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27/10/2016

Montre-moi ce que tu écris ! je te dirai, qui tu es !

Alain Rey aurait du assister Jean Yves Loget dans la rédaction du PLU de Saint Pierre Quiberon de 490 pages...

Alain Rey, le dictionnaire.jpg

60 000 mots dans un dictionnaire, c'est à peu près la norme aujourd'hui pour s'exprimer correctement... Cette maîtrise du Français "écrit", Alain Rey en a fait une carrière extraordinaire au service du "Robert", dont la qualité est universellement reconnue.

J'ai eu la chance de participer avec 30 lexicographes à l'élaboration d'un dictionnaire de Français chez Microsoft, qui est aujourd'hui encore la base du correcteur orthographique de ses applications informatiques. Aucune copie d'un dictionnaire existant n'est autorisée... ce qui représente donc un travail original de trois années pleines...

Pour écrire un "beau texte", la maîtrise de l'orthographe ne suffit pas. Il faut traiter "le contexte", qui en français est compliqué. Cette correction de la "forme" est également présente dans les applications informatiques de Microsoft avec l'apparition d'un soulignement "bleu"...

Avec le développement des assistants vocaux, et donc la compréhension du contenu, le travail est encore plus compliqué (cette phrase célèbre donne une petite idée des choses : "les poules du couvent couvent")...deux mots identiques, deux prononciations différentes...L'intelligence de ce décodage représente un immense défi aux technologues !

Ecrire un PLU, c'est donc s'exprimer "clairement"...

 


Alain Rey, le français est menacé par l'invasion du californisme

Le Figaro du 18 octobre 2016

 Alain Rey, le dictionnaire.jpg

Le célèbre lexicographe était à la Comédie-Française ce 18 octobre pour présenter la nouvelle édition de son Dictionnaire Historique de la Langue Française. Il est revenu sur les (r)évolutions du français, notamment perturbé par les américanismes.

«Observateur», «humaniste», «rexicographe», «détective du langage»... Les mots ne manquent pas pour tenter de qualifier et présenter le linguiste et historien de la langue française, Alain Rey.

Ce mardi 18 octobre, le rédacteur en chef des publications des éditions Le Robert a fait salle comble à la Comédie Française. Spécialistes du langage, éditeurs et médias sont en effet venus en nombre pour échanger quelques paroles et écouter le grand philologue discourir des évolutions de la langue de Molière au travers de la nouvelle édition de son Dictionnaire Historique de la Langue Française.

Un ouvrage revu et augmenté de 60.000 mots qui, avec plus de 200 pages supplémentaires depuis sa première édition en 1992, redonne une place et un sens essentiels au vocabulaire français, comme à ses emprunts, dont pas mal d'anglicismes qu'Alain Rey se fait un plaisir «d'écrapoutir» (ou écrabouiller pour les non-initiés).

«Le français est menacé de l'intérieur par l'invasion du californisme, version moderne de l'anglicisme!», explique le linguiste devant une assemblée attentive. Au centre de la salle, sous les charpentes du huitième étage de la Comédie Française, Alain Rey, 88 ans, n'a rien perdu de sa fougue. Surtout quand il est question de monter au créneau pour défendre la langue française!

Le «hashtag» vient de l'ancien français «haché»

Le linguiste aux longs cheveux blancs ne manque en effet jamais d'érudition et d'humour pour expliquer pourquoi, selon lui, il est parfois regrettable que le français soit sacrifié en faveur du «californisme» issu de «la Vallée de la Silicone». Pourquoi faudrait-il remplacer le mot dièse par le terme «hashtag?», s'interroge d'ailleurs le lexicographe. Et pourquoi devrions-nous accepter l'anglicisme «burn out» de surcroît, terme qui a été propagé partout pour des raisons économiques?

Concernant le terme «spoiler», le linguiste lui règle son compte en quelques lignes. «En technique, rappelle-t-il, le nom désigne la surface mobile diminuant la portance d'une aile d'un avion, le dispositif ralentisseur des pâles d'éolienne et un aileron sur une voiture automobile».

Pour le reste, «l'abondance des synonymes français disponibles souligne l'inutilité de cet anglicisme», finira-t-il par trancher. D'ailleurs rappellera Alain Rey, l'anglais «to spoil» est un emprunt à l'ancien français «espoillier», du latin «spoliare», tandis que le mot «hashtag» (à savoir le «mot-dièse», «mot-clic» ou «croisillon») a pour origine l'ancien français «haché».

«Le français reste une langue d'expression mondiale»

Pour autant, le linguiste polyglotte (il parle l'anglais, l'italien et l'espagnol) est loin de faire figure d'ingénu et sait bien qu'une langue est faite d'emprunts. Avec son regard d'historien des mots, il note d'ailleurs «qu'il y a eu des temps où le français fut spontanément une langue d'exportation et des temps de rétraction, comme celui que vivons». Et de préciser: «Mais l'espoir demeure de développement de la langue française» grâce à la vigueur de la francophonie notamment en Afrique. «Il y a plus de présence du français qu'on ne le dit», soutient-il. «Le français reste une langue d'expression mondiale».

Dictionnaire extrêmement sérieux, voire érudit, qui s'adresse autant aux spécialistes qu'aux passionnés du français, l'ouvrage du «détective des mots» est unique dans son genre. «Il n'a aucun équivalent dans une autre langue», assure Alain Rey.

Depuis sa première édition, le Dictionnaire historique de la langue française s'est vendu à plus de 200.000 exemplaires, selon son éditeur. Cette nouvelle édition, également disponible en numérique, bénéficie d'un tirage de 40.000 exemplaires, a indiqué à l'AFP Charles Bimbenet, directeur du Robert.

Le Dictionnaire est vendu au prix de 109 euros.

 

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