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12/12/2010

Les blogs à Saint Pierre, une sacrée chance !

Les Echos du 9 décembre 2010
Sur la Toile poussent les talents, le sacre de l'amateur !
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Internet - qui touche désormais plus de 20 millions de ménages en France -bouscule les hiérarchies de l'autorité et du savoir. Un de ses effets les plus notables est la montée des « amateurs » : chacun peut trouver dans la Toile, pour cultiver ses passions, à la fois une source (de connaissances scientifiques, de matériaux ou de modèles artistiques…) et un débouché qui lui permet d'exprimer ses opinions ou de diffuser ses créations. Entre l'expert et le profane, la frontière s'estompe, et parfois s'établit une collaboration constructive. C'est à l'exploration de ce continent mal connu (parce que cloisonné entre de multiples spécialités dont chacune a ses adeptes, son code et son vocabulaire) que nous convie le sociologue Patrice Flichy.
Le premier territoire est celui des arts. En musique, la pratique en amateur existe depuis toujours, mais elle a radicalement changé de dimension et de nature avec Internet : le site MySpace compte 9 millions de créateurs inscrits, dont 130.000 en France. De même pour la photo : le site Flickr abritait, fin 2008, 3 milliards de clichés, et parmi ces chasseurs d'images, des clubs se constituent, spécialisés dans des thèmes (villes, monuments…) ou dans des styles (effets de lumière, paysages aux lignes géométriques…). Du côté de la création littéraire ou dramatique, les groupes de fans de romans à succès, de films ou de séries télévisées, ne se contentent pas d'échanger des commentaires : ils modifient ou prolongent l'histoire, inventent des développements qu'ils soumettent au jugement de leur communauté. A propos d'« Harry Potter », l'auteur recensait ainsi, fin 2008, 375.000 « "Potter fictions" », dont 20.000 en français (le site fanfiction.net en présente aujourd'hui plus de 488.000…).
Des collaborations inédites
Autre champ investi par les amateurs, celui de la politique. Interrogés par TNS Sofres en 2009, 25 % des internautes déclaraient avoir signé une pétition en ligne ; 11 % avaient commenté l'actualité sur un site ou un blog. Rapportés à un total de 20 millions de pratiquants, ces chiffres confirment que l'engagement via Internet n'est plus un phénomène marginal. Mais il diffère profondément du militantisme classique : il s'effectue en général hors du cadre des partis, pour défendre une grande variété de causes, locales ou nationales. L'objet de la politique devient plus fragmentaire, mais plus concret.
Le troisième domaine, enfin, est celui de la science : l'encyclopédie Wikipédia est bâtie sur une dialectique de contributions individuelles et de contrôle collectif. La présence des amateurs se traduit à la fois par une activité de contre-expertise et par des collaborations inédites, notamment en ce qui concerne la santé ; un forum sur la maladie de Parkinson à permis la mise au point d'un logiciel de dosage de la dopamine administrée aux patients ; et sur un site comme Patientslikeme, l'expérience des malades vient enrichir les données des praticiens et des experts. Mais qu'il s'agisse d'art, de politique ou de science, l'amateur est conscient de ses limites. Il ne prétend pas se substituer au professionnel, mais revendique le droit - et acquiert la possibilité grâce à Internet -de le contester et de briser son monopole de la parole.
GÉRARD MOATTI

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