03/02/2011
Submersion à Penthièvre ?
Submersion en Bretagne, les mesures font des vagues
Télégramme de Brest du 3 février 2011
L'application des règles d'urbanisme change au regard des leçons tirées de la tempête Xynthia, qui a touché la Vendée en février2010. Actuellement constructibles, des zones ne le seront plus. L'annonce fait déjà des vagues.
Les dernières instructions ministérielles laissaient présager un durcissement de la réglementation en matière d'urbanisme. À quelques semaines de la première date anniversaire de la tempête Xynthia, le préfet du Finistère a présenté, hier, les nouvelles règles d'urbanisme applicables dans les zones de submersion marine. Des règles qui s'appliqueront à l'ensemble du littoral des quatre départements bretons. L'objectif est clairement affiché par Pascal Mailhos: «Il s'agit de ne pas augmenter de manière manifeste la population exposée».
Construction interdite
Présentée il y a quelques jours aux maires des 135 communes du Finistère concernées, cette nouvelle politique de prévention s'appuie sur une première cartographie, déclinant le risque de submersion marine en trois zones établies sur la base d'un niveau marin centennal. À l'inverse de la Vendée, le littoral de la pointe de la Bretagne ne se teinte pas de noir. La zone d'aléa «fort», dite de «dissipation d'énergie», interdira, malgré tout, toute nouvelle construction de bâtiment d'habitation ou d'hébergement. Les extensions, sous réserve du respect d'un niveau de référence, ne pourront pas conduire à accroître le nombre de personnes exposées. Dans les zones d'aléa moyen, la construction de logements individuels sera autorisée, avec les mêmes réserves, mais pas de bâtiment recevant du public. Une troisième zone d'aléa futur devra prendre en compte les changements climatiques à venir.
«Sans concertation»
L'annonce à fait naître de nombreuses inquiétudes dans les communes concernées. Maire de Loctudy, Joël Piété, lui, ne décolère pas: «La cartographie a été établie sans aucune concertation avec les élus. Elle est contestable». Et de citer l'exemple d'une famille qui vient d'acheter un terrain à 300.000 € dans un lotissement approuvé: «Elle s'est saignée pour s'offrir ce bien et se retrouve avec un terrain non constructible». Une situation pourtant loin d'être comparable à celle de l'Ile-Tudy, dont plus de 90% du territoire se retrouve en zone d'aléa «fort». Là, une quarantaine de terrains se retrouvent inconstructibles. Maire de la commune, Daniel Gloaguen explique qu'il «ne s'attendait pas à des mesures aussi draconiennes. La mer, on la voit passer tous les ans sur la pointe de l'île». Une situation d'autant plus incompréhensible aux yeux du maire que les travaux de protection engagés ne sont pas pris en compte dans le calcul du risque. Le préfet ne ferme pourtant pas sa porte, expliquant que «ces dispositions d'urbanisme constituent une étape transitoire». L'élaboration d'une cartographie et d'une bathymétrie plus précises conduiront, dans les prochains mois, à la mise en place de plans de prévision des risques littoraux «sur des secteurs prioritaires qui seront plus proches de la réalité connue aujourd'hui», tempère Pascal Mailhos. Les communes finistériennes concernées devront alors adapter leur plan de prévention des risques et leur plan local d'urbanisme à ces nouvelles dispositions. Voire en créer un. L'annonce a pourtant déjà commencé à faire des vagues.
Jean Le Borgne