer le déclin des ebooks en faveur des tablettes. Les écrans des laptops et des PC vont-ils devenir tactiles à un cout raisonnable ? Ou bien les écrans vont-ils être carrément être intégrés dans la surface du bureau sur lequel on travaille (en gros, le concept de Microsoft Surface appliqué au bureau) ?
• Comment va évoluer le form-factor des laptops ? Tous les constructeurs cherchent déses-pérément à imiter le Macbook Air. Ils commencent à y arriver côté épaisseur et poids, mais ce n’est pas encore cela pour le design. D’autres vont progressivement ajouter le support du tactile dans les écrans des laptops. Et finalement, nous aurons peut-être un jour des lap-tops en forme de tablet-PC, avec écran pouvant être tourné et mis sur le clavier. Et un Windows 8 adapté à ce genre d’usage avec à la fois une métaphore bureau pour un usage classique et une métaphore tablette orientée application. Les premières démonstra¬tions de Windows 8 montrent que c’est la voie qui est en cours.
• Comment vont évoluer les services du cloud computing pour supplanter le rôle de sto-ckage d’information dévolu aujourd’hui aux PC ou aux NAS ? Quid de leur tarification et de leur fiabilité ? Cela sera à la fois un affaire technologique, économique et aussi de perception.
• De même, comment va évoluer la miniaturisation des éléments clés de l’ordinateur, son processeur et sa mémoire ? Est-ce que tout tiendra dans une montre ou un smart¬phone et que le reste n’en sera que des périphériques pour l’interface utilisateur (clavier, souris, écran tactile ou non, micros, webcam, etc)?
Quid au passage de l’abandon de WebOS par HP ? Ce n’est pas une grande surprise, même si la plaisanterie a couté $1,2B. Ca ne pouvait de toutes manières pas aller loin. Le lancement de WebOS avait été raté en 2009 avec le Palm Pre. Le Touchpad était quant à lui déficient qualitativement, pas compétitif au niveau prix, et aussi dénué d’applications que le Pre. Il était impossible de rattraper le terrain perdu face aux autres acteurs. HP n’est pas un acteur du mobile, donc mal-gré sa taille, n’avait pas d’effet de levier pour redresser la barre. Sans compter une méconnais-sance du monde fragmenté des développeurs logiciels et de contenus dans le grand public. Ce qui est remarquable ici comme pour Facebook avec Places ou Google avec Buzz, c’est la rapidité à laquelle les décisions sont prises dans ces entreprises pour mettre fin rapide¬ment aux échecs et en tirer des leçons.
Conclusion
Le numérique est - comme en géopolitique - un monde multipolaire très mouvant. L’émergence d’un nouveau support ne signifie pas forcément la mort des précédents mais s’explique par des complémentarités. Les usages s’additionnent mais ne se soustraient pas. La radio n’a pas été tuée par la TV, mais on l’écoute plutôt en voiture et moins chez soi. Au contraire, le PC ou “desktop computer” s’utilise “au bureau” chez soi ou au travail, et les smartphones et tablettes lorsque l’on est en déplacement. L’équilibre entre création et consommation de contenus conditionne aussi de plus en plus le choix de l’outil de travail. Tant que les utilisateurs créeront un tant soi peut d’information, ils utiliseront des PC et des systèmes d’exploitation généralistes avec une métaphore “document” sous des formes différentes.
PS : dans la série des trucs dont la mort est prématurément annoncée, il y a la messagerie électro-nique. Je n’y crois pas du tout. Mais la notion de messagerie électro¬nique est mise en œuvre, comme le PC, de manière de plus en plus diversifiée. On aura cependant toujours besoin d’envoyer des messages à une ou plusieurs personnes. Les systèmes voisins comme Twitter reproduisent ainsi le message d’une personne à une autre (via le DM)… mais pas à plusieurs. Facebook a reconstitué en son sein un système de messagerie. On a donc toujours besoin de messagerie électronique et les nouveaux outils ne font que reproduire les fonctions de la messagerie pour pouvoir la phagocyter. Mais pas toujours de manière appropriée.

Commentaires

Qui a le courage de lire la longue prose ?

Pour ma part, j'ai mieux à faire et c'est loin "des
propositions pour un changement de cap à St-P. Q."

Jo.

Écrit par : Jo | 07/09/2011

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